Bonjour à tous. Aujourd'hui, je vous propose un article de fond autour de deux notions qui sont à la fois omniprésentes et opposées dans la licence Pokémon : le créationnisme et la darwinisme. Avant de commencer mon propos, quelques définitions doivent être rappelées pour bien poser les bases de la réflexion.

Créationnisme : Conception selon laquelle les êtres vivants auraient été conçus par une entité supérieure couramment appelée Dieu.

Darwinisme : Théorie scientifique selon laquelle les êtres vivants d'aujourd'hui sont l'aboutissement d'un lent processus d'évolution et d'adaptation de ces derniers à leur milieu.

Comme vous le voyez, l'opposition est donc patente : d'un côté, la vie est liée au rôle de la transcendance entre le Père (les dieux) et ses enfants (les pokémons). Pour appuyer cette théorie, de nombreuses mentions dans les jeux font état du rôle créateur fondamental des principaux pokémons légendaires avec Arceus comme créateur parmi les créateurs. De l'autre, et c'est là que ça devient intéressant, les fossiles pokémon montrent clairement une évolution progressive des pokémons sans qu'il y ait eu influence divine. Dès lors, comment concilier l'irréconciliable ? Personnellement, j'ai un avis différent sur la question qui tend à considérer ces deux notions non pas comme contraires mais au contraire comme liées.

Si Arceus et ses fils ont crée la terre, et donc les conditions pour la vie ainsi que les premiers êtres vivants, ne peut-on pas raisonnablement penser que leur tâche accomplie ils ont laissé la vie "suivre son chemin" pour citer le professeur Malcolm de Jurassic Park ? Pour appuyer cette idée, nous allons voir ensemble en quoi chaque fossile de pokémon représente une étape différente de l'évolution des pokémons depuis la période la plus archaïque jusqu'à aujourd'hui.


Je n'ai pas choisi ces sept pokémons par hasard. Parmi tous les fossiles de pokémons, ce sont les seuls qui soient attestés par le Pokédex comme vivant exclusivement dans les fonds marins. Or, on sait que l'eau est l'élément fondamental pour que la vie puisse apparaître avec l'oxygène et l'azote. On peut donc raisonnablement penser que ces pokémons appartiennent à la première génération de pokémon à être apparus sur terre. Si l'on prend la classification en vigueur D'abord de forme simple, ils se sont ensuite progressivement complexifiés jusqu'à permettre une première colonisation de la terre.


Cinq pokémons symbolisent cette période intermédiaire dans l'histoire de l'évolution. Le premier a avoir envahi le sol terrestre est sans doute Kabuto. Le Pokédex nous apprend en effet qu'il "peuplait les plages il y a environ 300 millions d'années". La datation est d'importance car elle est tout à fait cohérente avec celle que l'on donne généralement à l'époque du Permien qui voit justement l'apparition d'animaux terrestres. Après cette première colonisation, les pokémons se sont ensuite installés durablement dans cette nouvelle terre en s'adaptant à leur milieu grâce au passage à la bipédie. L'exemple est particulièrement frappant ici puisque plusieurs espèces emblématiques de la période précédente se tiennent sur deux jambes telles que Kabutops, Armaldo et Mégapagos. Quant à Amonistar, il joue également un rôle dans cette transition dans la mesure où le Pokédex indique que l'on pense que "ce Pokémon a disparu parce que sa coquille en spirale était devenue trop grosse". On a là ce qui est sans doute l'application la plus éclatante de la théorie darwinienne : tandis que Kabuto s'est adapté à son nouveau milieu en développant des membres inférieurs, Amonistar en a été incapable et son espèce s'est donc éteinte au fil du temps.


Nous en sommes donc arrivés là : les pokémons ont conquis la terre. Il ne faut pas oublier non plus que les formes de vie ne se cantonnent pas à ces derniers puisque avant eux la végétation a sans doute commencé à coloniser ces terres nouvelles. Il est important de mentionner ce point qui n'est anecdotique qu'en apparence puisque sans végétation il n'y a pas d'herbivores et donc pas de carnivores non plus. Les premiers sont incarnés par Dinoclier et Bastiodon, qui ont pu prospérer grâce à une nourriture abondante. A l'inverse, le Pokédex atteste que Kranidos et Charkos étaient des carnivores redoutables. Cette troisième ère de l'histoire de la vie est donc celle de la structuration de la chaîne alimentaire telle qu'on la connait aujourd'hui. L'apparition de la végétation et d'un relief prononcé propre à la topographie terrestre a également permis de diversifier les formes de vie comme en témoignent les cas de Ptéra et d'Arkeapti. Après la conquête de la terre, les pokémons se sont en effet mis à conquérir les cieux. La fiche Pokédex d'Arkeapti nous montre toutefois que cette nouvelle adaptation au milieu ne s'est pas faite en un éclair : "il ne sait pas voler et se déplace en sautant d'arbre en arbre". Arkeapti ne sait pas encore voler mais il apprend à connaître l'élément aérien. C'est l'ancêtre des oiseaux, au même titre que Ptéra dans un autre genre qui incarne lui bien davantage le prédateur des cieux que le pacifique reptile à plumes que l'on a mentionné precedamment. Dans tous les cas, l'un comme l'autre incarnent parfaitement une autre étape dans l'évolution des pokémons de laquelle découle tous les pokémons Vol. Pour le dire simplement, Roucool est le descendant direct d'Arkeapti.


Comme chacun sait, les dinosaures ont fini par disparaître hormis quelques rares exceptions dans lesquelles figurent le cas célèbre du coelacanthe incarné par Relicanth dans Pokémon. A cette ère secondaire qui s'achève, on peut noter des pokémons qui ne sont pas vraiment des fossiles mais qui sont rattachés à un passé révolu du fait qu'ils n'évoluent qu'une fois qu'ils ont appris l'attaque Pouvoir Antique. Je veux bien sûr parler ici de Yanmega et de Mammochon. Leur cas est intéressant puisqu'il illustre à quel point la disparition en masse de la quasi-totalité des pokémons sauropodes a permis au contraire le développement de nouveaux types de pokémons qui étaient jusqu'ici cachés dans l'ombre par les grands reptiles : en l'occurrence ici, il s'agit des insectes et des mammifères. Le dernier cas est d'ailleurs emblématique puisque Mammochon est la transposition directe de l'animal le plus célèbre de l'ère tertiaire : le mammouth. Parmi les rares survivants de l'ère secondaire, on peut également raisonnablement penser que Kabutops a progressivement muté au fil des âges en Insecateur tant les similitudes sont nombreuses dans la morphologie entre ces deux pokémons : de larges faux tranchantes à la place des bras et une vélocité hors du commun. Peut-être que pour Kabutops il s'agissait de s'adapter à un réchauffement climatique afin de se fondre dans les épaisses forêts tropicales du jurassique ? On est en droit de le penser. Mais dans tous les cas, avec l'apparition de Mammochon on entre dans une nouvelle ère où les mammifères règnent en maître. En regardant le pokédex, on peut même penser que ce leadership est resté en vigueur jusqu'à aujourd'hui.

Ainsi se termine donc notre réflexion autour de l'application que l'on peut faire du darwinisme dans Pokémon en observant les différents stades de l'évolution des pokémons dont les fossiles sont le témoignage vibrant. Il y aurait bien sûr encore beaucoup de choses à dire à ce sujet. Mais un tel sujet est si vaste ! N'est-ce pas fascinant de réfléchir à ce à quoi a pu aboutir un simple pokémon comme Anorith après des millions d'années d'évolution ? Rien n'indique à l'avance qu'il aurait évolué en Armaldo comme on le sait aujourd'hui ! Il aurait tout aussi bien pu évoluer differemment en se transformant en un insecte proche de Chenipan ou bien en un serpent proche d'Abo ! Ce qui est certain néanmoins, c'est qu'il est illusoire de croire qu'Arceus seul a décidé à l'avance lorsqu'il a crée les conditions de la vie quelles formes prendraient ses petits-enfants des millions d'années plus tard. En cela, Pokémon est une très belle démonstration de la beauté de la vie : d'un côté, elle a besoin de conditions précises pour éclore. C'est le rôle de la cosmogonie, personnification du "bouillon originel" qui rend tout possible. Mais d'un autre côté, le hasard joue une très grande place dans l'évolution et c'est là tout le sens de ce que je voulais vous montrer aujourd'hui dans cet article. C'est aussi tout le sens de la théorie darwinienne : comme tout être vivant, un pokémon ne peut être compris qu'en étant inséré dans un milieu auquel il s'adapte. C'est cela et rien que cela au fond, l'évolution.[/center]