Messages : 38 Date d'inscription : 21/05/2014 Age : 32 Localisation : Stralsund, 1757
22052014
Analyse Musicale #1
Aegir étudie l'OST d'Okami ? Are you fucking kidding me ?
Pour cette première analyse musicale, je vous propose d'analyser un thème d'un des jeux les plus adulés par les otakus du monde : Okami. Oui, vous savez ce jeu qui a fait un échec commercial monumental à sa sortie. J'entends déjà les critiques fuser : ouais mais Aegir, t'as jamais joué au jeu. Sacrilège blasphémateur, comment ose-t-il parler de ce qu'il ne connait pas ? Mais avant que vous ne me jetiez au feu, deux petits détails s'imposent. D'une part, étudier un morceau de musique n'a jamais exigé d'avoir joué à l'oeuvre de base. Oh, je concède volontiers que c'est fortement conseillé. Néanmoins, ce n'est pas nécessaire. D'autre part, je me suis un peu renseigné sur le thème que je compte analyser dans cet article avant de le rédiger. Il s'agit de Red Helmet's Extermination, c'est-à-dire un thème de combat. Comme les thèmes de combat véhiculent souvent les mêmes valeurs et messages, ça ne me parait pas au dessus de mes forces. Néanmoins, j'essaierais tout au long de l'article d'éviter de trop mettre en avant le contexte de l'action pour ne pas froisser les alficionados du jeu.
Se mettre pareille contrainte pose évidemment une autre question. Si je parle le moins possible du support, réaliser cette analyse musicale a-t-elle le moindre sens du coup ? Pire, a-t-elle la moindre utilité ? La réponse, vous vous en doutez sûrement vu que j'ai publié l'article, est bien évidemment oui. En effet, même issue d'un jeu vidéo, une musique reste une musique et on peut donc toujours analyser sa structure pour en faire sortir le sens. Ces préliminaires posés, nous pouvons à présent passer au vif du sujet.
Ce qui frappe tout d'abord à l'écoute du morceau, c'est sa structure très riche et chargée. Pour m'expliquer le plus clairement possible et afin du coup que vous compreniez ma démonstration, j'ai volontairement choisi un extrait long (plus de cinq minutes) qui répète la mélodie trois fois. La boucle se fait à 1 : 49, 3 : 32 et enfin 5 : 14. Je disais donc : Red Helmet's Extermination a une structure très riche. Elle est très riche tout d'abord par le fait de la richesse instrumentale. En écoutant attentivement la musique, on peut remarquer en particulier la présence de trois groupes d'instruments qui sont successivement liés (de 0 : 07 à 0 : 26) et séparés (respectivement à partir de 0 : 33 pour le premier groupe, de 0 : 58 pour le second et de 1 : 23 pour le troisième). Il s'agit, par ordre d'apparition, de cuivres (probablement des tubas au vu de la puissance du son et des tonalités assez basses), de cordes (groupe d'instrument qui comprend la harpe et le luth par exemple) et de bois (de la flûte dans ce cas précis). On remarquera également que de 0 : 07 à 0 : 26, donc dans ce qui constitue le prologue qui installe la mélodie qui accompagne tout le morceau, ces trois groupes sont liés. C'est donc le premier point qui saute aux yeux : de très nombreux instruments qui s'entrecroisent tout au long de la mélodie pour donner à la musique un style à la fois orchestral lors des passages de cuivres, et orientalisants lors des passages de cordes et de bois.
On a vu que les instruments sont successivement liés et séparés dans chaque moment de la musique. C'est là le second point important qui donne toute sa force à la musique : une structure mélodique extrêmement dynamique que j'ai pu distinguer en huit phases principales. Pour vous y retrouver, toute la structure est bien évidemment détaillée à la fin de l'article. Je commence donc l'énumération : il y a tout d'abord un prologue en suspension (de 0 : 00 à 0 : 07) avec des effets qui font clairement penser à une sorte de déferlante de vent. L'objectif est ici de poser une ambiance, forçant le joueur à retenir son souffle face à ce qui se dévoile sous ses yeux. Le second moment est celui de l'installation du thème (de 0 : 07 à 0 : 26) où les trois groupes d'instruments sont unis. Les troisièmes, quatrièmes et cinquièmes et sixièmes étapes j'en ai déjà parlé plus haut : il s'agit des solos successifs de cuivres, de cordes, de bois et enfin de nouveau de cuivres. L'avantage d'une telle construction est de donner un rythme soutenu et dynamique à la musique, comme pour refléter le feu du combat. Un combat n'est jamais gagné ou perdu d'avance, il vit avec la musique avec tantôt des moments de violence absolue symbolisés par les cuivres, tantôt de vitesse et de rage représentées par les solos de cordes et de bois. Le tout donne une mélodie endiablée, que la sixième étape ne fait qu'accélérer avec un très long solo de cuivres (de 1 : 23 à 1 : 37) où la mélodie compte moins que le rythme ; rythme qui atteint son climax dans la septième étape (de 1 : 37 à 1 : 47) avec un rythme qui se régularise à la manière d'un métronome. Le choc des instruments est d'ailleurs si intense qu'on a littéralement l'impression que chaque note constitue autant d'attaques portées par le joueur ou l'adversaire qu'il cherche à terrasser. Le tout se termine finalement par un épilogue (de 1 : 47 à 1 : 50) qui prend simplement la forme d'une élévation des tonalités avec dans le même temps un son qui s'étouffe. C'est, au fond, le contraire exact du prologue qui ressemblait à s'y méprendre à un ouragan qui entraîne le joueur dans le feu du combat.
C'est ainsi que se termine la mélodie, avant d'être reprise plusieurs fois jusqu'à ce que le combat arrive à son terme. Dès lors, maintenant que cette analyse méthodique du morceau est faite que dire de Red Helmet's Extermination ? D'abord que la régularité et la complexité de la structure, couplée à une réelle richesse mélodique due avant tout aux nombreux instruments utilisés en fait un morceau orchestral de première qualité. On a bien sûr tous les composants de la musique de combat : rythme, montée en puissance mais aussi perturbations. Ce qui tranche ici en revanche, c'est cette structure en huit parties qu'on ne voit pas tous les jours dans une musique de jeu vidéo. En conclusion donc, nous sommes en face d'un excellent morceau très bien construit. Il joue parfaitement son rôle : exalter le joueur afin d'accomplir une synesthésie parfaite entre le jeu et le joueur. Des morceaux comme ça, je me dois de les analyser. C'est désormais chose faite. Allez, j'espère que vous avez apprécié cette première analyse musicale et à la prochaine fois pour de nouvelles aventures musicales sur mon blog
Oh oui, Okami ! Je jouais à ce jeu il n'y a pas si longtemps, les graphismes sont magnifiques sur la version HD. Et les musiques en général sont très agréables à écouter, mais celle-là est, pour moi, une des meilleures. Merci de ton analyse, Aegir
Mais Kitsu tu n'es pas sérieuse ? Je parle de mythologie personne ne me répond et je parle d'Okami on me dit d'aller voir ailleurs si Ama et Issun sont là !! Il faut qu'on parle plus parce que je découvre pleins de truc en commun avec Aegir et toi.
Sinon ce thème est sublime mais je préfère Ushiwaka's dance que je trouve beaucoup plus...psychadélique ^^
Oui oui le voilà ! En même temps toute l'ost d'Okami est dingue, il faudrait (si tu as le temps) vraiment que tu joues à ce jeu car c'est vraiment une oeuvre d'art ^^
Bon je te passe le lien avant que je te raconte ma vie avec Okami
Jeu 22 Mai - 20:44 par Kitsuninu