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| | Passé - La fin d'un monde | |
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L'Illustre Aegir Membre
Messages : 38 Date d'inscription : 21/05/2014 Age : 32 Localisation : Stralsund, 1757
| Sujet: Passé - La fin d'un monde Jeu 22 Mai - 19:36 | |
| I Tome Premier - Synopsis:
Imaginez le monde des pokémons cinq siècles après la chute de Giovanni. Vous vous imaginez des pokémons qui batifolent dans les champs. Vous vous imaginez que humains et pokémons coexistent en harmonie.
Et pourtant vous vous trompez. Nous sommes à l'aube de l'anéantissement. Nous sommes au crépuscule de la civilisation. Pourquoi ? Comment ? Vous le découvrirez en lisant cette fanfiction !
- Prologue:
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Au crépuscule de mon existence Et tandis que mes semblables retombent Dans l'hubris qui autrefois a plongé le monde Dans les ténèbres les plus obscures Je ne puis échapper à mon destin d'humain Et avant que le temps n'ait détruit à jamais Les traces de mon passage sur cette terre Nécessaire il m'est de révéler aux hommes de demain La terrible mise en garde dont ma vie est le témoignage
Mon nom n'a que peu d'importance Il n'est que le symbole de la race méprisable A laquelle j'appartiens
Il fut un temps où les hommes craignaient encore la colère d'Arceus Il fut un temps où, par cette sainte peur, les humains respectaient encore les pokémons Mais l'ego a corrompu la Raison des hommes Il les a écartés de la Vertu, les tournant vers le vulgaire Profit Il les a écartés de l'ordre cosmique et bienveillant du monde Tout cela pour une seule chose La Vanité Mausolée des Anciens Epitaphe du Prophète Datation : + 80 [1]Cent années avant la réalisation de cette épitaphe qui trône aujourd'hui fièrement dans le Hall Principal du Musée Historique d'Hevius, naquit un homme comme tant d'autres. Il était frêle de nature et n'avait aucune qualité particulière. Si ce n'est bien sûr deux faits assez peu anodins : il était sujet à de violentes visions comparables à celles qu'éprouvent les xatu tout au long de leur vie et...n'avait pas de parents. Cet homme-là, c'était moi. Mais avant de commencer le récit de ma vie, qui s'avère également ressembler étrangement à celui décrit par cette stèle que seuls les plus grands savants de Xothonia savent déchiffrer, il me parait important de parler un peu de moi. Je suis né par je ne sais quel miracle de la création dans les Ruines d'Alpha, au cœur de la région qui s'appelait encore à cette époque Johto. Avant que les temps sombres n'arrivent et ne changent à jamais la face du monde. Je fus élevé par une colonie de natus dirigés par un fier xatu dont la sagesse était telle qu'il comprenait particulièrement le langage humain. Il ne savait pas parler, non bien sûr que non. L'immense intelligence des pokémons Psy se passe tout à fait de tels procédés : ils usent de télépathie. Ce xatu, pourtant simple pokémon, m'éduqua à la manière des hommes : il m'enseigna les mathématiques, l'histoire prestigieuse des Ruines d'Alpha, les mythes de Johto et le langage des hommes. Si la nature ne m'a point donné de père biologique, force est de constater que ce génie parmi les pokémons se comporta envers moi comme un véritable père. Puis, une fois arrivé à l'âge de l'adolescence et devenu trop grand pour pouvoir vivre parmi les natu, je dus me résoudre à partir de mon doux foyer et découvrir pour la première fois le monde des hommes sans autres repères que ceux légués par mon père spirituel. C'est ici que tout commence : le 13 mars - 5 [2], je me trouvais devant l'entrée principale des Ruines d'Alpha. J'ignorais encore à cette époque à quel point cette journée allait changer à jamais ma vision du monde, modelée pendant près de quinze printemps par mon père spirituel dans ce lieu chargé d'histoire.
- Chapitre I - Faux départ:
13 Mars - 5 AM Narrateur : Inconnu Le soleil matinal illuminait mon visage. Derrière moi, je laissais ce cher Xatu qui m'avait tout appris. Nul doute qu'il devait se trouver, comme à son habitude, dans les tréfonds des Ruines d'Alpha. C'est lui qui m'avait fait ses adieux quelques heures plus tôt, me réveillant dès l'aurore par télépathie avant de me téléporter à la sortie du plus vieux complexe archéologique de Johto. Je me souviens aujourd'hui encore de ses propos, si touchants et pleins de sagesse. - Fils. L'heure est venue pour toi de nous quitter pour rejoindre le monde des hommes. Je t'ai appris tout ce qu'il t'est nécessaire pour t'adapter à ce monde si différent du nôtre. Tes frères comme moi ne t'oublieront jamais. Mais garde le souvenir de tes origines. Ne suis pas le même chemin tortueux que tes semblables. Depuis que je suis né, il y a de cela si longtemps, je n'ai cessé de voir les conséquences des errements des hommes. J'espère que ta vie sera plus heureuse que ce que mes visions prédisent. Si je ne puis t'éclairer sur le présent que tu vas rejoindre, je ne puis que prévoir le futur. Et ce futur n'est en rien idyllique. Maintenant pars, et profite tant que tu le peux de ta nouvelle vie, avant que mes sombres prédictions ne se réalisent...C'est tout ce que m'avait dit mon vieux précepteur avant de me téléporter à l'extérieur. Comme tous les xatus, il voyait perpétuellement des visions éparses du futur du monde. Mais comme souvent, il devait exagérer pensais-je encore à l'époque. Hélas, cent fois hélas, comme tous les prophètes Xatu avait raison. Et comme tous les prophètes, il n'était jamais écouté. De même que les troyens n'ont pas écouté Cassandre, je n'ai pas écouté l'enseignement le plus important de mon mentor. Le futur ne pouvait pas être si sombre me disais-je. Pourtant, malgré toutes les conjurations mentales que j'avais bâti pour empêcher la réalisation des prédictions de Xatu, je sentais bien que, inconsciemment, il devait y avoir un fond de vérité dans ce qu'il disait. Entre autres fausses idées, je trouvais notamment insensé que l'avenir puisse être aussi noir alors même qu'autour de moi tout respirait le bonheur. Le soleil brillait au firmament. Plongé dans mes pensées, je fermais les yeux afin de sentir la délicieuse odeur du pollen dans l'atmosphère. J'entendais certains natus voleter gaiement dans les airs, d'autres roucouler et l'ordre de la nature suivre son cours. C'était si calme. Je me sentais si bien en cet instant : pendant deux minutes, je me sentais en harmonie totale avec l'environnement dans lequel j'avais grandi, mélange de végétation luxuriante et de bâtiments en ruine. Il y a quelques siècles encore, m'avait dit un jour mon mentor, les Ruines d'Alpha étaient le lieu touristique le plus couru de Johto. Des milliers de visiteurs les fréquentaient chaque jour, fascinés par ces constructions anciennes. Puis un jour, brusquement, les Ruines furent fermées à jamais au public. On ne sut jamais pourquoi : les sources officielles prétendirent que c'était afin de préserver les ruines des dégradations causées directement ou indirectement par les touristes. D'autres pensèrent que c'était par pure raison économique, afin de ne pas nuire au succès commercial du nouveau parc d'attractions de Doublonville, ouvert en – 220 [1] par la Sylphe SARL. Mais une chose était sûre : du temps de ma jeunesse, les Ruines d'Alpha avaient complètement disparu de la mémoire des hommes et n'étaient encore fréquentées que par de rares archéologues en quête de découvertes à faire. Je savourais ces quelques minutes de bonheur et profitai une dernière fois du cadre idyllique des Ruines d'Alpha. Qui, se préparant à partir à jamais du lieu de son enfance pour ne plus jamais y retourner, ne ferait pas de même ? Puis, je rouvris progressivement mes yeux cristallins : j'étais prêt désormais. Ayant fait le deuil de ma jeunesse somme toute très casanière, je commençais donc ce voyage vers la civilisation des hommes. Je pensais encore que cela serait facile, qu'aucun obstacle ne bloquerait ma route. Hélas, j'ignorais qu'un adversaire de taille m'attendait avant de pouvoir rejoindre une quelconque terre peuplée par des êtres humains. Cet adversaire, c'était la nature elle-même. En effet, quelques minutes après avoir emprunté et exploré dans le moindre de ses aspects la voie pavée qui traversait du nord au sud les Ruines d'Alpha, je fis une amère découverte : le chemin était bloqué. Il était bloqué par une épaisse forêt qui encerclait totalement mon foyer natal. Comment passer dans ces conditions ? Je n'allais tout de même pas devoir me frayer un chemin dans un endroit aussi dangereux, me disais-je. J'étais, pour ainsi dire, à ce moment-là et pendant plusieurs heures durant dans l'indécision la plus totale : Xatu m'avait enseigné l'art de la survie en société, en me donnant tous les référents culturels pour vivre normalement dans une société humaine ; en prévision de mon départ qu'il savait inéluctable. Mais jamais il ne m'avait enseigné l'art de la survie en milieu sauvage, ni appris que pour rejoindre l'extérieur de ce véritable sanctuaire de la nature j'allais devoir plonger dans les profondeurs d'une forêt aussi vierge que dangereuse pour un adolescent aussi fragile que moi à cette époque. A vrai dire, sans la suite des événements j'aurais même pu rester éternellement à faire les cent pas sur cette voie romaine. Face au danger, certaines personnes particulièrement courageuses n'hésitent pas à foncer tête baissée. Mais d'autres sont tout bonnement pétrifiés, du fait qu'ils intériorisent tellement les conséquences du danger en eux que cela brise toute velléité de l'affronter. J'appartiens à cette seconde catégorie : c'est ce jour-là que j'ai découvert ma véritable nature de couard. Comme je regrette aujourd'hui de ne pas avoir été impulsif comme tant de jeunes de mon âge et de ne pas avoir foncé tête baissée dans cette forêt. L'indécision est un poison qui touche les clairvoyants et les empêche d'agir quand il en est encore temps. Toujours est-il que durant toute cette journée j'étais resté dans la passivité la plus complète. Je me posai un nombre incroyable de questions totalement idiotes : allais-je dans la bonne direction ? Ne risquais-je pas d'être agressé par je ne sais quel pokémon en quête de chair fraîche ? Et pendant ce temps-là, la roue du temps tournait. Du ciel ensoleillé sans nuage de la matinée, la voûte céleste se changea au début de la soirée en un ciel chargé de nuages noirs et menaçants. La pluie tombait à présent, rendant une exploration de la forêt encore plus désagréable du fait de l'accumulation de l'humidité. Et tandis que le jour baissait, ma motivation du matin s'était muée en découragement en seulement quelques heures. Pourtant, je n'avais strictement rien fait de ma journée. Honteux de moi et dépité, je me dirigeais vers un des bâtiments en ruine du complexe archéologique, tournant ainsi le dos à l'imposante forêt qui m'avait mentalement tenu en échec durant toute une rotation solaire. Et c'est alors que les temps sombres commencèrent pour moi. Adossé à un pilier d'une grande salle remplie d'inscriptions en langage Zarbi, je m'étais endormi. J'aurais aimé pouvoir avoir une nuit reposante. Ce ne fut hélas pas le cas. Oh extérieurement bien sûr, tout semblait normal : je ne bougeais pas. Je m'étais progressivement effondré sur le sol du vieux temple. Mais dans mon sommeil, je fus pris dans un cauchemar abominable. Je m'en souviens comme si c'était hier. Dans ce cauchemar, je voyais tout d'abord une scène idyllique du monde des hommes : des citoyens buvaient une boisson rafraîchissante en plein été sur la terrasse d'un café. Un orgueilleux gratte-ciel en obsidienne surplombait la scène. Puis, j'avais soudainement une vision d'horreur de la même scène. Sous forme de flash extrêmement brefs et intenses, je voyais le gratte-ciel être coupé en deux par un séisme d'une puissance phénoménale. Un tsunami ravageait une ville entière. Une pluie de météorites détruisait champs et forêts. Enfin, trois lettres sur fond noir en écriture de feu apparuent : V V V. Trois V. Le même amoncellement d'images se répétait en boucle jusqu'à ce que je me réveille en sueur. La même nuit, à quelques ruines de là, le vieux Xatu était victime d'une vision analogue. Il souffrait. - Non, pas ça. Ca ne peut pas finir comme ça. Fils ! [2]Au même instant, j'entendis dans mon esprit la voix de mon mentor : il m'interpellait par télépathie. C'est cela qui me permit de redevenir conscient et de sortir de ce cauchemar. Après avoir levé difficilement la tête, je le vis avec surprise en face de moi. Il me regardait avec son habituel regard inexpressif. Je voulais lui dire quelque chose pour justifier ma présence ici alors qu'il m'avait clairement demandé le matin même de partir des Ruines d'Alpha. Je voulais m'excuser. Il m'en empêcha. - Inutile. Je sais tout et je vois tout. Tu n'as pas à t'excuser. Suis-moi, nous devons parler.
- Chapitre II - Le Sanctuaire d'Alpha:
14 Mars - 5 AM Narrateur : Inconnu Après m'avoir adressé ces quelques mots, Xatu s'éloigna lentement de moi avant de se diriger vers un des innombrables couloirs qui constituent les Ruines d'Alpha. Une fois encore, j'hésitai entre la couardise et l'action tout en me remettant difficilement de ce que je venais de subir. Qu'est-ce que tout cela pouvait bien vouloir dire ? Malgré toutes les explications rationnelles que je pouvais faire pour me rassurer, j'étais pris dans un profond malaise. Non, ce cauchemar n'était pas comme les autres. En voyant ces milliers d'âmes se faire engloutir en un instant par un cataclysme aux origines mystérieuses, j'avais ressenti une souffrance indicible. C'était comme si une flèche me déchirait le corps pour chacun de ces individus engloutis par les flots ou écrasés par les bâtiments qui s'effondraient. Et c'est précisément ce malaise qui me permit pour la première fois de mon existence de rompre cette spirale funeste de l'inaction et de la peur qui m'avait empêché la veille d'affronter cette forêt. Oui, à cet instant précis je sentais que je devais suivre Xatu. Je ne savais pas vraiment pourquoi, ni même ce qu'il me voulait. Mais le bref regard qu'il me lança avant de s'en aller, empreint de compassion et de sagesse, me poussait à le suivre. Porté par cette détermination que jamais encore je n'avais ressentie au cours de ma courte existence, je me résolus donc à me lever du sol de pierre poussiéreux sur lequel j'étais avachi depuis mon pénible réveil et à suivre les pas de Xatu. Il se trouvait alors à quelques mètres de moi, sur la gauche, dans un fin corridor qui permettait de s'extraire de la salle principale du vieux sanctuaire des zarbis. Le pokémon psychique s'apprêtait à disparaître de mon champ de vision. Avant de le faire, il m'adressa un dernier coup d'œil qui ne fit que renforcer cette détermination peu habituelle que je ressentais en mon for intérieur. Parti dans une autre partie des Ruines d'Alpha, je mettais péniblement un pied devant l'autre afin de le suivre. Je me sentais lourd, si lourd. Dans mon esprit, les images du cauchemar ne cessaient de se répéter, obsessionnellement et à l'infini. Cette traversée de la salle en direction du petit corridor me semblait durer une éternité, comme si Dialga lui-même avait ralenti le temps pour accroître mon calvaire. Enfin arrivé devant le petit chemin creusé dans la roche, je m'agrippai à une des parois afin de me reposer quelques instants. J'étais en sueur. C'est alors que Xatu, tout en continuant son chemin, me parla de nouveau par télépathie. - Courage. Je sais que c'est difficile pour un humain ce que tu endures, mais tu dois lutter. Je t'attends dans le Temple Ecbatha, dans le sous-sol. Continue sur ta gauche et descends le Grand Escalier d'Or. Je t'y attends avec un ami.La conclusion du message m'interpellait. Un ami ? Xatu m'avait pourtant toujours affirmé que cela faisait des lustres que les Ruines d'Alpha avaient été désertées par d'autres espèces de pokémon que les natus et les xatus. Lui et toute sa tribu de volatiles médiums vivaient en communauté à l'écart du monde. J'avais d'ailleurs pu m'en rendre compte très tôt lorsque je flânais encore innocemment dans les couloirs des Ruines d'Alpha. Je ne savais plus que penser, mais une chose était sûre : le message télépathique de Xatu ne faisait qu'attiser ma curiosité, et me redonnait la volonté de continuer par la même occasion. Entre temps, mes vertiges et la rémanence de mon cauchemar commençaient à s'estomper. Cela m'aidait à continuer, cette fois de manière plus assurée. La curiosité est la Némésis de la peur : elle pousse à affronter ses pires craintes par le désir de connaissance. Finalement, lentement mais sûrement, la peur qui quelques temps plus tôt me paralysait totalement cédait de plus en plus la place à la soif de savoir. Oui, auparavant écrasée par une lâcheté somme toute fort compréhensible pour un jeune homme de quinze ans faisant ses premiers pas dans le monde, ma vraie nature commença à se manifester à partir de cette nuit-là. C'est cela que je réalise avec le recul des années. Mais je parle décidément trop, excusez-moi chers hôtes qui désirez connaître mon histoire, et par extension celle de tout l'Ancien Monde. Mon égo ne se manifestera plus à l'avenir, je vous en donne ma parole. Reprenons : après avoir regagné un peu d'énergie grâce au message salvateur de mon vieux maître, je parvins quelques pas plus tard tout en continuant de suivre le corridor devant un immense escalier en or massif qui descendait loin, très loin dans les abysses des Ruines d'Alpha. Il menait vers ce que les natus appelaient le Sanctuaire d'Alpha. Plus ancien que la partie supérieure du temple, Xatu m'y avait emmené souvent pour me familiariser avec les mythes de Johto et le langage zarbi. Car, me disait-il, les inscriptions zarbi de la partie supérieure des Ruines ne narraient rien de véritablement important. C'était d'ailleurs pour cela qu'en plus de 200 ans de recherches archéologiques, de – 422 à – 220 [1], les hommes n'avaient jamais réussi à rien apprendre de tangible sur le passé de Johto si ce n'est que chaque zarbi correspondait à une lettre de l'alphabet. Ils en conclurent fort logiquement que l'origine du langage venait de ces pokémons. Ces savants ne savaient pas pourquoi ni comment c'était possible, faute d'avoir eu accès à cette immense bibliothèque en pierre qui se cachait dans les profondeurs de la terre. C'était là, à l'abri des regards et préservé étrangement de toute usure temporelle, que je devais aller. Les instructions de Xatu étaient claires : je devais suivre cet escalier doré sur plusieurs dizaines de mètres. S'enfonçant sous terre, le passage était inaccessible aux humains non-initiés par un des Gardiens du Sanctuaire [2]. Mon mentor m'attendait en bas. Au-dessus de l'entrée vers le Sanctuaire figurait une inscription en langage Zarbi. [3] Après avoir regardé cette multitude d'yeux qui devaient probablement former un message d'avertissement rendant perplexes les aventuriers passant par ici étant donné qu'ils ne rencontreraient qu'un épais mur de pierre en lieu et place du Grand Escalier d'Or, j'empruntais donc courageusement le tunnel. L'endroit était sombre. Il est vrai que le contraire eut été étonnant. Le bruit de chacun de mes pas résonnait en écho tout autour de moi. Après quelques minutes de descente non pas vers les enfers mais vers l'Eden des archéologues, j'atteignis enfin le véritable Grand Escalier d'Or qui faisait la fierté de tous les xatus du Sanctuaire. Jusqu'à présent en effet, je n'avais traversé qu'un maigre escalier doré plongé dans une pénombre éternelle du fait de la faiblesse des sources lumineuses et de l'étroitesse du chemin. Mais dès que les dix premiers mètres furent passés, l'escalier s'élargit brusquement de manière conséquente. Face à moi, une immense caverne creusée dans la roche était apparue. Elle avait les dimensions d'une véritable ville. Au fond, une statue aussi magnifique que gigantesque d'Ho-Oh éclairait tout le Sanctuaire d'Alpha. Cette fameuse bibliothèque qui rassemblait l'ensemble du savoir caché pendant des millénaires par les zarbis sous l'égide de Ho-Oh se structurait en fait sous forme de cercles concentriques de monolithes. Multiples, ils partaient du centre vers la périphérie à la manière de Stonehenge. Dans ces monolithes de dimensions très variées qui allait de seulement un mètre à près de dix mètres de hauteur, on pouvait voir des inscriptions zarbi s'illuminer puis s'éteindre de manière régulière dans une magnifique couleur violacée. Personne, hormis les Gardiens du Sanctuaire et les dieux bien sûr, ne savait ce qui était inscrit sur ces monolithes. Aucun humain n'avait jamais mis les pieds ici d'ailleurs mis à part moi, cela Xatu me l'avait clairement dit la première fois qu'il m'avait emmené ici. Parallèlement, on pouvait voir le Grand Escalier d'Or effectuer une sorte de spirale autour des parois du Sanctuaire jusqu'à finalement atteindre le sol. Tout en bas, dans le lointain et tandis que je continuai à descendre tout en admirant le panorama, j'apercevais Xatu méditer au centre des monolithes avec un autre pokémon. Mais hormis les natus et les xatus, je n'avais jamais rencontré d'autres espèces de pokémons à cette époque. Je ne savais donc pas à ce moment-là à quelle espèce il appartenait. Une seule chose était sûre : ce devait être lui ce fameux ami dont Xatu avait parlé tantôt. Tout en descendant, je voyais des centaines de natus me regarder avec intérêt à l'aide de leurs petits yeux dans les petits orifices des parois du Sanctuaire. C'était eux qui surveillaient depuis toujours ce lieu chargé d'histoire. Non seulement eux, mais leurs pères avant eux également, conformément au contrat passé entre les habitants des Ruines d'Alpha et Ho-Oh. Cette déité était le père protecteur de toutes les formes de vie de Johto. Après plus de vingt minutes de descente sur cet interminable escalier, j'atteignis enfin le fond de la caverne et Xatu par la même occasion. Je me trouvais à présent en face de lui, et je le regardais méditer sans broncher. Il ouvrit un œil. Puis l'autre. Il prit finalement la parole. - Enfin te voilà. C'est bien, tu as appris à maîtriser ta peur. Maintenant tu vas obtenir le Savoir des Anciens.
- Chapitre III - Le Don d'Ho-Oh:
14 Mars - 5 AM Narrateur : Inconnu En face de moi, au centre du Sanctuaire et des cercles de monolithes, Xatu attendait que je le rejoigne. Comme toujours, son regard était figé vers le néant, inexpressif. Pourtant, malgré la détermination qui m'avait permis peu de temps auparavant de combattre ma peur de l'inconnu afin d'arriver enfin devant lui, mes vieux démons reprenaient le dessus. J'hésitais. Qu'entendait-il par le Savoir des Anciens ? Oh, bien sûr j'avais une petite idée de ce qu'il entendait par là : il voulait sûrement par cette expression pompeuse m'apprendre des choses sur ces visions d'horreur qui m'avaient saisi d'effroi dans la salle principale des Ruines d'Alpha au cours de la nuit. Pourtant, j'avais beau être simplet à cette époque, seul un demeuré trouverait normal que la simple délivrance d'informations nécessite de se trouver dans le Sanctuaire d'Alpha, lieu mystique et légendaire tenu loin de la vue des hommes depuis la genèse de Johto. Non, mon intime conviction me poussait à douter, une fois de plus, de ce que je devais faire : il me cachait quelque chose, cela ne faisait aucun doute. Me voyant une fois de plus plongé dans les limbes de l'hésitation et de la peur, xatu m'en tira une fois de plus par voie télépathique : - Que crains-tu encore. Tu es arrivé jusqu'à moi : pourquoi reculer ? Allez, avance-toi sur la Stèle : je ne t'ai pas fait venir jusqu'ici pour te laisser errer plus longtemps dans l'ignorance.Déstabilisé et surpris – on ne s'habitue jamais vraiment aux injonctions autoritaires et pleines de sagesse des xatus – je parvins finalement à mettre un pied devant l'autre en sa direction. Devant moi, se trouvait effectivement une immense stèle ornée d'inscriptions Zarbi. L'ornementation était, ici aussi, structurée sous la forme de cercles concentriques. En posant une première fois mon pied droit sur la Stèle, je ressentis soudainement un violent choc. C'était comme une compression gravitationnelle : ce qui se trouvait sous mes pieds renfermait un immense pouvoir. Je fus plaqué sur le sol. C'est alors que Xatu communiqua une fois encore avec moi : - Parfait. Nous allons pouvoir commencer. Croa !Xatu termina son message en émettant pour la première fois depuis que je le connaissais un cri. C'était un immense cri d'oiseau, strident, qui déchirait le silence qui régnait dans le Sanctuaire. En même temps, il étendit élégamment ses ailes colorées à l'horizontale : une à sa gauche, une à sa droite, tandis qu'il se mit à émettre une intense aura violacée. Bien que compressé par la puissance mystérieuse de la Stèle, j'avais pu entre temps lever péniblement ma tête de façon à pouvoir observer brièvement la scène. Immédiatement après cela, la Stèle se mit à vibrer de manière inquiétante et à s'illuminer de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Je pouvais voir le Rouge de Ho-Oh m'aveugler ; puis le Bleu de Lugia le remplacer. A mesure que ce déferlement de couleurs s'accélérait, je commençais à perdre l'usage de mes yeux. Je ne savais plus où je me trouvais à présent. J'étais terrifié. Que m'arrivait-il ? Je me sentais privé de tous mes sens et je ne ressentais même plus mon corps. Avais-je chaud, avais-je froid, souffrais-je ? Je ne pouvais le dire. C'était dire à quel point je me trouvais à ce moment-là dans un état second. Progressivement et graduellement pourtant, je commençais à entendre d'étranges sons rompre le néant dans lequel je venais d'être plongé. D'abord ce n'était que des bruits diffus. Puis, au fur et à mesure que je les entendais avec davantage de clarté, ces bruits diffus se transformèrent en une voix familière. Cette voix, qui n'était autre que celle de Xatu, ressemblait à une incantation. Ô Seigneur Arc-en-Ciel Le savoir au service de l'harmonie La vérité au service de la paix Telle est la Mission que tu nous as jadis Honorés d'accomplir
Daigne, Seigneur du firmament Accorder à ce mortel La maîtrise du don de tes serviteurs Afin que, comme nous tes Gardiens Il puisse propager la Vérité dans le vaste monde Et protège, comme nous par le passé L'harmonie et la cohésion de ce monde
Ho-Oh, seigneur d'entre les seigneurs Délivre-le des ténèbres qui le dévorent Jusqu'aux tréfonds de son âme Que ta Lumière l'illumine et lui montre le chemin
Croa ! L'incantation s'acheva ensuite comme elle avait commencée, c'est-à-dire par le cri strident de mon mentor. Immédiatement après, le néant qui jusqu'ici m'enveloppait et m'avait privé de la plupart de mes sens à l'exception de l'ouïe se transforma en son exacte Némésis : une lumière aveuglante avait en effet supplanté les ténèbres. Mes sens commençaient à se restaurer partiellement. Je pouvais de nouveau ressentir mon corps ainsi que les sensations qui vont avec. En revanche, à part cet éclat lumineux mes yeux ne pouvaient rien percevoir. La lumière se transforma ensuite en chaleur, qui m'enveloppait et me faisait atrocement souffrir. Plus que tout autre organe, mes globes oculaires renforçaient cette agonie. - Ah mes yeux ! J'ai mal. Que me fait-tu Xatu ! Xatu ?Mais Xatu restait muet, où qu'il se trouve. Et pendant ce temps cette souffrance lancinante sur mes globes oculaires ne cessait de s'accroître. Les secondes qui passaient me semblaient être une éternité : j'hurlai, je demandais de l'aide tout en gémissant de douleur. Mais je n'eus pour toute réponse qu'un silence assourdissant. A un moment, la douleur devint telle que je perdis connaissance. J'ignore combien de temps je suis demeuré dans cet état, mais je fus finalement réveillé plus tard. Ce réveil, je ne le devais pas à Xatu mais à une voix inconnue. Elle se montrait extrêmement chaleureuse. - Oh, petit gars ! Ça va ? Bah dis donc t'es du genre à être pote avec les parecool toi. T'es sûr que tu n'es pas le fils illégitime d'un monaflemit ? Ah ça, tu nous as fait une belle frousse je dois bien l'avouer. Reste allongé, je vais appeler le grand gourou.La voix donnait par ailleurs l'impression de bailler perpétuellement tellement son ton était particulier et léthargique. Pourtant, elle était éminemment sympathique et quelque peu comique il est vrai. Après avoir repris mes esprits et être ressorti des limbes dans lesquelles je me trouvai depuis un temps indéterminé, je voulus en savoir plus sur mon environnement. Mais je ne pouvais pas : j'avais beau ouvrir et fermer mes yeux, je ne voyais strictement rien. Je paniquais. Que m'était-il arrivé ? Je me mis alors à hurler d'effroi. - Mes yeux ! Je ne vois rien !C'est alors que j'entendis quelqu'un venir. Sans contact visuel je n'aurais normalement pas pu définir cet individu. Pourtant, je ressentais quelque chose de familier en sa présence qui me poussait à juger qu'il s'agissait de Xatu. Je le tenais pour personnellement responsable de la situation qui m'affectait, c'est pourquoi je me mis alors à lui crier dessus de rage. - Xatu, tu es un monstre ! Que m'as-tu fait ? Je ne vois plus rien ! Pourquoi m'as-tu fait subir ça, à moi que tu as élevé pendant plus de dix ans ? Je pensais que tu voulais m'aider à supporter mes visions, et tu me tortures avant de m'ôter la vue ? Qui es-tu pour oser me faire subir de telles horreurs !Malgré le fait que je m'égosillai pour l'émouvoir, je ressentais l'étrange sensation qu'il allait rester extraordinairement calme, avant de me répondre de manière tout aussi extraordinairement calme. Et je ne me trompai pas : bizarrement, depuis mon réveil je semblai ressentir les choses matérielles comme immatérielles sans avoir besoin de recourir à mes sens. Mon instinct ne me trompait d'ailleurs pas puisque Xatu ne fit que confirmer ce que je pensais, tout en répondant à mes questions avec un ton tout aussi péremptoire qu'à l'accoutumée. - Il suffit. Tu n'as pas perdu la vue : au contraire même, grâce au Don que t'a conféré Ho-Oh, notre seigneur à tous, tu verras bientôt mieux que le plus affûté des yeux de Persian. Comme moi, tu dois sans doute t'en douter tu peux désormais lire l'avenir dans toute sa complexité. L'avenir proche tout d'abord, c'est la raison pour laquelle tu as pu déterminer qu'il s'agissait bien de moi sans avoir besoin de tes yeux. Et, même si tu ne t'en rends pas encore compte, l'avenir lointain : cela te permettra ainsi de voir ces visions d'horreur que j'ai aussi vues sans perdre la raison.
En d'autres termes, je t'ai conféré le Savoir des Anciens : celui que tous les Gardiens du Sanctuaire d'Alpha ont. Je comprends ta colère, mais sache que c'était la seule solution pour te permettre d'accomplir ton destin et de révéler ta véritable nature d'Elu parmi les hommes, de même que moi et mes semblables sommes des Elus parmi les pokémons. J'ignore pourquoi ni comment tu as acquis ce don de prescience, même partiellement, sans avoir subi le rite d'Ho-Oh que je t'ai fait subir. Mais puisque tu le détiens, je me devais de t'initier au Savoir des Anciens sans quoi tu aurais perdu la raison. Désormais, tu ne souffriras plus de ces visions Fils. Tu pourras enfin regarder l'avenir droit dans les yeux sans risquer de perdre la raison.Les yeux écarquillés, j'écoutais le long message de Xatu sans vraiment en revenir. Moi, un simple humain, j'avais le don de prescience et ces visions étaient la manifestation de ce pouvoir mystérieux ? Xatu m'avait donc fait subir ce rituel douloureux non pas pour me nuire mais pour me permettre au contraire d'assumer ce pouvoir sans que cela risque de me faire perdre toute santé mentale. Car oui, l'Homme est ainsi fait que ce qu'il ne peut expliquer finit par altérer son esprit rationnel jusqu'à le faire tomber dans les méandres de la folie et de la pathologie mentale. Bien que toujours en colère contre xatu, mon supplice étant encore récent, j'avais envie de croire mon vieux maître. Après tout, il marquait comme toujours un point en me montrant les premières expressions de ma capacité à voir sans mes yeux et à prévoir les événements futurs. Sinon, comment aurais-je pu ressentir que mon interlocuteur s'avérait être ce vieux pokémon psychique ? Me voyant plongé dans mes réflexions et passablement honteux d'avoir accusé à tort celui qui m'avait recueilli à l'état de nourrisson il y a presque deux décennies, Xatu continua ensuite. Cette fois, il renoua avec son amour de la télépathie. - Allons, tu n'as pas à culpabiliser : tu as eu la réaction normale d'un être ignorant. Maintenant, tu n'es plus comme tes semblables : tu vois ce qu'ils ne verront jamais. Néanmoins, n'oublie jamais que si tu peux voir le futur cela ne signifie pas pour autant que ce que tu vois ne peut être évité. Le destin peut être changé, même si l'Homme n'a cessé d'accumuler erreurs sur erreurs dernièrement. Tu t'en rendras vite compte mais ce que voient les Elus n'est que la conséquence directe du présent. Si le présent change, le futur changera également.
Pour contrôler tes visions et te permettre de mieux les visualiser afin de comprendre leurs causes, tu devras être formé. C'est là qu'entre en jeu mon ami venu de Kanto. Son nom ? Roigada IX. C'est le fils d'une longue lignée de Roigada régnant sur les pokémons de cette région. Il étudie depuis toujours la société et la vie des hommes, chose que je n'ai jamais pu ni voulu faire du fait de ma mission de protection du Sanctuaire d'Alpha. Si je partais, Ho-Oh ne me le pardonnerait jamais à moi et à mes semblables. De plus, le seigneur Arc-en-Ciel ne t'a pas conféré ce don de prescience pour que tu demeures à mes côtés mais au contraire afin que tu empêches le futur de s'accomplir en modifiant le cours du temps. Mais pour faire cela, tu devras voyager avec Roigada IX afin qu'il t'enseigne tout ce que je n'ai pas pu t'apprendre sur la vie des hommes et qu'il t'aide à maîtriser tes visions. Etre aveugle ne te sera pas facile au début, mais tu verras : bientôt, le monde te paraîtra si clair que tu ne remarqueras même plus ton absence de vision oculaire.
Va maintenant, Fils. Mon noble ami t'attend dehors, concentre ton esprit de toutes tes forces afin de repérer la sortie. Pour ma part, je dois retourner au Sanctuaire méditer sur les temps sombres qui nous attendent. Je te recontacterai lorsque j'aurai d'autres éléments d'explication. Surtout, ne crois pas que je t'abandonne. Je serai toujours avec toi, à distance certes, mais pour un Xatu expérimenté tel que moi la notion d'espace n'est absolument pas un obstacle.L'instant d'après, j'entendis un étrange bruit à l'emplacement où je détectai Xatu jusqu'alors. Puis, je ne le sentis plus du tout. C'était comme s'il s'était évaporé. Je me trouvai de nouveau seul, face à moi-même. Mais cette fois, je n'hésitai plus. Le temps de l'hésitation était terminé dorénavant. Nous étions le 14 mars – 5 selon le Calendrier de l'Ancien Monde, et je m'apprêtai à faire face à ma destinée. Un long chemin m'attendait à présent, tandis que suivant les indications de Xatu j'avais réussi à sortir de la petite structure dans laquelle je me trouvai en concentrant mon esprit de manière à détecter la fameuse sortie. Elle allait me conduire à Roigada IX, l'étonnant ami de Xatu dont la personnalité semblait en tout point opposée à celle du vieux pokémon qui m'avait servi de père spirituel dix-huit années durant. Arrivé dehors, je détectai finalement le massif pokémon psy couronné d'un kokiyas. En me voyant arriver, il s'adressa à moi joyeusement. - Alors on est prêt pour la grande aventure petit gars ? C'est parti ! Toi et moi on va former une équipe du tonnerre, tu vas voir. L'évolution du pokémon le plus feignant de la création avec l'humain qui bat en heures de sommeil le plus larvaire des Parecool, ça ne peut que fonctionner.
- Chapitre IV - Les Xort'Udur:
16 Mars - 5 AM Narrateur : Inconnu C'est ici que tout commence. Après avoir fait mes adieux au sage xatu, je quittais donc, cette fois pour de bon, les Ruines d'Alpha ; accompagné de mon mystérieux nouveau mentor : Roigada IX. Tout en m'éloignant progressivement de ces ruines familières, je suivais ce désarçonnant personnage. Que savais-je de lui ? C'était un roigada, un des pokémons les plus intelligents de la création. Et de surcroit, il faisait partie d'une lignée de souverains. Pourtant, il avait plus l'air d'un idiot naïf ne pensant qu'à bien vivre et à la rigolade qu'à un monarque. D'ailleurs, depuis quand les pokémons avaient-ils des rois ? Non, très franchement je me demandais vraiment ce jour-là où xatu dégotait de tels individus. Il avait l'air d'être tout sauf érudit et sage. Sur le chemin qui menait à l'entrée de la fameuse forêt obscure qui séparait les Ruines d'Alpha du monde des hommes, tout concourait d'ailleurs dans l'attitude du pokémon psychique à confirmer l'idée que je me faisais de lui. En effet, au lieu de commencer à me former, il ne trouvait rien de mieux à faire que de saluer les papilusions qui voletaient dans l'air, s'attendant presque à une réponse de ces pokémons muets. Et comme pour renforcer cette image de réincarnation de Diogène se fichant éperdument du monde, il ramassait également des fleurs afin d'en humer la douce senteur. Non, au premier regard il n'avait vraiment pas l'air sérieux cet espèce de roi Dagobert des pokémons. Une fois arrivé devant l'entrée de la forêt, le pokémon à la marche lourde et débonnaire s'arrêta et se retourna vers moi ; me contraignant à stopper ma marche également. Puis il me demanda de m'arrêter quelques instants. - Attend un peu petit gars, tu me sembles bien pressé. Bon, c'est ici que les choses sérieuses commencent : pour arriver à Néo-Mauville, nous devons traverser la forêt. Et comme tu le vois, elle a l'air particulièrement accueillante et sympathique n'est-ce pas ?De l'entrée de la forêt, on ne voyait que des arbres tordus par des décennies de recherche de la lumière, saint-graal de la végétation de ce bois perpétuellement noyé dans une éternité de ténèbres. Accueillant semblait effectivement être encore un de ces euphémismes ironiques dont était tant friand mon joyeux mentor. Cette forêt puait la mort à des kilomètres à la ronde. Je comprenais mieux pourquoi personne n'était plus allé dans les Ruines d'Alpha depuis tant d'années à présent. Les arbres eux-mêmes semblaient prendre l'apparence de gargouilles effrayantes afin de dissuader le plus brave des aventuriers de rentrer dans ce lieu de perdition. Non, très honnêtement je préférais encore faire de l'algèbre ou écouter un dictateur faire des discours-fleuves de huit heures plutôt que d'entrer dans ce lieu maudit. Qui pouvait honnêtement savoir ce qui se cachait à l'intérieur ? Ah oui j'oubliais : tous ceux qui avaient passé outre les gargouilles en bois de l'entrée avaient sûrement trépassé. Bref, une fois de plus le virus de l'inaction m'envahissait et mes jambes tremblaient. A tout moment, elles semblaient prêtes à rebrousser chemin. Roigada le neuvième, voyant l'état pitoyable dans lequel je me mettais, ne put alors s'empêcher de rire aux éclats avant de me prendre par la peau du dos et de me jeter avec force à l'intérieur du bois empli d'obscurité tout en m'apostrophant non sans agacement. - Décidément toi, t'es vraiment un rigolo : allez zou, on arrête de danser la polka et on se lance dans le bain. Et surtout, on va bien s'amuser tu vas voir.A l'intérieur du bois, un silence de mort régnait et je n'arrivais à strictement rien voir si ce n'est l'obscurité la plus complète. Si de l'extérieur cette forêt m'avait semblé avoir ostracisé la lumière du soleil, ce n'était que de l'intérieur que l'on pouvait se rendre compte à quel point ce premier sentiment était juste. Après m'être péniblement relevé de ma chute, j'avançais les deux mains dressées devant moi à la manière d'un aveugle afin d'éviter d'éventuels obstacles. Le coeur empli de peur, je m'étais mis à crier. - Je ne vois rien. Roigada, où es-tu ?Je dis ces quelques mots une fois, deux fois, trois fois. Je n'eus aucune réponse. Je continuais d'avancer, tout en répétant les mêmes mots. Mais où était-il passé ? Tout en titubant, trébuchant sur des troncs d'arbre et des rochers, me relevant pour ensuite tomber de nouveau, je commençais à entendre de mystérieux bruits partout autour de moi. Misérable mortel La peur La sens-tu cette saine terreur ? La sens-tu couler dans tes veines ? Infiltrer ton âme ? Et te ronger lentement jusqu'à ton trépas ?
Tu es un pécheur, comme tous ceux de ta Race Tous des profanateurs Tous des corrupteurs Qui se croient maîtres du Cosmos Mais qui sont incapables de se contrôler eux-mêmes
Toi, le profanateur, Toi, le corrupteur Toi, dont le cœur est rongé par le Vice Ce lieu sera ton tombeau J'entendais une multitude de voix aux timbres variés répétant incessamment ces quelques mots autour de moi, à la manière d'une incantation et de manière chaque fois plus distincte. On semblait me regarder, m'observer, mais je ne pouvais rien voir. Ou plus exactement, pour la première fois depuis le départ du Sanctuaire, j'étais dans le Néant, dans l'Inconnu. Ce Néant qui ravit les aventuriers, enchante les romantiques et qui m'avait toujours terrorisé. A chaque seconde qui passait, je paniquais un peu plus. A présent, je courais comme une chèvre poursuivie par un loup au cœur de la nuit tout en continuant de trébucher sur les obstacles sur mon passage. Où allais-je, je n'en savais rien. Mais je voulais absolument quitter cette forêt qui semblait maudite. Ces voix semblaient si malveillantes. Mais j'avais beau fuir, je n'avançais pas. Les voix continuaient à se renforcer. Me relevant d'un énième effondrement sur le sol froid et humide de la forêt, je me mis à crier de nouveau. Je devais répondre aux Voix. Je devais les vaincre. - Qui êtes-vous ? Laissez-moi !Mais cela n'y changea rien. Les voix m'assourdissaient à présent de leurs sermons au rythme régulier comme une horloge. Seul le Clairvoyant Qui voit aussi bien dans son âme Que sur le chemin obscur du Domaine Pourra survivre
Nous sommes les Xort'Udur Les Esprits Damnés Nous obéissons au Xort'Majora L'Esprit Majeur
Jadis, nous fûmes des hommes Mais le Xort'Majora nous dévora Sur le Domaine, il nous prit tout Il nous prit la Cupidité, que l'on nomme Ambition Il nous prit la Luxure, que l'on nomme Amour Il nous prit la Gourmandise, que l'on nomme Enthousiasme Et il fit de nous ses Serviteurs
Nous mangeons les Profanateurs Qui osent souiller Les Terres Sacrées du Seigneur Arc-en-Ciel Je commençais à devenir fou. Les voix de ces entités maléfiques qui se faisaient appeler les Xort'Udur semblaient avoir un effet physique et mental sur moi. C'était comme si à chaque mot, à chaque syllabe qu'ils prononçaient ils s'attaquaient à ma chair comme à mon âme. Les Voix poursuivaient leur œuvre de torture. J'étais au bord de l'évanouissement tellement la pression mentale que des créatures exerçaient sur mon cerveau était forte. Tout semblait perdu. J'allais d'une seconde à l'autre cesser d'exister pour devenir, comme eux, une Ombre. Soudain, un flash lumineux jaillit du Néant. Même moi, malgré ma cécité et l'état avancé de décomposition dans lequel je me trouvais à ce moment précis, je ressentis cet éclat de lumière aveuglante qui agissait sous forme de simple stimulus sur mes yeux détruits. Dans la foulée de l'apparition de cette illumination inespérée de la forêt, une voix familière me sortit de ce cauchemar éveillé. - Ténèbres, disparaissez !Instantanément, les Voix cessèrent de s'acharner sur moi pour s'adresser cette fois à mon mentor. Un Destogoride Ainsi donc tu avais un protecteur, mortel Nous disparaissons, mais nous nous retrouverons Car les Xort'Udur se nourrissent des Vices des hommes Dans un hurlement assourdissant tellement il était strident et semblait sorti tout droit du Tartare, les Voix disparurent et Roigada IX me prit par les bras avant de me traîner en direction de la sortie de la forêt. Étrangement, il semblait bien connaître cet endroit. Ou plus exactement, il connaissait une route qui menait vers la sortie. Après avoir eu besoin de plusieurs minutes pour parvenir à reprendre conscience et sortir de cet enfer que je venais de vivre, j'avais des centaines de questions à poser à Roigada IX. - Qu'étaient...ces choses ?Roigada, qui était cette fois dans un état d'esprit radicalement différent de celui qu'il avait lorsqu'il m'avait jeté de force dans la forêt maudite, me répondit avec franchise et doctement. - Les Xort'Udur sont les Esprits Damnés. Comme tu as dû l'entendre durant ton calvaire, ils furent jadis des hommes. Des explorateurs, des touristes, des marchands. Tous furent dévorés par le Xort'Majora, Le Gardien Banni.Ses réponses ne faisaient que faire naître d'autres interrogations dans mon esprit. Je continuai de l'interroger. - Le Gardien Banni ? Mais Xatu n'avait-il pas dit qu'il n'y avait qu'un seul Gardien du Sanctuaire d'Ho-Oh ? Et pourquoi les Esprits t'ont-ils qualifié de Destogoride ?Roigada répondit, très patient face à cet assaut de questions qu'il devait subir. - Les Destogorides...sont ma famille. C'est la famille royale qui règne secrètement sur le monde. Par ailleurs, je pense qu'il est temps que tu saches la vérité sur moi. Nous t'en avons déjà assez fait subir comme cela. En réalité, je ne suis pas un pokémon. Je suis un homme. Mais en tant que membre des Destogorides, le sang d'Arceus coule dans mes veines. Arceus, le Dieu Pokémon mais aussi selon les légendes le père du monde et donc de l'Homme, nous a donnés à moi et à ma famille la lourde tâche de protéger les lieux saints des Douze Divinités du Panthéon. [1]Pour pouvoir accomplir notre devoir sacré, le Dieu des Dieux nous a accordé le don de polymorphie. C'est le don des metamorphs. Nous pouvons changer de forme en n'importe quel pokémon. Cela nous permet d'agir partout, dans le monde des hommes comme dans les Douze Sanctuaires, pour défendre les anciens temples. Car le monde est en danger, en très grand danger. Et c'est pour cela que ta vie est très précieuse à l'avenir du monde.Interloqué par tant de nouvelles, je poursuivis mon interrogatoire sur le Destogoride. - Comment ça ? Pourquoi m'avoir caché tout ça ? Et pourquoi m'avoir fait subir toutes ces épreuves ? D'abord le don d'Ho-Oh qui ne m'a apporté que des malheurs jusqu'à présent...et maintenant les Xort'Udur. A quoi tout cela rime-t-il ?L'aristocrate répondit ensuite. - J'aimerais le savoir moi-même. Nous n'en savons pas plus que toi. La seule chose qui soit certaine d'après les Oracles de ma famille et le Xatu du Sanctuaire d'Ho-Oh, c'est que la fin des temps est proche et que des choses terribles s'annoncent.
Et les événements récents ne font que confirmer ces visions. Lentement mais sûrement, l'Homme se détruit lui-même par son hubris et les vices qui le dévorent. Mais tu pourras le voir par toi-même une fois que nous serons à Néo-Mauville. Toujours est-il qu'une chose est sûre : nous avons besoin de toi car contrairement aux précédents oracles, tes visions sont beaucoup plus précises et pourraient nous permettre une fois que tu auras maîtrisé ton don d'en apprendre plus sur la menace floue dont parlent pourtant tous les oracles ; à l'unisson et dans toutes les régions du monde en même temps.
Cela ne peut être une coïncidence. Arceus n'envoie pas de messages à ses Fils par hasard. Mais nous en saurons davantage à Néo-Mauville. C'est là que mon père vit. C'est un homme sage, il saura t'en apprendre plus sur la situation dans le monde des hommes et te former à la divination.La discussion se finit ainsi, et je m'endormis aussitôt dans les bras de mon mentor Destogoride. J'étais pris d'une fatigue intense. J'avais vécu des choses effrayantes dans cette forêt en ce 16 mars – 20. Pourtant, je savais que ce n'était que le début : de nombreuses autres épreuves m'attendaient à l'avenir. Mais ce n'était pas vraiment mon problème. En cet instant, je voulais surtout chasser de mon esprit les dernières paroles des Xort'Udur. Elles étaient lourdes de sens et de menaces à peine voilées. Nous disparaissons, mais nous nous retrouverons Car les Xort'Udur se nourrissent des Vices des hommes
Dernière édition par L'Illustre Aegir le Jeu 22 Mai - 21:25, édité 9 fois | |
| | | L'Illustre Aegir Membre
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| Sujet: Chapitres V à VII Jeu 22 Mai - 19:44 | |
| - Chapitre V - L'Ascension:
22 Mars - 5 AM Narrateur : Inconnu A peine endormi, les heures passèrent sans que je ne m'en rende compte. Étrangement, mon sommeil n'était pas perturbé par des visions cette fois-ci : mon esprit semblait apaisé. C'était comme si les Xort'Udur avaient absorbé trop d'énergie lors de cette affreuse expérience que je venais de vivre pour que mon don de voyance se manifeste. Enfin, je profitais d'un peu de repos. Puis, ne pouvant demeurer pour l'éternité dans cet état de quiétude délicieuse, je fus réveillé au bout d'un moment par une voix d'homme âgé au vu de son caractère grave et rocailleux. - Ah, il se réveille enfin. Octave, j'espère que tu ne me dérange pas pour rien et qu'il est vraiment le Prophète que nous attendons depuis si longtemps.Ne pouvant ouvrir les yeux, je me levai péniblement de la position allongée dans laquelle je me trouvais et me mis à toucher les alentours avec mes mains. Apparemment, on m'avait placé sur une sorte de lit en marbre et le sol était constitué du même matériau. Je fis quelques pas jusqu'à rencontrer un pilier circulaire qui me fit retomber par terre. Je ne pus m'empêcher de crier de surprise et de douleur. Face à la scène qui devait être assez comique à voir de l'extérieur, j'entendis deux rires venir de devant et derrière moi tandis que, plus loin, la voix rocailleuse que j'avais entendue en premier semblait ronchonner avant de prendre la parole : - C'est pas gagné. En tout cas il est vraiment aveugle, Octave tu avais raison sur ce point-là. Bon, on va voir tout de suite à quel zigoto nous avons affaire.Sans avoir le temps de dire quoi que ce soit, j'entendis ensuite des bruits de pas se rapprocher sans la moindre hésitation de moi. Une main ridée et froide se posa ensuite sur mon front avant que la même voix qui s'était manifestée quelques instants plus tôt se refasse entendre ; cette fois s'adressant directement à moi par le biais d'une incantation : Fils d'Arceus La Porte des Anciens t'a été ouverte Maintenant traverse-la Instantanément, je sentis une rafale d'énergie jaillir de la main du vieil homme et m'envelopper ; me soulevant du sol pour me faire monter jusqu'au sommet de la pièce qui semblait très haute étant donné que mon ascension dura une bonne dizaine de secondes. Au fur et à mesure, je commençai à entendre les sons stridents caractéristiques des Zarbis tout autour de moi : la vague d'énergie semblait être en fait d'origine psychique et tirer sa force de l'énergie mystique des centaines de Zarbis qui se trouvaient à l'intérieur. L'ascension terminée, j'entendais à présent les Zarbis hurler et s'agiter tout autour de moi, de manière de plus en plus rapide. Le processus se poursuivit ainsi pendant ce que je pensais alors n'être que quelques minutes jusqu'à ce que, progressivement, l'obscurité désespérante que je voyais perpétuellement du fait de ma cécité ne se transforme en un brouillard violet. Dans ce brouillard violet, je voyais à présent les fameux Zarbis qui m'avaient porté jusqu'à une hauteur indéterminée et indéterminable de ma situation ; le brouillard était incroyablement dense. De ce brouillard, je commença à mesure que le détail de ce que je voyais ne s'affine à distinguer les milliers de Zarbis qui étaient responsables de ma situation s'agiter tout autour de moi. Je visualisais à présent, au mépris complet de toutes les lois du corps humain, ce qu'il m'arrivait et confirmait ce que mes autre sens m'avaient fait soupçonner pendant tout le processus d'ascension. Au bout d'un moment, le brouillard sembla se solidifier et m'enfermer dans une immense cage en pierre ensorcelée ; m'isolant de l'extérieur. J'ignorais totalement ce qui pouvait se passer à l'extérieur, et j'avais beau crier je n'eus aucune réponse. Quelle pouvait être la réaction des hommes du dehors face à ce qu'il m'arrivait ? J'étais dans le noir le plus complet, ou plus exactement dans le violet. Tout en étant perplexe et un brin paniqué, un autre évènement paranormal à faire perdre la raison à tout mathématicien survint ensuite. Progressivement en effet, dans la cage de pierre indestructible divisée en dix rochers réguliers et monumentaux qui me retenaient prisonnier des inscriptions en langage zarbi apparurent. Elles étaient rendues visibles de la même manière que dans le Sanctuaire d'Alpha quelques jours plus tôt, c'est-à-dire grâce à un éclairage luminescent violacé. De ces inscriptions, jaillit ensuite une voix surnaturelle imposante : Nous sommes les Zarbis Les Emissaires des Douze Nous transmettons les volontés des Divins A ses Elus
Mortel Le Glorieux Seigneur Arceus Qui commande du firmament aux abysses A reconnu ta valeur
Tu as survécu à la peur des Xort'Udur Tu as survécu à l'isolement des Elus Tu as survécu à la puissance des Emissaires Nul mortel ne t'égale en vertu comme en force
Tu es digne de propager la parole des Douze Que la Porte se referme Maintenant que tu l'as traversée Car au nom d'Arceus le Glorieux Représentant des Douze Tel est le statut qui t'est accordé
Gratio Pantheonius Prexto Zoruton Xyrgoniston Leviatanos Kenton Orbista Nihilo Egotun Prophetio Pantheonioma Immédiatement après que la voix mystérieuse se soit tue et sans me laisser le temps de faire quoi que ce soit, les stèles de pierre se retransformèrent en masse gazeuse dense et m'enlacèrent de nouveau à la manière d'une tornade ; cette fois me faisant descendre progressivement vers le bas. Une fois de retour sur le plancher des vaches, l'étau qui me comprimait le corps se desserra avant qu'une immense quantité d'énergie psychique ne pénètre dans mon corps et qu'en six points je sente de violentes brûlures. La tornade énergétique chargée de ces fameux Emissaires des Douze comme ils se faisaient appeler se dissipa ensuite comme par enchantement. Je m'écroulai ensuite sur le sol : je me sentais soudainement très mal. Je suffoquais comme un alpiniste et rampait sur le sol laborieusement. Je souffrais atrocement de maux de tête et entendais des voix dans une langue inconnue. Que m'arrivait-il ? Je perdis finalement connaissance. I
Ainsi s'acheva Mon existence de mortel Et ainsi débuta Mon existence de Prophète des Douze
A mon réveil, la vue m'était rendue Pourtant mes yeux demeuraient d'obsidienne Et un devoir m'appelait Temple des Anciens Epitaphe du Prophète Datation : + 80 Nous étions à présent le 22 mars – 5 et le soleil du matin réchauffait mon visage depuis une grande baie vitrée située au sommet de la salle principale dans laquelle j'étais demeuré inerte pendant les trois dernières révolutions solaires. L'architecture intérieure du bâtiment était splendide : tout était en marbre, du sol au plafond. On pouvait admirer des sculptures gravées sur les murs ainsi que des colonnes et arches monumentales qui soutenaient l'ensemble de la structure. Désormais, je voyais tout mon environnement avec la netteté d'un voyant. Bien sûr mes yeux demeuraient détruits par le rite que m'avait fait subir xatu il y a une semaine. C'était par les forces de l'esprit que je pouvais voir tout cela. Je ressentais l'énergie et la chaleur de ce qui m'entourait, ce qui me permettait de nullifier totalement mon handicap. Les structures froides et inertes comme la pierre ou le métal, je parvenais à les dissocier des entités chaudes et donc généralement vivantes des alentours. Pourtant, extérieurement rien ne pouvait indiquer que ma cécité avait été résorbée. Mais c'était pourtant le cas, et étrangement cela ne m'étonnait pas : je m'habituai très vite à cette nouvelle manière d'appréhender le monde. A mes côtés, quelques vieillards ainsi que le Destogoride qui m'avait fait subir toutes ces épreuves me regardaient avec un sourire bienveillant. Je n'étais plus le même homme, je le sentais au plus profond de moi : celui que j'avais été auparavant aurait probablement posé quantité de questions de manière orale. Ces questions, en me concentrant je parvenais sans qu'aucune explication logique ne vienne expliquer ce phénomène à les poser sans qu'un mot ne sorte de ma bouche. C'était donc cela qu'appelait xatu la télépathie. Dans une sérénité totale qui tranchait aussi avec ce que j'avais été auparavant, je posai donc mes questions au collège de sages qui m'avaient visiblement fait atteindre cette nouvelle condition : - Qui êtes-vous, qu'avez-vous fait exactement et que m'est-il arrivé ? Je vous en prie, répondez-moi : tout cela m'intrigue au plus haut point.Ma manière de parler avait également changé : je semblais avoir acquis du jour au lendemain un langage bien différent et beaucoup plus riche que dans ma vie antérieure. Un des hommes me regarda plus directement et se contenta de répondre tout en gardant son sourire : - Mais tu as déjà les réponses à ces questions. Nous sommes les Destogorides et nous n'avons fait que véhiculer la volonté des Douze. Tu n'as désormais plus rien à apprendre de nous : tu es le Prophète, le guide de nos âmes ainsi que le représentant unique des Douze sur Terre.Le Prophète : j'étais donc le Prophète. Que voulait-il dire par là ? Voilà le genre de questions que je me serais posé jadis. Mais pas cette fois : je comprenais parfaitement ce qu'il voulait dire. Sans avoir jamais reçu le moindre enseignement ni rien su jusqu'à ce jour de l'existence des Prophètes des Douze, c'était comme si je me réveillais d'un long sommeil et que j'avais toujours su que c'était le destin qui était le mien que de porter la bonne parole des Douze Divins. J'étais un peu interloqué par cette maîtrise si étrange et si précoce de mon nouveau statut : je ne pensais plus à moi ni à mes pathétiques besoins de mortel. Je n'avais ni faim, ni soif, ni sommeil. Et pourtant, je venais de me réveiller d'un sommeil de plus de trois jours et donc d'un jeûne de soixante-douze heures. C'était comme si je n'étais plus un homme mais désormais un intercesseur entre le monde terrestre et le monde céleste. Mais un évènement nouveau et dont je ne mesurais pas encore à ce moment l'importance conclut brutalement notre échange : une explosion retentit non loin de là. Quelques secondes ensuite, un homme habillé de la même manière que les cinq Destogorides déjà présents arriva en courant et fit une proskynèse devant l'homme le plus âgé tout en annonçant d'une voix tremblante : - Votre Sainteté...Le Consortium. Il a...Il a profané le Temple !Je tentai ensuite de m'adresser par télépathie au nouveau venu afin d'en apprendre par ces nouvelles qui semblaient tragiques : - Le Consortium ? Le Temple ? Que voulez-vous dire ?Le vieillard à qui s'adressait le jeune Destogoride empêcha brutalement le jeune homme de me donner la moindre réponse. Il frappa avec force sur le sol marbré avec sa canne et cria avec une force surprenante pour son grand âge : - Silence ! Nous devons protéger le Prophète, c'est le seul à même de nous sauver tous. Octave, conduis-le dans les catacombes et mets-le en sécurité. Une fois là-bas, explique-lui la situation. Quant à nous, nous allons essayer de retarder le Consortium mais nous ne vous promettons rien. Qu'Arceus vous bénisse et que Groudon vous protège !Le fameux Octave, qui n'était autre que ce Destogoride que je connaissais mieux que les autres puisqu'il m'avait conduit jusqu'ici la semaine passée, acquiesça immédiatement après et me prit brutalement par le bras afin de me forcer à le suivre. La brutalité n'avait pourtant pas été un trait caractéristique de sa personnalité que j'avais relevé jusqu'ici. Il me conduisit dans un dédale de couloirs à l'itinéraire sinueux et complexe qui me permettrait de mieux me rendre compte de l'immensité du bâtiment dans lequel je me trouvais. Derrière nous, il laissait l'Archevêque des Destogorides et ses fidèles combattre cette mystérieuse menace qu'il nommait le Consortium. Nous descendions de plus en plus profondément dans la structure de ce qui semblait être le lieu le plus prestigieux de la culture Destogoride. Les baies vitrées laissant passer la lumière du soleil et le marbre travaillé du sommet du bâtiment avait à présent été remplacé par des torches et des murs en pierre usés par les ravages du temps. J'avais même l'impression que plus nous descendions dans les entrailles du cœur du pouvoir Destogoride, plus ce qui nous entourait était ancien et plus l'ambiance générale se rapprochait du sinistre. Après un bon quart d'heure de traversée à toute vitesse, notre marche forcée stoppa face à un cul-de-sac. Octave me lâcha la main ensuite et s'avança vers le mur qui se trouvait en face de l'escalier qui nous avait conduit jusqu'ici, à quelques mètres de distance. Arrivé sur le mur de pierre, le Destogoride actionna ensuite un mécanisme situé sur une pierre de la façade, et soudainement dans un vacarme épouvantable une ouverture s'ouvrit sur la surface rocheuse. Au-delà, on pouvait voir un couloir étroit entouré des deux côtés de rangées de pierre successives sur lesquelles se trouvaient des milliers de crânes. Sur l'entrée, figurait une inscription gravée dans la roche qui sonnait comme un avertissement pour les visiteurs passant par-là : Vous qui osez troubler le repos des morts Abandonnez tout espoir Octave prit ensuite une des torches accrochées non loin de là sur les murs lézardés des bas-fonds du repaire des Destogorides et me demanda de pénétrer dans les catacombes en hochant la tête. Il ajouta également d'un ton léger, comme afin de me rassurer face au message de bienvenue qu'il était impossible de rater en entrant dans cet endroit peu accueillant : - Ne fais pas attention au message d'entrée. Les morts ont un humour assez...spécial. Mais ils sont gentils au fond.Peu rassuré, j'obéis néanmoins aux injonctions d'Octave et je me laissai donc engloutir par le royaume des morts. Octave me suivit ensuite et à peine arrivé à l'intérieur, le passage secret des catacombes se referma brusquement sur nous. Nous étions à présent dans le noir le plus complet, et seule la torche d'Octave et mes dons de voyance nous permettaient de nous guider à travers le chemin étroit qui s'offrait à nous.
- Chapitre VI - Vestiges du passé:
22 Mars - 5 AM Narrateur : Inconnu Le noir et le froid. Voilà quel était le lot commun des macchabées qui nous toisaient de leurs orbites vides de part et autre du chemin étroit et unique que nous suivions. Cela faisait maintenant plusieurs minutes que nous errions dans ces catacombes sinistres. Je suivais Octave, ignorant où il m'amenait. Il semblait apparemment vouloir m'éloigner le plus possible du chaos qui devait probablement se déchaîner au-delà des murs dans lesquels il m'avait enfermé. Qu'est-ce que tout cela pouvait bien cacher ? Toujours était-il que je suivais à distance rapprochée mon guide. Et je n'étais nullement rassuré : qui pouvait l'être dans un lieu aussi sordide ? D'ailleurs, pourquoi les Destogorides tenaient-ils tellement à préserver ma vie ; y compris au risque de perdre la leur ? Certes, j'étais le Prophète : je devais propager la volonté des dieux parmi mes semblables. Mais de là à tout risquer et même aller jusqu'à se priver d'un leurs meilleurs éléments pour me protéger au moment précis où ils devaient combattre ce mystérieux Consortium, cette abnégation m'étonnait. Mieux : elle m'impressionnait. Tant d'espoirs mis entre les mains d'un seul, aussi important soit-il, relevait de la folie. Et pourtant ce n'était pas des fous : j'avais appris depuis ma rencontre avec les Xort'Udur à me méfier des apparences. Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais quelque chose me faisait penser que quelque chose m'échappait : et pour obtenir ces réponses, je devais suivre Octave. Je ne pouvais trahir ces espoirs. Mais quelque chose d'autre m'inquiétait : ces catacombes...je semblais comme ressentir une présence. Ou plus exactement, des présences multiples. C'était comme si des énergies multiples se dégageaient de l'endroit. Chaque crâne, chaque ossement semblait chargé d'une énergie résiduelle qui flottait dans les airs. Des frissons m'envahissaient, mais je tentais de rester rationnel : il n'en demeurait pas moins que cette sensation désagréable entamait mon enthousiasme déjà fortement atteint. Octave ressentit d'ailleurs ce malaise en moi et commença à parler tout en continuant à s'enfoncer dans les catacombes, comme pour conjurer une quelconque malédiction : - Cet endroit...est la tombe de générations de Destogorides. Jadis, ils furent les maîtres de la Terre du temps de l'âge d'or du Royaume Destogoride. La légende raconte que lorsqu'Arceus créa la Terre, il chargea les premiers hommes de défendre l'harmonie du monde en obligeant hommes et pokémons à vivre ensemble afin de les forcer à nouer des liens d'amitié réciproque.
Pour sceller cette alliance entre le Monde des Douze et celui des hommes, le premier des nôtres [1] fonda le Premier Royaume au Plateau Indigo, à Kanto. Bien plus tard, en 1320, l'appellation du Palais Royal comme du Royaume changea afin de s'adapter à la modernité et devint la Ligue Pokémon. Le temps passant, le titre de Roi parut de plus en plus obsolète et fut remplacé par celui de Maître Pokémon. Mais tous les Maîtres furent, de près ou de loin, issus de notre glorieuse famille ; et ce jusqu'à l'avènement des Temps Sombres.
Car un funeste jour, un Maître de la Ligue de triste mémoire [2] cessa d'avoir pour objectif le maintien de l'harmonie terrestre pour se concentrer sur lui et sur lui seul. Il avait un cœur si faible, si malléable. Et c'est ainsi qu'une organisation criminelle qui en d'autres temps aurait dû demeurer dans l'ombre [3] parvint à corrompre le cœur de ce souverain fragilisé par l'avidité et l'ambition...jusqu'à neutraliser totalement le pouvoir de la Ligue. Cette organisation, après un premier assaut infructueux [4], parvint ainsi à prendre le contrôle de la Sylphe SARL. Ainsi naquit le Consortium. Jusqu'à aujourd'hui, le Consortium n'a cessé d'accroître son emprise dans toutes les sphères du pouvoir : après avoir marginalisé son concurrent historique, la Devon SARL, il s'étendit sur tous les continents. Mais avant aujourd'hui, jamais il n'avait osé s'élever contre nous du fait du prestige que nous détenons nous, l'ancienne lignée des Rois. A présent que ce dernier obstacle est franchi, qui sait ce qu'ils feront de la Ligue Pokémon désormais ? Ils pourront exercer leur pouvoir marchand et déraisonnable sans partage sur le monde connu.Comme afin de me permettre de digérer les graves nouvelles qu'il m'apprenait, Octave fit une pause dans ses explications tout en continuant de déambuler dans les catacombes. Le chemin s'élargissait à présent et l'on pouvait voir une vaste salle cubique droit devant. Une fois arrivés dans cette salle dont les murs étaient pour ainsi dire constitués de squelettes de Destogorides défunts depuis des siècles, des gémissements se firent entendre depuis les quatre points cardinaux. Gémissements qui allaient crescendo et se répétaient sans cesse : Jadis nous fûmes grands Mais le sang, l'or et la peur A corrompu nos cœurs
Nous avons trahi la parole de nos pères En nous ouvrant à la faiblesse Et le Bourreau des Ames Pour l'éternité nous fait payer Nos péchés
Ô Lune Blanche Délivre-nous Ô Lune Noire Aie pitié de nos pauvres âmes Progressivement et tandis que les gémissements se transformaient en hurlements déchirants, depuis les murs suintaient des corps éthérés. Ces entités avaient toutes une forme humaine et avaient comme caractéristique principale d'être toutes richement vêtues. Certaines étaient dotées d'une armure, d'une lance et d'un bouclier. D'autres d'une simple toge richement décorée. Toutes répétaient les mêmes mots tout en nous encerclant. J'étais terrifié : qu'étaient ces choses ? Octave demeura néanmoins d'une sérénité totale : il me prit par le bras afin que je demeure à proximité de lui et ne soit pas séparé de lui et prononça une incantation : Esprits du Passé Retournez dans vos limbes Destoros Magnus Governavondo Instantanément, par ces seuls dix mots, l'armée d'esprits fantomatiques se dissipa dans un hurlement strident qui me fit ressentir une douleur intense. C'était comme si, en un instant, j'avais ressenti toutes les frustrations, tous les regrets, toutes les douleurs de mille hommes. Je m'effondrai sur le sol, pris d'une douleur intense. Octave me prit alors par les épaules et m'adossa sur un des murs bardés d'os et de crânes de la pièce afin que je puisse m'asseoir. Il fit ensuite de même. Tout en me remettant difficilement du cri d'effroi communicatif que je venais d'entendre, je demandai au Destogoride : - Qu'étaient...ces choses ? Et quel est le rapport avec moi ? Ils m'ont fait penser...aux Xort'Udur. C'est exactement la même sensation que j'avais eue lors de ma confrontation avec ces choses dans la forêt maudite.Mon protecteur répondit ensuite, sur un ton triste : - Ce sont des Esprits Damnés condamnés à errer pour l'éternité dans ces catacombes. Jadis, ils furent tous membres de l'élite de notre lignée. Mais tous furent détruits par le Consortium. Un par un, ils furent tous exterminés ou corrompus par le Consortium. Le pouvoir rongea certains d'entre eux : ce sont eux qui devinrent les Xort'Udur. Leur avidité et leur jalousie psychotique devint telle qu'ils en perdirent la raison et plongèrent dans les ténèbres les plus noires. Dans les limbes du Treizième, le dieu maudit : Darkrai. Ils furent condamnés par les dieux au supplice suprême : le refus du repos éternel dans la mort.
Quant aux autres, ceux qui osèrent s'opposer au Consortium, leur échec patent les rendit également fous et ils abjurèrent les Douze, considérant que le Panthéon avait abandonné les Destogorides et les hommes. Les uns avaient accepté le changement au mépris des traditions, les autres l'avaient refusé au mépris de la réalité. Tous furent perdus par leurs contradictions. C'est pour cela que je t'ai emmené ici : pour que tu te rendes compte à quel point nous vivons nos dernières heures.
Notre race s'éteint. Le dernier Maître est un vieillard fatigué d'un demi-siècle de lutte contre ce pouvoir puissant qui s'élève. Quand il mourra, qui osera prétendre restaurer le prestige des Destogorides en se proclamant Maître ? Le Consortium a le peuple comme la technologie avec lui et toutes nos tentatives pour convaincre les masses du péril vers lequel ils s'engagent en se soumettant au plaisir facile du consumérisme se sont soldées par des échecs. Le Prophète est notre dernier espoir.Octave se rapprocha ensuite davantage de moi et, les yeux dans les yeux, il me regarda fixement avant de continuer dramatiquement : - Nous avons besoin de toi. Peu importe ce qu'il adviendra du Sanctuaire de Destoros où tu te trouves actuellement, ce ne sont que vestiges de notre ancienne gloire. Tu es l'avenir. Tu dois empêcher les hommes d'accomplir le destin vers lequel le Consortium les mène comme des moutons dociles.J'étais sous le choc de tant de révélations. Je cherchais à comprendre où il voulait en venir. Je lui demandai donc après qu'il ait fini : - Mais de quel destin parles-tu ?Octave m'éclaira ensuite, toujours aussi inquiet. Son visage s'était progressivement décomposé. - Le destin...dont parlent les anciennes légendes. Lorsque les hommes blasphèmeront les Douze en violant les droits naturels des pokémons à leur seul profit. Lorsque l'écosystème sera si ravagé et la Terre si appauvrie par l'avidité des hommes...le Xort'Majora se réveillera. Oui, tu as déjà entendu parler de lui. C'est lui la cause de tout. C'est une créature mythique, enfouie quelque part sous terre. Elle se nourrit de l'affaiblissement de la Lumière et des vices des hommes. Plus la volonté et la dignité des Douze est bafouée, plus le Xort'Majora se renforce.
Il vit par et pour le chaos. Il est immortel et indestructible parce qu'il est nécessaire à l'équilibre du monde. Il n'a pas d'intelligence propre. Il a eu de nombreuses représentations et noms dans l'histoire car son existence concrète n'a jamais été attestée. Mais de même que les Dieux équilibrent leur puissance entre eux par des pouvoirs complémentaires et antagonistes, si l'équilibre se rompt un jour ce sera la fin de tout.Tout à coup, tout s'éclairait. Ma vision d'apocalypse dans les Ruines d'Alpha, les Xort'Udur, mon rôle dans cette époque troublée...Tout s'éclairait. Je voyais les évènements défiler devant moi : en un instant, tout prenait sens. Mais une question demeurait toutefois en suspens : - Que dois-je faire dans ce cas ? Et comment savoir ce qu'il faut faire pour empêcher le Xort'Majora de se réveiller ?Octave répondit ensuite, toujours sur un air entre la décomposition complète et la détermination la plus ferme : - Tu n'as rien à faire. Tu es la bouche des Dieux. Ils t'ordonneront...et tu obéiras. Mais pour cela, il faudra d'abord que tu réussisses à entrer en contact avec eux. Car plus le temps avancera et plus le réveil du Xort'Majora se rapprocha, moins les Douze auront confiance en les hommes. Il faudra leur prouver que tous ne sont pas faibles et esclaves de leurs pulsions. Regarde bien ce qu'il est advenu de nous...et tire-en les leçons.Cette réponse étrange donnée, Octave se releva ensuite, et me demanda de le suivre dans une autre partie des catacombes ; profitant que les fantômes tourmentés du lieu ne se manifestaient pas. - Suis-moi. Je vais t'indiquer une sortie cachée qui te conduira à l'extérieur, à Néo-Mauville. Quant à moi, ma tâche est terminée : je rejoindrais bientôt mes ancêtres et, comme eux, j'errerais pour l'éternité en attendant l'accomplissement de la prophétie.
Tu es le seul à même de nous sauver tous, sache-le. Tant de tes semblables se ficheront de tes sermons emplis de vérité, trop obnubilés par la banalité de leur vie quotidienne et endoctrinés par la propagande du Consortium. Mais n'abandonne pas pour autant. Car un jour, quel que soit le destin qui nous attend, ils se rendront tous compte de la tragique erreur qui a été la leur. Maintenant va, jeune Prophète. Tandis que ma lignée s'éteint, arrange-toi pour que le monde ne s'éteigne pas à notre suite.Tout en l'écoutant, je suivais Octave l'air grave. Voyant l'itinéraire sinueux et atrocement complexe que nous empruntions, je ne me rendais compte que maintenant à quel point les catacombes du Sanctuaire de Destoros étaient semblables à un labyrinthe. L'endroit remplissait tristement bien son rôle de prison éternelle pour les Destogorides ayant failli devant la tâche que les Dieux leur avait affublé depuis plus de quatre millénaires. Mais je m'interrogeais : les dieux n'étaient-ils pas trop exigeants avec les hommes ? Vouloir qu'une seule famille doive porter le poids du maintien de l'équilibre du monde générations après générations, n'était-ce pas excessif ? Je chassai toutefois bien vite ces pensées hérétiques de mon esprit : je n'avais pas le droit de douter des Douze. Si je voulais ne pas décevoir Octave et les siens qui payaient un prix si lourd pour la survie de ma misérable personne, je devais apprendre à ne faire qu'un avec la volonté des Douze. Je devais devenir la Bouche d'Arceus. Mais qui serait les Bras de Groudon ? Finalement, nous atteignîmes la sortie : un épais halo de lumière éblouissait Octave à mesure que nous nous rapprochions de la sortie de la sortie des catacombes. Arrivés dehors, je sentis la chaleur du monde des vivants me réchauffer : j'étais rudement content d'avoir quitté cet endroit fort déplaisant. Octave me parla une ultime fois avant de me laisser définitivement seul face au vaste monde : - Voilà, que les Douze te guident dans tes aventures. Maintenant adieu.L'adieu prit une forme de déchirement de mon côté, mais je n'exprimai étrangement rien. C'était comme si cette souffrance de quitter l'homme qui m'avait fait quitter les Ruines d'Alpha une semaine seulement plus tôt avait déjà été digérée. Je voulais désormais aller de l'avant. Je lui dis donc adieu d'une manière tout à fait froide, qui ne représentait nullement ce que je ressentais intérieurement. Mais pour écouter les Douze, je ne devais avoir aucune attache avec le monde des hommes. Ce qui ne devait toutefois pas me rendre autiste face à la réalité du monde, j'en étais tout à fait conscient. Je vis la silhouette du Destogoride s'éloigner dans les catacombes sans réagir. Désormais une lourde tâche m'attendait : apprendre à entrer en contact avec les Douze et empêcher le réveil du Xort'Majora. II
Libéré de toute attache Libéré de l'ignorance Je pouvais désormais Accomplir ma destinée
Mais entrevoir le monde Par ses maîtres Est une chose Le vivre en est une autre Temple des Anciens Epitaphe du Prophète Datation : + 80
- Chapitre VII - Une dynastie décapitée:
23 Mars - 5 AM Narrateur : Rudolph Estenia 0
Au crépuscule de mon existence Et tandis que mes semblables Ecoutent les fadaises des théologues et des naïfs Qui ont fait échouer la plus belle entreprise humaine Je puis échapper à mon destin d'humain En gravant sur le marbre L'œuvre exceptionnelle qui est la mienne
Contrairement à mes médiocres pairs Mon nom a une importance extrême Car il est le symbole De la race d'élite à laquelle j'appartiens
Il fut un temps où les hommes s'émancipèrent de la tutelle des mensonges de nos pères Il fut un temps où, par cette saine liberté face à tous les dogmes, l'Homme apprit à dominer les pokémons Et atteignit une gloire que jamais il n'avait atteinte dans l'Histoire
Mais des croyances d'un autre âge détruisirent ce bel ouvrage Par de vaines superstitions le Progrès fut renié Au profit de l'obscurantisme des prélats Tout cela pour une seule chose La Superstition Temple des Anciens Epitaphe du Savant Datation : + 80 Vous le voyez, ce pathétique insecte qui sort enfin de son trou à rats ? Oui, vous savez bien, celui que ces illuminés de Destogorides appellent Prophète. Misérable esprit dérangé qui tente désespérément de justifier son existence sordide en s'imaginant un rôle qui aille au-delà de ses besoins vitaux. Le fait est que les hommes ne sont voués qu'à deux choses : mourir...et servir le Progrès. Tout le reste n'est que fadaises et superstitions. Mon état civil prétend que je m'appelle Rudolph Estenia. Et bien soit, les esprits inférieurs à mon monstrueux intellect pourront m'appeler ainsi. Quoi qu'il en soit, retenez bien ce nom. C'est le nom de l'homme sans qui le Consortium ne serait rien. En effet, qu'est-ce qu'un pouvoir s'il ne peut s'appuyer sur une supériorité technique par rapport à ceux qu'il gouverne ? Rien, strictement rien : n'en déplaise à ces bureaucrates pédants qui ne savent parler qu'en terme de résultats financiers et à ces naïfs de l'Assemblée, je suis celui sans qui le Consortium n'est rien. Tous ne sont que mes choses au service du Progrès, remplaçables à tout instant. Je feins de les servir, mais au bout du compte c'est moi qui tire les ficelles. Tel est le rôle qui doit être celui d'un Directeur Scientifique, comme de celui du cerveau dans le corps humain : s'assurer que toutes les parties connexes répondent au doigt et à l'œil. C'est ce que je m'acharne à faire depuis mon accession à ce poste, il y a huit ans de cela. Mon prédécesseur était un être faible et pathétique, cupide et esclave de l'argent. Il était la chose du Président Directeur Général. J'ai inversé la tendance, tout en finesse bien sûr : faire croire à autrui qu'on lui est soumis alors qu'en réalité on crée un état de dépendance qui nous rend indispensable. Telle a toujours été ma politique, aussi bien à l'égard de mon supérieur hiérarchique théorique (je dis bien théorique parce qu'il est un crétin fini comme vous n'allez pas tarder à vous en rendre compte) qu'à l'égard de mes collègues Directeurs [1]. Tout cela est si excitant... Mais je m'égare : toujours est-il que l'insecte dont je parlais au début continue sa route. Je le sais, je le surveille tous les jours depuis son arrivée à Néo-Mauville. N'est-ce pas plaisant d'exercer un contrôle total sur ses semblables et de savoir ce qu'ils font à tout instant ? Oui, assurément...Mais n'allez pas croire pour autant que je ne suis pas un homme occupé, loin de là : pour qui me prenez-vous ? Une espèce de philosophe bourgeois se croyant supérieur à la planète entière alors qu'il ne fait rien pour mériter cette supériorité ? Allons, soyons sérieux : un véritable être supérieur n'a pas besoin de palabrer pour l'être. Votre première question doit donc être : que fais-je donc ici et quel est mon rôle dans cette histoire dont je pourrais sembler à première vue éloigné ? Et bien il est crucial, comme vous n'allez pas tarder à vous en rendre compte. Quelle espèce de singe pourrais-je bien être pour m'immiscer ainsi sans en avoir la permission ? Mais pour vous narrer cela, un petit retour en arrière s'impose. Nous somme le 3 Janvier – 5, dans l'immense tour d'obsidienne qui domine la mégalopole de Doublonville. Si vous avez encore l'image de la petite Doublonville des années – 500, sachez que c'est aujourd'hui une vue de l'esprit : depuis la montée au pouvoir du Consortium, la ville s'est considérablement étendue jusqu'à s'accroître sur la mer via des polders et a multiplié les casinos et autres lieux de divertissement pour les masses encanaillées habilement par le marketing du Consortium. Bref, aujourd'hui Doublonville est avant tout le paradis de l'hédonisme ; je vous laisse imaginer ce que cela implique... Bref, je disais donc que nous étions au cœur de l'hiver : en cette journée froide et neigeuse, la ville toute entière était recouverte d'une épaisse poudreuse tandis que la Brigade Noire [2] du Consortium réveillait à coup de matraque les poivrots ne s'étant pas encore remis du réveillon. A l'intérieur de la tour, nous étions réunis dans la salle de réunion des cadres du Consortium située au 85ème étage. Il devait être 10 heures ou 11 heures : c'est le Président Directeur Général Albrecht Vondar qui prit la parole en premier avant de nous donner l'ordre du jour de la réunion. Bien entendu, comme c'était moi qui exerçais une emprise totale sur ce pauvre Albrecht, j'étais déjà au courant de l'ordre du jour. - Messieurs, l'heure est venue. Nous n'avons que trop attendu : l'arrogance des Destogorides et leur opposition sectaires à nos projets doit finir. Ce pouvoir dépassé ne nous a que trop fait de l'ombre. Nous allons donc, je le dis très clairement, exterminer tous les Destogorides et nous approprier leurs richesses et le contrôle de la Ligue Pokémon. Maintenant, l'ordre du jour de la réunion est de décider des actions que nous allons mettre en œuvre.Un premier Directeur intervint, après avoir réfléchi du mieux qu'il pouvait du fait de son cerveau somme toute fort limité. Après tout, il s'agissait de Siegfried Sardonis, le Directeur de la Sécurité du Consortium : c'était une grosse brute avinée et balafrée qui prenait un malin plaisir à torturer les prisonniers et terroriser la population avec sa terrifiante Brigade Noire de Sécurité (B.N.S). Un homme méprisable à plus d'un titre, mais néanmoins indispensable pour s'assurer la discipline des milices du Consortium et le contrôle sur les populations. C'était aussi lui qui me fournissait tous les mois de nouveau spécimens pour mes expériences...très spéciales disent ces moralistes de l'Eglise Arceutique. - On pourrait envoyer l'armée pour tous les tabasser et tout brûler, comme ça la populace comprendrait le message, non ?Immédiatement, je répondis à mon idiot utile de collègue, plein de ma langue de bois habituelle : - Sardonis, vos vecteurs d'action seraient en effet fort appréciables. Je vous laisse vous occuper des Temples de l'Eglise Arceutique, n'hésitez pas à détruire les lieux de culte aussi : cela empêchera d'éventuels relents de paganisme et des velléités de révolte de prospérer. En revanche, je préfère m'occuper...personnellement de la Ligue Pokémon. Il ne faut pas sous-estimer la puissance symbolique de cette institution : la supprimer serait difficile à accepter pour les masses, aussi est-il nécessaire selon moi d'être un peu plus subtil dans notre approche de cette cible qui est certes la plus importante, mais qui peut aussi être la plus dangereuse pour nous.Après mon intervention, le consensus fut rapidement trouvé : même Sardonis, sans doute séduit par l'idée de faire des pillages pour rassasier sa soif de sang et de carnage, accepta de laisser la purge de la Ligue Pokémon de la présence Destogoride à la charge du Département Scientifique. Bien entendu, je n'avais pas donné le moindre détail quant à la manière dont je comptais prendre le contrôle de la Ligue Pokémon, ce qui me permettait ainsi de placer mes pions sur le Plateau Indigo et ainsi de ne pas dépendre directement du Consortium. Je procédais toujours ainsi, afin de multiplier mes fidèles et ainsi créer un second pouvoir au sein de la firme. Telle est la raison pour laquelle le 23 mars – 5 je me trouvais au pied du Plateau Indigo, devant l'escalier de marbre immense aux dix statues de rhinoféros ; égérie historique du pouvoir de la Ligue et donc des Destogorides. Bientôt, ces statues tomberaient et le pouvoir des créateurs de Mewtwo règnerait sur le monde. Le Consortium n'était qu'une étape. Je gravissais les marches simplement vêtu de mon habituelle blouse blanche : j'avais toujours détesté le luxe et la vanité superficielle qui allait avec. Mon plan était clairement établi dans ma tête : il me suffisait de droguer le Maître à l'aide des multiples seringues que je cachais dans mes manches et mes poches, puis de le vider intégralement de tous ses organes à la manière d'un poisson que l'on va dévorer. Puis mes serviteurs du Département Scientifique me rejoindraient et transformeraient cette peau en un cyborg anthropomorphique sophistiqué de ma création. Un robot avec une intelligence infiniment supérieure à l'Homme et des capacités physiques supérieures à celles de tout pokémon...C'était le projet sur lequel je travaillais depuis plus de vingt ans. Et, de surcroît, un androïde entièrement soumis à ma volonté. Si ce premier essai fonctionnait, je pourrais généraliser le procédé et, lentement mais sûrement, créer une race d'élite apte à s'affranchir de la puissance des pokémons. L'Homme devait devenir l'égal des dieux...et ainsi en finir avec cet assujettissement honteux à ces êtres si misérables et pathétiques que sont les pokémons. Que ne pourrions-nous pas faire avec mon intellect, le corps d'un tyranocif et la réactivité d'un robot...Nous accèderions à une nouvelle ère. L'Ere de la Perfection...Sans pokémons ni humains : une ère ou seul le progrès compterait et où les religions comme les limitations physiques qui ont tant limité les travaux des scientifiques par le passé disparaîtraient. Oui, tel était mon but : amener la Science toujours plus haut ; là où même le faux-dieu Ho-Oh ne brille pas. Mais pour cela il fallait d'abord terrasser le Maître. Personne ne l'avait jamais rencontré ni vu : on se demandait même s'il était vraiment humain. Mais le simple fait qu'il soit Destogoride avait suffi depuis son accession au pouvoir en – 61 pour que son autorité ne soit jamais contestée jusqu'à ce jour ; y compris par le Consortium de peur de soulèvements. Il fallait l'abattre, qui qu'il soit. Anéantir son pouvoir, en résumé : décapiter les Destogorides. Sardonis s'occuperait du reste. Après avoir gravi les marches, j'arrivais finalement à l'intérieur de la Ligue et là ce fut le grand choc : l'ancien Palais Royal était en ruine. On voyait partout des dalles de marbre brisées, les parois lézardées par l'usure du temps et des toiles de mimigal un peu partout. C'était comme si l'endroit était abandonné depuis des siècles. Et pourtant, le Département de l'Information du Consortium nous avait bien assuré de la présence du Maître ici. Je fis rapidement le tour du propriétaire, beaucoup de pièces s'étant effondrées sous le poids de la négligence des Maîtres successifs. Je revins donc dans le hall principal poussiéreux et rempli de gravats, et monta les marches de l'escalier principal ; mystérieusement épargné par ce manque d'entretien généralisé. Arrivé au sommet, j'ouvris alors successivement quatre portes séparées chacune par une longue pièce dont j'ignorais l'utilité jusqu'à, finalement, arriver dans la salle du Maître. Un homme était adossé à la baie vitrée qui permettait de contempler tout Johto et Kanto. Faisant mine de ne pas remarquer ma présence alors que je me préparais à mettre en œuvre mon plan, il se mit soudainement à parler tout seul : - Qu'avons-nous fait de notre Royaume. Pourquoi ai-je tardé si longtemps à agir ? Maintenant c'est trop tard, ils sont là. Ils vont me tuer, et jamais plus les pokémons ne connaîtront le repos.Il se retourna ensuite vers moi avant de concentrer, toujours d'un ton sanglotant qui trahissait une tristesse indicible accumulée pendant des décennies : - Ainsi mon heure est venue : ils vous envoient. Je n'ai pas eu le courage de m'opposer à vous, suppôts de Giratina, du temps de ma jeunesse. Comment pourrais-je m'opposer à vous maintenant ? Allez-y, faites votre sale besogne : torturez-moi, tuez-moi, découpez-moi, faites-moi subir milles outrages. Mais un jour viendra où le bras vengeur d'Arceus punira tous les mécréants.Le Maître, puisqu'il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait de lui, me faisait doucement rigoler, et j'avais envie de jouer un peu avec lui puisqu'il ne semblait pas disposé à s'opposer à sa mise à mort. Le brave homme ! Sa mort ne serait que plus délicieuse à contempler. - Vieillard, vous rendez-vous compte à présent à quel point les fables que vous ont inculquées vos pères étaient fausses ? Vous auriez pu vivre heureux si vous ne vous étiez opposés à nous, le Consortium, et à moi, Rudolph Estenia. Mais non, il faut toujours que les idéaux aveuglent les hommes et leur fassent oublier leur véritable rôle dans l'univers : mourir pour la Science. Réjouissez-vous néanmoins, car vous aurez l'immense honneur d'être le premier réceptacle de l'Homme Nouveau qu'ici et maintenant je vais créer !Le Maître, à ces mots et tandis que je lui tournais autour non sans jouir intérieurement de cet état de domination mentale complète que j'exerçais sur ce vieux grabataire qui n'avait de puissant que le titre, se contenta de répondre : - Ainsi soit-il, suppôt du Banni. En tuant les serviteurs d'Arceus, vous ne ferez que conduire à votre propre perte. Le Banni...La Lune Noire...Vous...Le Consortium...Tous vous servez le Xort'Majora. Seul le Prophète pourra expurger les ténèbres qui habitent vos âmes. Il est l'ultime espoir de ce monde...Au nom d'Arceus, si je n'ai pu honorer comme ils le méritent les Douze ; au moins n'ai-je pas trahi comme tant de mes frères nos traditions. Les Xort'Udur ne pourront dévorer mon âme.Le laissant divaguer, je l'achevai ensuite à coup de seringues dans le dos, dans les jambes, dans le cou, dans le ventre, dans les bras...J'exultais en le voyant progressivement perdre vie. Et tout ça sans altérer les traits de son visage : c'était là tout le génie de cette drogue (ou de ce poison si le terme convient plus à des esprits moralisateurs). En deux minutes, c'était fait : la Ligue Pokémon n'était plus et les Destogorides n'avaient plus de roi. Les brutes de la BNS se chargeraient d'éradiquer tout risque de Restauration en éliminant les héritiers de l'antique dynastie dans toutes les régions du globe. La première étape du plan était un succès. Et à peine avais-je eu le temps de contempler le résultat de ce meurtre dans les règles de l'art que je venais d'accomplir que déjà mes assistants du Département Scientifique s'affairaient à vider le corps sans vie du dernier Maître Destogoride construire l'architecture du cyborg selon le plan de fabrication que je leur avais indiqué au préalable. Quelques heures plus tard, l'opération était terminée et devant moi se trouvait le cyborg de mes rêves assis contre une des façades en ruines de la Ligue. Extérieurement, rien ne le distinguait d'un humain hormis le fait que son épiderme était plus solide que l'acier et le rendait par conséquent incomparablement plus résistant qu'un simple être humain biologique. Mais à l'intérieur, une intelligence artificielle perfectionnée côtoyait un super-ordinateur dernier cri capable de tout calculer à la vitesse de la lumière. Bref, l'Homme Parfait était né : l'heure était à présent venue de l'activer. A l'aide d'une petite télécommande noire munie d'un bouton rouge et d'un bouton noir que je gardais toujours dans la poche supérieure droite de ma veste, j'activai donc le cyborg. - Initialisation en cours de Peter 01...Initialisation terminée.Pour la première fois de ma vie, je ressentais une émotion : un peu comme celle que ressentent les parents face à une naissance. Je n'avais jamais rien ressenti pour mes parents comme pour mes semblables et avais toujours préféré la compagnie des machines : cet instant était magique. Empli d'une émotion à laquelle je n'étais pas habitué, je lui posai une unique question : - Comment...vous sentez-vous Peter ?Le robot répondit ensuite sur un ton impressionnant tellement il était proche de celui d'un être humain conçu biologiquement : - Bien...Père.Je le fixai avec mes yeux verts émeraude avant de lui dire quelques mots après m'être remis de mes émotions - Nous allons faire de grandes choses ensembles.
Dernière édition par L'Illustre Aegir le Jeu 22 Mai - 21:39, édité 4 fois | |
| | | L'Illustre Aegir Membre
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| Sujet: Chapitres VIII à - Jeu 22 Mai - 20:01 | |
| - Chapitre VIII - La fureur du Foudroyant:
22 Mars - 5 AM Narrateur : Inconnu Ne pas se retourner. Voilà ce que je me disais tandis que je m'éloignais de la sortie des catacombes : je redoutais de voir l'indicible, je redoutais de voir l'horreur. Je redoutais de voir tout ce qui serait susceptible de mettre en doute ma détermination. Je devais honorer la mémoire des Destogorides qui s'étaient battus pour me sortir des Ruines d'Alpha et m'exfiltrer du Grand Temple des Destogorides. Que se passait-il à l'intérieur ? Je ressentais une terrible menace, mais ne voulais user de mes pouvoirs de peur que ce que j'y verrais ne me détruise. Fermement, j'avançais donc dans le fossé où je me trouvais jusqu'à rejoindre finalement une des rues de Néo-Mauville. C'était la première fois que je m'aventurais dans les terres des hommes. Jamais je n'avais quitté le monde des pokémons ou de leurs protecteurs, les Destogorides. La ville était grande. Immensément grande. Aux quatre coins cardinaux, on ne voyait que des bâtiments à perte de vue. Pourtant, malgré la population conséquente qui devait habiter ici, les rues étaient désertes. Les portes des maisons étaient fermées. Les fenêtres des maisons et des immeubles l'étaient tout autant. Tandis que je marchais dans la rue déserte, on entendait un peu partout dans la ville des mégaphones vociférer : - Au nom du Consortium, citoyens n'ayez crainte. Les séditieux qui n'ont que trop longtemps abusé de votre hospitalité sont en train d'être châtiés. Bientôt vous connaîtrez la paix et vénèrerez le Directorat de vos louanges. Tout culte des idoles appelées "Douze" ou "Panthéoniens" est désormais interdit et puni de mort. Au nom du Consortium, seul le Progrès doit désormais commander vos vies.Cette propagande nauséabonde qui m'assourdissait les oreilles était répétée en boucle. Une véritable ambiance de terreur régnait sur la cité. Au bout d'un moment, j'arrivai finalement sur la voie principale de la ville. C'était une immense route aussi longue que large. Des camions et des régiments entiers s'acheminaient sur la voie, en direction du nord. Ignorant tout de ce qui se passait ici, je m'aventurais imprudemment sur cette route. Rapidement, un homme se détacha du régiment et s'avança vers moi en m'interpellant : - Que faites-vous ici citoyen ! C'est le couvre-feu, rentrez chez vous ! L'Opération Triomphe de la Volonté est en cours, c'est dangereux.Je ne comprenais pas un traître mot de de ce qu'il baratinait : - Un couvre-feu ? Qu'est-ce qu'un couvre-feu ? Et l'Opération Triomphe de la Volonté ? Mais que se passe-t-il ici ?L'homme me dévisageait à présent, comme s'il venait de se rendre compte de quelque chose. Il vociféra alors, brutalement : - Mais ces vêtements...Oui, c'est cela : vous êtes un Destogoride ! Soldats, regardez : un de ces traîtres a l'audace de s'aventurer ici. Abattez-le !Instantanément, un des régiments quitta la cohorte et courut vers moi, tout en tirant à vue avec leurs mitrailleuses. J'entendais les balles siffler partout autour de moi, mais ne fus miraculeusement pas touché. Il faut dire que les soldats en question n'avaient pas l'air très doué en tir de pigeons. Il ne m'en fallut pas plus pour savoir qu'il fallait fuir : je pris donc mes jambes à mon cou et ainsi commençai une course poursuite sur la voie principale de Néo-Mauville. Je rasais les bâtiments le plus rapidement possible ; les balles de mes poursuivants brisaient des fenêtres et se logeaient dans les murs des maisons. Ils avaient vraiment une précision plus qu'approximative, mais je ne parvenais pas à les semer. Progressivement, c'est toute la cohorte qui se brisa et plusieurs autres régiments se mirent à leur tour à ma poursuite : en quelques minutes, toute une armée me faisait face et m'encerclait tout en continuant de tirer n'importe comment. J'étais à présent accolé sur un mur criblé de balles : j'étais perdu. Lentement, je m'étais résolu à mon sort. L'armée du Consortium se rapprochait de moi et les trajectoires de leurs balles se rapprochaient à chaque salve un peu plus de moi. Pour me protéger, dans un ultime effort je m'étais recroquevillé en position fœtale afin de profiter le plus longtemps possible de l'imprécision de ces soldats qui tenaient d'ailleurs plus du mercenaire que du militaire de profession. J'étais désespéré et m'étais résolu à prier les Douze d'épargner ma vie, trouvant sans savoir pourquoi les mots alors que ma situation ne favorisait en rien les élans de rhétorique : Ô Arceus l'Omniscient Toi qui commande les Douze Accorde-moi ta grâce Pour que je puisse te servir Pour l'Eternité si tu me l'autorises C'est alors que l'impensable se produisit. Un éclat de tonnerre jaillit des cieux alors que le ciel était dégagé et se planta sur le sol entre moi et mes assaillants. L'instant d'après, un cri strident précédé d'un flash lumineux à l'intensité inimaginable. Les militaires avaient instantanément reculé d'un mètre et se retrouvaient à genoux, les mains sur les yeux en train de gémir. Devant moi se trouvait un pokémon oiseau gigantesque, aux ailes dorées et électrifiées. L'être dégageait une puissance impressionnante, qui m'empêchait de me relever et me mit de force à genoux, en état de proskynèse. L'entité venue des cieux vociféra ensuite dans une langue inconnue, sans se retourner vers moi : Cterion Phtagiosis Nexun Cterion Thaxonus Nexia Archiaus Ivocat Alaktor Cterion Dominus Zarnus Etrangement, la langue en question je la comprenais parfaitement alors que ce n'était que la première fois que je l'entendais. Le pokémon disait ces mots : Celui qui Protège Tout Celui qui châtie l'Injustice Arceus invoque Electhor Celui qui domine la Colère A peine la créature eut-elle prononcé ces mots qu'elle étendit au maximum ses ailes et se mit à émettre des quantités folles d'énergie électrique qui furent projetés à 180 degrés devant lui sur plus d'un kilomètre. Tous les mercenaires du Consortium furent électrocutés et tués sur le champ. En un instant, le pokémon avait détruit plusieurs centaines d'hommes en une seule attaque. Ce pokémon, c'était Electhor : un des Douze. Je n'en revenais pas moi-même, mais Arceus avait finalement entendu mes suppliques et appelé Electhor, le dieu de la Justice et de la Colère pour me sauver. Devant moi, s'étendait à présent un charnier humain. La chair avait été brûlée par la puissance divine d'Electhor, ce qui faisait qu'il ne restait de ces rustres plus qu'un tas de squelettes encore fumants. Après avoir contemplé son œuvre non sans satisfaction, le pokémon se retourna vers moi et me parla, une nouvelle fois dans sa langue qui devait être celle des Dieux. Mais comme je comprenais ce qu'il disait un peu à la manière d'un don que je ne venais de découvrir que maintenant, voici ce qu'il disait : N'aie crainte, Etre pur Tes ennemis ont été terrassés par ton appel Maintenant, reçois mon pouvoir C'est ainsi que tu pourras te défendre sans m'invoquer
Fais jallir la Lumière de la Justice En ce monde en perdition Elle te guidera vers le chemin de la Vertu Le Dieu de la Justice fit jaillir de nouveau ses éclairs, mais cette fois en plus petite quantité et en direction de mes deux mains. Au contact avec cette énergie divine, une souffrance indicible m'assaillit tandis qu'Electhor disparut aussi vite qu'il était apparu là où les Douze règnent. Je m'écroulai une fois de plus, cette fois sur le sol bétonné de Néo-Mauville, gémissant de douleur pendant plusieurs minutes. Pendant ce temps et de manière progressive, le peuple de la plus grande ville de l'Est de Johto sortit des maisons dans lesquelles les Consortium les avaient cloîtrés pendant plusieurs jours. Ils s'approchaient de moi, l'air incrédule mais sans faire preuve de la moindre animosité. Les minutes passèrent et la douleur s'affaiblit jusqu'à disparaître. Je regardais mes mains : à présent, une couche d'or massif avait remplacé la peau de mes mains et d'étranges symboles étaient gravés dessus. Dans la paume de ma main, on pouvait voir un soleil noir projetant ses rayons dans toutes les directions. L'ensemble était magnifique à voir, une véritable œuvre d'art antique. Je parvenais toujours à plier mes doigts et à contracter les muscles de cette partie du corps, et pourtant de nombreuses questions demeuraient en suspens. C'était donc ça le pouvoir d'Electhor ? Mais à quoi cette transformation de mes mains allait-elle m'être utile ? Et que voulait-il dire par le chemin de la Vertu : n'était-ce qu'un simple message philosophique ou une métaphore m'indiquant que pour savoir ce que je devais faire je devais apprendre à maîtriser ce mystérieux pouvoir auquel je ne connaissais rien. Toujours était-il qu'une foule m'encerclait à présent. Et la foule jasait à n'en plus finir tout en me comblant de remerciements. Un premier homme disait : - Merci de nous avoir libérés des griffes du Consortium ô notre Sauveur. Cela fait plusieurs jours qu'ils sont arrivés et qu'ils font régner la terreur dans notre bonne ville.Un deuxième homme, plus sceptique, continua ensuite : - Mais comment avez-vous fait cela ? Tuer tant d'hommes comme cela...Nous n'avons rien vu si ce n'est un flash aveuglant et ensuite...L'Armée du Consortium anéantie. Qu'est-ce qui s'est passé et qui êtes-vous ?Je me relevais difficilement, contemplant mes nouvelles mains divinisées par le pouvoir omnipotent d'un des Dieux Majeurs du Panthéon. A la vue de cet artefact mystique, la foule poussa un grand cri d'effroi avant de dire : - Au nom des Douze...vos mains : elles sont bénies par Electhor le Foudroyant. Seul le Prophète peut bénéficier d'une telle faveur. Qu'Arceus soit loué !Immédiatement après, la foule se prosterna devant moi dans la surprise générale. Je regardais mes mains : je ne m'en étais pas rendu compte au premier abord, mais on voyait de l'énergie couleur or se répandre depuis ces dernières dans tout le reste de mon corps via mes veines et mes artères. C'était comme si le sang d'Electhor coulait dans mes veines. Je sentais une énergie nouvelle m'envahir, et lentement la paume de ma main commença à briller. D'abord de manière terne puis de plus en plus intense jusqu'à illuminer les alentours d'un éclat de lumière dorée. Je m'exclamai : - Que m'arrive-t-il ?Sans se relever, un des hommes de la foule me répondit sur un ton empli d'humilité et de soumission : - C'est la puissance d'Electhor qui coule en vous, ô Prophète. Son pouvoir vous permettra d'illuminer les cœurs des hommes comme la plus profonde obscurité et de projeter le Jugement du Foudroyant, un rayon électrique concentré capable d'anéantir tous les ennemis de la Justice. Ô Prophète, conduisez-nous vers l'Age Glorieux que nous avons perdu. Eclairez-nous de votre pouvoir.Je me sentais de plus en plus mal à l'aise devant ce spectacle de dévotion dont j'étais l'objet. Tous ces gens me prenaient littéralement pour leur sauveur alors que je n'avais rien fait : c'était Electhor, ce dieu aussi majestueux que dangereux comme la foudre qui m'avait sauvé ; et par la même occasion Néo-Mauville. Finalement, c'est une fois de plus un évènement inattendu qui me sortit de cette situation délicate bien que sans danger : ces hommes étaient en effet capables de me suivre jusqu'à ce que mort s'ensuive tellement ils me vouaient un culte absolu. Cet évènement inattendu, c'était un homme monté sur un airmure qui atterrit à mes côtés. L'Homme était un adulte d'une constitution solide et habillé d'une épaisse cuirasse d'acier qui faisait croire lorsqu'il montait son pokémon qu'il était en symbiose totale avec ce dernier. Il avait les yeux argentés et les cheveux argentés : tout, de la tête au pied, faisait comprendre son harmonie totale avec les pokémons de type Acier. L'individu fit un discours afin de débloquer la situation : - Peuple de Néo-Mauville, c'est un grand jour pour vous. La puissance du Consortium dans votre cité a été anéantie, mais ils reviendront. Ils vous feront subir mille outrages, tenteront de vous laver le cerveau de leurs valeurs blasphématoires mais vous ne trahirez pas Arceus. Un jour viendra où nous mettrons à bas ce pouvoir païen et restaurerons la gloire de nos ancêtres. Un jour viendra où le respect de la terre, de la mer et des cieux redeviendra l'ordre naturel du monde.
Mais ce jour n'est pas venu. La puissance du Consortium s'accroît de jour en jour. Et si vous vous opposez frontalement à nos ennemis, ils vous extermineront sans la moindre hésitation comme avec les Destogorides. Nous ne sommes pas assez puissants : nous devons convertir les âmes avant de renverser ce gouvernement inique. Telle est la tâche du Prophète et des fidèles des Douze. Je sais que vous nous serez fidèles car vous l'avez toujours été envers les représentants d'Arceus sur Terre. Les humiliations du Consortium seront châtiées par la puissance de l'Omniscient et la Lumière, enfin, règnera de nouveau sur un monde trop longtemps resté la proie de l'Ombre. C'est pourquoi le Prophète vous ordonne de patienter d'ici là et de répondre présent à l'heure fatidique.
Puisse Arceus préserver vos vies.A l'issue de ce discours d'exhortation, la foule se disloqua sans que la moindre contestation ne se fasse entendre et l'homme qui avait trouvé les mots pour disperser ces soutiens encombrants me demande de le rejoindre sur son Airmure : - Voilà qui est fait. Je n'ai pas perdu mon niveau depuis que j'ai quitté le Parlement apparemment...Bref, allez viens mon gaillard. Si tu ne me rejoins pas, ils vont vite revenir te harceler.Je m'exécutai : je n'avais aucune envie de rester dans cette ville dévote dont l'admiration était telle qu'elle faisait penser au fanatisme. Une fois installés, l'homme cuirassé ordonna à son pokémon de prendre de l'altitude ; ce qu'il fit très rapidement. Au fur et à mesure de l'ascension de ce majestueux volatile blindé dont l'armure reflétait les rayons du soleil, je voyais Néo-Mauville et ses habitants rapetisser jusqu'à ne même plus être visibles. Le panorama qui s'offrait à moi était magnifique : mais c'était aussi le baptême de l'air pour moi, ce qui explique l'immense frayeur que je ressentais. Pour la première fois de ma vie, je voyais le monde autrement qu'à échelle humaine. Je me faisais d'ailleurs la réflexion : que le monde est insignifiant ! Les dieux doivent nous voir ainsi : insignifiants. Comment des créatures aussi faibles que les humains pouvaient avoir le pouvoir de faire autant le mal ? Arrivé à une altitude suffisant, l'Airmure fit ensuite du vol stationnaire afin de permettre à mon troisième sauveur d'entamer une discussion : - J'espère que tu as apprécié ce petit discours que j'ai improvisé. Je doute fort qu'ils aient compris la moitié de ce que j'essayais de leur faire comprendre, mais peu importe : nous pouvons compter sur Néo-Mauville, cette ville a toujours été le plus farouche soutien de la Ligue Pokémon et donc des Destogorides. Nombre de maîtres en sont d'ailleurs originaires.
J'imagine que tu te demandes qui je suis et pourquoi je suis intervenu. Je me nomme Antoine et je suis le Président Directeur Général de la Devon SARL. Ou plutôt, de ce qu'il en reste...Octave a dû te parler de nous dans les catacombes. Je suis son frère : si je suis ici, c'est pour respecter la parole qu'il m'a demandé de respecter à sa mort.Choqué par cette nouvelle, je l'interrompis : - Octave est mort ?L'homme se retenait de pleurer, mais me répondit tout de même sur un ton désormais beaucoup plus tremblant : - Oui. Mon frère a été...tué des mains de Sardonis, le Directeur de la Sécurité du Consortium. C'est un des rares Destogorides ayant survécu à l'assaut du Grand Temple par le Consortium qui me l'a appris. C'est cela, l'Opération Triomphe de la Volonté disent ces monstres : l'éradication de tous les Destogorides et leur persécution où qu'ils se trouvent. La bataille a été...terrible. Ils se sont tous battus jusqu'au dernier. L'Archevêque lui-même a résisté aux balles pendant plus de trois heures alors que tous ses hommes, non : tous ses amis, sont tombés les uns après les autres. Je te passerais les détails comme la manière dont il a été tué : mais je te révèlerai néanmoins les derniers mots d'Octave.Antoine Protège le Prophète coûte que coûte Jamais il ne doit tomber entre les mains du Consortium ou des Xort'Udur Si lui aussi tombe... C'en est fini de ce monde Antoine ne pouvait plus retenir ses larmes. Il pleurait désormais abondamment, laissant s'échapper des larmes argentées comme ses yeux, ses cheveux, sa cuirasse et le blindage du pokémon. Le cœur pur comme l'acier : voici ce qui définissait au mieux cet homme. Il en était même touchant. Mais il se reprit vite, et retrouvant la fermeté d'un visage qui s'était décomposé en prononçant les derniers mots de son frère défunt : - Pour la mémoire de mon frère, je te servirai Prophète jusqu'à ce que la mort nous sépare. Non seulement moi, mais aussi mon fidèle pokémon et les forces qui restent à la Devon SARL.Intérieurement, j'étais triste comme cet Antoine. Mais contrairement à lui j'étais parvenu à étouffer mes sentiments. De même qu'après avoir quitté Octave je m'étais forcé à les réprimer, à l'annonce de sa mort j'avais fait de même ; considérant que l'Emotion n'était que l'expression de l'égo et que c'était précisément l'égo et l'intérêt individuel qui servait le Vice et ses adeptes, institutionnels ou spirituels. Mais dans tous les cas, j'avais définitivement perdu mes illusions quant au monde des hommes et c'est avec un homme meurtri par la perte de son frère mais avec un sens du devoir toujours puissant que je continuais mon voyage. Où allions-nous ? Je n'en savais rien, de même que je n'en savais rien lorsque je quittai les Ruines d'Alpha au début du mois. Je contemplais ce pouvoir étrange qu'Electhor m'avait donné : peut-être toutes les réponses reposaient là... III
Instruit des réalités de ce monde Elevé dans les cieux et dans la Lumière Le mécanisme du destin s'enclenchait
Un de mes maîtres était mort Son peuple trépassait J'étais devenu le seul héritier de l'espoir
Mais cet espoir allait-il vivre Ou être noyé dans le Néant ? Temple des Anciens Epitaphe du Prophète Datation : + 80
- Chapitre IX - La rédemption du Bannii:
23 Mars - 5 AM Narrateur : Inconnu Nous laissions à présent Néo-Mauville la pieuse derrière nous. Doux paradoxe d'ailleurs que celui d'une ville si respectueuse des traditions alors même qu'un tel préfixe lui a été apposé jusqu'à sa propre appellation. C'est avec un double sentiment de soulagement et de peur que je quittais cette cité : soulagement de quitter ces dévots qui semblaient prêts à m'étouffer d'adoration ; crainte quant au sort qui allait être réservé à une population aussi hostile au Consortium. Quand ces forces qui règnent sur l'Occident reprendraient le contrôle de la ville...je n'osais même pas imaginer ce qu'il adviendrait de ses habitants. Ils avaient rasé d'après les dires d'Octave un temple millénaire dédié à Arceus et massacré les Destogorides qui y travaillaient sans la moindre considération morale. Pourquoi ne feraient-ils pas de même avec de simples civils dont l'opposition à la modernité quoi que prétende ce préfixe n'était plus à prouver ? C'est le cœur plein d'incertitudes que je prenais la route, cette fois par la voie des airs. Déjà, la nuit tombait : tant de sang avait coulé ce jour-là. Tous ces mercenaires, n'avaient-ils pas des familles alors que je n'en avais jamais eu à l'exception de ce cher Xatu ? Oui, à mesure que la lune prenait la place du soleil et que le bleu du ciel se transforme en noir ébène j'étais en proie au doute. Une fois de plus. J'essayais tant bien que mal de chasser ces soucis et de faire le vide en moi, mais je n'y parvenais pas. La nuit semblait avoir un effet particulier sur moi : je me sentais de plus en plus mal. Antoine, remarquant que mon visage était contracté malgré la lumière déclinante, me demanda si ça allait : je lui répondis que oui, ne souhaitant pas causer à cet homme endeuillé plus de soucis qu'il n'en avait déjà. Et pourtant, mon état s'aggravait. Après la déprime, je me mis à entendre des bruits. Ces bruits se transformèrent vite en voix, comme lors de cette fameuse nuit dans la forêt maudite des Ruines d'Alpha. Nous disparaissons, mais nous nous retrouverons Car les Xort'Udur se nourrissent des Vices des hommes Je me remémorais les dernières paroles de ces entités malfaisantes. Puis, j'entendis ces mêmes mots résonner dans ma tête à la manière d'un écho qui me donna une migraine que même le plus atteint des psykokwak ne pourrait jamais avoir. Et à mesure que cet écho grandissait en moi, je ne ressentais même plus la présence de mon coéquipier. Où était-il ? Que faisait-il ? Etait-il au courant de mon état ? M'aidait-il à en sortir ? Je n'en avais pas la moindre idée. Au bout d'un moment, les échos cessèrent et furent remplacés par des voix...beaucoup plus familières. Regarde-le Regarde-le agoniser dans ses doutes Ces doutes qui le déchirent Ces doutes qui l'empêchent d'avancer Les Douze lui ont caché la vérité Il n'est que leur pantin
Pourquoi continuer, Prophète ? Pourquoi lutter ? Crois-tu réellement te battre pour quelque chose ? Croit-tu réellement que les dieux s'intéressent à toi ? A toi et à ta pathétique enveloppe mortelle ?
Cela fait bien longtemps que les Dieux ont abandonné les Hommes Les seuls qui se préoccupaient d'eux Ont été bannis La Lune Noire aime les hommes Le Xort'Majora participe à leur progrès Les Destogorides, les Douze, le Foudroyant Tous t'ont dupé
Laisse-nous te soulager de ta douleur Laisse-toi aller au repos que l'on t'a toujours refusé Et, enfin, tu connaîtras la Paix Le cauchemar reprenait : les Xort'Udur étaient de retour, avec leurs psaumes de souffrance qui rongent l'énergie vitale des vivants. J'avais froid, terriblement froid. Chaque syllabe, chaque mot, chaque lettre prononcée par ces entités de malheur me faisaient souffrir autant qu'une crucifixion. De l'extérieur, je n'entendais rien. J'étais isolé : seul, terriblement seul. Et cette fois, il n'y avait pas de Destogoride pour me tirer de leurs griffes. Qu'était-il advenu d'Octave ? Etait-il, comme moi, plongé dans les ténèbres des serviteurs du Néant ? Etait-il mort ? Finalement, progressivement, toute la part d'humanité qui résidait en moi fut comme aspirée jusqu'à ce que je ne sois plus qu'une coquille vide. Le brouhaha des Xort'Udur se renforçait minutes après minutes, jusqu'à ce que je perde définitivement conscience. Un temps inconnu mais que je ressentais comme inimaginable s'écoula ensuite. Etait-ce cela la mort ? Dans cette éternité, je ne voyais rien, n'entendais rien et ne sentait rien. Je savais que j'avais perdu conscience, et pourtant j'avais conscience de ce qu'il m'arrivait : une sorte d'état second. Je n'étais pas tout à fait vivant mais pas tout à fait mort non plus. Etrangement, dans le néant qui m'entourait je pus me lever. Je ne marchais sur rien, mes pouvoirs divinatoires semblaient comme inefficients. C'était un monde au-delà du monde des vivants : un monde où les règles physiques n'avaient plus cours. Un monde où des concepts tels que la perception étaient inexistants. Et pourtant je mettais un pied devant l'autre sans tomber : je marchais. Marchais-je vers le nord ou le sud, vers le haut ou le bas ? Je ne pouvais le dire. A un moment de cette éternité au-delà du temps et de l'espace, je recommençai pourtant à entendre des voix : Ainsi voilà celui qu'on nomme le Prophète Finalement il a succombé à ses passions Le Banni sera ravi d'apprendre cela Lui qui le cherche depuis si longtemps Les voix en question étaient indéfinissables, comme ce monde : tantôt stridentes, tantôt douces ; tantôt effrayantes, tantôt bienveillantes. Je ne parvenais pas à déterminer d'où elle provenait : j'avais même la sensation qu'elle venait de mon esprit. Une autre part d'éternité qui me semblait à la fois courte et terriblement longue s'écoula ensuite. Je commençais à apercevoir au-delà du Néant deux lumières rouges. Parfaitement : alors que jusqu'à présent aucun de mes sens ne fonctionnait et encore moins la vue étant donné mon handicap, je voyais enfin quelque chose. A mesure que je me rapprochais, une autre voix se fit entendre mais cette fois sombre et terrifiante : - Approche, mortel. J'attends ta visite depuis si longtemps.J'approchais. Je distinguais à présent plus de choses, notamment des ondulations terrifiantes dans le néant au-delà de ces lumières rouges ; ondulations sur lesquelles on distinguait des sortes de griffes rouges comme le sang. Une fois arrivé juste devant ces lumières rouges, un cri d'effroi qui me glaça le sang et que je ne pus ni sentir ni entendre me saisis : une créature d'allure apocalyptique de plus de quatre mètres, avec une tête casquée, la gorge cernée par une sorte d'armure dorée et des ailes-griffes géantes me faisait face. Cette chose, cela ne faisait aucun doute : il s'agissait de Giratina, le Dieu de la Mort et celui que les légendes de l'Eglise Arceutique appellent le Banni. L'une des plus dangereuses entités qui ait jamais existé me faisait face : j'étais terrorisé et ne pouvait faire le moindre mouvement. Les ailes fantomatiques du Dieu de la Mort m'enveloppèrent soudainement et me soulevèrent de manière à me placer à hauteur de la tête monstrueuse de Giratina. Je le regardais comme on regarde la mort en face, c'est-à-dire de manière tout sauf courageuse et nonchalante. Le Banni se mit ensuite à me parler, mais pas de la manière dont parlent les Dieux comme Electhor. Non, il me parlait dans le langage des hommes. - Enfin te voilà, Prophète. Les Xort'Udur ne sont pas parvenus à te détruire, et je m'en réjouis. Sans mon intervention, la Lune Noire aurait fait de toi un de ses esclaves. Oui, c'est moi qui t'ai sauvé de l'anéantissement. Moi, le Banni. Moi, celui que tous honnissent depuis des siècles. Et pourtant, en me haïssant moi ils ont tous oublié qui était le véritable ennemi. Ce n'est pas la Mort ni la violence à ce que je sache qui accélèrent le réveil du Xort'Majora, mais ce qu'on en fait. Le Xort'Majora empêche les morts de reposer en paix et fait d'eux ses Esprits Damnés.
Depuis qu'Arceus - maudit soit son nom - m'a exilé dans le Monde Distorsion où tu te trouves ici même, j'accueille les morts pour payer ma dette. Et pourtant, les Douze jamais ne m'accordent leur pardon. J'ai créé la Lune Noire lorsqu'Arceus créa le monde. J'ai créé le Mal, je ne suis pas le Mal. Jadis, la violence me fit perdre le sens de la mesure et scinda mon âme de Divin en deux : celle du Gardien des Ombres et celle de la Lune Noire...Darkrai.
Tu dois arrêter mon fils et rétablir l'honneur de Giratina, Prophète. Il essaie de réveiller un pouvoir qui lui échappe. C'est pour cela que je t'ai sauvé des Xort'Udur en ouvrant une faille vers le Monde Distorsion au moment précis où ils allaient prendre le contrôle de ton âme. C'est pour cela aussi que je vais te permettre de retourner dans le monde des hommes avec ton compagnon que j'ai également sauvé. Mais contrairement à la naïveté des Douze, je t'enverrais mes messagers qui te diront quoi faire.Ce que me révélait Giratina faisait l'effet d'un coup de massue de deux cents kilos sur le crâne. D'abord, il me parlait de manière apaisée et se rabaissait à employer la langue des mortels ce qui était le signe d'une considération rare de la part d'un dieu ; même banni. Ensuite, il prétendait ne pas être mauvais ? Cela allait pourtant en contradiction avec ce que disaient les légendes d'Arceus sur lui. Un pokémon qui a été banni pour son extrême violence pouvait-on en effet lire à propos de ce pokémon dans tous les textes religieux officiels. Ainsi, Giratina lors de sa création aurait été tellement incapable de maîtriser sa puissance que son âme aurait été scindée en deux ? Cela rendait en tout cas ce dieu tellement humain : si je n'avais pas de dévotion pour lui, j'avais au moins une compassion réelle ; d'autant plus qu'il avait l'air sincère. Un pokémon banni injustement pour l'éternité alors que précisément il sauva l'univers en empêchant la destruction du monde par le déchaînement de sa puissance en un seul corps. Voilà qui me faisait réfléchir et douter une fois de plus. Mais contrairement aux fois précédentes, c'était plus un doute positif amenant un enrichissement ultérieur qu'un doute empêchant d'avancer. Peu après avoir parlé, le pokémon me lâcha et généra un vortex dimensionnel sous mes pieds qui m'engloutit en quelques secondes. Tout en disparaissant, je voyais la tête masquée du Banni me regarder et lâcher ses derniers mots : - J'ai foi en toi, mortel.Immédiatement après, le vortex s'ouvrit au bord d'un lac et me projeta ainsi qu'Octave. Le sol était herbeux, il pleuvait. Après avoir pesté contre la gravité, je me levai. Antoine fit de même. De nous deux, il était celui qui semblait le plus perturbé par la situation : il tremblait et me demanda : - Que nous est-il arrivé ?Je regardais les alentours : tout portait à croire que nous nous trouvions sur les rives du Lac Colère, à l'extrême nord de Johto. On voyait les leviator massacrer joyeusement les baigneurs imprudents au loin et les magicarpe faire le bonheur des concours de pêche. Après avoir fait un tour complet sur 360 degrés afin d'examiner les environs, je répondis finalement à Antoine : - Le Monde Distorsion...C'était le Monde Distorsion. Là où les morts errent. Là où un pokémon injustement condamné attend que l'on veuille bien le laisser rejoindre les siens.Antoine ne semblait pas satisfait de ma réponse. Il me fit tout un discours sur le non-sens de ce que je venais d'affirmer, sur le caractère foncièrement mauvais du pokémon renégat et m'accusa même d'hérésie. Haussant les épaules, je me contentai de lui répondre : - Laisse-tomber, tu ne comprendrais pas même si je prenais le temps de tout t'expliquer. En tout cas, il semble que nous ayons fait un bon bout de chemin : regarde, c'est le Lac Colère.Antoine se retourne à son tour pour contempler le lac et acquiescer. Puis, soudainement, un tenefix apparut comme par enchantement et nous fit signe de le suivre tout en s'arrangeant au passage pour voler de la sacoche d'Antoine quelques pierres précieuses qu'il trimballait imprudemment. La crise de kleptomanie passée, le pokémon se mit à courir droit vers l'est ; talonné de près par nous deux. Le jeu de piste se poursuivit durant plusieurs heures, jusqu'au lever du soleil plus précisément. Nous nous trouvions à présent sur flanc occidental du massif de Johto qui séparait cette région de Kanto via le Mont Argenté. Le Tenefix s'était arrêté devant l'entrée d'une grotte et pénétra ensuite à l'intérieur. La grotte en question était en fait assez petite et finissait par un cul-de-sac : mais une surprise de taille nous attendait dans ce cul-de-sac. En effet, sur le sol étaient disposées en arcs de cercle concentriques des inscriptions Zarbis. Antoine était perplexe et avait envie de se battre contre le Tenefix qui avait profité du moment de vigilance moins forte de sa part pour lui voler d'autres joyaux de sa sacoche : - Heu, ça ne nous a pas avancé à grand-chose d'avoir suivi ce sale petit voleur jusqu'ici. Tu ne penses pas qu'on devrait faire demi-tour ?Face au défaitisme d'Antoine dû probablement à de l'agacement par rapport au pokémon kleptomane, je répondis en lui demandant d'attendre un peu. J'avais une intuition : je me plaçai au centre du cercle concentrique. Intuition qui se révéla bonne puisque l'instant d'après toutes les inscriptions Zarbis se mirent à léviter dans les airs et m'entourer comme lors de mon ascension dans le Grand Temple des Destogorides. Les inscriptions étaient en fait des Zarbis endormis qui n'attendaient que l'arrivée d'un être digne de leur parler. Comme je le pressentais, les Zarbis récitèrent ensuite une incantation : Prophète qui cherche la Justice Chez les Dieux comme chez les Hommes De même que pour qu'il y ait Ombre il faut qu'il y ait Lumière Il existe une entité opposée à la Lune Noire Capable de résorber son pouvoir Cherche le Trio Originel Tu trouveras la Lune Blanche A peine le message terminé, les Zarbis retournèrent à leur état originel de pierre. Antoine, toujours dépassé par les évènements, me dit d'un air hagard : - Il t'en arrive des choses toi. Je savais que côtoyer le Prophète c'était pas n'importe quoi, mais à ce point-là j'étais loin de me l'imaginer. Après le Dieu des Morts, voilà les Emissaires d'Arceus. J'ai rien compris à ce qu'ils ont dit mais je te suivrais quand même.Je réfléchissais. Le Trio Originel...J'avais déjà entendu parler de cela quelque part mais où ? Et quelle était cette Lune Blanche ? Je ne connaissais qu'une seule personne en ce bas monde capable de me renseigner : ce bon vieux Xatu. Les Destogorides ayant disparu, il était désormais le seul capable de m'aider. Je m'apprêtais à le contacter par télépathie afin d'obtenir des informations, quand soudain j'entendis une voix familière derrière nous : - Tu as rencontré le Banni, Fils ? Je vois. Ainsi donc, tu connais la vérité désormais.Surpris, je me retournai et vis le bec et les yeux toujours immobiles de mon vieux père adoptif : Xatu. Je lui répondis : - La vérité ? Tu veux donc dire que les légendes, les Destogorides, Arceus...Tous m'ont menti depuis le début ?Xatu, nullement surpris, répondit sèchement à son tour à mes propos de jeune effronté : - Nous n'avons jamais menti. Les Dieux ne mentent jamais. Le Banni a été exilé parce qu'il était trop violent pour ce monde. Il n'a jamais été précisé qu'il était mauvais, cela ce sont les esprits faibles des hommes tels que toi qui l'ont interprété.Il se tut ensuite et se rapprocha de nous avant de continuer : - Néanmoins, il est évident que se passer du soutien du Banni ne serait que folie. Aussi graves aient été ses fautes passées, l'existence de la Lune Noire prouve que Giratina a renoncé à ce qu'il fut aux origines de ce monde. Je sais quelles questions tu te poses Fils, je savais aussi que le Banni t'enverrait ici. Tu te trouves ici dans l'entrée du seul temple dédié à Giratina qui n'ait pas été détruit par la fureur des Douze lors de son exil. Tous ceux qui cherchent des réponses ou qui souhaitent le vénérer viennent ici. Arceus n'a pas commandé aux Dieux de détruire ce lieu parce qu'il savait qu'un jour viendrait où le Banni chercherait à se racheter.
Restaurer l'honneur de Giratina implique l'anéantissement de la Lune Noire et donc du Xort'Majora. Car sans la Lune Noire le Xort'Majora ne peut accroître son pouvoir : Darkrai est son intercesseur sur Terre, il lui transfère l'énergie qu'il vole aux hommes en profitant de leurs vices. Et pour anéantir la Lune Noire, tu auras besoin de trouver la Lune Blanche qui ne peut être réveillée que si le Trio Originel l'invoque. Cela fait des siècles que Cresselia n'a pas été appelée, tant la Lune Noire sait profiter des bas instincts des hommes pour les convaincre de se passer d'elle. Mais le moment est plus que choisi pour s'assurer son soutien, de même que celui du Banni. Nous ne pouvons nous permettre de nous passer de l'assistance de la moindre force, qu'elle soit humaine ou divine. Mais pour l'appeler, tu devras trouver Créhelf, Créfollet et Créfadet et les réunir dans le Sanctuaire des Deux Lunes.J'écoutais avec humilité les paroles de mon vieux maître. Malgré le poids des années, ses leçons étaient toujours aussi impressionnantes d'érudition. Quant à Antoine, il restait immobile ; comme terrorisé par le regard de psychopathe du Gardien des Ruines d'Alpha. Mais j'avais néanmoins une dernière question à lui poser, qu'il anticipa comme les précédentes avec une aisance déconcertante tant sa maîtrise de l'art de la télépathie était grande : - Je sais ce que tu te demandes. Qu'est-ce que le Sanctuaire des Deux Lunes et comment le rejoindre. C'est un lieu caché dans la région de Sinnoh qui n'apparait qu'en présence du Trio Originel. Trouve Créhelf, Créfollet et Créfadet et le Sanctuaire apparaîtra de lui-même.J'acquiesçai avec la même discipline que précédemment à cette dernière réponse. Sans faire le moindre mouvement de satisfaction ou de réprobation, Xatu fit alors demi-tour et avant de disparaître me révéla un ultime enseignement : - Autre chose : le Trio Originel ne se soumet pas facilement à une autorité humaine. Ils te feront subir des épreuves pour tester ta valeur. Les trouver n'est pas suffisant.Xatu disparut ensuite comme par enchantement, usant de ses pouvoirs psychiques pour se téléporter et ainsi retourner dans les Ruines d'Alpha. IV Sauvé par le Banni Et libéré de sa prison d'Ombre Où tout finit
J'avais enfin trouvé un sens A l'espoir dont j'étais l'héritier Temple des Anciens Epitaphe du Prophète Datation : + 80
- Chapitre X - Science sans Conscience:
26 Mars - 5 AM Narrateur : Rudolph Estenia Quelques jours après que je me sois délecté de l'anéantissement du dernier Maître et que j'ai pris le contrôle officieux de la Ligue, je revenais faire mon rapport au siège du Consortium. Parce que oui, tout bon génie que je sois je devais bien préserver les apparences. L'heure n'était pas encore venue que je révèle mes intentions au grand jour ; et je devais me tenir au courant de ce qui s'était passé en Orient, à Néo-Mauville. Cette brute épaisse de Sardonis avait-elle remplie la mission qui lui avait été confiée ? Il y avait intérêt. De toute façon, j'allais être vite fixé : après avoir gravi les marches noires qui menaient à l'immense entrée du centre du pouvoir, je pris directement l'ascenseur sans saluer le moindre de ces pathétiques humains et monta directement jusqu'à la salle de réunion du Directorat, au 85ème étage. Là, les quatre Directeurs ainsi que le PDG m'attendaient. En me voyant arriver, tous se levèrent de leurs chaises, appliquèrent les politesses d'usage avant de s'asseoir et de me laisser m'installer. La réunion de débriefing pouvait commencer : le PDG, Esper Karolus, prit en premier la parole : - Bien, puisque tout le monde est présent nous pouvons commencer. Puisque vous êtes le dernier à être arrivé Directeur Estenia, vous pouvez commencer votre rapport. La Ligue Pokémon est-elle sous notre contrôle ?Le PDG était un homme vieux et barbu, toujours avec un cigare au bec et le regard dans le vide. C'était un homme fatigué que je n'avais aucun mal à influencer. Tranquillement, je fis donc ce rapport en bon soldat. Comme il est plaisant de simuler l'esclavage alors qu'on domine tout. - Absolument, les Destogorides ont été purgés de la Ligue comme je vous l'avais promis. Désormais, cette relique d'un temps révolu ne nous gênera plus. J'ai placé sur le trône un robot anthropomorphique de ma conception qui se soumettra avec discipline aux directives du Consortium. Une ère nouvelle commence.Les autres Directeurs comme le PDG semblaient satisfaits : tout fonctionnait comme je l'escomptais. Ils ignoraient tout de ce robot en bon humains limités. Après avoir écouté mon rapport, Esper se tourna ensuite avec le rustre Sardonis afin de lui demander de faire à son tour son rapport de mission. Mécaniquement, le Directeur de la Sécurité répondit sur un air froid : - Nous sommes venus vers la cible et nous l'avons détruite. Nous avons détruit leurs lieux de culte, châtié les Destogorides et instauré la Loi du Consortium à Néo-Mauville. C'était trop facile, ils couraient comme des lapins.Le PDG semblait tout autant satisfait que moi et semblait prêt à parler d'autre chose quand, soudain, un autre Directeur intervint. C'était une femme qui contrastait avec les autres Directeurs. Une femme aux yeux bleus et à la longue chevelure brune dont les traits doux rendaient suspects sa présence ici. De tous les Directeurs, cette femme m'avait toujours la plus faible mais aussi la plus dangereuse. Car contrairement aux autres, elle avait un cœur. Que les humains sont stupides, mais peu importe : cette femme, c'était la Directrice de l'Information *1. Elle dit des choses qui m'intriguèrent au plus haut point : - Ce n'est pas ce que mes informateurs m'ont reporté. Peu après votre départ, toute l'armée que vous aviez laissée à Néo-Mauville a été détruite. Nous ne savons par quoi, mais il semblerait qu'un jeune garçon soit responsable de cette hécatombe.Sardonis était littéralement humilié. Il regardait le poing serré le regard délicat de la jeune femme au physique sportif, le regard plein de haine et prêt à se lever pour lui broyer le cou. La Directrice le regardait d'un regard froid comme la glace. Tous étaient interloqués par cette nouvelle. Je pris la parole : - Intéressant...très intéressant. Si ce que disent vos informateurs est exact ma chère, il serait bienvenu que l'on capture ce jeune homme. Un pouvoir qui rend capable l'anéantissement en une seconde de toute une armée de soldats...vraiment fascinant. Et quelque chose me dit que j'ai déjà vu ce garçon quelque part.En fait, je savais parfaitement de quel garçon parlait la Directrice de l'Information : mais je ne voulais surtout pas donner la moindre information à tous ces demeurés. Manipulateur, je continuai ensuite ; regardant cette fois le PDG directement dans les yeux : - Il me semble néanmoins que les aptitudes de ce très estimable Sardonis se limitent au nettoyage ethnique. Ce n'est pas comme ça que nous le capturerons...et que nous mettrons fin à ces nuisances qui déstabilisent le pouvoir du Consortium. Il nous faudrait envoyer quelqu'un de qualifié, quelqu'un d'apte à se noyer dans la masse afin de le retrouver et...de le neutraliser. Et il se trouve, que je connais précisément quelqu'un de tout à fait qualifié pour ça. Laissez le Département Scientifique s'occuper de lui, et je vous garantis que bientôt il ne nous gênera plus. Envoyez Sardonis nettoyer Néo-Mauville, il n'est certainement plus là pour défendre ces traîtres. Ainsi, cet affront sera lavé et nous pourrons profiter de ce contretemps pour accroître encore notre emprise sur le monde.La Directrice aurait voulu s'indigner, je le voyais dans ses yeux cristallins : mais elle savait parfaitement que si elle le faisait elle serait tuée dans la minute. Tous savaient ce qu'il en coûtait de s'opposer à moi : beaucoup de leurs prédécesseurs avaient en effet fini dans mes Laboratoires, voués à servir la Science en tant que cobayes. Dommage qu'ils ne se soient jamais rendu compte de l'immense honneur qui leur était fait. Mais l'âme humaine est ainsi faite : ingrate. Sardonis aussi, se sentant humilié dans son honneur de guerrier, voulait s'opposer : mais il n'en fit rien, de même que sa collègue et le troisième Directeur. Finalement, au bout de cinq minutes, le PDG accepta ma proposition. J'exultais en secret ; je me levai donc, ne prenant même pas la peine d'attendre la fin de la séance, et leur dit tout en quittant la pièce. - Magnifique. Et bien dans ce cas, si vous voulez bien m'excuser du travail m'attend.Je quittai donc la salle de réunion, me dirigeant tout droit vers l'ascenseur. Arrivé dans le monte-charge, j'indiquai aux commandes électroniques de descendre jusqu'au 20ème sous-sol. Oui, en plus d'être d'une hauteur considérable le siège du Consortium était également doté d'un sous-sol creusé sous la ville. C'était là que se trouvait mon repaire : c'était là que se trouvait le Département Scientifique. Loin de la vue du commun des mortels et strictement réservé au personnel du Département Scientifique qui m'obéissait aveuglément, c'était là que je travaillais pour le Progrès et la Science. A force, l'endroit était même devenu l'objet de rumeurs tenaces et effrayantes qui dissuadaient encore plus les intrus d'y pénétrer. On disait que j'y menais dans l'ombre d'horribles expériences : du clonage, de la torture physique et psychologique, des mutations génétiques. Oui, le Département Scientifique était l'objet des fantasmes les plus débridés et cela m'arrangeait d'ailleurs au plus haut point : il est de notoriété publique que ce qui fait peur aux hommes détruit leur curiosité maladive et provoque le rejet. Pourtant, le plus ironique dans ces histoires était que la plupart de ces rumeurs étaient factuellement proches, si proches de la vérité. Mais je me gardais bien de révéler quoi que ce soit. Du sommet de la tour, en quelques minutes l'ascenseur me transporta jusqu'à ses abysses. L'épaisse porte d'acier du monte-charge s'ouvrit finalement, me libérant de ces quelques minutes de descente. Mon repaire, comme tous les sous-sols du bâtiment, contrastait nettement avec les étages supérieurs : les murs étaient usés, la lumière éclairait difficilement l'intérieur ce qui donnait à cette zone une ambiance oppressante que j'appréciais beaucoup. Cela avait aussi un côté tétanisant pour les cobayes que, de Johto à Sinnoh, le Département de la Sécurité transférait ici. Les cobayes étaient d'abord des pokémons, bien entendu : cela avait longtemps été une source de progrès immense pour l'homme. Avant l'avènement de l'âge de la robotique, c'était même la seule à même d'amener l'humanité vers une ère nouvelle. C'est pourquoi pendant longtemps je m'étais contenté d'améliorer l'Homme en étudiant les pokémons et en transmutant gènes de pokémons sur corps d'humain. C'est ainsi qu'est né mon plus fidèle serviteur : un ancien assistant de mon pathétique et si moralisateur prédécesseur qui pensait comme moi que la médiocrité de l'homme était telle qu'il devait être élevé par le pouvoir de la Science. Respectant ces principes si louables, il se fit un honneur d'être mon premier cobaye. Je lui injectai une quantité d'abord faible, puis de plus en plus forte de gènes de tentacruel. Son corps commença d'abord par devenir totalement bleu et ses yeux totalement rouges. Puis, ce furent le tour de ses cheveux de devenir des tentacules de même que ses bras. Il faillit mourir bien sûr, c'est le souci avec les transmutations sur des humains : le taux de perte est terriblement élevé. Ce qui est d'ailleurs fort dommageable quand on pense au prix que coûte la capture de ces satanés pokémons ; d'autant plus qu'ils se font de plus en plus rares dans la mer d'Oliville où nous les capturons depuis toujours. Mais il finit par survivre et devenir mon premier homme amélioré. Il est toujours là, et d'ailleurs vous n'allez pas tarder à le rencontrer. Il est indispensable à l'avancée de toute cette histoire, donc oui je crains fort que vous allez devoir vous confronter à cet être si exceptionnel malgré le fait qu'il soit depuis longtemps dépassé par mes expériences plus récentes. Mais il reste mon premier transmuté, et à ce titre celui qui m'est le plus cher ; aussi difficile cela puisse être pour moi de dire cela. Après être sorti de l'ascenseur, j'étais en effet finalement arrivé au cœur de mes laboratoires. Partout, on entendait les cris des cobayes sur les tables d'opération ; cris dus aux gènes et aux substances qu'on leur inoculait. Pokémons ou humains, ils étaient si ingrats et pathétiques envers moi. Ne se rendaient-ils pas compte que grâce au Consortium ils étaient en voie d'atteindre une puissance qui leur permettrait enfin de s'affranchir de la tutelle des pokémons ? Bref : à côté des tables d'opérations remplies de cadavres et de cobayes qui salissaient les alentours de leur sang médiocre, se trouvait également des rangées de modules de stase voués au clonage, méthode plus aisée de transmutation qui permet en outre de ne pas perdre de cobayes. Sur une des stases, un homme avec une chevelure et des bras tentaculaires inspectait sur une console la croissance d'un clone. M'ayant entendu arriver, l'homme se retourna : c'était bien mon assistant. Ses tentacules, sa peau bleue et ses yeux rouges rubis faisaient penser à s'y méprendre à un tentacruel anthropomorphique. Mais après tout, c'était de fait le cas. Il engagea ensuite la discussion : - Ah vous voilà, mon Maître. J'inspectais le Projet, il évolue bien : bientôt, nous pourrons passer à la Phase 2.Je regardais le spécimen qui se trouvait dans la stase : c'était en apparence un enfant. Mais un enfant anormalement musclé pour son âge et dont on voyait la croissance se dérouler en temps réel à une vitesse accélérée. Ce qui se trouvait dans cette stase, était mon projet ultime. Mais cela ne nous intéresse pas pour l'instant. Je répondis à mon gluant assistant : - Excellent. Mais nous en parlerons une autre fois. Je cherche l'homme que Sardonis a capturé lors du siège du Temple l'autre jour. Tu sais, celui avec des pouvoirs psychiques.L'assistant remuait ses tentacules sur sa gorge, signe qu'il réfléchissait. Puis, au bout d'un moment il m'indiqua un des coins du laboratoire où se trouvait un petit garçon reclus en position fœtale dont les sanglots étaient couverts par les hurlements de douleur aux alentours. Mais au fur et à mesure que je me rapprochais de lui, j'entendais ses pleurs de plus en plus distinctement. Arrivé près de lui, je m'agenouillais et me mit à lui parler : - Ainsi, c'est toi le jeune prodige. Allons, tu n'as pas à avoir peur de nous. Nous sommes les sauveurs de l'humanité, et un grand potentiel se cache en toi. Bientôt, tu m'appelleras ton Maître comme tous les autres. Je sais que tu n'es pas si faible que tu veux le laisser paraître...Héritier.Entendant mes mots, le petit garçon se mit alors en colère tout en restant en position fœtale. Et de cette colère, il émit une puissante aura violacée qui me projeta plusieurs mètres en arrière et brisa les modules de stase situés à proximité : - Assez ! Laissez-moi, monstres !J'étais fasciné par ce petit génie. Si jeune, et déjà ses pouvoirs étaient si développés. Je me rapprochai de nouveau, contemplant l'ampleur des dégâts qu'il avait accompli et continua : - Impressionnant. Ton père ne se trompait pas sur toi pour t'avoir caché tant d'années de nous dans ce temple. C'est comme si...la puissance d'un pokémon Psy était en toi sans que nous ayons eu besoin de te transmuter. Mais je crains fort que pour que tu puisses atteindre ton plein potentiel il nous faille te faire subir certaines choses.M'attendant à une nouvelle vague d'énergie, je sortis cette fois de ma poche une seringue remplie d'une solution génétique de pokémon Psy que je m'injectai directement dans une artère. Immédiatement après, je pris l'apparence d'un Abra anthropomorphique et projeta mes mains vers le garçon avant d'édifier une barrière psychique apte à repousser ses assauts. Et je dois dire que, comme d'habitude, je ne me trompais pas. D'ailleurs, Rudolph Estenia ne se trompait jamais. Le garçon continua de crier, de libérer toute sa colère. Mais il ne réussit à briser ce mur d'énergie. Et, finalement, après plusieurs dizaines d'attaques le petit effronté se vida de son énergie et il se mit à parler d'une voix faible et désespérée : - Mais qui êtes-vous ?Je rangeai ma seringue. Puis, j'en sortis une autre cette fois remplie d'une solution génétique issue de mon propre ADN et en vida tout le contenu afin d'éliminer le génotype d'Abra de mon organisme. Puis, je lui pris ses deux mains et les déplaça sur son ventre afin de le forcer à révéler son visage et lui répondit en souriant : - Dieu. Et Dieu va faire de toi un de ses serviteurs. Seul Dieu contrôle ce que les êtres sont. Contrairement à ces faux-dieux que ton père et les tiens vénéraient du temps de leur gloire et qui ne sont rien d'autres que des êtres vivants aussi médiocres que les humains. Les dons de certains pokémons ne sont rien face au pouvoir de la Science.Le garçon me regarda d'un regard rempli de peur. J'exultais, une fois de plus : j'adorais voir la force des hommes lentement se vider jusqu'à ce qu'ils soient à ma merci et m'implorent de les épargner. Oui, c'était toujours quelque chose de très jouissif. L'ayant soumis à mon pouvoir absolu, je sortis d'une des innombrables poches de ma veste une autre seringue ; cette fois chargé d'un puissant laxatif. J'en injectai le contenu dans une des veines du garçon. En un instant, il s'endormit comme un nouveau-né. Je le regardai pendant quelques minutes, pensant à l'utilité que son pouvoir pourrait avoir pour nous. Puis, j'ordonnai à mon assistant de le transformer dans la Salle d'Intervention, une pièce du Département Scientifique un peu particulière destinée à opérer les meilleurs cobayes. Seuls ceux voués à me servir jusqu'à leur mort subissaient l'épreuve de cette pièce. Mon assistant lui-même fut transmuté là. Arrivés à l'intérieur, le jeune garçon fut posé sur la table d'opération encore vierge de tout sang. Là, je donnai ses instructions à mon second : - Il est d'un esprit rebelle : avant toute chose, il faut lui mettre le Masque de Contrôle. Cela nous permettra de contrôler son âme. Puis, tu le transmuteras à l'aide de gènes d'alakazam afin de maximiser la puissance de ses pouvoirs.Mon fidèle d'entre les fidèles semblait interloqué : - Le Masque de Contrôle, des gènes d'Alakazam ? Mais il est si jeune, vous n'avez pas peur qu'il succombe ?Je me remis à sourire, m'attendant à cette impertinence. Et je lui répondis : - Allons, cesse de t'inquiéter. Il est bien plus fort qu'il veut bien le faire croire. Surtout, il a le sang des Destogorides en lui : ce n'est pas un de ces paysans que nous internons parce qu'ils se sont rebellés contre les taxes du Consortium. Il survivra, et c'est le seul à même de pouvoir combattre ce mystérieux garçon qui a détruit l'armée de Néo-Mauville. Applique mes instructions et revêts-lui également l'Armure d'Obsidienne : elle accroîtra le contrôle mental que nous exercerons sur lui.Finalement, malgré ses doutes, mon homme-pieuvre se soumit et commença l'opération. Il commença par la transmutation. Des signes mystiques apparurent alors sur le front et tout le corps du garçon, signe du succès de la transformation. Tout se passait une fois de plus comme je l'avais prévu. Puis, à l'aide d'un robot-médecin qui se trouvait en permanence dans la Salle d'Intervention, l'Armure d'Obsidienne fut scellée sur son corps, de la gorge au pied de sorte que mis à part son visage on ne voyait plus rien de son corps et de son ancienne identité. L'armure était noire comme le charbon, encore plus noire que la nuit. Le blindage comprenait également des connexions un peu partout qui transmettaient une énergie rougeoyante vers la partie supérieure de la combinaison. Partie supérieure qui était précisément avec l'imposant Masque de Contrôle qui fut ensuite scellée sur la tête du garçon. Le robot souda ensuite l'ensemble afin de ne jamais permettre au jeune génie de l'enlever. C'était en quelque sorte sa nouvelle peau, et l'ensemble donnait une allure magnifiquement obscure et terrifiante au personnage. Plus qu'une armure et plus qu'un masque, c'était en réalité un exosquelette extrêmement solide qui recouvrait à présent l'Héritier du trône des Destogorides. Ainsi, quand le garçon grandirait sa combinaison grandirait avec lui. Après avoir terminé, l'homme-pokémon me demanda s'il pouvait se retirer. Je le lui autorisai afin de pouvoir rester seul avec mon nouveau serviteur. J'attendais son réveil. Cinq heures passèrent ensuite : il était à présent 17 heures et six minutes. Le garçon à l'Armure d'Obsidienne se réveillait enfin. Il gesticulait et criait, comme terrifié par ce qu'il lui était arrivé. Je le pris fermement par la main et le rassura : - N'aie crainte, Serviteur. Ta transformation est désormais achevée. Je ne t'avais pas menti : tu es désormais plus puissant que n'importe lequel de tes anciens amis. Maintenant, pour te donner la preuve de tes nouveaux pouvoirs je te propose un jeu. Tu aimes bien les jeux ?Il se calma finalement et répondit par l'affirmative. Je continuai : - Bien, te voilà raisonnable. Ce jeu c'est...de trouver, espionner et capturer celui que l'on appelle le Prophète. Je sais que les petits garçons aiment courir après leurs petits camarades. Et bien trouve ce garçon que l'on nomme ainsi et amène-le jusqu'à moi...Serviteur Xerxès.Celui qui allait désormais se nommer Xerxès, répondit une fois de plus par l'affirmative ; montrant ainsi une fois de plus que le contrôle mental que j'exerçais désormais sur son esprit fonctionnait : - Oui...mon Seigneur. Il sera vôtre.
Dernière édition par L'Illustre Aegir le Jeu 22 Mai - 23:33, édité 3 fois | |
| | | L'Illustre Aegir Membre
Messages : 38 Date d'inscription : 21/05/2014 Age : 32 Localisation : Stralsund, 1757
| Sujet: Chapitres XI à XII Jeu 22 Mai - 20:06 | |
| - Chapitre XI - Le chemin de la vertu:
27 Mars - 5 AM Narrateur : Inconnu Xatu avait une fois de plus disparu, nous laissant seuls dans la grotte. A l'extérieur, la nuit tombait déjà sur la montagne, et avec elle le brouillard guettait. Je fis quelques pas à l'extérieur de la grotte : il faisait un froid mordant à présent. Mes joues rougissaient au fur et à mesure que les secondes puis les minutes nous éloignaient du jour et que le froid glacial m'attaquait. Et c'est ainsi qu'en quelques minutes tous les éléments climatiques spécifiques au milieu montagnard s'étaient installés : le froid, le vent et le brouillard. Il ne manquait plus que la neige. J'errais dans la brume, à deux pas de la grotte : elle était pourtant invisible désormais. Tout autour de moi ne subsistait plus que la brume et le seul contact avec Antoine que je gardais était permis par mes pouvoirs extrasensoriels. Il s'était endormi sur le flanc gauche de la grotte. Le pauvre était épuisé par ce qu'il avait vécu durant cette trop longue journée. Toute la volonté du monde doit respecter les limites du corps après tout. Et puis, il n'était pas comme moi : c'était un homme normal ayant vécu toute sa vie de façon normale. Ce n'était pas comme s'il avait dû vivre toute son enfance reclus dans un sanctuaire oublié de tous aux côtés de pokémons parlant de surcroit le langage des hommes. Je devais lui octroyer cette nuit de repos. Car oui, de nombreuses épreuves nous attendaient encore. Tout en marchant sans but sans voir à plus d'un mètre devant moi, je réfléchissais à ce que nous avait appris Xatu. La Lune Blanche était donc Cresselia et on ne pouvait l'appeler qu'en réunissant Créhelf, Crefadet et Crefollet en un point : le sanctuaire des Deux Lunes. Mais où pourrions-nous les trouver ? Il ne l'avait pas précisé. Il semblait toutefois fort probable que s'ils se trouvaient quelque part, cela ne pouvait être qu'à Sinnoh. Sinnoh, le fameux archipel divisé en deux par le Mont Couronné. Les légendes racontent que c'est ici que l'univers fut créé et qu'au sommet de la plus haute montagne du monde se cachait le Panthéon, à l'intérieur duquel les Douze commandent le destin des hommes comme de tout ce qui existe. C'est un endroit empli de mystère. Mais mis à part cette considération d'ordre mythologique ainsi que le fait que l'unique moyen de rejoindre l'île était la voie maritime, j'ignorais pour ainsi tout de Sinnoh. Je ne savais même pas si, comme à Kanto, le Consortium était présent et s'il y propageait son pouvoir déicide. Pour rejoindre l'océan, seul deux voies s'ouvraient à nous. La voie de l'Ouest tout d'abord : c'était la plus directe, mais aussi la plus périlleuse étant donné que pour atteindre le port d'Oliville il fallait traverser le cœur des terres du Consortium ; à commencer par sa capitale, Doublonville. Et puis, il restait la voie de l'Est, vers Johto et son port : Carmin sur Mer. C'était la route la plus longue, mais elle avait l'avantage d'être un peu plus sûre puisque cela nous éloignait du cœur du Consortium. Mais à bien le considérer, cela restait encore un chemin dangereux, semé d'embûches. Qu'allions-nous choisir : la voie de la facilité ou celle de la sécurité ? A cette question, la seule réponse que j'avais était le bruit du vent. J'étais à présent frigorifié : mes interrogations attendraient. Je rentrai donc dans la grotte et m'allongea près du feu que nous avions installé près du cercle d'inscriptions Zarbi afin de me réchauffer. Le sommeil m'assaillit immédiatement après. Et tandis qu'à l'extérieur Artikodin commençait à répandre sa poudreuse sur le sol montagneux, le silence emplit finalement notre refuge improvisé. J'aurais aimé que ce sommeil soit suffisamment long pour être réparateur. Mais, et cela commençait à être une habitude, le triomphe de la nuit sur mon esprit fut de courte durée. Sorti des tréfonds de la montagne, un puissant écho me réveilla. Réveille-toi Ils arrivent Je repris conscience en sursautant. Malgré la puissance de cette voix, Antoine ne l'avait mystérieusement pas entendue. Je me levai pour me diriger vers l'entrée de la grotte. Le brouillard, comme la neige qui était tombée quelques heures plus tôt, avait cessé. L'écho semblait provenir de loin, très loin vers l'est : au-delà même des montagnes enneigées qui bordaient le Mont Argenté. De quoi pouvait-il bien s'agir ? Je n'avais pas reconnu la voix emplie de sagesse de xatu ni celle, vicieuse, des Xort'Udur. Non, il s'agissait d'une autre entité qui semblait m'appeler : était-elle d'origine divine ou terrestre, je ne pouvais le savoir. Je tendais à présent l'oreille, face à la montagne en espérant que la voix se refasse entendre. Mais rien n'arrivait. Perdant patience, je me retournai alors : je devais avoir rêvé. La fatigue pouvait en effet altérer la perception. C'est alors que, brutalement, le ciel s'assombrit. Puis, du néant résonna une première détonation. Une seconde se manifesta ensuite, encore plus forte que la première. Le bruit de l'orage réveilla en sursaut Antoine, qui se mit à mes côtés afin de regarder le spectacle. Nous étions tous deux médusés. Et enfin, finalement le destin jaillit. Des nuages noirs qui s'étaient formés dans les cieux, un puissant éclair apparut. Il se dirigeait vers nous. D'un geste prompt hérité probablement d'un quelconque passé militaire, Antoine me prit par la poitrine et me mit en sécurité à l'arrière de la grotte. La décharge électrique frappé brutalement le sommet de l'entrée de la grotte. Sous l'intensité du choc, l'entrée se fissura d'abord avant de s'écrouler sous la forme d'un éboulement. Brusquement, en l'espace de quelques instants nous fûmes plongés dans l'obscurité la plus totale. La lune ne nous éclairait plus de son terne rayonnement. Bien sûr, cela ne me gênait pas mais je pouvais déduire cela au vu de la panique qui prit soudainement mon compagnon d'infortune. Il ne cessait de courir dans tous les sens, hurlant à qui voulait l'entendre qu'il ne voyait plus rien. En le voyant se cogner sur tous les rebords de la grotte, je ne pouvais m'empêcher de sourire. Il me faisait penser à moi, après que le Lumineux Ho-Oh m'ait ôté la vue contre ce don de vision extrasensorielle. Finalement, il finit sa course en s'écrasant sur le fond de la grotte. Au-delà des cercles concentriques en inscriptions Zarbi, à même le fond de la grotte se trouvait en effet une étrange stèle qui semblait avoir été gravée sur la roche. A cet instant, mes mains se mirent alors à briller d'une étrange lumière dorée extrêmement intense. Au même moment, les inscriptions gravées sur la stèle se mirent également à briller d'une même lumière. J'étais pétrifié et avait progressivement mis mes deux mains face à moi : que m'arrivait-il ? Je me remémorai alors de ce que m'avait le dieu Electhor lors de cette fameuse journée à Néo-Mauville. Fait jaillir la Lumière de la Justice En ce monde en perdition Elle te guidera vers le chemin de la Vertu La Lumière de la Justice et le chemin de la Vertu, se pouvait-il que cette fameuse stèle constituait une entrée ? Cela pouvait du coup expliquer pourquoi le Foudroyant avait mentionné cette fameuse Lumière. C'est alors qu'un déclic s'opéra en moi. C'était comme si Electhor, par ces simples mots connaissait mon avenir et voulait me laisser un message caché sous forme de métaphore. Tout s'expliquait à présent : je demandai donc à Antoine de s'écarter afin de laisser la stèle communiquer avec mes deux mains emplies de l'énergie divine d'Electhor. Après que les inscriptions de la stèle se soient illuminées, un grondement au cœur de la montagne se fit entendre. Puis, du bas de la stèle au sommet de la grotte, une ligne verticale de fracture lumineuse apparut. Un grondement se fit ensuite entendre dans la montagne, avant que la stèle comme le mur se sépare et se déplace dans un fracas assourdissant à gauche et à droite. Devant nous se trouvait à présent un passage obscur vers les entrailles de la montagne. Antoine, contrairement à moi qui voyais tout, ne comprenait pas ce qu'il se passait. Ce pauvre homme n'était pas préparé à vivre de telles aventures. Pour le rassurer, je lui demandai de s'accrocher à mon épaule. Une fois fermement attaché à moi, je m'engouffrai dans cet étrange passage qui venait d'apparaître. Où menait-il, je l'ignorais. Mais c'était de cet étroit chemin que dépendait notre salut, j'en étais persuadé. Arrivé à l'intérieur, la température chuta rapidement tandis que l'humidité n'arrangeait rien à l'affaire. J'entendais les gouttelettes d'eau ruisseler sur les murs de roche et de terre qui se trouvait de part et d'autre ainsi que tomber sur le sol noyé par près de vingt centimètres d'eau sur lequel je marchais. Le tout, ajouté au poids de cet Antoine baraqué que je portais sur mes épaules, me ralentissait terriblement. L'ambiance générale de l'endroit était assez inquiétante. J'entendais des bruits étranges un peu partout. La profondeur de l'eau au sol augmentait à mesure que je progressais, entravant encore plus une progression déjà laborieuse. A un moment, je finis par entendre un bruit étrange derrière moi, dans l'eau. Je me retournai : il n'y avait rien. Je repris ma route. Le bruit se rapprochait. Mon rythme cardiaque croissait à mesure que le bruit se rapprochait de moi. Je paniquais à présent, et tentais désespérément de courir plus vite que cette entité inconnue qui me poursuivait désormais. Mais tout cela était vain. D'un bond surpuissant, l'entité en question se révéla enfin en sautant au-dessus de nous afin d'atterrir devant nous, sur un rocher qui n'était pas noyé comme le reste du sol du passage souterrain. Je stoppai net : la créature et moi nous nous observions l'un et l'autre sans bouger. Elle avait un regard rouge de prédateur, une tête plate, un corps défendu par un exosquelette et deux immenses faux tranchantes à la place des bras. Cela ne faisait aucun doute, je me trouvais face à l'un des pires prédateurs qu'Arceus n'ait jamais engendré. Je me trouvais face à un kabutops. Et l'endroit devait être son repaire. J'étais fait. La créature se mit ensuite à me tourner autour avec curiosité. Elle semblait satisfaite de la double prise qu'elle venait de capturer. Il se mit ensuite à aiguiser ses griffes sur la paroi avec une violence extrême ainsi qu'à fendre l'air afin de me montrer sa puissance. J'étais terrifié. Après ce cérémonial, il se refocalisa finalement sur moi. Il sautillait juste devant moi, et faisait un saut à chaque fois que je faisais un pas en arrière. Comment une créature aussi ancienne pouvait s'être retrouvée ici ? Elle semblait affamée, et cela faisait aussi peu de doute que le fait que nous allions être son repas de la nuit. La bête leva ses lames au-dessus de nous, clairement décidée à en finir. C'est alors que, une fois de plus je fus sauvé. C'en devenait d'ailleurs tellement une habitude que j'en commençais vraiment à croire les discours du vieux xatu et des Destogorides : j'étais sous la protection des dieux. Jaillie de nulle part en effet, une musique figea net le meurtre que s'apprêtait à commettre le prédateur sur ma personne. Devant nous, des hommes vêtus d'un accoutrement pour le moins peu commun s'amenaient. Certains jouaient d'instruments de musiques, ce qui expliquait la présence de cette mélodie. Ensuite, le Kabutops se mit à danser. Oui, à danser : la musique semblait l'avoir ensorcelé. Il marchait en cadence, les lames et les jambes s'agitant à la manière d'un soldat. Une fois sa parade achevée, le Kabutops se mit à courir au loin tout en hurlant de son cri strident. Le groupe d'hommes se trouvait maintenant devant nous. Ils étaient tous vêtus de manière traditionnelle, avec un kimono, une coiffure orientalisante et des sandales en bois. Le plus vieux s'avança devant moi : il s'agissait d'un vieillard avec des cheveux blancs affublés d'un chignon, d'un kimono noir et blanc et d'une canne en bois richement ornée. Il ordonna aux musiciens qui l'accompagnaient de cesser de jouer. Puis, il me dit : - Que la musique est superbe n'est-ce pas, Elu ? Pardonne à notre Kabutops, c'est le Gardien du Sanctuaire d'Ol-Kargath. Nous le sous-alimentons afin qu'il soit beaucoup plus...motivé dans son travail.L'homme semblait assez givré si l'on en croyait le risque de dément qu'il laissa échapper juste après avoir terminé de parler. Puis, il continua en redevenant immédiatement sérieux : - Comme nos Maîtres sont imprudents de t'avoir laissé errer ici, sans but. Je vois que l'Illustre Arceus traite toujours aussi mal ses employés. Mais viens, tu ne vas tout de même pas rester ici comme un simularbre apeuré. La Matriarche te recevra comme il se doit, cela fait si longtemps que nous n'avons pas eu la compagnie d'un Emissaire des Dieux. Hihihi, et surtout détends-toi et apprécie la musique !La musique reprit ensuite de plus belle, et la troupe rebroussa ensuite chemin. Qui étaient ces gens, à commencer par ce vieillard aussi excentrique qu'inquiétant ? Après une brève hésitation, je me décidai toutefois à prendre en compte la suggestion du vieil homme. Antoine, de son côté, parvint enfin à ne plus dépendre de moi : la lumière était en effet revenue avec ces étranges personnages. Il n'y avait plus qu'à les suivre, eux, leur lumière et leur étrange musique. Le frère de feu Octave commençait vraiment à en avoir assez de toutes ces aventures, je le sentais même s'il se sentait obligé de respecter la promesse qu'il avait faite à son frère défunt de me suivre jusqu'à la mort. Je lui dis. Il allait falloir que je prenne le temps de lui parler, et cet endroit où nous conduisaient nos sauveurs pouvait s'avérer être l'occasion que j'attendais. Après un bon quart d'heure de marche, nous arrivâmes finalement au terme de notre route. Et cette destination était pour le moins étonnante, puisqu'il ne s'agissait de rien de moins qu'une ville immense située au cœur de la montagne. Son architecture était intégralement en pierre. A son arrivée, la troupe de musiciens fut accueillie en fanfare par le peuple qui était amassée dans les rues. Mais nous n'y faisions pas vraiment attention : l'architecture du lieu était splendide. Cette ville dans la montagne semblait ancienne. Après avoir fait le tour de la ville qui était structurée de manière circulaire, nos hôtes nous conduisirent vers le cœur de cette cité surréaliste : il s'agissait d'un immense temple en or massif située sur une île et bordée de quatre ponts qui enjambaient une rivière souterraine. En nous voyant arriver, les gardes de faction saluèrent le vieil homme qui m'avait parlé tantôt : - Ah, vous êtes de retour ? Parfait, la Matriarche vous attend !Le vieillard se contenta de sourire, avant de gravir l'escalier de marbre qui menait à l'entrée principale du temple. A l'intérieur, tout n'était que splendeur : sur les murs, des peintures colorées relataient des scènes mythologiques dans lesquels je reconnaissais clairement Giratina sur nombre d'entre elles. Au sol, un tapis de pourpre richement décoré menait de l'entrée que nous empruntions à un trône, au fond d'une immense salle de réception. Des foyers alimentés d'un feu rougeoyant étaient également disposés un peu partout. On se croyait vraiment dans une cité du passé, au cœur de l'âge d'or perdu des hommes. Nous étions finalement arrivés devant ce fameux trône en or. Une femme magnifique était assise dessus : elle avait des cheveux longs d'or, des yeux d'or et des vêtements d'or. Le vieil homme nous laissa en arrière afin de nous introduire à cette femme qui semblait être la souveraine de cette cité. Il accomplit d'abord la proskynèse puis, après que la souveraine l'ait autorisé à se relever, il lui dit : - Ô Matriarche d'entre toutes les Matriarches, vos visions ne vous avaient pas trompé. J'ai l'immense honneur de vous présenter celui que l'on nomme l'Elu des Douze. Celui qui doit rétablir l'équilibre du monde.La Matriarche m'indiqua alors d'un geste de doigt de m'approcher. J'étais pour le moins intimidé et mal à l'aise, mais j'obéis. Elle engage ensuite la discussion : - Ainsi c'est donc toi l'Elu...plutôt bel homme. Bienvenue à Ol-Kargath, trésor. Les gens de l'extérieur l'appellent la Cité Oubliée. Admire la gloire passée de Giratina qui transparait à travers nous ! Mais tu as dû vivre d'affreuses choses et surmonter d'immenses dangers jusqu'ici n'est-ce pas ?L'Aphrodite qui se faisait appeler la Matriarche s'était progressivement mise à me tourner autour et à me caresser avec sensualité. Que cherchait-elle à faire ? Elle continua, toujours sur le même ton doux et sirupeux : - Allons, n'aie crainte. Je ne suis pas ton ennemi : aie confiance en moi. Je ne suis pas comme les Douze qui donnent des missions aux mortels sans jamais les soutenir ni les récompenser. Tu pourras demeurer ici aussi souvent que tu le désireras pour reprendre des forces. J'ai vu que ton ami est épuisé lui aussi : laisse-le profiter des plaisirs de ma cité.
Vous pourrez reprendre votre voyage lorsque vous vous serez reposés. Je connais les chemins qui mènent au premier des trois Esprits Elémentaires. Mais cela t'obligera à traverser le Mont Argenté, cette montagne maudite où d'obscurs fantômes du passé errent sans but. Ils dévorent les infortunés qui osent traverser leur domaine.Je ne pus m'empêcher de l'interrompre : - Vous voulez dire que...le Mont Argenté est le repaire des Xort'Udur ?La Matriarche, un peu surprise ne tarda pas à reprendre son sourire inquiétant et un brin pervers : - Les Xort'Udur...C'est en effet ainsi que ceux de l'extérieur les appellent oui. Regarde, Elu ces peintures sur le plafond : elles décrivent la lutte acharnée que mena, aux origines du monde Giratina contre sa face sombre. Ce combat méconnu qui déchira le Dieu de la Mort en deux entités s'acheva ici, au sommet du Mont Argenté. C'est là que Darkrai naquit. Au cours des siècles, il prit possession du cœur de maints hommes. Certains de ces hommes avaient même fini leur existence là, au sommet de cette montagne maudite. Ils avaient fini par être incapables de dominer la corruption qui les rongea de l'intérieur. Elle avait fini par les détruire totalement, pour ne faire demeurer d'eux qu'une chose : la puissance.
Ce que je veux te faire comprendre c'est que tu ne pourras survivre à cette épreuve sans mon aide...et sans pokémons. Mais je ne fais pas les choses gratuitement, pour cela il faudra que tu me serves.Je lui répondis, intrigué : - Vous aider...Comment ça vous aider ?Amusée, la Matriarche dit alors : - Tu verras chéri, tu verras...Il y a bien des manières de satisfaire une femme seule depuis tant d'années. Mais l'heure n'est pas encore venue pour cela, rejoins ton ami et profite de ma cité.Elle se mit ensuite à rire aux éclats. C'était un rire malsain, presque pervers : un rire qui me terrifia d'ailleurs tellement que je me mis à courir vers l'extérieur du temple, rejoignant ainsi Octave. Les yeux de la Matriarche semblaient...inhumains. Oui, c'était ce qui caractérisait le mieux ses yeux. Et il ne faisait aucun doute que, comme le vieil homme qui m'avait sauvé la vie, elle était complètement folle. Mais contrairement au chef des musiciens, c'était une folie non pas douce mais furieuse. Je me méfiais d'elle : mais ce qu'elle me disait sur le Mont Argenté de conduire néanmoins à penser que je devais rester ici quelques temps ; ne serait-ce que pour en apprendre plus sur cette région dont j'ignorais absolument tout. V
Il existe deux voies La Voie de la Vertu La Voie du Vice
Les deux mènent au même résultat Seules les conséquences diffèrent Allais-je respecter les Dieux Ou succomber à la séduction du Vice ? Temple des Anciens Epitaphe du Prophète Datation : + 80
- Chapitre XII - Ombre et Lumière:
12 Octobre - 5 AM Narrateur : Inconnu Après mon arrivée à Ol-Kargath, les jours passèrent en se ressemblant. Antoine et moi profitions d'un repos bien mérité. Mais, au fur et à mesure que le temps passait, l'inactivité nous pesait de plus en plus. Nous sentions, paradoxalement, que nous nous affaiblissions à force de profiter de la douceur des plaisirs de la Cité Oubliée. Les bains publics, présents un peu partout dans la ville, ne nous reposaient pas : ils nous ramollissaient. Tous deux, sans vraiment savoir de quoi il en retournait vraiment, nous avions le sentiment de cette cité était dangereuse. Elle nous empêchait de continuer, alors même que j'avais des visions confuses toutes les nuits qui m'empêchaient de connaître le repos. Mais la Matriarche n'avait-elle pas dit que nous n'étions pas prêts à traverser les bas-fonds du Mont Argenté ? J'avais envie de reparler à ce succube, mais notre première confrontation m'avait terrorisé. Elle avait aussi terrorisé Antoine d'ailleurs, cette femme nous mettait mal à l'aise. C'était comme si elle souhaitait nous dévorer afin que plus rien ne subsiste de nous. Tous les soirs, nous gravissions le sommet du temple afin de contempler cette cité surnaturelle tout en réfléchissant. Ce soir-là, nous n'avions pas rompu notre habitude. Si j'en croyais la montre d'Antoine, nous étions désormais le 15 octobre : plus de six mois avaient passés sans que nous ne nous en rendions compte. Assis sur un mur de pierre, Antoine me dit : - Tu n'aimerais pas revoir la lumière du soleil toi aussi ? Ce serait bien si nous pouvions nous enfuir : je sens une terrible tension depuis notre arrivée. Le Mont Argenté est si près, j'ai déjà trouvé le passage qui y mène au cours de mes errances de ces derniers mois.Il avait raison : derrière le trône de la Matriarche, se trouvait un passage secret que l'on pouvait ouvrir en appuyant sur un renfoncement dans la roche. Mais cela impliquait de se confronter de nouveau à la maîtresse de ces lieux. Cette simple pensée nous terrifiait : lors de notre première rencontre, j'avais senti mon énergie se vider à mesure qu'elle me parlait. Elle cachait quelque chose, cela ne faisait aucun doute. Mais comment allions-nous faire ? Laissant errer son regard sur les bâtiments dorés de la ville, Antoine n'avait aucune réponse : et moi, encore moins. A un moment pourtant, je ressentis une présence non loin de nous. Cette présence se trouvait sur la gauche, adossé à un des arcs-boutants de cette tour qui s'avérait aussi être une église si l'on en croyait l'architecture plus travaillée que les autres bâtiments d'Ol-Kargath. Il s'agissait d'un homme immobile et dont le visage caché par un chapeau de paille. L'homme mystérieux nous avait entendus parler et venait juste de remettre son chapeau de paille sur sa tête avant de se relever. Puis, il se déplaça vers nous et s'assit à nos côtés. Il commença ensuite à parler, alors même que nous ne le connaissions ni d'Eve ni d'Adam : - Votre intuition ne vous trompe pas. Le chemin vers l'accomplissement de votre destinée se trouve bien derrière le trône de la Matriarche. Mais l'Elu est capable de la terrasser.Instantanément après, l'homme se dissipa au sens propre dans l'atmosphère comme du sable qui s'effrite. Qui était-il : avions-nous d'ailleurs rêvé ? Je commençais à vraiment en avoir assez de tous ces mystères, de toutes ces voix qui me parlent pour me conduire je ne sais où. Mais dans notre situation présente, une fois encore, je ne pouvais prendre le luxe d'ignorer ce qu'il nous avait dit. Il avait dit que j'étais capable de terrasser la Matriarche ? Je regardais mes deux mains d'or et baissa la tête. Le courage de vaincre mes peurs : voilà ce que m'avait fait perdre mon trop long séjour à Ol-Kargath. Ce séjour n'avait d'ailleurs que trop duré. Prenant tout mon courage, je me relevai et dit à Antoine qui était resté assis tout en ayant tourné la tête afin de me regarder : - Viens, Antoine. L'heure est venue de partir d'ici. Bientôt, tu retrouveras le royaume d'Ho-Oh !Antoine souriait : il devait sans doute jubiler intérieurement qu'enfin un peu d'action allait le sortir de cette torpeur dans laquelle il était plongé. Nous descendîmes d'abord l'escalier de la tour ouest du temple jusqu'à arriver dans la salle du trône de la Matriarche. La maîtresse des lieux était là, assise sur l'emblème de son pouvoir : elle semblait satisfaite de nous revoir. Elle se leva, puis se rapprocha de nous tout en parlant : - Ainsi, l'heure semble venue. Je me réjouis que tu sois revenu me voir mon chéri. Ainsi, tu vas pouvoir t'unir à moi et enfin je ne serais plus seule.Un rire malsain s'ensuivit ensuite. Elle se rapprocha ensuite de moi progressivement, à la manière d'un serpent se rapprochant de sa victime. A cet instant, je levai mes deux mains en face d'elle et lui répondit tout en concentrant mon essence vitale devant elle : - Recule, créature ! Tu ne nous feras rien et tu nous laisseras passer. Je t'ai percée à jour, tu ne cherches qu'à nous affaiblir afin de me ralentir dans l'accomplissement de la mission que m'a donnée celui qui commande les Douze, le Divin Arceus.La femme s'arrêta net, avant de se remettre à rire de manière toujours aussi malsaine. Puis, elle répondit à son tour : - Oh, je vois. C'est ainsi que tout cela doit se terminer ? Je voulais garder les formes pour que tu ne souffres pas trop mon chéri, mais puisque tu ne me laisse pas le choix je vais devoir te révéler ce que je suis déjà. Après tout, c'est bien le moindre honneur que je puisse te rendre avant que je ne t'absorbe. Mes frères ont échoué à de nombreuses reprises, mais il ne sera pas dit que la Reine des Xort'Udur sera vaincue par un simple mortel.A ses mots, la Matriarche se transforma. Ses vêtements explosèrent. Sa peau se noircit et son corps se gazéifia progressivement jusqu'à lui donner une apparence que je ne connaissais désormais que trop bien. La Matriarche était donc une Xort'Udur et m'avait menti depuis mon arrivée : elle n'avait jamais souhaitée m'aider, comme je le suspectais depuis le début. Elle ne souhaitait que me dévorer, s'unir à moi comme elle le disait avec ses mensonges. Mais contrairement aux autres Xort'Udur, celle-là était plus grande et plus anthropomorphiques que les autres. Sa taille avait décuplée en quelques secondes, passant de la taille d'une femme adulte à celle d'un titan. Le plafond du temple venait d'ailleurs d'être percé. Une fois que sa transformation fut achevée, elle dit finalement : - Voit et tremble, mortel ! Voit les apparences que tu voulais absolument détruire se déliter tout autour de toi.Elle se mit ensuite à émettre un hurlement terrifiant. C'était un hurlement pire que celui des trois émissaires d'Ho-Oh sur le monde des mortels. Immédiatement après, l'ensemble de la cité se dissipa comme du sable pour ne laisser la place qu'au véritable aspect de ce lieu. Tout n'était que ruines fumantes : des piliers effondrés jonchaient le sol de cette immense grotte au cœur de la montagne. Au centre de cet espace figurait un autel de pierre fissuré par le poids des siècles. Un Giratina était gravée à même la pierre sur le sol de cet autel. Partout autour de nous, le véritable aspect du temple ancestral dédié au culte de Giratina montrait sa véritable forme. Tout ce que nous avions touché, senti, vu et entendu depuis ces derniers mois n'avait été en fait qu'une immense illusion. Désormais ne demeurait de ce lieu que le néant et sa reine, la Matriarche Xort'Udur. La créature vociférait à présent, nous tournait autour comme un tentacruel tourne autour d'un baigneur imprudent. Je ne perdais pas mon calme néanmoins : car je savais que cette confrontation, les Douze l'avaient désirée. Pourtant, le combat était tellement inégal : comment la vaincre. Il ne faisait aucun doute que le pouvoir que m'avait conféré Electhor devait être l'unique moyen de détruire cette créature. Mais comment libérer ce pouvoir qui coulait dans mes veines ? Je me concentrais de toutes mes forces, canalisant tout ce que mon esprit contenait de puissance dans ces mains d'essence divine. J'avais confiance. Mais, hélas, rien ne se produisit : pire, mes mains d'or se brisèrent. Des éclats de lumière se dispersèrent un peu partout autour de moi. En voyant cette scène et tandis que je venais en cet instant de perdre tout espoir et volonté de combattre, la Matriarche se remit à rire de plus belle. Elle dit ensuite, tout en continuant à errer autour de nous : - Tu vois bien que les Dieux t'ont abandonné. Cesse de résister, tu es mien. Aucune lumière ne peut percer l'obscure noirceur qui t'entoure à présent. Ici s'achève ta vie, Elu. Et avec elle, le règne tout entier des Douze.Je m'effondrai au sol, laissant Antoine seul en hurlant de rage : - Pourquoi Electhor, pourquoi m'as-tu abandonné ?J'étais un lâche. J'étais un moins que rien : le sort du monde était désormais plié et les divinités du destin allaient briser le fil de la vie à tout jamais. Le désespoir avait maintenant pris possession de mon âme. Ce même désespoir dont se nourrissent de tout temps les esprits fantomatiques des Xort'Udur. Antoine était terrifié, je le sentais. Il me demandait de me relever. Il me demandait de combattre. Mais il ne comprenait que sans l'aide des Douze, combattre les serviteurs de Darkrai est vain. C'est alors qu'une voix se fit entendre. C'était la même voix que j'avais entendu peu avant l'orage qui nous avait rendus prisonniers de la montagne six mois plus tôt. Mais cette fois, je n'étais pas le seul à l'entendre. Non, Elu N'abandonne pas Car nous veillons sur toi L'instant d'après, un tremblement de terre puissant se fit entendre. Il déstabilisa Antoine qui me rejoignit au sol. Le séisme voyait son intensité s'accroître de minutes en minutes. Puis jaillit du sol trois immenses pokémons de métal. Ils avaient une mâchoire immense et un corps d'une longueur si grande que seulement une infime partie de celui-ci était émergé. C'était, à n'en pas douter, des steelix. Les pokémons s'enterrèrent ensuite de nouveau, avant de jaillir sur nous, la gueule ouverte. Ils nous avalèrent. Ensuite, ils s'attaquèrent à la Matriarche, attaquant l'esprit comme des taupes avec une rapidité déconcertante. Ils réapparaissaient, disparaissaient et frappaient chaque fois avec une précision chirurgicale la Xort'Udur. Finalement, ils parvinrent à la coincer sur une des parois : par une attaque combinée ensuite, les trois pokémons de métal lui assénèrent un coup de bélier avant de s'enterrer de nouveau. De l'intérieur de la bouche des Steelix, je voyais toute la scène à l'aide de mes pouvoirs extrasensoriels. Etrangement, malgré la puissance inimaginable de ces chocs successifs, nous ne subissions pas de contrecoups très marqués. Nous étions protégés en effet par plusieurs mètres de blindage aussi solide que le titane. On entendait simplement les coups de butoirs répétés sur les parois : les trois pokémons se déchaînaient. S'il ne l'avait pas entièrement détruite, le triple coup de bélier avait fait subir de lourds dommages à la Matriarche Xort'Udur. Il semblait en effet que, lors de sa transformation, cette créature avait gardé une certaine unité physique contrairement aux autres Xort'Udur. Elle était, en quelque sorte, semi-gazeuse : ni totalement physique, ni totalement dématérialisée. Elle n'était pas détruite, mais elle n'était pas indemne non plus. On peut penser qu'en absorbant le corps de cette femme, elle n'avait pas décidé de le détruire comme cela est généralement le cas lors du processus d'absorption mais plutôt de se l'approprier. Dans tous les cas, la Matriarche était mal en point. Suffoquant et tentant de se libérer de ce corps qui l'avait tellement affaibli, l'esprit damné sortit finalement du corps de son hôte pour prendre sa véritable forme de Xort'Udur. Hurlant de rage, elle vociféra : - Ah, soyez maudits. Tu as vraiment une chance insolente, Elu. Nous nous retrouverons au sommet du Mont Argenté, et cette fois-là tu périras comme tous les autres.La Matriarche affaiblie s'évapora ensuite de telle sorte qu'en un instant il ne resta du champ de bataille plus que des ruines encore plus en ruines qu'auparavant. Les Steelix placèrent ensuite leur immense crâne près du sol, ouvrirent leur gueule et nous permirent de redevenir maîtres de nos mouvements. Mais nous n'eurent pas le temps de reprendre notre souffle, qu'un quatrième Steelix apparut juste derrière moi ; ce qui ne manque pas d'ailleurs de nous faire sursauter. Ce pokémon ouvrit à son tour sa gueule, laissant sortir une pokéball et une sphère d'énergie lumineuse. La sphère d'énergie virevolta quelques instants autour de nous, avant de se placer devant moi et de parler d'une voix puissante et presque surnaturelle : Elu L'heure est grave L'équilibre du cosmos a été rompu Du Panthéon les Douze ont été bannis
Celui qui commande les Xort'Udur A pris le contrôle des Colonnes Lances Et a enfermé les Douze Dans les douze limbes du Monde Distorsion
Isolés de l'extérieur sont désormais les Douze Le chaos va désormais pouvoir se déchaîner Et rien n'empêche plus le Xort'Majora de se réveiller
Tu es l'espoir sur lequel repose le monde Le Glorieux Seigneur Arceus m'a envoyé ici Juste avant que les ténèbres ne le submergent Afin de te délivrer ce message et de t'aider Je n'en revenais pas. Cette voix qui m'avait parlé, c'était donc cet émissaire d'Arceus ? Et il m'apprenait que les Douze avaient été déchus et emprisonnés au même titre que le Banni ? Cela expliquait du coup pourquoi le pouvoir que m'avait conféré le Foudroyant n'avait pas fonctionné : privé de son pouvoir, il ne pouvait du coup plus en procurer à ceux qu'il avait sous sa protection. Mais ce qui m'intriguait le plus, c'était cette Pokéball. Je la pris dans mes mains et l'étudia sous toutes ses coutures. Aucune marque n'était inscrite dessus : ce n'était donc pas une Pokéball du Consortium. Ce n'était pas non plus un noigrume : qui pouvait bien l'avoir fabriquer ? Elle semblait très ancienne. La sphère bleue, quant à elle, avait délivré le message d'Arceus. Mais elle ne partit pas pour autant, elle changea simplement radicalement dans sa manière de parler. C'était comme si, libérée de sa mission, elle redevenait elle-même. Voyant ma curiosité pour cette Pokéball, elle me répondit : - Cette Pokéball est l'ultime aide que t'accorderont les Douze. Elle renferme le code génétique de Mew, autrement dit de tous les pokémons qu'Arceus a fait naître. Personne ne sait quel pokémon elle renferme, mais on dit que selon l'homme qui en fait l'acquisition son identité diffère. C'est Arceus lui-même qui l'a conçue.Ce que m'apprenait cette sphère parlante étrange ne faisait qu'attiser ma curiosité : une pokéball dont le contenu dépend de l'âme de son propriétaire ? Voilà qui était intriguant. Cela voulait dire que le pokémon que j'allais obtenir représentait en tout point ce que j'étais vraiment. Et, à vrai dire, je ne m'étais jamais interrogé sur moi-même. Ne vivre que pour le destin du monde n'incite en effet guère à l'introspection, il faut bien le dire. J'ouvris donc la Pokéball. Un éclat d'une lumière aveuglante en jaillit. Puis, après que la lumière se soit dissipée, le pokémon que les dieux venaient de m'accorder se révéla enfin. Il était petit mais robuste, doté d'une puissante armure de métal. Il avait de gros yeux bleus qui lui donnaient une allure assez mignonne ainsi que des tâches noires réparties un peu partout sur sa cuirasse. Ce pokémon était un des plus endurants qu'Arceus ait jamais crée. Ce pokémon, c'est galekid. Ce pokémon me représentait : il était mon emblème désormais. Voyant la scène, la sphère de lumière blanche me dit : - Un galekid...Voilà qui est intéressant. Il s'agit d'un pokémon dont la défense est la raison d'être. La défense de soi bien sûr, mais aussi la défense des autres. Il n'est pas mauvais, mais a besoin d'une nourriture constante pour bien prospérer. Cela doit vouloir dire que, de même qu'il est friand de minerai de fer, tu dois être friand de savoir. Je me trompe ?Il frappait dans le mille. En y réfléchissant, il est vrai que j'avais toujours été curieux de nature. Dès mon enfance, j'adorais entendre Xatu me livrer son savoir accumulé par des siècles de méditation et d'observation du monde extérieur. Je n'étais pas non plus quelqu'un de particulièrement agressif, et donc d'extraverti : je ne me sentais jamais mieux que seul ou en présence de personnes de confiance. Ce pokémon m'incarnait à merveille, et me permettait enfin d'avoir un véritable compagnon qui me comprenne mieux que quiconque. Je regardais mon pokémon. Il me regardait, en souriant bêtement. Puis nous rirent ensembles à l'unisson : c'était beau. Antoine aussi riait devant cette scène aussi cocasse que surréaliste au vu des évènements sombres qui se tramaient dans le domaine des dieux. Mais peu importait, ces quelques secondes de bonheur m'avaient redonné plus de force que six mois dans l'illusion de la Matriarche Xort'Udur. C'était peut-être cela le pouvoir, le seul véritable pouvoir des pokémons : communiquer leur force aux hommes qui savent les respecter et se faire estimer de ces créatures merveilleuses. C'était précisément là que mes contemporains se trompaient : rendus esclaves par leur égo démesuré, ils croyaient que la force des pokémons résidait avant tout dans leur puissance. Je me mis même à penser que c'était à cause de cette prétention à la domination universelle de l'Homme sur la nature que l'équilibre du monde venait à l'instant d'être rompu. Je n'en revenais pas moi-même à quel point la simple obtention d'un pokémon avait éveillé en moi une conscience nouvelle, issue de temps aujourd'hui révolus. Oui, je me sentais requinqué et plus fort que jamais en cet instant. Je me tournai vers la boule de lumière, désireux de la remercier. Mais qu'était-elle d'ailleurs ? Je lui posai la question, et le phénomène paranormal me répondit avec une voix douce : - Tu connais les Xort'Udur, ces esprits damnés qui errent sans but dans le monde en absorbant les âmes des mortels. Et bien, on pourrait que je suis l'exact opposé de ces entités. Je suis une Varne, un esprit dont l'âme a survécu à la mort et qui veille pour l'éternité sur les mortels. Depuis l'avènement des Xort'Udur, mes semblables ont été pourchassés jusqu'à ce qu'il ne reste que très peu des miens. Nous sommes d'ailleurs maintenant si peu qu'au cours de mon voyage pour te retrouver, je n'en ai rencontré aucune.L'histoire de cette Varne était tragique. Cela me donnait une autre raison de respecter le serment que j'avais prêté à xatu et aux Douze de mettre un terme au désordre croissant que causait la Lune Noire sur le monde des mortels et des immortels. J'étais prêt à repartir, mais avant de prendre le fameux passage qui menait au Mont Argenté je demande quelques informations à cette Varne qui avait décidée de m'accompagner : - Le Mont Argenté...Oui, ce sera une étape très difficile à franchir de ton voyage. C'est la montagne des Xort'Udur. Pour passage en Kanto et atteindre le plateau Indigo, tu devras accéder au sommet de la montagne. Là, près du tombeau du Roi des Rois t'attendra la Matriarche Xort'Udur. Tu devras t'attendre à de nombreux périls, mais tu as un avantage sur eux désormais. Ton pokémon et l'amour qui s'unit entre vous deux te permettra de résister aux créatures de la Lune Noire et à les forcer à prendre leur véritable apparence. Ce n'est qu'ainsi que tu pourras les vaincre.
Garde la foi, ne te laisse pas perturber par les esprits de la montagne et nous vaincrons.J'avais bien enregistré son message. Je demandais à Antoine s'il était prêt à reprendre le voyage. Il acquiesça avec nonchalance. L'ascension du Mont Argenté pouvait enfin commencer. Là m'attendait un adversaire redoutable pour une ultime confrontation au sommet.
Dernière édition par L'Illustre Aegir le Jeu 22 Mai - 23:48, édité 3 fois | |
| | | L'Illustre Aegir Membre
Messages : 38 Date d'inscription : 21/05/2014 Age : 32 Localisation : Stralsund, 1757
| Sujet: Chapitres XIII à XIV Jeu 22 Mai - 20:09 | |
| - Chapitre XIII - Puissance et Faiblesse:
12 Octobre - 5 AM Narrateur : Inconnu Après nous être remis de nos émotions, nous pouvions enfin repartir. Contrairement au chemin qui nous avait permis d'accéder aux ruines du temple de Giratina, celui menant vers la sortie ne nous posa aucun problème. Il s'agissait d'un simple souterrain avec un fort dénivelé, mais qui avait l'avantage d'être au sec ainsi que de ne pas être envahi par des pokémons dangereux. Quelques heures plus tard, nous atteignirent enfin la sortie. Antoine respira l'air frais et pur de la montagne, qui tranchait nettement avec l'odeur d'humidité des grottes que nous venions de quitter. Mon pokémon put se dégourdir les jambes tout en dévorant avidement une plaque de minerai de fer qui se trouvait sur le sol, non loin de l'entrée de la grotte. Il pleuvait abondamment en moins de cinq minutes j'étais déjà trempé de nouveau, mais nous n'en avions que faire : enfin la montagne nous avait libérés. Face à nous s'étendait une montagne immense. Elle était tellement immense qu'en regardant dans le ciel nous ne pouvions même pas apercevoir son sommet. La montagne était perpétuellement noyée sous un épais brouillard. Mais ce brouillard n'était pas naturel : il était noir comme la plus épaisse des nuits et la plus dense des encres d'hypotrempe. Au loin, des hurlements effrayants résonnaient dans l'horizon. Il ne faisait aucun doute que cette montagne, c'était la plus grande des montagnes de Johto : le Mont Argenté. Ce pic majestueux avait toujours été l'objet de mystères, emplis de crainte. On dit que c'est ici que le Roi des Rois a fini ses jours, consumé par le feu brûlant de la démesure. C'était un combattant hors du commun, dont la seule raison d'être fut toujours le combat. Tel Lugia, il finit par disparaître dans le lieu le plus enclavé de Johto sans plus jamais donner signe de lui. Légende ou réalité, personne n'en savait rien tout simplement parce que le nombre de personnes à avoir pu accéder au sommet du Mont Argent et en redescendre pour raconter ce qu'ils y avaient vu était rare. C'était d'ailleurs tellement rare que l'Histoire elle-même a fini par oublier le témoignage de ces rares aventuriers qui ont pu voir la dernière demeure du Roi des Rois. Mais nous devions gravir cette montagne hantée par le souvenir de ce roi maudit. Son nom d'humain lui-même, personne ne s'en souvient plus : ou personne ne souhaite plus s'en souvenir. Notre ascension commença donc. Très rapidement et à peine après avoir gravi les premiers mètres sur l'unique chemin de montagne qui menait jusqu'au sommet, le brouillard opaque nous entoura jusqu'à restreindre considérablement notre champ de vision. Antoine ne voyait à présent que difficilement au-delà de cinq mètres devant moi et la luminosité avait considérablement baissé. Je le pris solidement par la main afin de ne pas le perdre, tout en suivant mes sens pour me localiser. Mais à mesure que j'avançais, je sentais une présence m'épier. Pourtant, je ne parvenais pas à la localiser malgré mon aptitude à détecter la présence d'entités par la chaleur résiduelle qu'ils relâchent : cela voulait dire qu'elle n'était probablement pas vivante. Mais ce n'était pas non plus un Xort'Udur, car contrairement à ces créatures cette chose qui m'épiait de dégageait pas cette énergie malfaisante et oppressive si reconnaissable. D'ailleurs, ils ne m'attaquaient pas. Ils avaient beau se trouver à proximité, ils m'ignoraient en se contentant de poursuivre leur errance perpétuelle autour du Mont Argenté. Mais je sentais bien pourtant qu'ils étaient au courant de ma présence : qu'est-ce qui se tramait ici ? L'ascension se poursuivit ainsi pendant plusieurs heures : elle se fit avec prudence, mais sans danger réel qui puisse nous bloquer la route. Finalement, nous arrivâmes au sommet : le Mont Argenté avait-il usurpé sa réputation de tombeau de générations d'aventuriers ? Le sommet de la montagne était structuré par deux plaques de roche successives, de hauteur inégale et reliées par un escalier vieilli par les vents puissants qui soufflaient depuis des siècles sur le Mont Argenté. Soudainement, le brouillard obscur se dispersa nous donnant un panorama sans nulle pareille sur tout Johto et tout Kanto. A l'Ouest, on pouvait apercevoir au loin le Lac Colère d'où nous étions partis il y a six mois. Et à l'Est se trouvait notre destination : Kanto, dont l'entrée était bloquée par la Route Victoire et le Plateau Indigo. Devant nous, se trouvait une tombe. Tout en demandant à Antoine d'assurer mes arrières, je m'en rapprochai avec mon galekid. Sur le tombeau, une inscription était gravée : Ci-Git celui qui domina les hommes Comme le Mont Argenté domine la terre A cet instant, une immense tension s'abattit sur moi. Je m'écroulai sur le sol, incapable de me relever : c'était comme si la gravité s'était brusquement inversée. Puis mes sens se troublèrent : je sentais le sol se dérober sous mes mains. J'eus ensuite la sensation de chuter pendant une éternité, avant que finalement elle cesse. Devant moi, apparut ensuite de nulle part un vieil homme tout de blanc vêtu. Puis, un berceau juste entre lui et moi. La dernière apparition fut celle d'une femme au visage triste juste à droite du berceau. L'homme en blanc se mit à tourner autour du berceau. Puis, il s'arrêta pour me faire de nouveau face. Il dit : - Nous ne pouvons le garder. Il est trop dangereux.La femme répondit ensuite, regardant dans le vide comme le vieillard : - Tu ne peux pas faire ça ! C'est notre enfant.Le vieillard lui coupa ensuite sèchement la parole : - Les augures ont dit qu'il amènerait l'opprobre des Dieux sur notre famille ! Il doit être chassé loin d'ici. Confie-le à Palette, il saura quoi faire.Tout se troubla ensuite pour laisser la place à une autre vision. Cette fois-ci, je me trouvais de nouveau au sommet du Mont Argenté. Mais il n'y avait pas de tombeau. Seulement un jeune garçon au regard froid comme la glace, une pokéball dans la main gauche. Il portait une casquette qu'il ajustait tout en regardant vers moi. Un autre garçon jaillit ensuite de là où je me trouvais, pour se déplacer juste en bas de l'escalier tout en regardant à son tour le garçon à la casquette. Le second garçon dit : - Qui es-tu ?Le premier garçon ne répondit pas : - ...Il sortit ensuite de sa veste cinq autres pokéballs qu'il ouvrit, en plus de celle qu'il tenait dans sa main gauche. Six pokémons l'entouraient à présent : un pokémon électrique de petite taille avec une queue sous la forme d'un éclair, un pokémon volant de couleur orange qui crachait du feu, un pokémon bleu avec une carapace volumineuse et deux canons à eau sur le dos, un pokémon quadrupède totalement vert avec une immense fleur sur le dos, un pokémon aquatique avec quatre nageoires et une carapace sur le dos et enfin un immense pokémon qui dormait constamment. Dans le néant, derrière le premier garçon un rire démoniaque jaillit. Puis une entité sortit des ténèbres. Elle rampait lentement. Son corps était noir, violet et doré et infiniment long. Sa queue, noire et pourpre, était tranchante et laissait suinter un liquide pathogène. L'entité avait également des yeux rouges comme le sang ainsi que deux dents proéminentes de la même couleur. Ce serpent, ou plus exactement, ce seviper, me mit à encercler lentement les six pokémons ainsi que leur propriétaire muet tout en laissant sa tête surplomber l'ensemble afin de me regarder fixement. Le reptile continuait de rire, et finit par faire disparaître en poussière tout ce qu'elle venait d'étreindre. Antoine me réveilla de cette vision effrayante : - Réveille-toi !Je reprenais connaissance : Antoine m'avait posé sur une des parois de la montagne. A mesure que ma conscience reprenait le dessus, une vision d'effroi m'envahit : le seviper de ma vision était toujours là. Et il nous faisait face avec un regard empli de haine. La créature dit alors, avec un accent particulier qui lui faisait insister sur chaque S qu'elle prononçait tout en ajoutant là où il ne le fallait pas : - J'espère que tu as aimé ce petit spectacle. Ss ! Tu as vraiment de la chance que ton ami soit intervenu pour te protéger, sinon tu aurais fini comme Lui.Le serpent géant encerclait le tombeau d'où étaient parties toutes ces visions que je venais de vivre. Après quelques instants pour réfléchir à ce qu'il venait de m'arriver, je lui posai instinctivement une question : - Mais qui êtes-vous ?Le serpent se remit à rire en entendant cette question, avant de me répondre sur ce même ton fourchant : - Ah, cette question. Le dernier qui est venu ici a posé la même question : je crois bien qu'on l'appelait Gold. Ou bien je me trompe avec un autre...en tout cas les humains m'étonneront toujours à poser cette question idiote. Le seul à ne pas l'avoir posé repose dans cette tombe, mais il est tombé comme tous les autres.
Mais je suis la Matriarche bien sûr, tu ne te souviens pas de moi ? Je dois t'avouer que notre dernier affrontement m'a fait assez de dommages, suffisamment pour que tu m'oblige à quitter mon apparence spectrale. Mais rassure-toi, à défaut de dévorer ton âme je te dévorerais tout court. Et cette fois, tu n'auras personne pour te sauver. Mais avant de passer à table, je t'autorise à me poser une dernière question puisque tu as tout de même fait le voyage jusque dans mon assiette.Je regardais fixement cette tombe tout en écoutant la Matriarche parler toute seule. La question à poser avant cet ultime affrontement me semblait donc évident : - Qui repose dans cette tombe ?La Matriarche avait cessé de rire, et même de sourire. Elle me répondit donc froidement : - Le plus puissant de tous les mortels. Comme je te l'ai déjà dit, il est le seul à m'avoir résisté. La puissance de ses pokémons était telle, que je ne pus commander aux pokémons de la montagne de l'anéantir. Cet homme n'a pas de nom. C'est peut-être pour cela qu'il m'a résisté : il n'était pas suffisamment faible pour se glorifier d'un nom. Mais il me parait évident qu'il eut le sang des Destogorides en lui.
Pendant cinquante ans, il me résista. Pendant cinquante ans, il vécut ici en ermite. Mais pendant toutes ces années, isolé du monde extérieur, sa lucidité ne cessa de décliner. Il finit tellement rongé par l'absence d'un véritable concurrent à son pouvoir hors du commun, qu'il en finit par se croire le dieu des hommes. Il en perdit la raison, et je pus le ronger de l'intérieur en profitant de cette mégalomanie qui le détruisait chaque jour un peu plus. Mais son âme, jamais je n'ai pu l'absorber totalement. Dans un ultime effort de lucidité, il se refusa à moi et creusa sa propre tombe...avant de se suicider.
Appelez-le comme vous le voudrez, pour moi il sera toujours...le Roi des Rois. Car il faut bien être le Roi des hommes et le Maître absolu pour résister à la folie des Xort'Udur, et donc à sa propre folie. Tout le reste n'est que vanité dont mes semblables se nourrissent quotidiennement.Après que la Matriarche se soit tue, un profond silence emplit les alentours. C'était le silence de la mort et du recueillement. Même l'apogée du Mal et de l'antithèse de la morale que constituait la reine des Xort'Udur admirait cet homme tombé il y a des siècles de cela. Cela voulait bien dire ce que cela voulait dire. Et puis, les réalités reprirent le dessus sur la nostalgie. La Matriarche se refit menaçante et dit : - Mais personne n'aura plus jamais l'honneur de ne serait-ce qu'esquisser le rêve fou d'égaler le Roi des Rois. Et certainement pas toi, Elu : la Lune Noire m'a ordonné de t'anéantir et je compte bien le faire. Oh bien sûr, cette fois ce sera un combat à la loyale : je n'ai plus les moyens de te tourmenter comme avant. Un combat à l'ancienne, comme je suis persuadée qu'il aurait aimé que cela soit. Mais ne me sous-estime pas : ce sera un combat à mort et il serait fou qu'un mortel parvienne à terrasser la servante la plus fidèle de la Lune Noire.La confrontation tant attendue débuta enfin. Du sommet du Mont Argenté, le destin allait décider qui de nous deux allait périr. La Matriarche me fit face, faisant claquer sa queue empoisonnée à la manière d'un fouet. Antoine sortit son airmure de sa pokéball afin d'équilibrer le rapport de force en profitant de cet environnement favorable aux pokémons oiseaux. La Xort'Udur était mécontente : - Comment ? Vous m'apprenez qu'un des enfants perfides de cet idiot de Registeel est avec vous ? Ah, quand je reverrais la Lune Noire j'exigerais que tous ses enfants soient pourchassés et torturés pour l'éternité par mes serviteurs. Très bien, puisque vous souhaitez jouer ainsi, je le ferais aussi à ma manière.Tandis qu'airmure faisait des tours autour du seviper géant, la Matriarche tripla de volume aussi bien en taille qu'en poids jusqu'à faire s'effondrer une partie de la montagne en contrebas. Elle se mit ensuite à hurler et à attaquer notre véhicule vivant en utilisant sa queue et ses crocs comme une lance, en étirant son corps rapidement de manière à pouvoir arriver au contact. Nous esquivions tant bien que mal, mais la précision de la Xort'Udur était redoutable. Afin de nous mettre en sécurité le temps de trouver une stratégie, Antoine ordonna à son pokémon de prendre de l'altitude afin d'être hors de portée. Puis, il me dit : - Nous ne pouvons pas tout simplement lui échapper en volant droit vers Kanto ? Ce monstre a l'air affreusement puissant et a déjà manqué de tuer sur le coup airmure plusieurs fois, et nous avec.Ce n'était pas idiot, mais je ne pouvais m'y résoudre : - C'est vrai, nous pourrions nous enfuir comme des lâches et refuser le combat. Nous pourrions faire comme les Destogorides, qui ont toujours refusé d'affronter leurs propres faiblesses en face et les Xort'Udur. Nous pourrions faire la politique de l'autruche et faire comme s'il ne s'était rien passé ici. Mais des générations entières de jeunes gens sont mortes ici, Antoine. Le plus puissant d'entre eux lui-même a été détruit par les Xort'Udur. Nous avons la possibilité, ici et maintenant, de mettre durablement à mal l'emprise de la Lune Noire sur Johto et Kanto en détruisant la Matriarche. Fuir détruirait tout ce que nous avons entrepris jusqu'ici.Antoine sourit, avant de répondre : - Tu es si altruiste. Octave ne s'était pas trompé à ton sujet. Très bien, mais que faisons-nous ? Tu n'as qu'un petit pokémon et airmure n'est pas armé pour une cible aussi grosse.Je réfléchis quelques instants : il était vrai que le combat semblait désespéré. Face à nous, un serpent de plusieurs dizaines de mètres nous faisait face. Et nous n'avions qu'un pokémon oiseau plus agile et endurant que puissant ainsi qu'un petit pokémon certes adorable mais qui venait à peine de faire sa première expérience du monde. C'était, au sens propre, le combat de David contre Goliath. Et c'est pourquoi j'avais une idée : - Sa force est aussi sa plus grande faiblesse. La Matriarche a une puissance brute incommensurable, tu as raison. On ne peut opposer la force à la force. Mais on peut la conduire à mal utiliser son pouvoir et le retourner contre lui-même. Si airmure parvenait à lui crever les yeux comme le font les roucarnage sur leurs proies, sa dangerosité serait considérablement amoindrie.Antoine ne s'opposa pas à mon plan : de toute façon, nous n'en avions pas d'autres. L'idée était périlleuse, il fallait parvenir à esquiver toutes les attaques de la Matriarche jusqu'à arriver devant ses yeux et les crever. Mais si nous y parvenions, la victoire nous était presque acquise. Airmure effectua donc sa tentative d'approche. Nous voyant nous rapprocher, la Matriarche hurla dans sa folie furieuse : - Ah vous êtes de retour. Bande de fous, vous auriez mieux fait de fuir pendant que vous en aviez encore l'opportunité. Maintenant, tout espoir est vain.Le début de la marche d'approche était un succès : le pokémon airmure fonçait à vive allure vers les yeux du serpent titanesque tout en esquivant les coups de queue que lui assénait la Matriarche. Nous nous trouvions à présent à seulement quelques centimètres de ses yeux. Le bec d'airmure était pointé vers un des yeux de la créature : il parvint finalement au contact. L'œil gauche de notre ennemi dégoulinait à présent d'hémoglobine. La créature hurlait à présent de douleur, gesticulant dans tous les sens. Ce que mon plan avait omis en revanche, c'était comment se dégager d'ici une fois que la Matriarche était touchée. Sans contrôle de ses mouvements, le serpent était paradoxalement devenu bien plus dangereux qu'avant car imprévisible. Nous tentions de nous éloigner. C'est alors que, au moment même où nous allions enfin être hors de portée, un coup de queue perdu toucha de plein fouet le corps d'airmure qui s'effondra sur le sol de la montagne. Grièvement blessé, il perdit connaissance et nous de même. Lorsque je repris connaissance, les deux pokémons ainsi qu'Antoine étaient toujours inconscients. La Matriarche s'apprêtait à nous dévorer : elle me faisait face, à seulement quelques centimètres de moi. Terrorisé face à cette vue d'horreur que j'avais devant moi, je n'avais aucun moyen de me défendre. La Matriarche éborgnée me dit : - Cette fois c'en est fini misérable petite chose. Plus rien ne m'empêchera de mettre fin à tes jours et de me régaler.C'en était fini désormais : je le croyais sincèrement. Qui aurait pu m'aider dans un lieu aussi reculé de tout ? Cela ne pouvait être un pokémon, tous servaient la Matriarche. Cela ne pouvait être un homme, tous avaient été détruits. Mais le destin n'obéit pas à ce qui est plausible. Et ce qui n'aurait jamais dû arriver, arriva. La tombe du Roi des Rois, devant laquelle se trouvait l'ignoble Matriarche, s'ouvrit. La dalle qui avait scellait pendant des siècles ce tombeau tomba par terre dans un fracas qui surprit la Matriarche elle-même. Elle se détourna de moi pour regarder ce que je regardais et dit, bouche bée : - Qu'est-ce que...Une main squelettique en jaillit. Une seconde la suivit ensuite. Puis ce fut le tour d'une jambe, d'une seconde jambe et c'est enfin tout le contenu de la tombe qui se révéla à nous. C'était un squelette avec six pokéballs squelettiques attachées à une ceinture blanche qui fit figure de bras du destin. Le mort revenu à la vie sortit de sa tombe et se plaça devant les escaliers. Elle était placée exactement au même endroit que dans ma vision où se faisaient face les deux garçons. La Matriarche était pétrifiée, elle dit au squelette : - Qui es-tu ?Le squelette ne bougea pas. - ...La Puissance. Et toi, tu n'es que Faiblesse.Sans faire le moindre geste, les six pokéballs s'ouvrirent comme par magie. Mais ce n'était pas des pokémons qui se trouvaient à l'intérieur. Non, ce qui en jaillit c'était l'essence vitale de la puissance des six pokémons que j'avais vu dans ma vision. Toutes déchargeaient leur puissance simultanément sur la Matriarche. La première pokéball contenait une énergie électrique si aveuglante que même le soleil semblait être la plus obscure des nuits en comparaison. La seconde pokéball contenait un feu si brûlant que même le Mont Chimnée en éruption n'était que glace. La troisième pokéball contenait une eau à la concentration si élevée qu'elle broya les muscles de la Matriarche en un instant. La quatrième pokéball contenait des feuilles plus tranchantes que le verre le plus pur et sectionna net plusieurs parties du corps du serpent, qui faisait pourtant plus de cinq mètres d'épaisseur. La cinquième pokéball contenait la puissance de cent mackogneur et propulsa la Xort'Udur sur ce qu'il restait des parois de la montagne. La sixième pokéball, enfin, contenait une énergie vitale si puissante qu'elle nous guérit instantanément de toutes nos blessures tout en réveillant Antoine et nos deux pokémons. Je n'en revenais pas. En un instant, la Matriarche avait été vaincue et anéantie. Son sang, noir comme son âme, s'écoulait de ses innombrables plaies. Elle agonisait. Dans un ultime mouvement, elle regarda le squelette qui s'était entretemps approché d'elle pour lui dire : - Je...comprends. Tu es donc...si puissant que cela. La mort...n'est qu'une étape. La Lune Noire...enfin je vais pouvoir la rejoindre.L'essence vitale de ce qui fut la Matriarche des Xort'Udur s'échappa ensuite de son corps sous la forme d'un gaz noir et se déplaça comme une traîné de fumée loin vers le sud. Puis le squelette se rapprocha de moi et me regarda. Je le regardai aussi, dans un mélange de terreur et de remerciement. Il dit : - Ainsi l'heure est enfin venue. Nous nous retrouverons.Le squelette disparut ensuite lui aussi dans l'atmosphère, nous laissant seul face à un Mont Argenté ravagé par le combat qui venait de s'achever. La Matriarche était détruite, et avec elle le pouvoir des Xort'Udur s'en trouvait considérablement affaibli. C'était donc lui le Roi des Rois. La route vers Kanto était désormais libre.
- Chapitre XIV - Mourir pour Prométhée:
21 Octobre - 5 AM Narrateur : Inconnu Le Mont Argenté était enfin libéré de son bourreau. Plus rien ne s'opposait à notre entrée dans la province de Kanto à présent : la disparition de la Matriarche avait en effet fait disparaître en même temps tous les Xort'Udur qui gravitaient autour de la montagne. Johto devait donc être un peu sûre désormais, et cela ne pouvait qu'affaiblir le pouvoir du Consortium. J'ignorais encore à cette époque quel était exactement la nature du lien qui unissait la Lune Noire avec ce pouvoir du monde terrestre, mais la malfaisance qui se dégageait de ces deux entités ne laissaient aucun doute quant à l'existence de ce lien. Je devais donc me contenter de suppositions abstraites. Toujours était-il que, transporté par l'airmure d'Antoine, nous entrèrent rapidement en Kanto. Au-delà du Mont Argenté, la première chose qui s'offrait au voyageur était un immense palais noir en obsidienne sur l'emplacement du Plateau Indigo. C'était le trait caractéristique de l'architecture du Consortium : il se dégageait de l'endroit un mélange de puissance et de froideur. Comme il semblait loin le temps du Palais Blanc des Destogorides, que l'on appelait alors encore la Ligue Pokémon. Aujourd'hui, ce temps était hélas révolu. Je me demandais d'ailleurs bien ce qui avait pu se passer ici depuis le début de l'année pour qu'un lieu aussi important subisse une mutation aussi marquée. Voletant autour de nous dans un halo lumineux, la Varne lut dans mes pensées et me répondit : - Le Maître a été tué par un des Directeurs du Consortium. Son corps a ensuite été vidé et combiné avec un androïde pour que la population ne se rende compte de rien. Oui, telles sont les pratiques du Consortium.Antoine et moi étions horrifiés. Antoine s'exclama de terreur : - Mais...c'est horrible. Qui est le monstre qui a pu faire une chose pareille au père d'Octave ?La Varne répondit ensuite : - On le nomme Rudolph Estenia. C'est le Directeur Scientifique du Consortium ainsi qu'un homme aussi cruel qu'intelligent. Quiconque s'oppose au Consortium finit toujours tôt ou tard par croiser sa route, et rares sont ceux ayant réussi à lui survivre. Ainsi, le dernier Maître s'avérait aussi être le père d'Octave. Voilà qui n'allait pas arranger le désir de vengeance d'Antoine. J'essayais de le calmer, mais à l'aune de ces informations il devint soudainement comme fou de rage. Il demande sèchement à la boule lumineuse : - Où peut-on le trouver ?La Varne répondit alors : - Au Plateau Indigo, au cœur du Palais Noir. Il y a déporté tout son laboratoire il y a quelques mois, peu après que la Lune Noire ait exilé les Douze. Mais n'y allez pas, cela ne causera que votre perte.Antoine ignora cette dernière phrase, et fit dévier brusquement son airmure de la trajectoire que nous suivions jusqu'à présent. Au lieu de poursuivre notre route vers Carmin sur Mer, l'oiseau se dirigeait à présent vers le nord. J'essayais de raisonner Antoine : - Antoine, écoute-moi. Je sais que c'est difficile pour toi, mais nous devons continuer notre route. Ta quête de vengeance ne doit pas mettre en péril l'avenir du monde. Nous devons aller à Carmin sur Mer.Mais Antoine ne revenait pas à la raison. Pire, en arrivant en face du Palais Noir il se rapprocha du sol et m'expulsa de l'arrière-train de l'oiseau. Avant de nous laisser seuls moi, mon pokémon ainsi que la Varne, il nous dit ces ultimes mots tandis qu'une haine indicible s'exprimait sur son visage : - Tu ne peux pas comprendre. Je dois respecter le serment de mon frère, mais encore plus je dois le venger. Rudolph Estenia doit payer pour ses crimes.Puis il s'envola en direction de l'intérieur du Palais Noir et disparut dans les ténèbres. J'étais à présent seul, une nouvelle fois : le compagnon de route avec qui j'avais vécu tant d'épreuves m'avait abandonné. Je regardais la Lune : elle au moins brillait toujours et ne faillissait pas à sa tâche. Que les humains étaient faibles : c'était une fois de plus dans la solitude que je trouvais le réconfort. La seule lumière qui brillait encore en ce bas monde était ce halo lumineux avec une voie féminine ainsi que les yeux bleus de mon galekid. Tout le reste n'était qu'hostilité. Et pourtant, malgré la trahison d'Antoine j'avais envie de l'aider. Et même au-delà de cela, quelque chose m'attirait à l'intérieur de l'obscure forteresse : quelque chose d'ancien. Tandis que je fixais l'immense portail d'entrée du bâtiment, la Varne dit : - C'était prévisible. Rongé par le désir de vengeance, il ne pouvait demeurer éternellement à tes côtés. A présent, il est perdu : viens, reprenons notre route. L'endroit est dangereux, je ressens une présence se rapprocher de nous.Mais je ne réagissais pas : j'étais comme absent. Je marchais lentement vers l'entrée, comme du métal attiré par un magneti. La Varne me demanda plusieurs fois de repartir au sud, chaque fois avec un peu plus d'insistance et d'inquiétude. Finalement, la présence dont l'esprit parlait apparut : c'était un abra. L'abra nous emprisonna tous les trois dans trois sphères psychiques de couleur violette, avant de réunir les sphères en une seule plus volumineuse. Puis, le pokémon se métamorphosa en un homme de petite taille au visage et au corps caché par un imposant exosquelette noir sur lequel se trouvaient des circuits rougeoyants véhiculant une énergie mystérieuse. Celui qui était désormais notre geôlier nous fit ensuite face pour nous parler sur un ton psychotique : - Enfin je vous retrouve petits chenapans. Cela fait six mois que je te cherche, Elu. Et on peut dire que tu m'auras fait courir : mais tu es fait comme un rat désormais.Après avoir hoché la tête brièvement en direction du Palais Noir avant de nous refaire face, il continua ensuite : - Oh, tu t'inquiètes pour ton ami ? Allons, n'aie pas peur : tu vas très bientôt le rejoindre. Mon Seigneur sera ravi d'être ton hôte.Il se mit ensuite à rire de folie puis à hurler de souffrance. Il mit ses mains sur son masque, tentant de le retirer de toutes ses forces tout en parlant tout seul : - Non, laisse-moi sortir ! Je ne leur veux aucun mal.Un hurlement plus puissant que les autres s'ensuivit ensuite, déchirant la nuit. Puis, la voix psychotique se refit entendre : - Il est agaçant à gémir tout le temps, tu ne trouves pas Elu ? Désolé de t'avoir fait attendre, je sais que tu es impatient de rejoindre ton ami. Le temps d'ouvrir les portes du Paradis, et ce sera chose faite.L'homme masqué rit alors aux éclats, ravagé visiblement par la folie. Puis, il projeta ses bras avec les mains ouvertes en direction du portail avant d'émettre une puissante vague télékinétique qui ouvrit avec violence l'entrée du Palais Noir. Dans le même temps, le médium déplaça la sphère psychique dans laquelle nous étions enfermés devant lui et avança vers l'intérieur de la forteresse. La cour centrale du fort était composée en cercles autour de laquelle se trouvaient des baraquements sur les flancs du complexe et une immense tour au centre. Des gardes se trouvaient un peu partout, et avaient tous subi des mutations génétiques plus ou moins poussées avec des pokémons : certains avaient un corps de ponyta et une tête d'humain, d'autres un cou démesurément long ainsi qu'une collerette à l'arrière qui les faisaient ressembler à des arbok humains. Tous étaient totalement horribles, immondes et abjectes : l'endroit me terrifiait. Voyant la terreur sur mon visage, l'homme masqué sourit avant de se rapprocher de moi et de dire : - Tu n'es pas content de rencontrer tes nouveaux amis ? Allons, tu ne tarderas pas à ressembler à eux.Après un nouveau rire dément, l'homme activa par télékinésie un bouton se trouvant sur la base de la tour. Instantanément, une trappe circulaire et métallique s'ouvrit sur le sol. Notre geôlier nous y fit tomber dedans. Après plusieurs minutes de chute durant laquelle la sphère psychique se désagrégea progressivement, nous atterrirent sur une table d'opération immaculée de sang. Je me relevai, prit mon pokémon sur l'épaule et fit le tour du propriétaire : la pièce dans laquelle nous étions était petite. On y sortait par une unique porte qui était blindée, tandis que sur tous les murs étaient adossées des tables de travail remplies d'instruments et de liquides étranges. Il y avait notamment une incroyable quantité de fioles accrochées au-dessus d'une de ces tables. En lisant l'étiquette d'une d'entre elles, je pus lire : Génotype d'insécateur Immédiatement après, la porte blindée s'ouvrit. C'est là qu'apparut un homme en blouse blanche, aux yeux bleus cachés par des lunettes et des cheveux longs. Il avait des prothèses métalliques sur tout le corps : son cou était en acier, ainsi que ses mains et ses pieds. En marchant, il faisait un bruit similaire à celui d'un robot. L'homme enleva ses lunettes pour nous regarder. Son regard était effrayant de perversion et d'avidité. J'avais vraiment l'impression qu'il était prêt à me tuer dans l'instant. Il fit ensuite quelques pas afin de nous forcer à reculer, puis se mit à parler sur un ton froid et cynique : - Enfin. Enfin je t'ai devant moi, Elu. N'aie crainte, tu es un spécimen trop précieux pour que je prenne le risque de t'abîmer pour le moment. Je suis Rudolph Estenia, le maître de ces lieux. Suis-moi, j'ai beaucoup de choses à te dire.Je n'avais pas vraiment d'autre choix que de lui obéir : il pouvait m'anéantir à tout moment, j'en avais la certitude. Je le suivis donc. En sortant de la pièce, j'atterris dans une immense salle où étaient disposées plusieurs rangées de modules de stase dans lesquels se trouvaient des humains, des pokémons, des embryons et toutes sortes de chimères qui ne pouvaient sortir que de l'esprit dérangé d'un savant fou. Les murs comme le sol étaient jonchés de squelettes en décomposition, de cadavres et de sang encore humide. Le responsable de cet endroit sordide, tout en s'assurant que je le suivais d'assez près, continua ensuite : - J'espère que Xerxès ne t'a pas trop effrayé en venant ici. Il est vrai que malgré le Masque de Contrôle, son ancienne identité a quelques résurgences. Mais peu importe : enfin, tu es venu à moi comme je l'avais prévu. Et ton Antoine a parfaitement joué son rôle...Je ne comprenais pas. De quoi parlait-il ? J'interrompis donc courageusement Estenia, en lui demandant sur un ton de colère et d'incompréhension : - Que voulez-vous dire ? Antoine n'a jamais été à votre service, c'est un Destogoride.Le professeur sourit, avant de me répondre : - Ah, ce que tu es naïf mon pauvre enfant. Antoine a été à mon service depuis la première fois que tu l'as rencontré : c'est moi qui lui ai ordonné de venir à ta rencontre. Je t'étonnerai peut-être en t'apprenant que c'est lui-même qui a tué son cher frère Octave de ses propres mains ? Il a été ma chose depuis le début. D'ailleurs, regarde-le ton cher ami Antoine. Regarde ce qu'il est réellement !A cet instant, l'index du savant fou pointa vers un des recoins de la salle d'expérience. Là se trouvait Antoine, assis à quatre pattes comme un bébé en train de parler avec le robot qui fut autrefois le père d'Octave. Il semblait totalement idiot, bien loin de l'image qu'il avait donné de lui jusqu'ici. Il touchait l'androïde désactivé avec ses mains, tout en lui parlant comme à lui-même : - Papa, quand est-ce que j'aurais mon premier pokémon ? Dit Papa, pourquoi t'as pas confiance en moi ? Je serais Maître Pokémon !Je n'en revenais pas. Je criais à Antoine : - Antoine, reviens à la raison ! Que fais-tu ? As-tu oublié ton serment ?Mais il ne me répondit pas. Et, tandis qu'il continuait à parler tout seul comme un enfant de huit ans, le professeur Estenia se mit à rire avant de continuer à me parler : - Tu perds ton temps, je l'ai trépané afin de lui ôter son cerveau d'adulte pour le remplacer par celui de l'enfant d'un de mes cobayes. Que la Science est amusante, n'est-ce pas ? Bref, maintenant je pense que tu te rends compte de ta situation. Personne ne t'a jamais aidé, toutes tes actions y compris ton combat contre la Matriarche n'ont été permises que parce que je le voulais. Et maintenant, tu es mien. Grâce à toi, mon rêve va pouvoir s'accomplir.
Tu seras l'outil du renouveau de l'Humanité, qui permettra l'émergence d'un monde de perfection débarrassé de la faiblesse des hommes et de l'indiscipline des pokémons. Un monde de machines, sans cet infernal facteur de faiblesse qu'on appelle émotion. Un monde de Raison tourné vers le progrès.Désabusé, je ne voyais pas l'utilité de m'opposer à lui. Son discours technocratique me révoltait, mais que pouvais-je faire ? Lui envoyer mon pokémon qu'il pouvait détruire en un instant ? Non, je me contentai de temporiser en lui demandant ce qu'il attendait de moi. - Enfin, te voilà raisonnable. Voit cette stase qui se trouve sur ta gauche : elle renferme mon plus grand projet. Le projet du fondateur de la Team Rocket. Faire renaître Mewtwo, mais en le rendant contrôlable et discipliné. L'échec du premier Projet Mewtwo résidait dans le fait qu'il se reposait trop sur les forces intrinsèques des pokémons. Giovanni était un fin politique, mais un scientifique médiocre comme tous les siens. La Force ne peut être maîtrisée que si on lui ôte toute part de libre-arbitre, de conscience et d'instinct.
C'est là où tu interviens. Car contrairement à tous tes semblables, tu as toujours refoulé ton égo. Certes, c'était au profit d'une cause que tu jugeais supérieure mais là n'est pas l'essentiel : tu es le seul humain suffisamment stoïcien et discipliné pour pouvoir servir de matrice au génotype de Mewtwo. Puis, une fois que la fusion génétique sera complète de manière à ce que la puissance de Mewtwo soit associée avec ton absence de conscience propre qui pourrait conduire l'esprit à se rebeller contre le corps, j'intègrerais ce génome en moi et ainsi plus personne ne pourra plus s'opposer au règne de la Science sur la terre. Un monde de progrès continu sans morale pour s'y opposer...voilà quel doit être l'avenir du monde. Les prétendus Dieux, à commencer par la Lune Noire, s'écrouleront devant moi et le monde connaîtra un nouvel âge d'or.En entendant le projet fou de Rudolph Estenia, je reculai sans même le vouloir, terrifié. Il voulait que, comme Antoine avant lui, je lui serve à accomplir ses bas desseins. Le savant était totalement mégalomane, comme si des années de frustration envers le monde des hommes venaient de s'exprimer. Mais quelque chose d'autre m'intriguait : il avait dit que la Lune Noire se soumettrait à lui. Pourtant, Estenia n'était-il pas du Consortium et donc lié de plus ou moins près à ce sinistre projet de ressusciter le Xort'Majora ? Tout en m'éloignant de lui, je lui posai cette question. Il me répondit alors : - Non, je ne suis pas un de ces laquais de la Lune Noire. Je vois bien plus haut que d'être la chose d'un spectre ténébreux qui fait pleurer les petites filles durant la nuit. Ceci dit, tu as raison sur un point : oui, le Consortium n'a d'autre but que d'obéir aux volontés de la Lune Noire. Et donc oui, il veut ressusciter le Xort'Majora. Il a déjà commencé à le faire. Et c'est aussi pour cela que tu dois t'unir à Mewtwo et à moi : car je suis le seul à même d'empêcher le monde de courir à sa perte.
Que crois-tu pouvoir faire seul, Elu ? Crois-tu vraiment que le réveil de la Lune Blanche parviendra à empêcher le réveil du Xort'Majora ? La Lune Blanche parviendra certainement à affaiblir la Lune Noire, mais pas à empêcher le destin de s'accomplir. Sait-tu réellement ce qu'est le Xort'Majora ? J'en doute : comme tout le monde après tout tu dois t'en faire une idée très floue. J'ai étudié le sujet pendant des années, et je vais te révéler ce que cette chose est réellement. Il s'agit d'un pokémon venu du fond des âges, antérieur à la création du monde. Lorsque Groudon créa la terre, il l'a fait à partir d'un noyau : ce noyau, c'est le Xort'Majora que l'on appelle aussi Kyurem, l'Etre du Néant. Si Kyurem est réveillé, le Néant qui l'habite plongera le monde dans un froid tel que toute forme de vie sur terre disparaîtra instantanément. Ce sera la fin du monde.Face à tant d'informations, je fus pris d'un malaise. Après avoir repris mes esprits, je me relevai tout en réfléchissant devant le scientifique qui commençait à s'impatienter. Ainsi donc, Rudolph Estenia malgré tout son pouvoir était une sorte d'ennemi de l'intérieur du Consortium ? Paradoxalement, et malgré la folie vaniteuse qui était la sienne, le savant avait raison. Que pouvais-je faire, seul face à un empire doté de moyens énormes et un pokémon à la puissance démesurée ? Je devais m'allier à lui malgré la haine que je lui vouais pour avoir fait subir tant d'horreurs à tant de gens. Mais allais-je faire le bon choix ? J'étais rongé par un dilemme insoluble : qui avait raison ? Mon vieux maître xatu ou le génie subversif du Consortium ? Deux chemins s'offraient à moi au fond à moi. Je pouvais mourir par loyauté aux Douze en refusant de me soumettre à Rudolph Estenia. Ou bien je pouvais mourir comme le souhaitait le scientifique, mais en ayant une chance beaucoup plus élevée de sauver le monde de la dévastation. Finalement, ce fut le second choix qui l'emporta. Je dis donc au professeur Estenia : - Très bien, je me soumets à vous. Faites de moi ce que vous voulez, vous m'avez convaincu. De toute façon, tout ce que j'ai fait jusqu'à présent n'a été permis que parce que le destin a voulu que je ne meure pas. Si mon heure est venue, et bien ainsi soit-il.L'homme à la blouse blanche fut alors pris de surprise. Il avait depuis le début de la conversation les mains fermement accrochées à ses poches intérieures, comme s'il était prêt à m'attaquer et s'attendait à ce que je lui résiste. Pour la première fois, il abandonna son sourire pervers d'amateur d'empirisme immoral pour un sourire neutre et presque compatissant. Il sortit ses mains métalliques de ses poches, se rapprocha de moi et les mis sur mes épaules tandis que j'avais baissé la tête en signe de soumission. Puis, il me dit doucement : - Tu as fait le bon choix. Grâce à ton sacrifice, tu me permettras d'accomplir mon rêve tout en sauvant le monde de la dévastation. Si tu avais résisté, tu m'aurais prouvé que je m'étais trompé sur ton compte et que tu n'étais en fait qu'un autre de ces humains vaniteux. Pour avoir été le seul à être parvenu à me surprendre, je vais t'accorder un ultime souhait avant ta mort. Que désires-tu le plus au monde ?Instinctivement, je pris mon pokémon dans mes bras et les mit devant moi. Le galekid me regardait fixement, un peu effrayé. Je le regardai à mon tour en souriant, avant de relever la tête vers le professeur Estenia. Je lui répondis ensuite, sur un ton empli d'émotion : - Je veux que rien n'arrive à mon pokémon. Je ne veux pas que vous l'endommagiez ni que vous l'altériez comme tous les autres pokémons qui ont eu le malheur de tomber entre vos griffes par le passé. Je veux que vous preniez soin de lui...et lui trouviez le moment venu mon successeur.L'air grave, le savant prit mon pokémon qu'il garda ensuite dans ses bras à la manière d'une mère protégeant son enfant. Puis, il me répondit : - Très bien. Ta volonté sera faite. Installe-toi à l'intérieur du module de stase situé sur la gauche de celui de Mewtwo. Le processus va enfin pouvoir démarrer. J'ai attendu ce moment pendant si longtemps...Je m'exécutai ensuite avec discipline tout en savourant mes derniers instants de vie. L'intérieur du module de stase était totalement blanc, composé au sol de cercles concentriques séparés par de fins circuits. Au centre se trouvait une sorte de trappe sous la forme d'un ventilateur qui permettait au liquide de stase de pénétrer et d'endormir l'hôte qui y était enfermé. Diverses molécules devaient également être acheminées par ce biais afin de modifier l'hôte selon les désirs du scientifique. Après être entré, le professeur se rapprocha de moi. Puis, tout en me fixant, il appuya sur un bouton qui referma le module de stase et sur un autre qui m'immergea dans un liquide qui me rendit progressivement amorphe. Les derniers mots que j'entendis furent les suivants : - Stérilisation du module de stase : effectuée. Neutralisation du réseau nerveux du sujet : effectué. Processus de fusion génotypale : 0 %. Bien, tout fonctionne comme prévu.Puis j'entendis le professeur s'éloigner et mon pokémon me regarder avec tristesse mais aussi une certaine résignation. Je perdis ensuite l'usage de mes sens et n'entendis plus que le silence le plus total. VI
Le destin est facétieux On croit le diriger Alors que c'est lui qui nous dirige
Pour accomplir la volonté des Douze J'avais dû être trahi par celui que je croyais être mon ami J'avais dû m'allier à celui que je croyais être mon ennemi Pour empêcher la boîte de Pandore de s'ouvrir Je devais me soumettre au Dieu de la Vanité Je devais mourir pour la Science Temple des Anciens Epitaphe du Prophète Datation : + 80
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| Sujet: Chapitre XV - Une vie de mensonge Jeu 22 Mai - 20:12 | |
| - Chapitre XV - Une vie de mensonge:
18 Février - 4 AM Narrateur : Denaro Wolf 0
Au crépuscule de mon existence Et tandis que mes semblables S'élèvent de nouveau vers les cieux de la décadence Oublieux de l'équilibre sans lequel nulle vie ne demeure Je ne puis passer sous silence la fin de ce siècle Dont je fus le témoin
L'importance qu'a mon patronyme C'est l'Histoire qui la déterminera Car l'Homme n'est ni maître ni esclave du destin Il en est un acteur
Il fut un temps où les hommes construisirent de fiers monuments Il fut un temps où ils dominèrent les flots par de splendides navires Il fut un temps où les armées de la Raison faisaient trembler le sol Et, d'un pas cadencé, lui permirent de tutoyer les maîtres anciens du cosmos
Mais l'ivresse des sommets nous fit perdre le sens commun Le progrès nous fit oublier les traditions Et ce que nous appelions conservatisme n'était en fait que bon sens Tout cela pour une seule chose L'Ambition Temple des Anciens Epitaphe du Chevalier Datation : + 80 Le soleil me brûlait le visage de son éclat ardent. Sur le sol sablonneux du désert d'Hoenn, mes pas étaient de plus en plus lourds. Autrefois, je fus Denaro Wolf. Maintenant, je ne suis plus qu'un homme qui erre dans un territoire hostile. La chaleur me pesait tant. Depuis combien de temps étais-je tourmenté par ces terres d'illusion et de souffrance ? J'avais l'impression que cela faisait une éternité que j'errais ici, telle une âme damnée. Je n'avançais maintenant presque plus, il aurait suffi d'une chute pour que plus jamais je ne me relève. C'est finalement ce qui advint : le pied pris dans un rocher, je m'effondrai et ma tête se retrouva brutalement dans le sable brûlant. Je perdis connaissance. Etais-je mort d'épuisement ? Il semblait que non, car un temps indéterminé plus tard j'entendis des bruits de pas écrasant le sable se rapprocher de moi et se faire de plus en plus audible au fur et à mesure de l'avancée des secondes. Puis, plus rien : les bruits de pas furent supplantés par une voix. C'était une voix féminine et joviale. - Un soldat du Consortium, ici ? Il est encore vivant et il est si jeune...Sardonis en est donc réduit à ces extrémités : envoyer des enfants effectuer ses basses besognes. Qu'est-ce qu'il pouvait bien faire ici, si loin de Lavandia ?La voix se tut ensuite, et je sentis une force me soulever avant de me déposer sur ce qui devait être une épaule. Le sable ne me brûlait plus le visage et je me laissais porter par cette femme, incapable de bouger. J'étais si épuisé par ces journées d'errance dans le désert qu'il m'était tout simplement impossible de ne serait-ce qu'ouvrir les yeux. A un autre moment toutefois, j'entendis autre chose. Un bruit de moteur assourdissant fendit en effet le silence du désert. Ce bruit surprit d'ailleurs tellement ma sauveuse qu'elle se cacha dans une dune en regardant les alentours. J'ignore ce qu'elle y vit, mais elle laissa échapper quelques mots. - Rudolph Estenia, que manigance-tu ici à Hoenn ?Puis, elle reprit sa route. Où elle me conduisait, je l'ignorais. Mais elle semblait très bien connaître le Consortium pour mentionner deux Directeurs Consortium en aussi peu de temps. De mon côté, je finis par succomber pour de bon à la fatigue et je perdis donc connaissance. Quelques heures plus tard, je me réveillai dans un environnement tout autre. Je me trouvais dans une grotte où il faisait étonnamment frais. Allongé sur un lit naturel de pierre recouvert de paille, et j'étais partiellement dévêtu et recouvert de pansements. Devant moi, la femme qui m'avait sauvé lisait un journal qu'elle avait extrait de mon sac à dos. Elle lut à voix haute. Après avoir lu la une de ce journal, elle le jeta violemment par terre. Après être enfin sorti de la torpeur de ce réveil difficile et plein de courbatures, je levai pour la première fois les yeux vers cette mystérieuse femme. C'est alors que j'eus un choc : une longue chevelure brune et des yeux bleus. Aucun doute n'était possible : la demoiselle qui m'avait sauvé s'avérait également être la Directrice de l'Information du Consortium. Personne ne connaissait son nom hormis le Directorat, car elle était chargée des services d'espionnage du Consortium. A ce titre, garder le mystère sur son identité réelle était indispensable pour bien remplir sa mission. Et pourtant, c'était bien cette femme qui me faisait face. Cela expliquait du coup pourquoi elle connaissait tant le Consortium : elle en était issue. Mais que pouvait-elle bien faire ici, si loin de Doublonville ? Et pourquoi m'avait-elle secouru alors que je n'appartenais pas à son Département ? A toutes ces questions et à bien d'autre, elle allait répondre au cours d'un échange qu'elle engagea immédiatement après avoir remarqué que je la regardais. Tout en parlant, elle faisait les cent pas dans la grotte avec les mains dans le dos. - Ah, tu es enfin réveillé petit soldat de Sardonis. N'aie crainte, je ne te veux aucun mal. Sinon je t'aurais laissé crever dans le désert. Mais avant que j'aille plus loin, je te poserais une simple question : pourquoi Sardonis t'a envoyé ici ?J'étais méfiant. Ce qu'elle me faisait subir ressemblait à s'y méprendre à un interrogatoire en règle. Pendant toute mon enfance, j'avais grandi avec le rêve de servir dans l'Armée du Consortium. Tout cela ressemblait trop à un piège et surtout j'avais trop à perdre pour pouvoir tomber dedans comme un rattata dans les fils de la toile d'un migalos. Instinctivement, je tentai donc de me lever tout en refusant frontalement le dialogue avec cette brune dont la ruse n'était plus à prouver. - Laissez-moi, vous savez très bien que je n'ai pas le droit de vous répondre. Je dois remplir ma mission.Mais ce qui aurait pu être une magnifique preuve de probité et de discipline ne fut qu'un pitoyable échec. Endolori et affaibli par des jours d'errance dans le désert le plus grand et le plus dangereux du monde, je ne parvins pas à mettre un pied devant l'autre et m'écroula donc sur le sol. La femme à la longue chevelure brune laissa échapper un rire avant de me prendre par l'épaule et de me reposer délicatement sur le lit. Puis, elle poursuivit la discussion que j'étais désormais contraint, de gré ou de force, à subir. - Une forte tête hein ? J'aime ça ! Mais où crois-tu aller comme ça petit homme ? Le désert de Hoenn est immense et je suis la seule ici à en connaître les chemins. Mais comme j'ai beaucoup de temps à perdre, si tu ne veux pas répondre à cette question sensible nous commencerons par faire plus ample connaissance. Ah, les hommes...Qui es-tu tout d'abord : as-tu une famille qui attend ton retour ? Réponds à mes questions et je répondrais aux tiennes très volontiers.J'aurais bien voulu mentir, mais à quoi bon ? La Directrice de l'Information devait être passée maîtresse dans l'art de détecter le mensonge. Et je me connaissais assez pour savoir que le mensonge n'était pas vraiment ma tasse de thé. La question qu'elle me posa éveilla en moi un sentimentalisme que j'avais pensé avoir enfoui au plus profondément de mon être depuis bien longtemps. Qui étais-je ? Avais-je une famille ? Oui, il me semble bien qu'avant que je rejoigne l'Armée du Consortium un couple avait dû m'engendrer. Je répondis donc presque naturellement à cette question anodine, qui n'engendrait après tout aucune violation du contrat qui m'unissait au Consortium. - Je suis né il y a dix-neuf ans à Autequia, sur les flancs du Mont Chimnée. La seule famille que je n'ai jamais eue était un pauvre couple de paysans qui ne survivaient que grâce à la fertilité des terres volcaniques de la région. Voilà, vous avez votre réponse. Maintenant à moi de vous poser une question : qui êtes-vous exactement, madame la Directrice de l'Information et que faites-vous ici ?Satisfaite, la brune aux yeux azur répondit avec une douceur et une gentillesse qui endormit progressivement ma méfiance. - Ah, tu vois que quand tu fais des efforts tu arrives à quelque chose. Bien, je vais répondre à ta première question. Mais avant que je te révèle ce que je suis vraiment, laisse-moi te dire une chose. Tu es sacrément privilégié jeune homme, car mis à part le Directorat je n'ai révélé mon identité à personne jusqu'à présent. Mais comme tu m'es sympathique, je ferais une exception pour toi. Je suis Irène, duchesse de Vermilava et il est vrai que j'ai effectivement été Directrice de l'Information du Consortium. Oui, je sais les titres de noblesse ne veulent plus rien dire en cette époque de folie. Et c'est bien dommage. Mais tu voulais savoir qui j'étais, je t'ai donc répondu.Ainsi, la Directrice de l'Information non seulement s'appelait Irène, était de noble extraction et surtout n'appartenait plus au Consortium. Voilà qui non seulement me mit en confiance, mais me rendit également plus spontané à son égard. Sans lui laisser la possibilité de me poser une autre question, je l'interrompis. - Vous avez quitté le Consortium ?Irène de Vermilava aurait pu se vexer de mon outrecuidance. Mais il n'en fut rien. Bien au contraire, elle semblait ravie de cette spontanéité et cette vigueur d'esprit que je venais de recouvrer. Elle me répondit donc, toujours avec cette voix douce. - Ah, tu me semble bien enthousiaste tout à coup. Mais ce n'est pas un souci, car comme je l'ai déjà dit j'ai le temps. Pendant dix ans je fus Directrice de l'Information du Consortium. A l'époque, j'étais encore emplie de la naïveté et du même enthousiasme juvénile que le tien. Après le meurtre de mon père, Armand VI de Vermilava, par une troupe de mercenaires de la Devon SARL je criais vengeance. Je voulais créer un monde où tout serait sous contrôle. Un monde où j'aurais pu prévoir l'arrivée de ces mercenaires en empêcher la mort de mon père.
Mais au fil des années, j'ai dû me confronter à la dure loi de la politique : à Doublonville, les Directeurs n'avaient que faire du Bien Commun. Rudolph Estenia par exemple, le Directeur Scientifique maintenant en fuite, prétendait créer le paradis sur terre en transformant les hommes en machines sans cœur. Il voulait détruire l'Amour et accéder à la gloire éternelle. Il ne vivait que pour lui-même, jamais pour les autres. Sardonis, l'ancien Directeur de la Sécurité est devenu Président à vie du Consortium. N'est-ce pas la preuve absolue de cette obsession des dirigeants du monde pour leur profit personnel ?
J'ai élevé la voix durant les séances du Collège des Directeurs bien des fois. Jamais je n'ai été écoutée. Bien au contraire, on prenait à chaque fois mon humanité pour de la faiblesse. Alors, j'ai quitté le Consortium. Et désormais, je ne sers que le Bien Commun. Les utopies folles et vaniteuses de ma jeunesse, j'en ai fait le deuil. Et j'espère que tous les autres hommes reviendront à la raison et se révolteront contre le Consortium. Les fous qui gouvernent à Doublonville...mettent en péril l'existence même de la vie sur Terre.
Si je t'ai sauvé, c'est aussi parce que je voyais en toi le reflet de ce que je fus. J'ai vu trop d'hommes se faire manipuler par la propagande Directoriale. Je me fiche bien au fond de la mission que t'as donné Sardonis, car l'essentiel est ailleurs : veut-tu, comme moi jadis, te faire berner jusqu'au bout par ces pourris ? Ils sont passés maîtres dans l'art de manipuler les masses en leur faisant miroiter des lendemains qui chantent.Face à la fois au récit de sa vie et le discours militant que me faisait Irène, je ne savais pas vraiment que répondre. Depuis tout jeune, comme tous les jeunes de mon âge j'avais été éduqué dans l'amour de soi et du Consortium. Nous ne vivions que pour jouir, jamais pour la concorde. Nous ne vivions que pour consommer, jamais pour perdurer. Comment réagir face à une telle contradiction entre ce qui m'avait construit pendant des années et la remise en cause brutale de ces convictions bien ancrées dans mon esprit comme dans celui de la quasi-totalité des humains de mon temps ? Nous construisions les plus grands bâtiments en détruisant les montagnes. Nous construisions les plus grands bateaux en faisant travailler les pokémons comme des forçats. Nous jouissions d'un niveau de vie sans penser aux conséquences que cela avait sur notre âme et sur l'équilibre du monde. Une seule réaction était possible : le rejet. - Non, cela ne peut être vrai. Vous devez mentir, j'ignore quel illuminé vous a fait entrer dans le crâne de telles absurdités. Rudolph Estenia a certes été un monstre, mais Sardonis va reprendre le contrôle de la situation ! Le système ne peut être aussi vicié, c'est vous qui exagérez. Le gouvernement veut notre bien à tous, ce n'est pas maintenant que les pokémons sont à notre merci que nous allons retourner à l'âge de pierre. Je ne veux pas en entendre plus ! Laissez-moi tranquille.Je me mis ensuite en position fœtale et, comme un enfant, me mis à pleurer. La réplique que je venais de donner à cette si douce Irène m'étonnait moi-même, c'était comme si je venais de recracher des années de propagande de la gazette de Doublonville en quelques secondes avec toute la violence de la jeunesse. Je voulais y croire encore, à ce confort rassurant du prêt-à-penser, mais je n'y arrivais pas. Le discours d'amour et de concorde d'Irène s'insinuait en moi, mais j'avais peur. La peur de l'inconnu : c'était cette peur plus que l'adhésion en soi à l'idéologie mortifère du Consortium qui maintenait dans un état de sujétion l'humanité et la conduisait vers le désastre. Cela, je ne le compris que plus tard. Prostré, luttant entre dogme et idées généreuses, je souffrais. Quant à Irène, elle ne m'en voulut même pas. Elle était même attristée de me voir dans cet état et, fidèle à son caractère, elle comprit parfaitement ce que je ressentais. Elle se contenta ainsi de dire quelques mots. - Je comprends. Moi aussi, au début je ne voulais pas me rendre à cette dure réalité. Et cette prise de conscience n'a été que progressive chez moi, pardonne-moi. Je n'aurais pas dû te brusquer. Laisse-moi juste te poser une question : pourquoi as-tu rejoint l'Armée du Consortium ?La diplomatie : cette femme maîtrisait cet art à la perfection. Quoi de plus naturel après tout pour une espionne professionnelle. Progressivement, je commençais à me calmer et à digérer ces révélations. Je ne les acceptais néanmoins pas encore, mais le doute était maintenant installé dans mon esprit. Je relevai la tête, puis mon corps endolori et la regarda de nouveau. La compassion se lisait dans son regard. Je répondis sobrement - J'ai rejoint le Consortium pour connaître l'aventure, m'enrichir et surtout devenir quelqu'un.Irène allait poursuivre, quand soudain un tremblement vibra dans la grotte. Sur ma gauche, dans un angle, une porte cachée s'ouvrit. De là jaillit un homme qui m'agrippa par le cou et sortit une pokéball. Il appuya ensuite sur le bouton d'activation, et de là jaillit un gobou. Il me força ensuite à regarder le pokémon et vociféra : - Petit idiot. Regarde ce pokémon, tu crois vraiment que tes divagations de jeune ambitieux qui ne pense qu'à sa pomme valent plus que l'amour et la beauté de ces bestioles ? Les pokémons ont été là bien avant que ta mère ait ne serait-ce que commencé à penser à bécoter ton père. Tu crois vraiment que cela vaut la peine de gâcher toute cette beauté juste pour jouir durant un misérable siècle ? Irène, ne perds pas ton temps avec ce jeune blanc-bec : il est comme tous ces crétins qui ne vivent que par procuration avec le Consortium. Laisse-moi l'égorger comme un poulet, il ne mérite que ça pour salir ce sol de son âme corrompue par le Vice.Dire que j'étais mal à l'aise était un doux euphémisme. Irène non plus n'était pas à l'aise. A son tour, elle sauta à la gorge du bonhomme qui m'étranglait avec force avec toute la puissance de la poigne d'un homme dans la force de l'âge. Dans la foulée, elle sortit à son tour une pokéball de laquelle jaillit un autre pokémon. C'était cette fois un arcko. Puis, elle hurla avec la violence d'une harpie. Pris en otage entre deux feux, je ne pus qu'assister à la scène qui s'ensuivit de manière totalement impuissante. - Lâche-le, Sebastien ! C'est à lui de prendre sa décision, et tuer un homme pour ses idées est étranger aux valeurs de notre mouvement. S'il veut rester dans l'Erreur, libre à lui mais nous n'avons pas à verser un sang aussi jeune. Ce serait nous abaisser aux méthodes du Consortium et à devenir comme eux. Je n'ai pas quitté ce gouvernement de meurtriers comme devenir une meurtrière à mon tour.On en était venu à un tableau absolument cocace où j'étais étranglé par l'homme qui était lui-même étranglé par Irène. Sentant que la situation allait lui échapper, l'homme aux muscles d'acier me lâcha violemment en me repoussant sur le mur de pierre pour se concentrer sur Irène. Le choc de mon crâne avec la paroi fut réel, mais bénin : je m'en sortis donc avec un simple bleu. Quant à la joute verbale, elle se poursuivait. - Tu es trop gentille, Irène ! A tous les coups ce mioche est un agent de Sardonis qui est chargé de nous infiltrer. Il faut qu'on le crève avant qu'il ne révèle à ses chefs l'emplacement de notre cachette. Tu ne vas pas me faire croire qu'il est possible de retourner les soldats de l'Armée du Consortium : tu as vu par toi-même comment ils sont formés. Aucun soldat de Sardonis n'est accepté sans subir un lavage de cerveau solide.La querelle se prolongea pendant de longues minutes : tandis que l'homme multipliait les appels au meurtre et avait les yeux injectés de sang tellement la rage de tuer était forte en lui, Irène tentait de le calmer en prenant ma défense. Ils en étaient même venus aux mains et ce qui n'était au début qu'une dispute finit par devenir une véritable bagarre. Seuls étaient témoins de la scène avec moi l'Arcko d'Irène et le gobou de l'homme. Tous semblaient s'ennuyer au plus haut point. Ultime provocation à l'égard de leurs maîtres, ils finirent même par leur tourner le dos et se rapprocher de moi. J'étais terrifié : dans l'Armée du Consortium, les armes à concussion avaient depuis longtemps remplacé les pokémons. Un des premiers enseignements que donnait les sergents instructeurs à la caserne était de voir les pokémons comme des ennemis et des créatures nées esclaves dont l'affranchissement ne pouvait que les rendre dangereux pour l'Homme. Et pourtant, c'était deux pokémons qui me faisaient face. Nous nous regardâmes en chiens de faïence pendant de longues minutes tandis que les deux belligérants se livraient une guerre totale à faire passer Sardonis pour un enfant de chœur. Puis, le gobou grimpa sur mon épaule. Ce fut ensuite le tour du pokémon gecko, arcko. C'est alors que se fut la révélation. Tout l'édifice idéologique dans lequel m'avait enfermé le Consortium pendant des années s'écroula. Les pokémons ne sont pas les ennemis des hommes. Ils ne sont pas non plus des esclaves. Ils sont la condition de la survie matérielle et spirituelle des hommes : sans eux, il n'aurait pas pu se défendre contre les prédateurs. Ils ont tous crée. Le Consortium a toujours voulu cacher cela aux hommes. Utilisant le désir de domination inhérent à l'homme, il les a éloignés de la Vérité. Ce n'est pourtant ni le cœur, ni la raison, ni la contrainte qui me fit comprendre cela mais deux petits pokémons en apparence insignifiant. Mais, comme c'est souvent le cas dans l'Histoire, ce qui est insignifiant a paradoxalement beaucoup plus de poids dans le déclenchement des évènements que ce qui a du poids. L'ouragan ne m'a fait pas fait chanceler : c'est la petite brise revigorante du matin qui l'a fait. Les deux petits pokémons avaient senti que quelque chose se tramait en moi : leur mission était en quelque sorte accomplie. Ils reprirent donc leur place sur le lit de pierre, regardant la rixe qui se poursuivait. Prenant mon courage à deux mains et animé d'une force nouvelle, je me levai et cria. - Arrêtez !Les deux belligérants ensanglantés et bardés de bleus, en entendant ce cri déterminé, s'arrêtèrent instantanément et me regardaient fixement. L'homme monsieur fit ensuite rapidement une roulade sur la gauche de façon à s'accouder sur la paroi située juste devant le lit de pierre et, tout en soufflant, se mit à me fixer avec scepticisme. Quant à Irène, elle s'écroula sans effets de manche en se plaçant face au lit. Tous deux étaient épuisés et m'écoutaient parler. - Vos pokémons m'ont convaincu. Je suis résolu à trahir le Consortium et à suivre votre cause. Une vie d'erreur et de crimes s'arrête pour moi en ce jour, pardonnez-moi.Un silence de mort s'ensuivit ensuite. Intimidé, je lâchai finalement mes ultimes mots de soldat du Consortium. - Heu...je ne suis pas habitué à parler tout seul comme ça, alors vous pouvez me dire ce que je dois dire maintenant ? Vous savez, à l'armée c'est marche ou crève : on nous demande pas vraiment de réfléchir mais plutôt d'obéir aux ordres.Assez honteux, je craignais la réaction d'Irène et de son acolyte. Je craignais surtout la réaction de son acolyte à vrai dire : il n'était pas vraiment du genre tendre. Finalement, ce fut la libération : tous deux éclatèrent de rire. C'était un rire puissant : jovial et spontané. C'était un rire de fraternité qui faisait presque oublier le pugilat qui s'était déroulé seulement quelques secondes plus tôt. Après le rire, l'homme baraqué se leva et se rapprocha de moi. Avec sa musculature, il était imposant et ce d'autant plus qu'il devait faire près de deux mètres puisqu'il manquait à chaque pas de se cogner sur le plafond bas de la grotte. Il posa ensuite sa poigne qui m'effrayait encore sur mon épaule puis m'adressa la parole pour la première fois de façon calme et bienveillante. - C'est bien mon petit. Tu peux m'appeler Sebastien. Pardonne-moi pour tout à l'heure mais je suis du genre sanguin. Bref, bienvenue chez toi : je te retrouve en bas pour la visite du propriétaire.L'homme partit ensuite par la porte cachée d'où il était entré. Irène, quant à elle, ne se déplaça pas. Elle avait été plus sévèrement blessée que Sebastien : sans réfléchir, je m'approchai d'elle pour l'aider mais elle refusa fièrement mon aide. Après avoir enfin pu se relever avec les plus grandes difficultés du monde, elle me dit simplement quelques mots avec son beau regard qui aurait fait pleurer le plus impitoyable des tyranocif du Mont Argenté. - Je suis fière de toi. Tu as rencontré mon mari, on aime bien se battre : c'est aussi ça vivre à l'écart du monde. Ça évite l'hypocrisie, c'est bon pour la vie de couple ! Toujours est-il que je te souhaite la bienvenue dans les rangs du Parti Concordien. Nous réunissons tous les ennemis de la folie suicidaire du Consortium, ta force de caractère nous sera très utile.Tout en boitant, Irène traversa à son tour l'ouverture. Elle était suivie des deux pokémons libérés plus tôt, arcko et gobou. Je les regardais s'enfoncer dans les profondeurs de la montagne. Avant de rentrer à mon tour, je méditai quelques instants. Puis, je lâchai quelques derniers mots avant de courir vers ma nouvelle vie. - Arcko, gobou...merci.
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| | | L'Illustre Aegir Membre
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| Sujet: Chapitre XVI - La renaissance Jeu 22 Mai - 20:13 | |
| - Spoiler:
28 Mars - 4 AM Narrateur : Inconnu Après la perte de mes sens, je finis par m'endormir dans ce liquide qui emplit progressivement le module de stase dans lequel le professeur Estenia m'avait emprisonné. Et dormir, je le fis longtemps. Ce n'était pas un sommeil comme les autres : il n'était pas entrecoupé de phases de sommeil plus léger. Non, c'était un sommeil profond. C'était un sommeil de mort. Un sommeil qui aurait pu durer l'éternité si Rudolph Estenia, ce fou, l'avait désiré. J'ignorais ce qu'il me faisait subir : la science de la génétique, je n'y connaissais rien. Mais j'imaginais que pour fusionner le génome de Mewtwo au mien, il fallait d'abord analyser les deux ADN afin de déterminer leur compatibilité réciproque. Puis, ceci déterminé, il aurait suffi d'altérer ces deux structures génétiques afin de rendre viable la fusion. Il allait de soi qu'un tel processus différait grandement des simples mutations génétiques. Ce n'était pas une opération d'addition des gènes d'un parasite sur celui d'un hôte : non, la fusion impliquait de facto la suppression des deux sujets. Même un parfait incompétent tel que moi était au courant de cette subtilité, et c'était donc en connaissance de cause que j'avais pénétré dans ce module. Je n'y étais pas allé pour obtenir un quelconque surcroit de puissance. Non, j'y étais allé pour y mourir. C'est pourquoi dire que je dormais n'était pas tout à fait exact : j'attendais plutôt la mort de mon âme. Mais cette mort ne vint pas. Dans cette trêve cognitive, mes visions avaient continué. Je voyais toujours la même chose, un peu à la manière d'un film que l'on se repasserait en boucle. Je me trouvais face à xatu, dans ces Ruines d'Alpha que je connaissais si bien. Je regardais ses yeux et, par eux, je voyais l'avenir. Un avenir sombre. C'était un monde dans lequel le soleil avait cessé de se montrer, voilé de manière permanente par des nuages noirs. C'était un monde où les seuls arbres qui demeuraient encore étaient au sol, mis à mort par ce déficit de photons. C'était un monde, enfin, où les villes orgueilleuses des hommes avaient cessé de tutoyer les cieux. Les gratte-ciels se trouvaient dans la même situation que les arbres. Les ruines avaient remplacé les fiers manoirs des ploutocrates de Doublonville et, partout, la mort régnait. Seules quelques ombres luttaient encore, debout, tels des zombies dans un cimetière à la pleine lune. Un tel spectacle aurait fait gémir d'horreur le plus hardi des hommes. Mais lorsque vous voyez tous les jours les mêmes horreurs, l'indignation laisse le pas à l'indifférence. La mort, je la regardais. Mais elle ne vint pas à moi. Un jour en effet, ou une nuit je ne pouvais le savoir, je ressentis un signal cognitif. Le premier depuis cette nuit d'octobre. Ce signal, c'était un bruit. Un bruit sourd, mais pourtant assez proche. Au début, ce son ne me réveilla pas car je pensais qu'il faisait partie de mes visions. Mais il se fit à chaque fois un peu plus fort et un peu plus distinct. Il finit par me réveiller. J'ouvris donc lentement un œil. Puis, dans la même célérité, le second. C'est alors que face à moi, je compris à la fois la raison de ce bruit et de ma survie. Devant moi, tout le laboratoire avait comme été le combat d'un combat à mort entre deux entités inconnues. Les quatre rangées de modules de stase, qui constituaient le cœur du centre de recherche, étaient toutes percées. Le verre renforcé se trouvait désormais au sol. Plus inquiétant, sur ma gauche, le module où lors de mon entrée j'avais vu l'embryon de Mewtwo était lui aussi détruit. Il l'était même beaucoup plus que les autres, comme s'il avait implosé de l'intérieur : il n'y avait carrément plus du tout de verre autour du module. Autre symptôme de cette implosion que l'on pouvait suspecter, il n'y avait pas du tout de verre à proximité. La vitre avait comme été repoussée par une puissance inimaginable sur les murs du laboratoire. Enfin, le câble qui unissait auparavant ce module au mien se trouvait lui aussi au sol, sectionné finement. Seule une lame aussi fine que tranchante avait pu faire cela. C'était, à n'en pas douter, ce cordon sectionné qui m'avait sauvé : le lien m'unissant à Mewtwo étant brisé, le processus de fusion avait donc été empêché à temps. Qu' s'était-il passé ici ? Plus anecdotiquement dans ce tas de ruine, se tenait juste devant mon module un pokémon. C'était un pokémon quadrupède et trapu ; qui disposait également d'un puissant blindage gris tacheté de points noirs. Il avait également une sorte de crête sur tout son dos et qui courait jusqu'à son crâne. A n'en pas douter, il s'agissait d'un galegon. Il effectuait des charges successives sur le module, comme s'il voulait le briser. Bizarrement en effet, mon module avait été le seul du laboratoire à avoir échappé au chaos qui s'était déchaîné ici. Je regardais les yeux de ce pokémon : il semblait me connaître. Après un ultime coup de bélier, le module de stase se brisa enfin. Un bruit de verre brisé déchira le silence morbide du centre de recherche. Le liquide qui m'avait submergé jusqu'alors s'écoula ensuite sur le sol froid, m'entrainant avec lui. Ayant perdu l'habitude de respirer avec mes poumons comme de me déplacer, j'étais paralysé et je réapprenais progressivement à respirer. J'attendis longtemps, ne sachant tout d'abord plus comment m'y prendre. Et puis, le point de non-retour qui aurait entrainé ma mort atteint, l'instinct prit le dessus : je pris une inspiration. J'expirai ensuite. Je revivais tel un nouveau-né sortant du ventre de sa mère. Tandis que je goûtais de nouveau à la vie, le pokémon ne bronchait pas. Il restait là, immobile devant moi les pieds dans le liquide de stase, en me fixant avec ses yeux saphir. Ces yeux étaient magnifiques, mais exprimait aussi une certaine tristesse. Après avoir réappris à respirer et que tous mes sens soient revenus, le temps était maintenant venu de réapprendre à marcher. Ce fut difficile, mais je parvins enfin à me relever. Je chancelais encore, engourdi par des mois de ramollissement dans ce mystérieux liquide anesthésiant. Il semblait soigner toutes les plaies ainsi que préserver et nourrir le corps, mais le prix à payer était une perte musculaire conséquente. Me voyant enfin debout, le tank vivant redevint soudainement beaucoup dynamique. Se plaçant brusquement derrière moi, il me donna un léger coup de bélier dans le derrière qui me fit retomber aussitôt à terre. Je me plaignis tout en me relevant. - Eh, que fais-tu ? Je te remercie de m'avoir aidé, mais que cherches-tu ?Pour toute réponse, le galegon se mit à courir en direction du fond du laboratoire tout en se retournant de temps en temps afin de m'indiquer de le suivre. Là se trouvaient des écrans et des consoles qui devaient servir à surveiller l'ensemble du laboratoire. La plupart du matériel avait été mis hors service, mais il restait néanmoins encore un écran intact avec la console qui le commandait. A côté, se trouvait également un journal. Je me trouvais maintenant face à la table de commandes. J'inspectai les environs. Puis, je pris ce fameux journal afin de le lire. 3 novembre : Le processus d'analyse avance bien. Bientôt, la phase deux pourra être enclenchée. 9 décembre : Le galekid n'arrête pas de ronger le socle métallique des modules de stase. Je l'ai enfermé dans l'armurerie, il ne me nuira plus ainsi. 17 décembre : L'analyse du génotype du sujet humain comme de Mewtwo s'est enfin terminée. Il semblerait que les deux sujets soient liés, une partie de leurs gènes sont identiques. La fusion vient de démarrer. 25 février : Le Masque de Contrôle a de plus en plus de difficultés à contrôler Xerxès. Il faudra que je l'améliore un de ces jours. 2 mars : Xerxès m'a appris que Sardonis complote contre moi. J'ai dû fuir du Consortium cette nuit. J'ai dû me résoudre à tuer tous mes sujets là-bas : quel gâchis... 11 mars : Les gardes ont rapporté à Xerxès qu'ils ont trouvé de mystérieux os humains devant l'entrée du fort. C'est son malosse qui va être content... 13 mars : ...L'entrée du journal pour le 13 mars était vide : le bout de page se trouvant en dessous de l'inscription de la date avait en effet été arraché. Un peu comme si Rudolph Estenia - car la nature de l'auteur de ce journal laissait peu de place au débat - avait voulu empêcher que ce message soit connu par quiconque. Je n'appris donc rien sur ce qui s'était passé ici. En revanche, je pris conscience de quelque chose qui me poussa à me retourner vers le galegon. Il se trouvait à mes côtés, toujours avec ce regard empli de tristesse. Voyant que je le regardais, il se mit à son tour à me fixer. Ce galegon, c'était en fait le galekid que j'avais abandonné à Rudolph Estenia lors de mon internement. Et, rongeant tout le métal à proximité, il était parvenu à évoluer. Le métal ne manquait pas ici, et en regardant un peu partout je me rendis compte qu'en effet à peu près tout ce qui était métallique ici contenait les traces du passage de la mâchoire d'un galegon. Pendant tout ce temps, il n'avait cessé de penser à moi. En s'engraissant, il se donnait les moyens de me libérer le moment venu. Peut-être n'avait-il pas pensé du temps où le propriétaire des lieux était encore ici à le faire de cette manière, mais toujours était-il qu'il l'avait fait. Prenant conscience de tout cela, tout se chamboula dans ma tête. Et, pour la première fois de mon existence, je comprenais ce que signifiait le mot émotion. Lorsque je m'étais abandonné à ce professeur fou mais génial, j'avais cru à son discours. Et, à vrai dire, ce discours était vrai : j'avais toujours été fermé à tout sentiment. Depuis ma naissance, xatu m'avait toujours enseigné la haine de l'égo et la haine de soi. Il m'avait toujours enseigné l'importance de suivre un destin qui dépasse chaque individu. En ce moment sordide, dans un lieu tout aussi sordide, c'était comme une renaissance que je vivais. Non : c'était même ma première naissance. Je n'avais été jusqu'ici que le pantin de xatu, que le pantin du destin. En prenant conscience de l'effort qu'avait fait galegon pour moi, je devenais enfin un être humain. Un être humain était doué de raison, certes : mais il était aussi doté de cet indispensable équilibre qu'est le sentiment. Désormais, j'étais ainsi. Je n'étais toutefois pas Rudolph Estenia, cet homme dont l'égo était si démesuré qu'il prenait pour de la Raison ce qui n'était qu'ambition. Mais je n'étais plus ce jeune pantin sans âme que, jusqu'à maintenant, j'avais été. Oui, l'équilibre : voici ce que ce journal m'avait apporté. Encore une fois, le plausible avait moins de chances de se produire que l'improbable. J'aurais dû mourir à maint reprises : face aux Xort'Udur d'abord, puis face à la Matriarche et enfin dans ce laboratoire afin de servir Rudolph Estenia. Tout cela aurait été plausible, mais il n'en advint rien. De même, ce journal froid n'aurait dû m'apporter que des faits. Il m'avait apporté bien plus. Car devenir homme n'est pas seulement devenir égo : c'est aussi refuser la fatalité. Refuser d'être l'esclave des dieux et du destin et devenir, précisément, acteur de sa vie. Sur ces méditations philosophiques, je restai longuement. Galegon, lui aussi resta stoïque. Il avait maintenant perdu son regard triste. C'était un regard combattif, plein d'enthousiasme qu'il arborait. En ce moment de sérénité et de symbiose avec mon pokémon, j'avais même fini par oublier le décor peu champêtre du lieu ainsi que ma quête de réponses. La réalité revint hélas bien vite jusqu'à moi. Je voulais savoir ce qu'il avait bien pu se tramer ici pour que le tout-puissant Rudolph Estenia en vienne à voir son laboratoire détruit entièrement et à fuir lui-même de sa forteresse du plateau Indigo. N'avait-il pas une armée de mercenaires tous transmutés au-delà des excès même de l'immoralité ? N'était-il pas lui-même dotés de compétences génétiques telles qu'elles lui permettaient de se transformer en n'importe quel pokémon ? Et pourtant, il avait bel et bien été défait par cet ennemi dont je n'avais que les traces des méfaits devant mes yeux. La curiosité me pesait, et face à ce mal indicible je ne voyais qu'une seule solution : utiliser l'unique console du laboratoire encore en état de marche. Je me retournai donc une seconde fois vers la table de contrôle. Devant l'écran en veille figurait une mention : « Caméras de Sécurité ». Au-dessous, figurait trois boutons : un bleu, sur lequel était indiqué au-dessus « rembobiner », un vert avec l'inscription « Pause », et un rouge enfin avec « Réinitialisation ». J'appuyai sur le bouton bleu : après quelques minutes, l'écran s'alluma enfin et j'eus les réponses que j'attendais tant. Rudolph Estenia faisait les cent pas avec anxiété devant mon module de stase et celui de Mewtwo. Il marmonnait dans sa barbe. - Plus que quelques secondes avant que le rêve de toute ma vie se concrétise enfin. 95 %, 96 %, 97 %, 98 %, 99%...C'est alors que, brutalement, un bruit de lame fendit l'air. Dans l'instant qui suivit, l'épais câble de liaison entre les deux modules de stase fut sectionné. En faisant un arrêt sur images, je réussis à distinguer qu'est qui, ou plus exactement qui était à l'origine de ce forfait. Caché derrière un poteau, un insecateur se transformait progressivement en un homme. Cet homme avait le visage mutilé et ensanglanté, son épiderme avait disparu. Il était écorché vif. L'homme s'enfuit ensuite dans les ténèbres, derrière la colonne la plus à droite de modules de stase. Rudolph Estenia, entendant le bruit des câbles se briser, se retourna sèchement. Il écarquilla, avant de se précipiter vers l'équipement scientifique brisé en gémissant. - Quoi ? Non...Cela ne peut être possible. Pas maintenant.Il se releva ensuite, la tête n'exprimant plus rien. Il recula ensuite de quelques pas avant de regarder Mewtwo. Le pokémon était désormais adulte : sa longue queue était désormais formée, de même que son anatomie anthropomorphique. Il continua ensuite à parler tout seul. - Cinquante ans de travail réduits à néant. Cela ne peut être vrai...qui est le virus qui a osé me faire ça à moi, le Dieu des hommes ? Mewtwo, pourquoi ne pouvons-nous pas nous unir et régenter ce monde décadent ? Tu as, jadis, dominé les pokémons. Je suis destiné à être le successeur de cet Arceus que ces ignares que nous avons tous deux combattu prétendent vénérer !Le scientifique s'écroula ensuite sur le sol, continuant à gémir. C'est alors que l'impossible se produisit. Le pokémon ouvrit son œil droit. Puis, il ouvrit celui de gauche. Il se mit ensuite en position fœtale, et une aura violacée l'entoura progressivement. Cette aura d'énergie psychique, il la projeta ensuite tout autour de lui. Cela fit ainsi imploser littéralement son module de stase. La bourrasque fut d'ailleurs si forte qu'elle projeta également le professeur en arrière, qui se cogna violemment sur un mur. Le pokémon psychique mit ensuite un pas en dehors du module, puis le second. Il se trouvait à présent à l'extérieur. Tout autour de lui, son attaque avait fait exploser de nombreux modules et fait exploser des ordinateurs, ce qui couplé aux substances inflammables traînant un peu partout déclencha un incendie d'une puissance inouïe. Rudolph Estenia, voyant cela, se releva rapidement et se rapprocha du puissant pokémon qui venait de se réveiller. Son regard avait une fois de plus changé : c'était désormais plein de démence et d'avidité qu'il regardait la créature. Nettoyant ses lunettes pour être sûr de ne pas rêver, il exulta ensuite. - Mewtwo...Enfin tu es là. Tu es si puissant, Les livres n'ont pas menti à ton avis. Viens vers moi, Mewtwo...Le pokémon ne broncha pas. Il était extrêmement méfiant. C'est alors qu'il ouvrit pour la première fois la bouche, me laissant entendre une voix masculine terriblement froide. - Encore...Encore dans un laboratoire. Encore...à me tourmenter. Qu'avez-vous donc, humains, à vouloir sans cesse vous servir de moi !Fou de rage, Mewtwo laissa échapper une nouvelle vague d'énergie psychique qui renforça encore l'incendie. Le professeur, quant à lui, renforça encore son sourire. - Bien, très bien. Tu le prends ainsi mon petit ? Mais c'est fascinant ! Mais tu apprendras très vite à respecter tes supérieurs. Viens vers moi, Mewtwo !A cet instant, Rudolph Estenia sortit une demi-douzaine de seringues de ses deux poches et se les injecta tout en éclatant de rire. Reflétant le feu, tout cela donnait au professeur une tête effrayante. La folie s'emparait de lui encore plus intensément que d'accoutumée. Il se transforma en un immense monstre avec une dizaine de bras, des tentacules et des ailes tandis que son corps se mit à noircir. - Combattons-nous jusqu'à la mort, puisque maintenant je n'ai plus rien à perdre. Ahahah !Mewtwo ne dédaigna pas ce combat. La haine fulminait en lui. C'était une haine totale envers le genre humain et qui ne pouvait s'éteindre que par l'anéantissement total de ces derniers. Les deux adversaires se mirent donc à se combattre. Tantôt ce combat était de corps à corps, tantôt il se mutait en tir au pigeon réciproque. Les deux adversaires étaient de force quasiment égale. Le pokémon psy lançait à Rudolph Estenia des boules d'énergie de plus en plus grosses et dangereuses. Le savant fou, quant à lui, le dardait de coups de tentacules tranchants. Tous deux s'esquivèrent mutuellement pendant plusieurs minutes jusqu'à ce que, finalement, un des deux belligérants prenne le dessus. Le clone du premier pokémon mortel lança une sphère d'énergie plus grosse que les autres. Rudolph Estenia fut touché et s'effondra à proximité de la table de commandes, qui s'embrasait. Il n'en revenait pas, et fatiguait. Le professeur reprit progressivement force humaine et, l'air se faisant rare, suffoquait désormais. Mewtwo s'approchait de lui, prêt à lui donner le coup de grâce sans la moindre pitié. Pitoyable, le génie déchu se releva et prit une deux fioles qui traînaient sur une des consoles. Il reculait à mesure que Mewtwo se rapprochait de lui. Mais cela ne dura qu'un temps, et très rapidement acculé au mur face au pokémon qui l'avait vaincu, il demanda pitié. - Non je t'en supplie Mewtwo ! Pardonne-moi de t'avoir sous-estimé. Je me rends.Mais le pokémon ne répondit pas. Il s'apprêtait à frapper de nouveau, le point levé. Derrière lui, le feu brûlait dans un halo ardent. On ne voyait même plus les modules. Oui, c'est sur cette image que se termina l'enregistrement. Les caméras de sécurité ne disaient pas ce qu'il était advenu du professeur Estenia. Mais j'avais eu mes réponses : c'était un mystérieux individu ayant la faculté de se transformer en pokémon qui était la cause indirecte de ce désastre. Le plus puissant de tous les pokémons, excepté les Douze bien sûr, avait fait le reste du travail. Toutefois, cet enregistrement me posait d'autres questions : qui pouvait donc être cet homme à la chair écorchée ? Et qu'était devenu le professeur Estenia ainsi que ce Mewtwo à la puissance hallucinante ? Tout en réfléchissant à toutes ces nouvelles informations sans vraiment savoir que faire ensuite, je me résolus à sortir de ce trou à rats pour retrouver la lumière du jour. J'étais en effet assez sceptique sur les effets des laboratoires en ruine sur les capacités de réflexion humaine. Au bout de la grande salle des modules de stase, se trouvait un long couloir. En le traversant, je pus mieux me rendre compte de l'ampleur des dégâts causés par Mewtwo et à même pouvoir suivre ses traces. Il avait suivi le même chemin que moi. Ensuite, après deux cents mètres environ, un escalier apparaissait. Des cadavres de mercenaires transmutés le jonchaient, manquant à plusieurs reprises de me faire trébucher. Finalement, après l'avoir gravi une ultime porte d'acier séparait le laboratoire de l'extérieur. Je l'ouvris. Il ne faisait pas beau : très mauvais même, le temps était à l'orage. Piétinant d'autres cadavres, je m'avançai dans la cour principale du fort tout en observant les alentours. Le fort était à l'image du centre de recherche, c'est-à-dire détruit. Il y avait également une odeur de pourriture atroce qui altérait l'air, le rendant difficilement respirable. Je sortis bien vite de ce lieu frappé par la mort, ce qui fut d'ailleurs facilité par le fait que l'immense portail blindé qui barrait l'entrée du fort se trouvait par terre, chaque partie étant fragmentée en deux. Enfin, j'étais libre, et galegon partageait le même état d'esprit. J'étais libre. Libre, mais perdu et seul. Je n'avais plus personne pour me guider, d'ailleurs que devais-je faire déjà ? Ah oui, je me souviens : trouver ce fichu Trio Originel. Autant dire que c'était mission impossible sans mentor ou structure pour me guider. Et puis même si je les trouvais, à quoi bon ? Rudolph Estenia ne m'avait-il pas dit que ressusciter la Lune Blanche ne permettait que d'affaiblir la Lune Noire et non d'empêcher le réveil du Xort'Majora ? Vérité ou mensonge d'un savant ayant perdu la raison depuis bien longtemps, je ne pouvais occulter le fait que cette perspective altérait considérablement ma motivation à accomplir cette mission. Xatu, s'il m'avait pris à proférer de tels propos, m'aurait certainement fait un monologue moralisateur sur l'importance de la discipline dans des temps aussi graves. Mais peu m'importait : l'époque où j'obéissais aveuglément sans réflexion aux injonctions de vieillards ou de divinités déconnectées des réalités était révolue. Alors, faute de sens à donner à ma vie, j'errais sans but et sous la pluie dans les terres montagneuses du Plateau Indigo. Un élu en perdition. Oui, ce concept me définissait bien en cette journée pluvieuse. VII
Prêt au trépas La mort n'a pas voulue de moi C'est le projet du Savant qu'elle a frappé
Une nouvelle ère commença donc Libéré de ma cage de verre Je découvris la sentence de Prométhée Je renaquis en me faisant homme Libéré de la cage des dieux Une ère s'achevait Temple des Anciens Epitaphe du Prophète Datation : + 80
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| | | L'Illustre Aegir Membre
Messages : 38 Date d'inscription : 21/05/2014 Age : 32 Localisation : Stralsund, 1757
| Sujet: Chapitre XVII - L'épreuve de Saturne Jeu 22 Mai - 20:14 | |
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18 Février - 4 AM Narrateur : Denaro Wolf Je me trouvais désormais de l'autre côté de la porte en pierre. Brutalement et sans crier gare, à peine m'étais-je engouffré dans le passage secret que la lourde entrée granitique se referma sur moi dans un violent fracas. Conséquence désagréable de cet évènement, je fus plongé soudainement dans l'obscurité la plus complète. Auparavant, l'entrée du refuge d'Irène permettait en effet de laisser passer la lumière intense du soleil d'Hoenn et donc d'éclairer la grotte et, indirectement, une partie du passage vers le repaire de l'ancienne Directrice du Consortium. Bref, le néant m'engloutissait. D'ordinaire, un tel environnement n'aurait pas dû me gêner puisque, comme tout soldat du Consortium, mon équipement comprenait une torche électrique. Mais, dans la précipitation des évènements, j'avais oublié par mégarde de prendre mon sac de voyage avant d'entrer dans le tunnel. Résultat des courses : je n'avais ni torche, ni allumettes, ni aucun moyen d'éclairage qui m'eut permis de m'orienter dans cet endroit inconnu. Il fallait pourtant bien avancer : je n'allais pas rester ainsi, stoïque devant l'entrée, pour l'éternité. Prudemment et utilisant mes mains à la manière d'un aveugle afin de m'orienter, je progressais donc. Il faisait très froid et très humide L'écart de température avec l'extérieur était d'ailleurs si élevé que je ne tardai pas à développer une vilaine toux. J'ignorais à vrai dire si j'étais sur le bon chemin, mais puisqu'il s'agissait d'un tunnel il n'y avait qu'une entrée et donc qu'une sortie. Mon mime d'aveugle perdu continua ainsi un bon moment, au point que je commençais à avoir l'impression de tourner en rond. C'était le néant, encore le néant, toujours le néant que mes deux globes oculaires rouges percevaient. Un nouvel évènement imprévu m'en tira pourtant, puisqu'une main moite se posa sur mon épaule gauche sans que je l'entende venir. Je sursautai et voulus émettre un cri. Mais une autre main m'en empêcha en se posant sur ma bouche. Il s'agissait apparemment d'un humain incroyablement discret et passé maître dans l'art de la furtivité qui venait de mettre la main sur moi. D'une voix rauque, il me chuchota à l'oreille. - Alors, on est perdu ? Ce que tu cherches est sous tes pieds. Méfie-toi de l'homme écarlate.Aussi soudainement qu'il était apparu, l'homme disparut d'un bruit léger. Je ne comprenais pas. Que voulait-il dire ? Peut-être la sortie se trouvait-elle sous mes pieds ? A bien écouter le bruit de mes pas sur le sol, il était vrai qu'il avait changé par rapport à celui auquel j'étais accoutumé depuis mon entrée dans le tunnel. C'était un bruit moins sourd et qui émettait un petit écho discret. Fidèle à mon instinct de combattant qui m'avait si bien servi depuis que l'Armée du Consortium m'avait recruté, je martelai le sol avec mes puissantes bottes. En effet, il n'est pas nécessaire d'être un expert en géologie pour comprendre qu'un bruit creux sur une surface signifie que quelque chose se cache en dessous. Il faut croire que cette déduction était la bonne : brusquement, le sol se mit à vibrer. Puis, huit lumières apparurent tout autour de moi et déchirèrent le néant dans lequel j'étais plongé jusqu'alors. Cela me permettait enfin de m'orienter. Je me trouvais au fond du tunnel, dans une grande pièce circulaire. Ainsi, mon impression de tourner en rond n'était pas une impression : je tournais bel et bien en rond. La salle était composée tout d'abord d'une énorme plaque de bronze sur laquelle était gravé un étrange symbole. Autour de la plaque était ensuite fixé sur le sol huit panneaux métalliques qui étaient chacun dotés d'un spot circulaire qui émettait un intense rayon de lumière bleutée qui éclairait toute la salle tout en lui donnant cette coloration bleutée. Enfin, les rayons de chaque spot convergeaient vers moi, à la manière d'un laser. C'est à ce moment-là que, venue de nulle part, une voix robotisée mais excentrique se fit entendre. - Mes algorithmes ne me donnent pas la berlue ? C'est bien un inconnu que je vois là, devant mes yeux délicats ? Oh joie, oh triomphe ! Ca fait si longtemps que personne n'est venu me rendre visite. En plus t'es plutôt beau garçon. Je me serais bien marié avec toi, mais ma femme me taperait dessus. Infortunément, mes analyses physionomiques montrent que tu appartiens à l'Armée du Consortium. Non pas que j'ai quoi que ce soit contre les tiens, le manichéisme m'a toujours fait horreur. Mais je suis une machine, et comme toutes les machines je suis sous le joug d'un humain. Donc, que fais-tu ici ?Etrange personnage. Je ne savais ni qui il était, ni ce qu'il me voulait. Cela devait être le gardien du repaire de l'organisation d'Irène, le Parti Concordien. Et sa question devait être une sorte de test. Assez désarçonné par le ton sarcastique de la voix, je ne me laissai pas démonter pour autant. Je lui répondis donc calmement, les bras croisés. - Je veux rejoindre le Parti Concordien, vous êtes un ami d'Irène et Sebastien ?Je lui avais dit la plus pure vérité, sachant pertinemment que dans ce genre de situations il valait mieux montrer patte blanche. La réponse me surprit et acheva de me laisser penser que la voix souffrait d'une pathologie mentale. Elle était passablement psychotique. - Oh, Irène tu dis ? C'est ta mère Irène et tu t'es perdu sur le chemin vers la maison ? Hum, oui peut-être que je connais cette femme. Mais avant cela, transfuge du Consortium, nous allons jouer à un jeu ! J'espère que tu aimes jouer. Je t'ouvre les portes du parc d'attractions et n'oublie pas d'aller voir le Père Noël.Sans me laisser le temps de répondre, la voix vociféra des ordres dans une langue inconnue qui conduisit à l'ouverture de ce qui était en fait une trappe. Le sol se déroba sous mes pieds à la manière d'un cyclone, me laissant tomber dans ce qui était une sorte de long réseau de canalisation en acier. Je descendais à toute allure, et au fur et à mesure de ma descente certaines trappes s'ouvraient et se fermaient ; orientant ainsi mon cheminement. Après dix minutes de chute vertigineuse, j'atterris finalement dans une pièce sombre aux murs lézardés et au sol poussiéreux. Tombé violemment sur le derrière, j'insultais la voix robotique et la maudissais de m'avoir conduit jusqu'ici avec aussi peu d'égards. Devant moi, dans une deuxième salle à laquelle je pouvais accéder par le biais d'un étroit corridor qui reliait les deux pièces, un immense écran géant était disposé. C'est par ce biais que la voix me répondit, me permettant en même temps de mettre un visage sur cette étrange entité. - Ca ne va pas de parler comme ça de l'ami des enfants ! Tu as de la chance que je sois gentil, vilain garnement. Bon, voilà le but du jeu : me retrouver. Tu vois la porte blindée sur ta droite ? Là-dedans se trouve un escalier. En haut de cet escalier, tu me trouveras. Je n'ouvrirais la porte que lorsque tu seras parvenu à faire ami-ami avec le pokémon qui se cache dans la salle sur ta gauche. Il est comme toi, c'est-à-dire grognon. Je suis sympa, non ? Pff, j'en ai marre de faire l'entremetteur. Allez, ne me déçois pas Monsieur Transfuge : je t'attends en haut. On va bien voir ce que tu vaux.Immédiatement après, l'image disparut. La voix appartenait à nul autre qu'un porygon-Z excentrique à l'humour quelque peu douteux et cynique. Il me soumettait à une épreuve : il fallait donc s'exécuter. Je n'avais de toute manière aucune autre alternative. La porte sur la droite disposait d'un triple verrou avec pour chaque verrou un code complexe à dix chiffres. Débloquer l'accès vers ce porygon-z paraissait donc déjà fort difficile pour un expert en sécurité, alors pour un militaire de terrain tel que moi c'était mission impossible. Je devais donc me soumettre, de gré et surtout de force, à l'épreuve étrange de ce programme informatique sur pattes. Après avoir traversé la salle, j'ouvris donc la porte de la pièce où se trouvait l'objet de cette épreuve. Etrangement, j'étais serein et j'avais fait le vide en moi. Seule une détermination sans faille et un désir de réussir guidait mon esprit à présent. Depuis la rixe entre Irène et Sebastien, quelque chose en moi s'était réveillé qui m'avait permis de nouer un premier contact entre mon cœur et les pokémons. Cette épreuve devait leur prouver à tous, à commencer par ce pokémon à moitié fou, que ce contact était réel et que j'étais prêt à renier ma vie passée définitivement. Après avoir franchi la porte, une immense salle de sport s'étendait devant moi. Sur le sol, une immense pokéball était dessinée. Cet endroit devait servir aux combats entre humains, mais aussi entre pokémons. Au milieu, un petit pokémon à la démarche lourde et débonnaire me faisait. Il avait des cernes très marqués autour de ses yeux qui lui donnaient un regard à la fois endormi et menaçant, un dos très arrondi et qui disposait en outre d'un trou qui laissait échapper de temps à autre de la vapeur. Ce pokémon, c'était un chamallot. Ce pokémon, je devais le convaincre de me rejoindre et de lier amitié avec moi. En réfléchissant à tout cela, j'avais encore du mal à m'habituer à ce qui m'aurait encore paru être une hérésie ne serait-ce qu'un jour plus tôt : les pokémons peuvent et doivent être les amis des hommes. Je finis par, finalement, sortir de ce court moment d'introspection pour retourner au réel. Le pokémon, s'il me faisait face, m'ignorait royalement. Comment l'approcher sans qu'il ne se sente menacé ? C'était un vrai problème, car en bon produit du modèle éducatif du Consortium, j'ignorais pour ainsi dire tout de la psychologie des pokémons. Pour mes anciens maîtres, un pokémon était au moins une force de travail et au pire un parasite. Faute de leçons apprises dans mon enfance à appliquer, je me fiais donc à ma propre expérience empirique. Et mon expérience en la matière se cantonnait à celle que j'avais eue la veille, avec arcko et gobou. Quelle était-elle ? Principalement, ne pas refuser le contact avec les pokémons lorsqu'il se présentait. Je réfléchissais, encore et toujours, tandis que je m'étais mis sans m'en rendre compte à tourner autour du pokémon à la manière d'un insécateur autour d'un rattata bien gras. Mais le chamallot refusait d'aller à mon contact, malgré les regards et les signes que je lui faisais. Agacé, je finis donc par faire la pire chose qui soit avec ce pokémon : m'avancer à son contact. Le pokémon réagit à ce changement, effectivement. Mais pas vraiment de la manière que j'espérais : il se mit à meugler puis à projeter vers moi des petites boules de magma encore chaud. Manquant de peu de me faire brûler vif au troisième degré, je jugeai donc bon de battre en retraite tout en invectivant le chameau. - Ca ne va pas la tête ? T'as failli me tuer !En m'entendant, le pokémon sourit brièvement avant de reprendre son air arrogant. J'étais perplexe : l'inviter à me rejoindre ne fonctionnait pas, et aller vers lui non plus. Quelle attitude adopter avec ce pokémon ? Je commençais à comprendre toute la complexité de la psychologie des pokémons : tous les pokémons ne sont en effet pas identiques. Certains sont agressifs. D'autres, bien au contraire, fuient au moindre danger. D'autres encore sont si vaniteux qu'ils considèrent l'agression autant que la fuite comme des procédés indignes d'eux et préfèrent donc attendre qu'un danger se concrétise. Chamallot n'aime pas qu'on l'approche en tout cas : c'était indéniablement la leçon à tirer de ce premier revers. Je devais donc analyser son comportement afin de le comprendre et agir de façon à ce qu'il ne se sente ni menacé ni déconsidéré. C'est un pokémon fier : il faut donc agir fièrement envers lui ! Il fallait triompher de lui virilement et loyalement, ce n'est qu'ainsi qu'il entendrait raison. Cessant les gestes amicaux, je partis donc à l'assaut du chameau à vive allure. Il voulait se frotter à plus fort que lui, très bien : il aurait ce qu'il désirait. Face à ce changement de démarche autant que de vitesse, le pokémon tenta tout d'abord de réitérer sa tactique précédente en projetant du magma sur moi depuis son trou dorsal. Mais je n'étais pas né de la dernière pluie, et je connaissais désormais ses tactiques de combat. Esquivant avec agilité les projectiles, je finis par arriver sur le pokémon et, lui prenant ses pattes, je le soulevai avec force avant de tourner sur moi-même à la manière d'une toupie. Puis, je lâchai le pokémon des mains : l'énergie cinétique aidant, l'infortunée créature finit par traverser tout le gymnase pour finir par s'écraser sur un des murs. Le choc avait été si fort qu'un renfoncement conséquent apparut sur la paroi. Après toutes ces péripéties, le pokémon finit par s'écraser sur le sol dans un meuglement plaintif. Ce premier succès ne signa pas pour autant la fin du combat puisque, sans lui laisser le temps de se remettre, je me remis à courir vers lui. Une fois arrivé à son contact, je le pris à bras le corps et le lança une nouvelle fois : cette fois, il venait de faire le chemin inverse et atterrit sur la paroi située à l'extrême gauche du théâtre d'opérations. Je continuai de malmener le pokémon ainsi deux autres fois. Le chamallot se trouvait désormais sur l'extrémité nord de la salle de sport, et je me dirigeais une nouvelle fois vers lui mais cette fois à une allure plus lente. Je voyais bien que le pokémon, roué de coups, était épuisé. D'une cadence moyenne mais régulière et galvanisé par toute cette activité physique, je me mis à lui crier dessus avec fierté. - Alors, déjà fatigué ? Je peux continuer ainsi pendant des heures, tu fais moins le fier qu'au début.Le volcan sur pattes respirait bruyamment à présent, et lorsque j'arrivai devant lui il baissa la tête : il devait s'attendre à une nouvelle projection de ma part. Pour ma part, je me sentais revivre : le combat était vraiment quelque chose que j'adorais. J'avais toujours adoré le combat d'ailleurs. Toujours est-il que je me sentais maître de la situation à présent : le temps du combat était fini, il fallait maintenant user de psychologie avec ce pauvre pokémon. Ses petits yeux ronds et tristes me faisaient éprouver une certaine pitié à son égard. Et pourtant, je sentais qu'un immense potentiel était caché en lui. Après avoir mis un genou à terre et avoir posé un bras sur ce genou, je me mis donc calmement à lui parler. - Tu t'es bien battu, mon petit. Sache que je ne te veux aucun mal. Jadis, c'est vrai : en telle situation, je t'aurais au mieux tué et au pire emprisonné. Tu n'imagines même pas les horreurs que le Consortium m'a fait faire à l'égard de tes semblables. Nous détruisions vos habitats. Nous privions les enfants de leurs parents, et les parents de leurs enfants. Au Département Scientifique, les pokémons déportés subissaient des expériences aussi cruelles que douloureuses. C'était cela, oui, ma vie passée. Jusqu'à ce qu'un de tes semblables ne m'ouvre les yeux. A ton tour, ouvre les yeux sur moi : j'ai tourné le dos à mon passé. Aujourd'hui, je ne te veux aucun mal et souhaite simplement...être ton ami.Tout en exprimant ses sentiments, quelques larmes m'échappèrent lorsque je mentionnai les crimes que j'avais fait accomplir le Consortium. Ces larmes tombèrent sur la tête du chamallot. Ce n'est qu'à ce moment qu'il commença à lever, lentement, la tête afin de permettre le croisement de nos deux regards. Nous nous fixâmes ainsi pendant plusieurs minutes, le temps que chamallot reprenne son souffle et décide si oui ou non il acceptait mon amitié. La décision fut finalement prise : le chameau me donna un petit coup de bélier sur le ventre qui me fit tomber à la renverse de surprise. Puis, le pokémon sauta sur moi, son museau sur mon nez en signe d'acceptation. Quelques roulades plus tard, je me relevai en même temps que le chamallot. Il se mit alors à courir autour de moi tout en meuglant de joie. C'est à ce moment que, soudainement, l'écran géant de la seule paroi non endommagée par notre lutte de tantôt s'illumina et fit apparaître l'improbable maître des lieux : c'était le porygon-z psychotique. Il commença d'abord par se déplacer dans les quatre coins de l'écran en hurlant d'enthousiasme. Puis, il finit par se stabiliser au centre et se rapprocher, ce qui eut pour conséquence d'accroître la taille de son visage. Excentrique comme à son habitude, il se mit alors à parler. - Oh, comme c'est mignon : le transfuge a fait ami-ami avec un pokémon. J'ai aimé ta bataille navale au début au fait, c'était très divertissant. Il faudra qu'on remette ça avec un dracaufeu un de ces quatre, tu ne penses pas ?Passablement agacé avec les euphémismes et le cynisme du porygon-z puisque j'avais manqué de finir brûlé vif dans ce combat contre chamallot, je lui coupai la parole. - Oh ça va hein, tu vas la fermer et nous ouvrir la porte ? J'en ai assez de ton petit jeu.Vexé, le porygon-z répondit sobrement : - Toujours aussi coincé à ce que je vois. Bon, comme promis je te déverrouille la porte. Je t'attends en haut avec ton nouveau pokémon.Aussitôt, l'écran s'éteignit et j'entendis deux bruits mécaniques devant moi et au-dessus de l'écran. C'était le mécanisme des deux portes, l'entrée du gymnase tout d'abord et le porte blindée qui verrouillait l'accès au maître des lieux ensuite, qui s'enclenchait. Bientôt, la première porte s'ouvrit. Après avoir atteint la salle principale du complexe, ce fut au tour du mécanisme complexe de la seconde porte de déverrouiller le passage. Je voyais les codes des trois verrous s'agencer de manière à ouvrir l'entrée. Je n'avais ainsi plus qu'à avancer. Immédiatement après avoir traversé, le mécanisme de sécurité de la porte blindée se réactiva aussitôt ; m'empêchant tout retour en arrière. Un escalier circulaire me faisait à présent face. Il semblait infini quand je regardais dans la cage d'escalier, mais je n'avais d'autre choix que de l'emprunter. Le bruit de mes pas sur l'escalier était assourdissant, la structure étant entièrement constituée d'acier. L'ascension prit dix bonnes minutes. J'arrivai finalement au sommet. Une autre porte se présentait à moi : décidément, les propriétaires des lieux étaient obnubilés par la sécurité. Celle-ci était blindée comme la précédente, mais avait la particularité de disposer d'une commande de sécurité digitale sur la droite de l'entrée. Outil de haute technologie, cette commande était composée d'une plaque de métal d'une autre couleur sur laquelle était gravée la forme d'une main humaine où coulait un rayon jaunâtre. Montrant au sens propre patte blanche, je plaçai ma main droite sur la commande. C'est alors qu'une voix robotique automatisée se fit entendre : - Analyse Digitale terminée. Denaro Wolf, Transfuge du Consortium. Vous êtes habilité à entrer. Bienvenue dans le Quartier Général du Parti Concordien.Pour la première fois depuis mon entrée dans le tunnel, j'étais soulagé : je me trouvais bien au bon endroit. Il faut dire que tout le long de l'épreuve, jamais porygon-z n'avait clairement précisé que je me trouvais dans les locaux du Parti Concordien. La porte blindée s'ouvrit, cette fois de manière différente puisque les parties gauche et droite de la porte se séparèrent et s'engouffrèrent dans leurs parties respectives de la paroi ; révélant ainsi ce qui se cachait à l'intérieur. C'était une pièce sombre, remplie des murs au plafond de puissants ordinateurs et d'écrans en tout genre qui affichaient tous le visage déformé de porygon-z. En me voyant arriver, il sortit littéralement de l'écran et me fit face en lévitant dans les airs. Ce transfert entre monde virtuel et monde réel n'altéra néanmoins en rien son comportement étrange, et moi comme chamallot le regardions avec des yeux ronds tandis qu'il se mit à nous parler. - Ah, vous êtes enfin arrivés les enfants. Vous allez me manquer, mais puisque vous avez manqué l'échec de cette épreuve et bien c'est à regret que je vais vous ouvrir le chemin vers le repaire des Concordiens. J'espère que vous vous êtes bien amusés au moins.Il était bien à faire un discours de deux heures, ce qu'il commença à faire d'ailleurs. C'est pourquoi, pour couper court à tout éventuel coup fourré de la part du pokémon, je l'interrompis sur un ton respectueux mais froid. - Ca va, on a compris porygon-z. C'est par où la sortie ?Le pokémon répondit aussitôt, à la fois vexé et triste, tout en indiquant avec un de ses bras une porte qui se trouvait devant nous et à droite des ordinateurs. - Vous êtes agaçants à la fin de m'appeler à chaque fois « porygon-z ». Je ne suis pas une marque de vêtements à la fin : j'ai un nom ! Donc appelez-moi par mon vrai nom à l'avenir, c'est-à-dire SATUR-075. La sortie est par là.Je répondis ensuite d'une manière cinglante, avant de fausser compagnie avec cette étrange créature qui m'effrayait quelque peu. - Encore un nom à coucher dehors. Bon bah je vais t'appeler Saturne pour faire court, et si ça ne te va pas et bien il faudra faire avec. Sur ce, on te laisse : mon pokémon et moi, on a des choses plus importantes à faire.Moi et mon chameau de compagnie partîmes ensuite du repaire de Saturne. Il n'apprécia d'ailleurs pas cette liberté prise avec son patronyme, et tandis que la porte se refermait derrière nous je l'entendis lâcher encore quelques mots. - Mais je ne te permets pas ! Satanés humains.Mais je l'avais déjà oublié. Face à nous, l'environnement avait changé du tout au tout. Un marbre richement décoré et majestueux avait en effet supplanté les froides surface en métal du domaine de Saturne. Un long corridor au-dessus duquel des ponts étaient placés d'où nous regardaient les passants s'étalait également face à nous. Au terme de ce corridor, deux statues de rhinoféros usées par le temps séparaient l'entrée d'une pièce d'eau au centre de laquelle une fontaine était l'objet des jeux d'enfants charmants. Tout respirait ici la joie de vivre et la douceur des contrées tropicales comme Johto. Le décalage face à ce que je venais de vivre me mettait mal à l'aise. Etait-ce un nouveau piège de Saturne. Tandis que j'observais les enfants jouer, la perplexité m'envahissait. C'est l'apparition de la silhouette si reconnaissable d'Irène d'une des quatre voies d'accès de la pièce d'eau qui m'en sortit. Elle se dirigea vers moi et, avec sa voix si douce, m'adressa la parole. - Ah, tu es enfin arrivé. Porygon-Z...euh, je veux dire Saturne nous a prévenus de ton arrivée. J'espère qu'il ne t'a pas fait subir trop de misères. Pardonne-moi de ne pas t'avoir prévenu, mais c'est une tradition chez les Concordiens de faire subir une épreuve à leurs nouveaux membres. Question de sécurité, si le Consortium s'infiltrait dans nos rangs ce serait une catastrophe. Mais puisque tu es là et que je vois cet adorable pokémon à tes côtés, ça n'a pas dû te poser de problèmes. Bref, suis-moi : le Conseil est prêt à te recevoir.Suivant Irène et après avoir traversé un dédale de couloirs et de pièces secondaires de moins en moins fréquentées par les civils, je finis par arriver devant une impressionnante porte en bois sur laquelle était gravée le même symbole que sur la plaque de métal qui m'avait fait rentrer en contact avec Saturne quelques temps auparavant. Irène, avec une force étonnante pour une femme en apparence si gentille, poussa la lourde porte à bout de bras ; révélant ainsi ce qui se trouvait au-delà.
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| | | L'Illustre Aegir Membre
Messages : 38 Date d'inscription : 21/05/2014 Age : 32 Localisation : Stralsund, 1757
| Sujet: Chapitre XVIII - Une juste cause Jeu 22 Mai - 20:15 | |
| - Spoiler:
18 Février - 4 AM Narrateur : Denaro Wolf La porte était maintenant ouverte. Face à moi s'étendait à présent un long tunnel rocheux. C'était un tunnel analogue à celui que j'avais emprunté six heures plus tôt pour rejoindre les Concordiens, à ceci près que des torches éclairaient le chemin et que d'étranges bustes de pierre avaient été gravés à même la roche. Ces bustes, répartis dans des cavités sur les parois gauche et droite du tunnel, donnaient l'impression aux visiteurs que cet endroit était gardé par eux. Associé aux effets de lumière rougeoyants des torches sur les parois, tout concourait à donner à l'endroit une ambiance presqu'occulte. En tout cas, elle était clairement intimidante. Irène s'avança, m'invitant à la suivre. Je m'exécutai, suivant au maximum les pas de l'ancienne Directrice du Consortium pour ne pas la perdre de vue. En même temps, j'observais craintivement ces étranges bustes dont les visages paraissaient si vivants qu'ils semblaient prêts à parler. Sentant l'inquiétude irrationnelle qui m'assaillait, Irène se mit à parler sans pour autant stopper sa marche. - Je te sens tendu, Denaro...ce sont les bustes qui te perturbent tant ? Oui, moi aussi lorsque Sébastien m'a emmenée ici pour la première fois ici j'étais mal à l'aise. Tu as vu comment, où que l'on se trouve, ils semblent nous fixer ? J'ignore qui les a sculptés, et encore moins quand. Nous l'ignorons tous. Mais un des membres du Conseil affirme que ces bustes représenteraient vingt Maîtres Destogorides, du temps où la Ligue Pokémon avait encore un pouvoir. C'était bien avant l'ère du Consortium...C'est tout ce que dit Irène. A ce petit point d'information succéda en effet un long silence. Un long silence qui n'était interrompu que par le crépitement des torches et le bruit sourd de nos pas. Une ambiance de mort régnait ici : l'ambiance d'un tombeau. Oui, j'avais la sensation que ces bustes cachaient quelque chose. Ils représentaient les Destogorides, les maîtres légendaires de la Ligue Pokémon. Très peu porté à la science historique, ce n'était pourtant pas la première fois que j'entendais ce nom. Mais où avais-je bien pu le croiser ? Je me triturai les méninges quelques secondes, tout en ralentissant sans m'en rendre compte mon rythme de marche. Ces quelques secondes se transformèrent imperceptiblement en minutes. Irène était maintenant à cinquante mètres de moi, et s'approchait de la sortie, qui s'avérait être en apparence un cul-de sac. C'est à ce moment précis que je me souvins de ma première rencontre avec les Destogorides. Cela remontait à plus d'un an, mais je m'en souvenais comme si c'était hier. Comment oublier une telle journée ? C'était le 22 mars – 20, deux mois après mon enrôlement dans le 71ème Corps d'Armée de l'Armée du Consortium, que je fis la rencontre des Destogorides dans l'opération commandée par celui qui n'était encore à l'époque que Directeur de la Sécurité : Siegfried Sardonis. Cette opération représentait à merveille Sardonis : elle était sanguinaire et sans la moindre once de pitié. Les ordres avaient été clairs : il fallait détruire purement et simplement le Palais Royal des Destogorides et exterminer tous ses résidents. Tout cela n'a été qu'un immense bain de sang, mais j'étais encore à l'époque complètement fanatisé par la propagande de mes supérieurs. Il fallait vaincre le fanatisme, faire périr les apôtres de l'ordre ancien afin de favoriser l'instauration d'un âge de paix où le Consortium et la Science supplanterait enfin la Ligue et la Superstition. Des Destogorides, sous forme humaine comme pokémon, j'en ai tué des dizaines sans faire la moindre distinction d'âge ou de sexe. Tout le monde y passait : les hommes, les femmes, les enfants, les vieillards. Ceux qui voulaient s'enfuir étaient bombardés par l'artillerie. Nous n'avions pas de pokémons, ils en avaient : c'était le combat de la technique face à la nature. C'était le combat de la Barbarie face à l'Amour. Combien d'enfants de ces ancêtres illustres dont le buste trône dans ce tunnel ais-je tué ? C'est moi, Denaro Wolf, qui ait tué l'Archevêque. C'est moi, Denaro Wolf, qui ait tué Octave et vu de mes propres yeux Sardonis ordonner la destruction de sa Bibliothèque ; que l'on estimait être la plus riche du monde en ouvrages anciens. C'est moi, Denaro Wolf, qui est le responsable de tant de crimes. En me remémorant tout ce déchaînement de violence que j'ai accompli contre les Destogorides et les pokémons, je ne pus m'empêcher de m'écrouler sur le sol en sanglots. Dans mon écroulement, ma pokéball me glissa des mains et atterrit sur le sol, à quelques mètres de moi après quelques rebonds. Sous le sol, elle libéra mon chamallot. Me voyant ainsi prostré en train de pleurer sur le souvenir de mes crimes passés que ce lieu avait réveillé en moi, chamallot se rapprocha de moi d'abord avec son traditionnel air impassible. Puis, rapidement, la tristesse s'empara également de moi. J'avais beau ne lui avoir rien dit, et cela n'aurait de toute manière servi à rien puisqu'il n'est pas un pokémon psy, il me comprenait parfaitement. Je le sentais. C'est lui qui me donna la force, après quelques minutes de sanglots abondants mais nécessaires, de me relever et de rattraper Irène. Mais la blessure profonde que j'avais infligée à ces bustes en m'attaquant à leurs descendants, où tout du moins que je pensais leur avoir infligé du fait du regard inquisiteur que je croyais voir en eux, cette blessure je la sentais en moi. Pour la première fois de ma vie, je ne donnais plus la souffrance : je la ressentais. Etais-ce cela le dur chemin de la rédemption ? Je finis donc par rattraper Irène. Elle se trouvait dans un cul-de sac, mais cela ne semblait nullement l'inquiéter : à la place, elle faisait les cent pas. Au vu de cette ronde psychotique, j'en déduis qu'elle devait m'attendre depuis un certain temps. Me voyant enfin arriver en courant et haletant, elle se rapprocha de moi pour me dire quelques mots. - Enfin tu es là ! Qu'as-tu fait pendant tout ce temps ?Essoufflé, je parvins toutefois à lui répondre rapidement. - Un passé douloureux a refait surface...Mais je vais mieux, maintenant. Elle est ici la sortie ? Pourtant, je ne vois aucun passage.Paradoxalement, ce moment de faiblesse que je venais de subir m'avait rendu plus fort. Les pleurs et le regret purifient l'âme et lui permettent d'avancer. Désormais, ce passé ne me faisait plus peur. Il est vrai que j'avais été un monstre à une époque, mais plus maintenant. Et si je ne sais quel rescapé de ma folie meurtrière venait à s'avancer vers moi demain, j'étais dorénavant capable de le regarder en face et de m'excuser avec sincérité. Maintenant, seul m'importait la vie que j'allais mener au sein des Concordiens. Je devais tout à Irène et les pokémons. Ma question interloqua Irène, mais était aussi fort compréhensible pour un néophyte tel que moi dans la mesure où ce qui nous faisait face ne ressemblait nullement à une porte. Face à nous, c'est une simple paroi semblable à beaucoup d'autres qui nous barrait la route. Elle était composée de la même roche que les alentours, et nulle différence chromatique ne la distinguait des autres surfaces rocheuses du tunnel. C'est pourquoi Irène sourit d'abord, avant de me répondre tranquillement. - Oui, en apparence ce n'est qu'une voie sans issue. Mais tu sais Denaro, il y a beaucoup de choses dans le vaste monde qui paraissent ne pas exister. C'est un passage secret, encore un. Maintenant, suis-moi : le Conseil se trouve juste derrière.Suivre Irène ? Je ne compris d'abord pas, étant attaché à l'intégrité de mon nez. Cette incompréhension s'avéra toutefois être de courte durée, en tout cas jusqu'à ce que la stupéfaction ne m'atteigne lorsque je vis Irène traverser le mur comme un passe-muraille. Ainsi, ce mur n'était qu'une illusion ? Pour ne pas rester seul dans ce tunnel sordide et aussi parce que désobéir à Irène n'aurait servi à rien, je m'engageai moi aussi en direction de l'intrigante paroi. A mon tour, je la traversai comme un spectrum traverse les murs de manoirs hantés les nuits de pleine lune. Chamallot me suivit immédiatement après, sans éprouver la moindre difficulté. J'étais stupéfait : comment une telle chose pouvait être possible ? Je me retournai d'abord en arrière, afin d'essayer de comprendre. C'était invraisemblable : la paroi semblait, ici aussi, réelle. Et pourtant, elle ne l'était pas. Perturbés, moi et mon pokémon nous retournèrent ensuite de nouveau afin de suivre Irène qui se trouvait à quelques pas de nous. C'est là qu'un spectacle grandiose nous attendait. Devant nos yeux ébahis, s'étendait en effet une immense salle circulaire en roche finement gravée du sol au plafond, en passant par les murs. Au fond, le sol surélevé avait permis d'installer de hautes tables semblables à celles que l'on pourrait trouver dans des tribunaux. Là, cinq personnes me regardaient avec intérêt tandis que je me rapprochais d'eux. En contrebas et à mon niveau, des piliers encerclaient une dalle de pierre. Sur cette dalle était gravé une fois encore le symbole que j'avais déjà remarqué tantôt, juste avant ma confrontation avec l'excentrique Saturne. En fait, à bien y regarder c'était même exactement la même dalle à ceci près qu'elle était cette fois en pierre et non plus en métal. Mais ce qui était le plus impressionnant, c'était l'immense vitrail qui s'étalait en hauteur sur les murs de la pièce. Je faisais la toupie en tournant sur moi-même afin de pouvoir admirer cette œuvre d'art. C'était magnifique : bien que je ne comprenne pas vraiment quel était le message des vitraux, ils représentaient des pokémons légendaires très connus qui se combattaient. J'étais émerveillé et ignorant. Cette ignorance, c'est la voix d'un des cinq personnages qui me fixaient depuis leur promontoire qui l'anéantit. - Magnifique, n'est-ce pas ? C'est la Fresque des Destogorides. Elle représente les moments-clés de la constitution du monde par les Douze dieux majeurs du Panthéon. Comme je doute que les jeunes d'aujourd'hui soient intéressés par la mythologie, laisse-moi te montrer comment il faut la lire. Voit en haut, devant toi : Arceus, après avoir créé l'univers et triomphé du Xort'Majora que tu vois enterré tout en bas de la fresque sous un tas de cendres, dirige l'ordre cosmique et est le Dieu des Dieux. Il est à la source de tout. En dessous, figure Rayquaza. C'est le Dieu de la Voûte Céleste. Son souffle a plongé Kyogre, le Dieu des Mers et Groudon, le Dieu de la Terre, dans un profond sommeil après que leur combat ait crée l'Ordre Terrestre. A la gauche et à la droite d'Arceus, ses fils et seconds règnent à ses côtés : ce sont Dialga, le Dieu du Temps, et Palkia, le Dieu de l'Espace. Leur affrontement a créé les dimensions, au même titre que celui de Kyogre et Groudon a permis l'éclosion de la vie que tu vois représentée par Mew, le Pokémon Primordial, sur la surface terrestre et au-dessus du Xort'Majora. Entre eux, en dessous de Arceus mais au-dessus de Rayquaza, le Trio Originel les empêche de se réunir et assure ainsi l'équilibre cosmique : ce sont Créhelf, Créfollet et Créfadet. Ce sont les représentants d'Arceus sur Terre. Les Zarbis sont ses messagers, que tu vois autour de lui.
Retourne-toi maintenant : après avoir créé le monde, une partie des Douze s'est soit endormie, soit a rejoint Arceus dans les Colonnes Lances. Pour assurer l'équilibre terrestre, Rayquaza a créé Ho-Oh et Lugia afin de veiller sur l'Ordre Terrestre en son absence, sur terre comme sur mer. C'est lui qui protège de ses ailes cet orbe terrestre que tu peux voir. Lui aussi, les Zarbis le servent. Ce sont les Zarbis Alpha, tandis que les émissaires d'Arceus sont appelés dans les textes les Zarbis Oméga. Beaucoup les confondent. A gauche, à droite et en bas de la Terre les trois Dieux du Climat balaient les cieux en apportant foudre, gel et activité volcanique : ce sont respectivement Electhor, Artikodin et Sulfura. Ici aussi, beaucoup d'ignorants prétendent que Groudon est le père de Sulfura alors qu'il est issu du Dieu des Cieux, Rayquaza...Il restait deux parties des vitraux qui me restaient encore inconnues, respectivement situées sur ma gauche et ma droite. Je n'en avais cure, mais contrairement aux précédentes, ces parties étaient plus endommagées. L'étrange érudit était tout de blanc vêtu, avec une capuche qui masquait son visage. Il n'eut pas le temps de terminer son explication, qui m'ennuyait mortellement bien que je n'osais pas l'interrompre. Il m'effrayait presque : qui savait de quoi il pouvait être capable ? Heureusement pour moi, un autre des cinq hommes assis en hauteur lui donna un coup de coude avant de lui intimer l'ordre de se taire. - Silence ! Je sais que tu ne nous as rejoints que récemment, mais ce n'est pas la peine pour assommer notre invité avec tes leçons de théologie qui n'intéressent que toi. Approche-toi, Denaro Wolf. Nous avons à te parler.L'homme était musclé. Il l'était d'ailleurs tellement que la musculature de Sardonis, qui m'avait toujours impressionné, semblait presque de la bagatelle en comparaison. Il était borgne, une grande cicatrice lui parcourant à la verticale son œil droit crevé, et son aspect général était assez intimidant. Autant dire qu'il valait mieux ne pas faire le malin. Irène me regardait, sans esquisser le moindre sourire. Dire qu'elle était au garde-à-vous était un euphémisme. Je me rapprochai donc, me plaçant au milieu de l'immense dalle entourée de piliers. La brute épaisse qui avait cloué le bec à l'érudit encapuchonné reprit ensuite la parole, sur un ton extrêmement sévère et méfiant. - Bon, Irène nous a dit que tu es un soldat du 71ème Corps d'Armée du Consortium qui souhaite rejoindre nos rangs. Elle nous a également dit que tu as triomphé de l'épreuve de Saturne, et si j'en crois le pokémon qui est à tes côtés elle n'a pas menti. Mais dis-moi, pourquoi un criminel de guerre de la pire espèce comme toi veut rompre avec une vie de vice qui t'assure richesse et gloire ?Je fixai de mes yeux verts la masse de muscles éborgnée qui me fixait sans grand intérêt. Mon cœur battait la chamade : l'homme semblait prêt à se lever et à me décapiter à main nue séance tenante. Calmement, je respirai un grand coup et lui répondit non sans une tension certaine dans la voix. - Parce que des pokémons m'ont convaincu que la richesse et la gloire, comme vous dites, n'apporte que le malheur à autrui. Et apporter le malheur à autrui, apporte en dernier recours le malheur à soi-même. Je veux combattre pour une cause qui ne soit plus celle du crime, mais celle de la Vertu. Je veux combattre pour que les monstres du Consortium qui ont profité de ma faiblesse d'esprit juvénile paient leurs crimes. Je veux que Sardonis meure, et qu'enfin la paix entre humains et pokémons soit de nouveau possible.Mon discours militant mais sincère ne semblait avoir en rien altéré le visage empli de scepticisme de la masse musculaire qui me faisait face. En plongeant mon regard dans le sien, je sentais qu'il était persuadé que je mentais. Brutalement, il donna un ordre au membre du Conseil situé tout à droite. - Comme tu parles bien. Mais des beaux parleurs, des espions, j'en ai vu passer des dizaines ici. J'espère pour toi que tu ne mens pas, sinon mon mackogneur va avoir un cadeau ce soir. Lirina, c'est bien toi qui a un pokémon qui sait sonder le cœur des hommes ? Alors, libère-le ! Je veux savoir à qui j'ai affaire.La dénommée Lirina était une femme relativement âgée, vêtue d'un vêtement en tissu pourpre et décoré de symboles en or. Elle avait des yeux blancs, comme si elle était aveugle. D'un geste, elle sortit une de ses pokéballs et la pointa vers l'avant de la dalle sur laquelle je me trouvais. Avant de libérer son pokémon, elle répondit faiblement. Sa voix était chevrotante, mais aussi un peu démente. - Mais bien sûr, Grand Maître Xanathor. C'est le moment de vérité, qui de l'Ombre ou de la Lumière se cache dans ce jeune cœur ? Nous allons le savoir tout de suite.Instantanément après, un pokémon de type Psy en sortit et atterrit juste devant moi. La soudaineté de son arrivée me fit reculer de quelques pas par réflexe. Chamallot n'était pas plus rassuré que moi. C'était un hypnomade qui nous faisait face. Il se rapprocha de nous au maximum, avant de mettre son pendule en face de nos yeux et de l'agiter tout en glissant quelques mots. - Endors-toi, humain. Je vais sonder ton âme...Je m'endormis aussitôt, sans m'en rendre compte. Il est très difficile de lutter contre l'hypnose exercée par un hypnomade, à fortiori sans entrainement préalable. A mon réveil, le pokémon baissa son pendule, se retourna et annonça à voix haute les résultats du travail qu'on lui avait demandé d'effectuer. J'étais angoissé, et ce d'autant plus que Xanathor, le Grand Maître du Conseil, ne trouvait rien de mieux à faire que de faire craquer les os de ses mains. - Lumière. J'ai vu que son âme était il y a encore peu de temps dominée par l'Ombre, mais ce n'est plus le cas. L'Ombre recule en lui, au profit de la Lumière qui est maintenant dominante. Vous pouvez lui faire confiance, et ce d'autant plus qu'il veut accomplir sa rédemption. Sa détermination à servir les pokémons et les intérêts du Parti Concordien est sans faille.Je laissai s'échapper un ouf de soulagement en entendant la réponse favorable que donnait l'hypnomade de Lirina à mon égard. Irène, pour la première fois depuis notre entrée ici, esquissa également un sourire. Xanathor, quant à lui, semblait déçu de ne pas pouvoir ramener un punchingball humain à la maison ce soir pour ses pokémons de type Combat. Professionnel, il se contenta de prendre une feuille de papier et un crayon avant de tirer les conclusions de ce test ultime qu'il m'avait fait subir. - Très bien. Au nom du Conseil du Parti Concordien, tu es accepté dans nos rangs. Etant donné que tu as un pokémon de type Feu et Sol et que tu es plutôt courageux si j'en crois le dossier que Saturne nous a transmis après ton épreuve de ce matin, tu es affecté au Groupe Groudon. Irène, nous te chargeons de le guider vers ses quartiers. La séance est levée !Les cinq membres du Conseil Concordien quittèrent ensuite les uns après les autres la pièce sans m'adresser le moindre regard. Ils sortirent par la fausse paroi par laquelle j'étais entré une petite heure plus tôt. Si j'en croyais ma montre optique, il était maintenant 18h40. Désormais seul avec Irène, elle se rapprocha de moi et se mit à mes côtés sur la dalle rocheuse. Elle me dit quelques mots, les premiers depuis notre entrée dans cette splendide salle de conseil. - Tu vois, ce n'était pas si terrible. Xanathor n'est une brute insensible en apparence tu sais. Il a créé le Parti Concordien, le poids des responsabilités implique une certaine sévérité vis-à-vis des nouveaux venus.A peine Irène eut-elle fini de parler, qu'un bruit assourdissant se fit entendre dans la pièce. C'était comme le bruit d'engrenages qui s'actionnaient. La dalle commença ensuite à descendre profondément sous terre. Ce n'était cette fois-ci pas une trappe mais un monte-charge : décidément, les Concordiens avaient de fantastiques ingénieurs. A moins qu'ils n'aient fait que remettre en service une structure déjà ancienne...Toujours est-il que tout en descendant, nous voyions des portails fermés tout autour de nous au-dessus desquels des inscriptions indiquaient à quoi ces sorties correspondaient. Le complexe qui structurait les sous-sols du Quartier Général du Parti Concordien semblait immense. Pendant ce temps d'attente dans le monte-charge, j'en profitai pour poser une question à la femme qui m'accompagnait. - Dites-moi Irène...Xanathor a dit qu'il m'avait affecté au Groupe Groudon. Ça veut dire quoi ?Amusée par cette question dont la réponse semblait évidente à ses yeux, l'ancienne Directrice du Consortium répondit avec sa gentillesse et son calme si caractéristique. - Le Groupe Groudon fait partie des douze groupes d'intervention que compte le Parti Concordien. Toi qui as été dans l'armée, tu peux voir cela comme l'équivalent d'une armée...à l'échelle de la petite structure que nous sommes bien sûr. Chaque Groupe a une mascotte, qui a été choisie parmi les Douze dieux du Panthéon et qui représente ses valeurs. J'appartiens, par exemple, au Groupe Artikodin. Mon mari, Sébastien, appartient au Groupe Sulfura. De toute façon, nous arrivons : tu vas vite voir tout cela par toi-même.Irène avait vu juste : au moment où elle terminait de me répondre, le monte-charge décéléra jusqu'à finalement s'arrêter. Un portail métallique s'ouvrit ensuite, révélant ce qui se trouvait au-delà. Nous nous engouffrâmes donc dans le chemin qui s'offrait à nous, quittant la dalle rocheuse qui nous avait menés jusqu'ici. L'environnement avait peu changé : sol, parois comme plafonds étaient toujours composés de roche. Mais cette roche était d'une autre couleur : elle était désormais couleur sable, tandis que jusqu'ici la pierre était d'une coloration plus sombre. Surtout, signe que l'on se trouvait de nouveau dans un monde civilisé, cette pierre était finement taillée sous forme de damier de telle sorte que l'on avait plus l'impression d'être dans un château que six pieds sous terre. Après avoir traversé un petit couloir, une immense statue de Groudon en or massif nous accueillit. En-dessous d'elle, des offrandes d'armes, de fleurs et de nourriture avaient été déposées. Je laissai échapper un mot qui résumait à merveille mon état d'esprit en cet instant. - Impressionnant...Mon accompagnatrice ne me laissa toutefois pas m'émerveiller une fois de plus et me demanda de continuer de la suivre. En face de la statue, sur sa droite, figurait un couloir éclairé par des torches. C'est là que nous nous dirigions. Marchant sur la gauche d'Irène, elle me montra la première porte du doigt sans s'arrêter, puis me glissa encore quelques mots. - Ici, ce sont les dortoirs des combattants du Groupe Groudon. C'est ici que tu vas dormir désormais. Bienvenue dans ton nouveau foyer.Nous traversâmes ensuite le reste du couloir, pour déboucher sur une salle rectangulaire assez grande. Là, au nord et au milieu de la pièce, un écran géant était disposé. Il était pour le moment éteint, mais je déduisis très vite que ce n'était que temporaire. Ce n'était que temporaire, car un attroupement déjà conséquent de jeunes comme de moins jeunes gens vêtus d'un uniforme rouge et noir attendaient là, assis. Voyant arriver Irène, tout l'attroupement se releva brusquement pour se mettre au garde-à-vous. Cela aurait impressionné un civil, mais en tant qu'ancien militaire cela ne m'étonnait qu'à peine. Quant à Irène, étonnée elle ne l'était pas du tout. En tout cas, cela ne l'empêcha pas de faire une annonce à voix haute à la meute d'hommes et de femmes en rouge et en noir qui lui faisaient face aussi droits qu'un phasme. - Rompez, Groupe Groudon. Je suis ici pour vous annoncer que le jeune homme qui se trouve à mes côtés vient d'être accepté dans vos rangs. Son nom est Denaro Wolf : accueillez-le comme il se doit !Ils acquiescèrent, avant de s'asseoir de nouveau en face de l'écran plat. Je fis de même, mal à l'aise comme tout bleu rejoignant un groupe inconnu. Sur ma gauche, un homme assez jeune, aux yeux bridés et surtout qui avait la caractéristique d'être totalement chauve m'aborda. - Alors comme ça, Xanathor t'a affecté ici ? Seuls ceux à qui Saturne a donné un pokémon de type Feu ou Sol nous rejoignent. Dis-moi, quel pokémon t'a-t-il donné ?Je répondis alors, déjà un peu plus à l'aise. L'homme était assez jovial et sympathique, ce qui me changeait des têtes d'enterrement que j'avais fréquenté pendant un an et demi à la Caserne de Doublonville. - J'ai eu un chamallot. Mais laisse-moi te poser une question à mon tour : qu'attendez-vous donc ?Ce n'est pas lui, ni personne dans l'aimable assemblée qui me répondit. Ce fut Saturne en personne. Je ne m'étais pas rendu compte que, pendant que je parlais, l'écran s'était allumé. Par-delà les pixels, le visage si reconnaissable du porygon-z en charge du réseau informatique du Quartier Général était en effet apparu. Il m'interpellait, agacé de mon impertinence. - C'est moi que tu attends, petit impertinent ! C'est moi que vous attendez tous. Je te préviens, Denaro : tu file un mauvais coton. Tu as intérêt à te tenir à carreau, j'ai mis ton nom au Fichier et je me ferais une joie de te radier des listes d'effectifs si tu m'interromps encore une fois. Hu hu hu, que je suis machiavélique n'est-ce pas ?Tout le monde le regardait avec des yeux globuleux sans oser dire un mot. Ceci dit, on sentait bien que tous étaient sur le point d'éclater de rire devant l'autoritarisme théâtral de Saturne. Quant à moi, j'étais un peu honteux même si je commençais à connaître Saturne, ce phénomène. Un peu gêné par l'ambiance à la fois anxiogène et ridicule qu'il venait d'instaurer, il reprit ensuite. - Hum. Je disais donc, si certains ignorants venant d'arriver que je ne citerais pas ne le savent pas encore, c'est moi qui m'occupe du briefing des missions du Groupe Groudon. Or, ô joie pour vous tous : une mission est prévue pour demain. Comme nous accueillons des nouveaux, il ne s'agira toutefois pas d'une mission trop difficile. Du moins, si vos cerveaux, vos bras et vos jambes sont encore en état fonctionnel. On ne sait jamais, les humains sont si fragiles...Il se mit ensuite à rire robotiquement pendant quelques instants. Il était le seul à rire, comme toujours. Il commença ensuite à expliquer la mission que nous devions remplir le lendemain matin. Les choses sérieuses commençaient : tous, nous l'écoutions avec attention. Puis, une fois le briefing terminé, la troupe se dispersa un peu partout dans les locaux réservés au Groupe Groudon. Quant à moi, éreinté par une journée fatigante, je rejoignis les dortoirs que m'avait indiqués Irène après avoir pris à l'intendance mon uniforme de membre de cette section du Parti Concordien. Un lit à mon nom m'attendait. Je m'écroula dessus et m'endormis aussitôt. La nuit promettait d'être courte.
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| | | L'Illustre Aegir Membre
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| Sujet: Chapitre XIX - L'Immortel Jeu 22 Mai - 20:16 | |
| - Spoiler:
5 Avril – 4 AM Narrateur : Inconnu J'étais trempé. Depuis mon départ du laboratoire dévasté de Rudolph Estenia, niché au sommet du Plateau Indigo, il pleuvait continuellement. L'armure de mon pokémon dégoulinait littéralement d'eau. Le climat, à Kanto, était vraiment très différent de celui auquel j'avais été habitué à Kanto. Il faisait beaucoup plus humide et froid, et la pluie était monnaie courante. En météorologiste amateur, je m'imaginais que cela devait être dû aux hautes montagnes de l'Ouest de Kanto. Ces sommets avaient un nom : la Cordillère de Kanto. Constituée de deux massifs principaux, le Massif Indigo et le Massif Argenté, elle devait empêcher les vents de l'Est de déplacer les nuages d'orage vers Johto. A Johto, la sécheresse était monnaie courante. Pourtant, cela n'avait pas toujours été le cas. Jadis, m'avait appris un jour Xatu, le niveau du Lac Colère était beaucoup plus élevé qu'aujourd'hui. Mais tout finit par changer un jour, y compris la mécanique subtile du climat. A Kanto en revanche, c'était plutôt les épidémies et la culture du riz qui devaient être ravies de ces fortes précipitations. Mais être trempé ne m'avait pas permis de décider où j'allais. A vrai dire, j'étais dans le même état d'esprit que quinze jours plus tôt : j'errais, sans but. J'étais perdu autant dans ma tête que géographiquement. Alors, faute de destination claire, j'essayais de rejoindre la vallée. Car c'est bien connu : qui dit vallée veut dire plaine ; et qui dit plaine veut dire civilisation. Rejoindre la civilisation me permettrait peut-être de faire le point. Et à vrai dire, que le Consortium soit présent ou non à Kanto, je n'en avais cure. Je voulais m'éloigner le plus possible du plateau Indigo. J'en faisais des cauchemars toutes les nuits, repassant en boucle les évènements depuis mon réveil. Qu'était cette créature qui avait réveillé Mewtwo, et m'avait indirectement réveillé ? Elle semblait mutilée au visage...Et quelque chose en mon for intérieur m'incitait à croire que la première ville dans laquelle j'arriverais m'apporterait les réponses qui me manquait. Ce n'était pas de la foi : j'étais résolu à renier ces fariboles dans lequel Xatu et ses amis m'avait bercé pendant si longtemps. Le monde courrait à sa perte, mais je n'y pouvais rien. Non, c'était plutôt un instinct qui me poussait à continuer d'avancer au lieu de me suicider en tombant dans un ravin. Après tout, la vie des hommes est si futile qu'il faut qu'ils trouvent toujours une raison pour la justifier. Et généralement, plus leur ennui est grand, plus grande est cette justification. En y repensant d'ailleurs, Rudolph Estenia devait souffrir d'un ennui astronomique. Voilà donc quel était mon unique objectif. Il ne restait plus qu'à l'atteindre. Or, je n'avais pas la moindre d'idée d'où je me trouvais. Il faisait nuit, et ce n'était pas une de ces nuits dénaturées propres aux grandes villes. C'était une nuit noire, sans la moindre source de lumière : la Lune elle-même était voilée par un épais manteau de nuages noirs. C'était une de ces nuits qui étouffent les cris des victimes, condamnées à trépasser des mains de leurs bourreaux dans l'ignorance des gens de bien. Mon pokémon et moi, nous poursuivions notre descente interminable de la Cordillère de Kanto. Avions-nous dépassé la Route Victoire ? Je n'en savais rien. Cette chaîne de montagne semblait être d'une altitude infinie, et ce sentiment d'infinité était renforcé par le fait que la brume oblitérait le panorama. J'avais beau avoir la capacité de voir sans mes yeux, je n'avais pas encore atteint le stade de voir au-delà des obstacles. J'ignorais même si c'était vraiment possible pour un homme d'égaler le don de voyance des pokémons psychiques, fut-ce avec le Don d'Ho-Oh. L'élève pouvait-il dépasser le maître ? A un moment pourtant, malgré la pluie et la brume, quelque chose me fit penser à autre chose que la fatigue et mes cauchemars. Ce quelque chose, c'était un cri. Un cri sauvage, bestial même, qui déchirait le néant. Il semblait venir du sud-est, par-delà les montagnes. Terrifiant, il l'était assurément puisqu'il nous força instinctivement, mon pokémon et moi, à stopper brusquement notre marche. Nous avions tourné la tête vers l'origine de ce son semblant être sorti tout droit des limbes des enfers. La voix tremblante, je dis quelques mots futiles mais nécessaires. - Qu'est-ce que...Qu'est-ce que c'était galegon ?A mes mots, le tank sur pattes se retourna et se mit d'abord à me regarder avec ses yeux bleus et froids comme le métal dont il était constitué. Son regard était neutre. Comme moi, il n'avait pas la réponse à cette question rhétorique. Un instant plus tard pourtant, son regard évolua. Sa pupille s'était déplacée sur la gauche. Il se mit ensuite à émettre un gémissement, strident bien sûr, mais surtout plaintif. Je ne compris pas sur le moment, essayant vainement de calmer mon pokémon. Que lui arrivait-il ? Un instant plus tard, un choc monumental nous frappa par l'arrière. Perdant l'équilibre sur l'étroit sentier montagneux sur lequel nous étions, moi comme mon fidèle ami tombâmes dans le ravin. C'est là que je finis par perdre connaissance. Etais-je mort ? Etions-nous morts ? La dernière chose que j'avais vue avant de perdre connaissance était un ravin plongé dans la brume qui m'empêchait de voir le fond. Et puis, plus rien. La chute était sans nul doute mortelle. Et pourtant non, je n'étais pas mort. Au bout d'un moment, je commençai à m'entendre respirer de nouveau. Je n'étais pas le seul à respirer : j'entendais un bruit rauque de respiration aussi, tout près de moi. A mesure que je reprenais connaissance, les contours de mon environnement s'affinaient. Je me trouvais au pied d'une falaise, la même de laquelle j'avais dû tomber tantôt. Le sol était jonché de gravas, et en particulier deux gros blocs de roche attiraient mon attention. Ils se trouvaient à gauche et à droite de moi, coupés en deux. Mais ce n'était pas une coupure naturelle, elle était trop régulière pour ça. C'est la présence de galegon devant moi, quelques gravas plus haut, qui me donna l'explication manquante. On voyait bien que son armure avait été tailladée, mais elle était restée quasiment intacte. Dans notre chute, du fait de son poids plus élevé que le mien, il avait dû arriver en bas avant moi. C'est cette précocité qui devait lui avoir permis de se positionner de façon à briser et dévier cet énorme bloc rocheux afin qu'il ne m'écrase pas lors de mon atterrissage. Les galekid, les galegon comme les galeking sont une espèce de pokémon dont l'endurance est réputée depuis la nuit des temps. Au même titre que les ailes d'airmure ont servi jadis à la fabrication des armes blanches des hommes des temps anciens, la nature a pourvu à cette espèce de pokémon des montagnes des aptitudes défensives extraordinaires. Ils ne font pas que vivre dans la montagne : elle est la base de leur alimentation. C'est cette ingestion continue de roche et de minerai qui leur confère cette fantastique armure. Et pendant ces longs mois où j'étais inconscient dans le module de stase du laboratoire de Rudolph Estenia, il avait absorbé des quantités immenses de métal. Bref, sans galegon j'aurais certainement trépassé. La nature fait bien les choses, et depuis mon départ du Plateau Indigo c'était bien la première fois que je recommençais à douter du défaitisme qui était le mien depuis les révélations de l'ancien Directeur Scientifique du Consortium. Une chance pareille n'était pas une chance : c'était littéralement un miracle ! Et les miracles ne frappent que les Elus. Mais les miracles, il ne faut pas en abuser. Je me relevai donc du sol sablonneux qui avait encaissé le choc de ma chute. Cela me faisait d'ailleurs penser que cette chute ne devait pas avoir été si grande que ça. Une fois debout, je réveillai mon pokémon. Il avait mal à la tête, et cela n'avait rien d'étonnant vu le choc stratosphérique qu'il venait d'encaisser. Le rocher devait bien faire plusieurs tonnes. Affectivement, je lui dis quelques mots et surtout je décidai de faire quelque chose qui montrait bien ma gratitude. - Allez, debout mon garde du corps favori et merci encore. Sans toi, j'y serais resté. Tu mérites bien que je te montre plus de considération maintenant. Tiens, j'ai une idée : je vais te donner un nom. Parce que nommer le pokémon qui t'a sauvé selon le nom de son espèce, c'est faire preuve d'une condescendance que je serais bien incapable de simuler après ce que tu as fait pour moi. Je vais t'appeler...hum, bonne question : comment je vais bien pouvoir t'appeler. Tu as une idée, char blindé sur pattes ?En me regardant, le regard du pokémon acier habituellement si froid se mit à pétiller. Il se mit ensuite à révéler le nom qu'il souhaitait avoir désormais, ou tout du moins j'essayai de traduire son cri en langage humain compréhensible. - SkryuldIl avait dit Skryuld. C'était un nom un peu difficile à dire sans l'écorcher tout de même. Je lui proposai Skuld, j'aimais bien la sonorité de ce nom. C'était un nom froid, qui inspirait le respect sans être non plus caricatural. Il acquiesça de la tête. L'affaire était conclue. - Skuld te va ? Magnifique ! Tu t'appelleras désormais Skuld. Maintenant, on a plus qu'à explorer les environs. Tu sais où nous sommes ?Le pokémon hocha de la tête négativement. Je me retournai, dos à la montagne. La bonne nouvelle, c'était que nous avions enfin atteint les plaines de Kanto. Ce n'était pas trop tôt j'avais envie de dire : quinze jours dans la Cordillère de Kanto à manquer de se tuer à chaque virage, ça va un moment mais on a vite fait le tour. La mauvaise nouvelle...c'était que nous nous trouvions dans une ville en ruines. Partout, tout n'était que maisons en ruines et cadavres encore frais. L'ambiance de l'endroit était à glacer le sang. C'était comme si le feu nucléaire avait été déclenché ici. Seulement quelques heures plus tôt, on imaginait encore cette cité pleine d'animation. Enjambant les morts, nous atteignîmes bientôt ce qui semblait être la rue principale de la ville. C'est là qu'un panneau, effondré sur le sol et cassé en deux, nous terrifia encore plus. Bienvenue à Jadielle Jadielle ? Nous nous trouvions à Jadielle, la fameuse cité florissante de Kanto qui avait vécu pendant des siècles de sa situation géographique privilégiée entre le Plateau Indigo et le reste de la région ; mais aussi des échanges avec Johto. Et bien, cette cité était détruite. Cette cité, il n'en restait plus rien hormis la chape de plomb de la mort. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer ici. Cherchant de son côté des indices, Skuld brisa le silence morbide du lieu pour m'avertir. Il se trouvait devant un des cadavres, adossé à un des piliers de la façade d'un bar. Accourant à ses côtés, il me signala de regarder la tête de l'infortuné bonhomme. Une autre surprise de taille m'attendait : il avait un V rouge marqué sur son front, exactement comme si on le lui avait gravé au fer rouge au cours de je ne sais quelle macabre procédure de torture. En regardant les autres cadavres, je remarquai que toutes les victimes avaient le même symbole. Manquant de vomir, je m'assis sur un des bancs situés au milieu de la rue en indiquant à Skuld de me suivre. Le pokémon obtempéra, pas plus à l'aise que moi. Une fois assis avec mon pokémon juste devant moi, je me mis à lui parler afin de mettre de l'ordre dans mes idées. - Alors Skuld, qu'avons-nous là ? D'un côté, on a Jadielle en ruines. Tous les bâtiments ont subi des dégâts matériels importants, et les habitants sont tous morts avec un V rouge marqué sur chacun de leur front. De l'autre, il y a cette vision apocalyptique que j'ai eue il y a un an dans les Ruines d'Alpha. Que disait cette vision ? D'abord, une ville paisible comme tant d'autres. Puis, des secousses sismiques et des éruptions volcaniques qui réduisent la cité en cendres. Enfin, trois V en lettre de feu pendant que cette œuvre de destruction s'accomplit. Il n'y a pas de volcans à Kanto, et je n'ai vu aucune faille sismique dans les environs. En revanche, le V sur la tête de ces pauvres gens est exactement le même que celui dans ma vision. J'ai le sentiment que les deux évènements sont liés, mais je n'arrive pas à comprendre comment...Après avoir achevé mon monologue, complètement désespéré, je mis mes mains sur ma tête et resta prostré ainsi à la manière d'un philosophe dépressif pendant un bon moment. Je voulais comprendre, mais je n'avais pas les clés pour ça. Quelque chose devait m'échapper : peut-être le cri dément que j'avais entendu peu avant ma chute avait un lien avec cette hécatombe dans laquelle je me trouvais ? Ou peut-être n'en avait-il, je n'avais aucun moyen de vérifier ou infirmer cette hypothèse. Quant à Skuld, il resta longtemps muet comme un magicarpe. Jusqu'à ce que quelque chose n'attire son attention et ne le pousse à crier. Ce cri était d'abord faible. Puis, il se renforça progressivement jusqu'à devenir si aigu qu'il ne me force à sortir de l'état second dans lequel je me trouvais pour crier d'agacement sur mon pokémon. - Tais-toi Skuld ! J'essaie de réfléchir.C'est là que la terreur me frappa de nouveau. Devant nous, à cinq mètres, une substance blanche, liquide et apparemment gluante, se déplaçait vers notre direction. D'effroi, je m'étais voûté dans mon banc tout en susurrant quelques mots inutiles. - Qu'est-ce que...Qu'est-ce que c'est que cette chose ? Skuld, protège-moi !Discipliné comme un vrai soldat, mon char blindé favori fonça droit sur la substance blanche. Mais la discipline ne suffit pas apparemment pour remporter tous les combats. Arrivé au contact avec la substance gluante, Skuld se fit happer par elle. C'est à ce moment que la chose se dressa avec une flexibilité ahurissante à plus de deux mètres de haut, avant de lancer mon infortuné pokémon sur ce qui semblait avoir été dans une autre vie un magasin. La chose, restée dressée, continua ensuite à se rapprocher de moi. Elle n'était plus qu'à quatre mètres. Elle n'était plus qu'à trois mètres. Mon cœur battait la chamade : était-ce un pokémon ? Elle n'était plus qu'à deux mètres. Elle n'était plus qu'à un mètre. Dans un ultime sursaut dont je ne m'imaginais même pas capable, je bondis de mon banc et fit un saut arrière afin de me retrouver derrière le petit square dans lequel je me trouvais auparavant. La chose bondit à son tour. Je regardai sur ma gauche, dans le magasin : Skuld n'en jaillissait pas. Faisait-il la sieste, ce feignant ? Je ne pouvais compter que sur moi-même désormais. - Qu'es-tu, entité ou quelle que soit ton nom ? C'est toi qui es responsable de ce carnage ?En m'entendant, l'impossible se produisit. La substance blanche non identifiée arrêta d'avancer. Elle se mit ensuite à émettre une voix étrange. - Allons, jeune homme. Tu me donne de bien mauvaises intentions alors que je ne fais que jouer avec toi. Ou peut-être devrais-je dire...Prophète ?Je ne comprenais décidément rien de rien. Non seulement cette chose parlait le langage des hommes, mais en plus elle connaissait le nom que tous ceux qui m'avaient rencontré jusqu'à présent avaient utilisé pour me nommer. Une chose était sûre : ce n'était pas un pokémon, même s'il n'avait pas de forme humaine. C'est là qu'un éclair de génie me traversa, même s'il pouvait sembler insignifiant. - Qui es-tu ?La chose, qui s'était arrêté exactement deux mètres devant moi, se mit alors à éclater de rire. Puis, elle se rétracta de quelques centimètres avant de me répondre. - Tu as enfin compris. Je suis celui que le Consortium a cru avoir détruit. Je suis celui qui a combattu le 22 Mars dernier au sommet du Sanctuaire de Destoros, sous une pluie battante et malgré l'orage, deux de leurs meilleurs agents. Je suis le seul survivant de l'Ancienne Race. Je suis Octave, et nul ne pourra jamais me tuer. Et pour te le prouver, observe ce que je vais accomplir sous tes yeux.Instantanément après s'être tu, la chose se mit à se gondoler comme une anguille et à s'épaissir. Un bras jaillit de la partie supérieure gauche de son corps. Puis un autre, cette fois sur la droite. Plus bas, c'est deux jambes qui émergèrent de ce corps spongieux. Et enfin, une tête qui m'était familière. Le reste de la substance blanche soit dégoulina sur son corps jusqu'à se répandre sur le sol, soit se solidifia progressivement jusqu'à se transformer en vêtements. La chose s'était mutée en homme, et pas n'importe quel homme : il avait dit vrai, il s'agissait d'Octave. Le même Octave qui m'avait aidé à m'échapper le 22 Mars de l'année dernière. Littéralement halluciné, je m'effondrai sur le sol tout en le regardant. Je lui répondis, mais le choc était tel que je bégayais fortement. - Mais...Mais c'est impossible ! Tu es mort, Rudolph Estenia m'a dit que c'était Antoine qui t'avait tué. Comment est-ce que cela peut être possible. Et pourquoi ce stratagème ? Tu aurais pu nous tuer, tu as vu ce que tu as fait avec Skuld ?Après avoir définitivement repris forme humaine, Octave sourit et me répondit d'une voix douce. J'avais encore du mal à concevoir que c'était vraiment lui et non encore un des innombrables pièges que me tendait le destin depuis le début de mon aventure. - Skuld ? Ah, ça doit être ton pokémon. Si tu as du mal à me croire, souviens-toi de ce que je t'ai dit : les Destogorides ont reçu des Douze la capacité de prendre la forme de n'importe quel pokémon. La forme que tu as vue de moi est celle d'un métamorph. Et les métamorph n'ont pas seulement la faculté de copier le patrimoine génétique de n'importe quel pokémon : cela vaut aussi pour les Destogorides, qui contiennent les mêmes gènes que les métamorph. Tu n'as pas tout à fait tort quand tu dis qu'Antoine m'a tué. C'est vrai, il m'a donné le coup de grâce. Et un être humain normal, où même un Destogoride comme les autres, aurait trépassé. Mais il y a quelque chose que je ne t'ai pas dit à mon propos.
Voit-tu, de tous mes semblables j'ai toujours été le plus érudit. Et c'est encore plus vrai pour ce qui concerne les sciences que les miens ont toujours méprisées, c'est-à-dire les sciences du monde terrestre. J'ai étudié, jadis, la génétique avec Rudolph Estenia. Sait-tu qu'il fut un temps où cet homme n'était pas le monstre qu'il est aujourd'hui ? Il m'a appris indirectement comment survivre à la mort, en copiant ses cellules dans le génotype d'un métamorph et en les rajeunissant avec celles d'un tentacool. Oh bien sûr, quand il m'a enseigné cela il parlait des pokémons. Un simple humain ne pourrait faire cela avec son propre génome. Mais moi, j'ai appris à le faire. Extérieurement, j'étais peut-être mort. Mais intérieurement, ma résurrection était déjà en cours. Et fort heureusement, sembler mort est amplement suffisant pour berner cette amphore creuse de Sardonis. Tant que mon ADN est intact, je peux renaître.On se croirait dans un film de science-fiction. Pourtant, à bien y réfléchir son raisonnement était correct : Xatu m'avait appris un jour que les tentacool avaient une particularité. En mourant, leurs cellules retombent en enfance et ils redeviennent, en quelque sorte des bébés méduse...sans jamais mourir. C'est exactement ce qu'avait fait Octave. Et, pour le dire franchement, il était bien le seul que je connaisse à avoir été capable de faire une chose pareille. Mais si c'est Rudolph Estenia qui lui avait appris tout ça, alors j'étais rudement content qu'il ne soit pas lui aussi Destogoride. Un peu honteux d'avoir été sceptique à l'égard de cet esprit à l'intelligence rare, je repris la conversation avec lui. - Bon, je te crois. Merci pour le cours de génétique, mais ce n'était pas une raison pour autant de nous faire une peur pareille. En tout cas, je suis rudement content de retrouver quelqu'un qui ne soit pas une des choses de Rudolph Estenia, peut-être que tu vas pouvoir nous aider à comprendre ce qu'il s'est passé ici ?Je sentais qu'il savait quelque chose. Après tout, c'était un Destogoride et de surcroit le plus sage d'entre eux. Il devait savoir quelque chose. D'un air grave, il me répondit tandis que je l'écoutais avec attention. - Ecoute : que sais-tu au sujet de la Lune Noire ?Un peu intrigué, je lui répondis tout de même sans trop comprendre où est-ce qu'il voulait en venir. - Heu si tu veux, mais je ne sais pas grand-chose. Tout ce que je sais, c'est que c'est le chef des Xort'Udur, qu'il fit jadis partie intégrante de Giratina et qu'on l'appelle communément Darkrai. Mais pourquoi cette question ? Tu crois que c'est lui qui est responsable de tout ça ?En m'écoutant, Octave faisait les cent pas. Il semblait nerveux, et surtout pressé. Le Destogoride finit ensuite par répondre à son tour. - Oui, mais il n'est pas le seul. Je sens qu'une autre force a été à l'œuvre ici. Elle a combattue la Lune Noire, mais elle n'est ni bonne ni mauvaise. Elle ne cherche qu'à se venger. Maintenant, il faut partir. Récupère ton pokémon et suis-moi, nous devons aller à Argenta.Non seulement sa réponse ne faisait qu'accroitre les questions que je me posais au lieu de les réduire, mais en plus il voulait que nous partions. Oui, décidément je comprenais de moins en moins ce qui se tramait ici. Que faisait Octave ici d'ailleurs ? M'attendait-il...ou avait-il vu ce qui ressemblait à s'y méprendre à une bataille ? Si oui, il devait me cacher des choses. Malgré le respect qu'il m'inspirait, j'osai l'importuner une dernière fois. - Mais pourquoi ? Tout est mort ici, de quoi as-tu peur ?Pour toute réponse, j'eus un regard. Et ce regard autoritaire ne m'incitait pas à pousser plus loin mes investigations. Après m'être dirigé vers le magasin dans lequel avait atterri mon pauvre Skuld, j'entrai et le récupéra. Il s'était endormi. C'est vrai que briser un rocher de plusieurs tonnes avait dû le fatiguer, le pauvre. Je parvins néanmoins à le réveiller et à le persuader de me suivre. Je rejoignis ensuite Octave. Voyant pour la première fois mon pokémon, il le regarda avec intérêt en souriant. Les sourires du Destogoride étaient vraiment toujours aussi mystérieux. Ils voulaient à la fois tout dire et rien. Mais peu importait pour le moment : le temps venu, il répondrait à mes questions. J'en étais convaincu. Avant de partir pour de bon de cette Jadielle en ruines, je lui jetai un dernier regard empli de pitié. Puis, nous reprîmes la route avec mon mentor revenu d'entre les morts. La route au nord de Jadielle semblait hélas aussi dévastée que la ville qu'elle desservait. Etait-ce cela l'avenir du monde : des villes en ruine et la mort régnant en impératrice du néant partout ? Au sortir du laboratoire du Plateau Indigo, j'avais pris la résolution d'être indépendant et de laisser crever au profit de ma petite personne. Il faut croire que je m'étais fourvoyé une fois de plus. Nous sommes les esclaves du destin. Ceux qui veulent y échapper sont toujours rappelés à leur responsabilité. Quoi que l'on fasse, il est hautement probable que ce que l'on accomplira sera futile. Mais au moins, le jour du Jugement Dernier on pourra mourir l'âme en paix avec le sentiment d'avoir tout fait pour contrer un destin que l'on refuse. Il vaut mieux vivre éternellement par ses actes de son vivant plutôt que d'être, littéralement, un mort-vivant fataliste et mort dans l'inaction. Tout le reste n'a aucune importance et n'est que vanité.
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| | | L'Illustre Aegir Membre
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| Sujet: Chapitre XX - La Brigade Noire Jeu 22 Mai - 20:18 | |
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9 Avril – 4 AM Narrateur : Inconnu De Jadielle à Argenta, il n'y a qu'un chemin. Ce chemin, c'est la Forêt de Jade. Un chemin dangereux, voilà comment le qualifient depuis des générations les voyageurs de tout bord qui passent par ici. La Forêt de Jade, c'est un véritable labyrinthe dans lequel l'ampleur de la végétation rend difficile toute orientation. C'est aussi le repaire de nombreux pokémons sauvages si affectueux avec leurs visiteurs qu'ils ne se privent pas de les piquer au vif, au sens propre comme au figuré. Oui, la Forêt de Jade c'est tout cela à la fois. Ou plus exactement, ça l'était à une époque reculée. Comment ? La plus grande forêt de Kanto, voire même du continent, a changé ? Et bien oui, la Forêt de Jade a changé. J'ai pu, nous avons pu nous en rendre compte en la traversant. Je m'imaginais une forêt gigantesque et menaçante, je n'ai vu qu'un petit bois étriqué où il serait bien difficile de se perdre. Je m'attendais à une forêt d'arbres, j'ai vu une forêt d'arbres. Effectivement, à ceci près que c'était une forêt d'arbres coupés. Cette forêt d'arbres coupés, on ne pouvait y échapper : à l'entrée comme à la sortie de la forêt, il fallait faire une marche de plusieurs kilomètres dans ce décor lunaire. C'était surréel, un peu comme si on avait tondu un gigantesque wattouat. En parcourant ce panorama sinistre, j'avais eu deux réactions successives. La première était un sentiment de terreur, qui me glaçait le sang : que s'était-il passé ici ? Cette forêt, jadis orgueilleuse, était décapitée. La seconde était une question plus rationnelle, mais non dénuée de colère : pourquoi ? La réponse, pourtant, me faisait face avec arrogance. C'était comme si elle me lançait un défi. Cette réponse, c'était Argenta. Argenta, la ville accrochée sur les flancs du Mont Sélénite, avait elle aussi beaucoup changé. Mais ce changement était différent de celui de l'auguste forêt que nous traversions : loin de régresser, la cité s'était industrialisée et la fumée noire que crachait, constamment, les cheminées des usines de charbon situées sur les hauteurs en constituait la preuve la plus éclatante. Les ressources, sans cesse plus nombreuses, que nécessitait le fonctionnement vingt-quatre heures sur vingt-quatre des usines expliquait la déforestation qui avait fait ses ravages ici. Le contraste était saisissant, et me faisait prendre conscience encore plus nettement de l'impérieuse nécessité de suivre Octave. L'Homme avait décidément un grain. Paradoxalement pourtant, ce génocide de la nature avait facilité notre arrivée à Argenta. En seulement trois jours, nous étions arrivés à l'entrée de la grande fumeuse de Kanto. Nous marchions dans la rue principale de la ville. Elle était très longue, et menait tout droit vers les usines de charbon, hissées à des altitudes diverses sur le Mont Sélénite. En revanche, dire que cette avenue était belle tenait plus du mensonge qu'autre chose. Les retombées de particules de charbon sur la ville, contrecoup direct de l'activité industrielle, avaient noirci le sol pavé à un point tel qu'on aurait dit qu'une neige d'ébène recouvrait le plancher des vastes. La population n'était pas plus reluisante. Les trois quarts des badauds avaient pour tout vêtement des guenilles trouées, tandis que le quart restant mendiait et volait avec la complicité de rattata kleptomanes. La santé de tous était misérable : ils toussaient, éternuaient, crachaient. Les rares à avoir la chance de posséder des mouchoirs s'en servaient comme de masques à gaz, les autres faisaient sans et aggravaient l'insalubrité ambiante en éternuant sur leurs voisins. Incommodé par cette avenue où les damnés de la terre allaient et venaient, j'osai m'adresser à Octave pour la première fois depuis notre départ de Jadielle - C'est atroce ici. On est censés aller où ?Octave ne dit mot pendant cinq cent mètres. Puis, il finit par sortir de son splendide isolement pour me répondre. - Tout droit. Mais nous allons prendre les petites rues. Tout droit, c'était le Mont Sélénite. C'était tout proche, Argenta était une ville peu étendue sur l'axe nord-sud. Elle épousait les flancs de la montagne plutôt que d'être bâtie sur elle. Et pourtant, Octave voulait faire un détour par les petites rues. Je me mis donc à regarder ce qu'il entendait par petites rues. Je regardais à gauche : il y avait effectivement de petites venelles sinistres. Je regardais à droite : c'était rigoureusement la même chose. L'avenue n'était certes pas très avenante avec ses particules de charbon qui encombrent les bronches et ses ouvriers en guenilles, mais au moins l'itinéraire était clairement balisé. Là, c'était un saut vers l'inconnu. Qui aurait envie de se perdre dans un labyrinthe urbain dans une telle ville ? Je n'étais vraiment pas convaincu : je fis donc part de mes doutes au Destogoride. - Les petites rues ? Mais...tu as vu la gueule qu'elles tirent ? Si on va par-là, non seulement on va perdre du temps, mais en plus on risque de se perdre.Cette fois, Octave répondit plus rapidement. Il n'attendit pas cinq cents mètres pour me répondre. - Se perdre, c'est précisément ce que je veux qu'on fasse. Regarde derrière toi.J'obéis. Des quatre coins d'Argenta, des hommes tout de noir vêtu avaient jailli. Musclés, balafrés et au regard menaçant, ils l'étaient tous. Tous, ils marchaient en cadence vers nous dans une régularité implacable. Un d'entre eux attira mon attention. Non pas qu'il était moins patibulaire que ses collègues : il l'était d'ailleurs encore plus. Mais il avait la particularité d'avoir un visage horriblement mutilé à cause d'une cicatrice profonde qui traversait en diagonale son visage, de l'œil droit jusqu'à la bouche. En plus de cela, des anneaux lourds étaient solidement accrochés sur ses deux bras puissants, donnant le sentiment d'une puissance physique incommensurable à chacun de ses mouvements. Il me faisait peur, et j'avais bien raison de le craindre. Croisant mon regard, le groupe d'hommes en noir se mit à accélérer soudainement. Octave m'agrippa par le bras et se mit à courir tout aussi soudainement, me forçant à le suivre. Il prit la première venelle sur la gauche. Comme toutes les autres venelles d'Argenta, elle était très mal éclairée et sentait très mauvais. Le groupe d'hommes s'engouffra ensuite à son tour dans l'étroit chemin. La course dans le dédale de rues de la cité s'engagea alors. Dans une intersection, Octave prit le chemin de droite. Le groupe nous suivait de près : on entendait le bruit de leurs pas déchirer le silence du quartier, qui contrastait d'ailleurs nettement avec l'avenue principale que nous venions de quitter. Dans deux autres intersections, Octave prit deux fois de suite la voie de gauche. Il devait espérer perdre nos poursuivants dans ce véritable labyrinthe que j'avais pressenti à peine quelques minutes plus tôt. La conclusion de tout cela est que nous finîmes par retrouver l'avenue. Octave ne s'arrêta pas pour autant : les hommes en noir étaient toujours là. Bousculant les badauds, il décida donc de replonger dans les bas-fonds de la métropole, mais cette fois de l'autre côté. La course reprit alors de plus belle. Une intersection, deux intersections, trois intersections : cela aurait pu durer une éternité. Mais les brutes ne semblaient pas ne serait-ce que commencer à fatiguer. Mais le pire était encore à venir : face à nous, un cul-de-sac. Un mur de tôle nous faisait en effet face, mettant un terme définitif à notre avancée. Octave stoppa net, me lâcha et laissa échapper une grossièreté. - Merde !Il se retourna alors, et moi à sa suite. Les hommes en noir étaient à présent devant nous, et le mur derrière. Nous étions faits comme des rats, ils le savaient et en jubilaient. Les voyant s'approcher, galegon criait pour espérer les intimider. C'était certainement la dernière initiative d'une situation désespérée. Terrifié par ces mines peu pacifiques, j'osai néanmoins poser une question à Octave. - Qui sont ces hommes ?Avec une mine défaite mais néanmoins loin d'être soumise, il me répondit tout en regardant l'homme aux anneaux s'avancer vers nous. - C'est la Brigade Noire...La Milice du Consortium.Arrivé devant nous, il s'arrêta brutalement. Qu'allait-il nous faire ? D'abord, il se contenta de nous regarder avec sévérité. Puis, avec une violence mais aussi une puissance qui nous surprit tous les deux, il nous prit par le cou avec ses deux bras et nous souleva sans le moindre effort. C'est alors, et alors seulement, qu'il se mit à parler. - Et bien, qu'avons-nous là ? Deux imprudents qui font du tourisme chez moi. Que venez-vous faire à Argenta ? J'aime pas les nouveaux venus, et j'aime encore moins courir avant le déjeuner, alors je vous préviens : vous avez intérêt à filer doux.Nous étions en train d'étouffer, et c'est un interrogatoire en règle qu'il nous faisait subir. Aucun de nous deux ne dit mot, d'abord parce que nous en étions incapable et aussi parce que nous ne voulions absolument pas nous trahir. Mais malheureusement, il faut croire que notre mutisme ne satisfaisait pas le bourreau qui nous étranglait. Il se remit à parler, ou plus exactement à hurler. - J'attends : que venez-vous faire à Argenta ?Audacieusement, Octave parvint à donner à l'homme une explication. Enfin, parler d'explication était excessif : c'était plutôt un mot d'esprit. Il n'était pas suicidaire non plus. - Euh, voyez-vous on est vos plus grands fans alors on voulait un autographe de vous.Il n'apprécia pas. C'était prévisible. Avec une force inouïe et à trois reprises, il nous cogna sur le mur. Je saignais. Octave saignait aussi. Je souffrais. Octave aussi, mais contrairement à moi il ne le montrait pas. Cet homme ne connaissait pas la pitié. Néanmoins, cette brute avait négligé quelque chose : galegon. Me voyant souffrir, le tank sur pattes entra en effet dans une rage folle et non seulement mordit les mollets de la brute épaisse, mais en plus lui sauta dessus. L'homme, surpris, s'écroula par terre avec cent vingt kilos sur lui. Il hurlait. - Ah, sale bête. Je vais te buter et te faire fondre dans les usines, pourriture !L'homme et le pokémon se battirent pendant cinq bonnes minutes. Hélas pour nous, un des hommes en noir sortit alors une pokéball en métal de laquelle jaillit un Mackogneur. Le colosse n'eut bien sûr aucun mal à soulever galegon. Mais, avec de la suite dans les idées, il le projeta de manière à ce que le pokémon acier s'encastre dans le mur, qui s'écroula aussitôt. Dans ce déluge de violence, moi et Octave manquâmes de peu la mort : le pokémon armurfer m'effleura en effet d'un cheveu lorsqu'il se transforma en boulet de canon de calibre 90 millimètres. Après s'être remis de ses émotions et tandis que l'homme aux anneaux se relevait péniblement avec plein de courbatures, Octave eut encore un bon mot. D'ailleurs, j'ignore encore comment il pouvait trouver le temps de faire de l'humour dans des situations pareilles. - C'est ce qui s'appelle un départ en fanfare.La masse de muscles était debout. Et elle était en colère. - Je vais vous faire passer l'envie de vous foutre de ma gueule, les deux gugusses. Sardonis ne m'a pas nommé ici pour que je me fasse ridiculiser par les premiers abrutis venus. Puisque vous ne voulez pas me répondre, on va accélérer la procédure. Ecoutez-moi bien, tous les deux ! Nos espions à Jadielle m'ont rapporté que deux individus avaient l'air de fouiner un peu trop dans des affaires qui ne les regardent pas. Et comme vous êtes les premiers à venir de là-bas depuis ce rapport, ça doit être de vous qu'il s'agit. Par conséquent, vous êtes des suspects. Et la politique de la maison, c'est que tout suspect est un coupable qui s'ignore. Donc, vous allez crever.Octave souriait. La sérénité qu'il affichait à chaque instant était vraiment perturbante, même pour moi qui étais avec lui. Il répondit avec une ironie mordante à l'homme de la Brigade Noire. - Quelle argumentation imparable ma parole ! Résumons donc : on est un peu trop curieux, donc il faut nous tuer. Mon petit doigt me dit que t'a dû sécher l'école un bon nombre de fois quand t'étais môme pour tenir un raisonnement pareil, mec. Mais dis-moi : pourquoi donc la curiosité est-elle condamnée à mort, homme à l'intellect peu commun ?La réponse de la brute fut aussi brève que claire. - Secret Défense, connard !Immédiatement après, Octave répondit à son tour. - Réponse typique de petite frappe qui n'a aucune idée des enjeux qui ont cours au-delà de sa pitoyable existence. Mais je compatis : ça doit être dur d'être considéré du matin au soir comme un débile congénital tout juste bon à effectuer les basses besognes de Sardonis. Le truc que tu n'as pas l'air de comprendre, c'est que par ta connerie et celle de tes sbires, tu as détruit le mur derrière nous.Pas très fin, le colosse se contenta de dire un seul mot qui résumait bien au fond ce qu'il était. - Et ?Octave finit ainsi, imperturbable. - Et nous allons prendre congé. Adieu, passe le bonjour de la part de Sardonis et dis-lui ceci : il ne pourra jamais m'anéantir, pour la simple raison qu'il n'est qu'un esclave.C'est ce moment-là que choisit Octave pour me prendre à nouveau par la main. Aussitôt après, nous traversâmes le mur détruit avant de nous mettre à courir. Mais cette fois, nous allions réussir à les vaincre. J'avais en effet une idée : utiliser galegon pour les arrêter définitivement. Depuis que le mackogneur d'un des sbires du chef de la Brigade Noire l'avait projeté de l'autre côté du mur, il nous attendait en effet à l'autre bout de la rue. En un regard, il comprit ce que je voulais qu'il fasse. Tout d'abord, il attendit que nous soyons passés derrière lui, c'est-à-dire que nous ayons pris une des deux intersections qui se trouvaient à l'extrémité de la voie : soit à gauche, soit à droite. Octave choisit de prendre le chemin de droite. Puis, et c'est là que se trouvait le coup de génie, alors que la troupe de la Bridage Noire fonçait à pleine vitesse vers nous, galegon se plaça au centre de la venelle de manière à bloquer le chemin. Or, avec quatre-vingt-dix centimètres, le pokémon était suffisamment gros pour bloquer complètement le chemin. Le dispositif était prêt : il suffisait à présent à mon char vivant de se mettre à charger nos poursuivants, la tête de manière à effectuer un coup de bélier ravageur. Le résultat fut sanglant et d'une horreur telle qu'il vaut mieux passer le détail des évènements sous silence. Tout ce qu'il faut retenir de cette attaque c'est cela : un triomphe total. Tous les miliciens étaient soient morts, soit si grièvement blessés qu'ils étaient mis hors course. La justice immanente était rendue, et l'acier le plus pur l'avait accomplie. Ces assassins étaient morts par là où ils avaient péché. Sa besogne faite, galegon nous rejoignit ensuite rapidement en se fiant à son odorat et aux traces de pas que nous avions laissées. Arrivé juste derrière nous, il se mit à crier pour nous avertir de sa présence. Octave s'arrêta et, en voyant l'état du crâne de Skuld, se mit à éclater de rire. Moi au contraire, j'étais assez choqué il faut bien le dire. Sa tête, et plus largement son corps, était immaculée de sang. Le Destogoride trouvait ça amusant. Si amusant d'ailleurs, que cela lui inspira un nouveau mot d'esprit. - Il faut croire que ton pokémon aime le vin rouge.Quel humour grinçant ! Tout en répondant à ce cynique infatigable, je lui adressai un regard réprobateur tout en faisant semblant de trouver ce qu'il faisait de dire drôle. - Très drôle, Octave.Mais si l'Octave que je connaissais était un comique, et cela je le savais déjà depuis maintenant plus d'un an, il savait aussi redevenir sérieux très rapidement. Après tout, il doit falloir ces deux dimensions pour survivre dans ce monde de fou. Trop de sérieux conduit à la dépression. Mais pas assez de sérieux mène au contraire à la mort. Il regardait au loin avec ses yeux bleus comme le cristal : le Mont Sélénite nous attendait, au loin. Tout en ayant sorti un vieux chiffon de ma poche pour débarbouiller Skuld de tout ce sang, j'avais remarqué ce regard. Il semblait ailleurs, l'esprit plongé dans des réflexions si érudites que seul le vieux Xatu aurait pu les sonder. Maintenant que nos relations s'étaient détendues, renforcées par l'épreuve que nous venions de vivre ensemble, j'engageai le dialogue plus facilement. - Tu ne veux toujours pas me dire où est-ce qu'on va et ce que tu attends de moi ?Adossé sur une des parois de la venelle, il cessa de fixer le Mont Sélénite pour tourner son regard vers moi et me répondre. J'avais enfin réussi à attirer l'attention de cet homme bien mystérieux. - N'aie crainte, tu sauras tout très bientôt. Mais puisque la Brigade Noire ne va plus nous importuner maintenant, je peux bien commencer ici. Nous allons au cœur du Mont Sélénite : là-bas, se trouve ma Bibliothèque. Voit-tu, le Consortium a peut-être brûlé tout le savoir amassé au cours des siècles par les Destogorides lors de cet assaut funeste dont je t'ai parlé la dernière fois, pendant des années j'ai pris le soin de rassembler les copies de tout le savoir du monde dans un endroit secret. Cet endroit, retiré du monde et par conséquent protégé de ses tourments, c'est là que nous allons.Intrigué par cette nouvelle, je lui répondis ensuite. - Je vois...Et tu penses que le savoir qui se cache là-bas nous aidera à trouver des réponses ? Car j'ai encore en mémoire ce que m'a dit Rudolph Estenia : « La Lune Blanche parviendra certainement à affaiblir la Lune Noire, mais pas à empêcher le destin de s'accomplir ». Tu crois qu'il existe une autre solution pour contrecarrer les plans du Consortium ?En entendant ces mots, Octave sourit. Puis, il répondit à son tour. - Rudolph Estenia...Voit-tu, ce bon vieux Professeur a à la fois tord et raison. Il a raison dans l'état du monde d'aujourd'hui. Mais il a tort dans l'état du monde d'hier. La vérité, c'est que pour Rudolph Estenia comme pour beaucoup d'autres choses, tu apprendras bien vite que tout n'est jamais tout blanc ou tout noir. Le monde est gris, et surtout il est changeant. Mais ne te pose pas trop de questions pour l'instant : je te dirais tout ce que tu dois savoir dans la Bibliothèque.Voilà qui était étrange : plus il répondait à mes questions, plus le mystère s'épaississait. Mais, comme il me l'avait demandé, j'essayai de chasser toutes ces questions qui m'assaillaient de ma tête. Les heures passèrent donc, à ne rien faire de spécial. Nous reprenions des forces, et en particulier mon pokémon qui avait besoin de repos pour réparer les fractures accumulées dans son blindage au cours de ces deux combats qu'il avait mené dans la journée. La nuit commençait à tomber. Je venais juste de terminer le nettoyage de mon pokémon de tout ce sang qu'il avait sur lui. C'est ce moment que choisit Octave pour reprendre la route. Il me dit simplement, sobrement mais fermement ces quelques mots. - Seleroc va bientôt remplacer solaroc. C'est le moment d'y aller. Dépêchons-nous, Rubens déteste attendre.Et quand on dit reprendre la route, Octave ne la reprenait pas à moitié : c'était au pas de course. J'avais du mal à le suivre, mais je parvins au bout d'un moment à m'habituer à son rythme et à réagir sur ce qu'il venait de dire. - Tu as parlé de Rubens...C'est qui ?Le Destogoride répondit légèrement. A vrai dire, à chaque pas qui nous rapprochait du Mont Sélénite il semblait plus détendu et avenant. - Mon peintre. Je plaisante. C'est le nom que j'ai donné à mon archiviste, qui est aussi mon unique pokémon. Tu verras : comme tous les bibliothécaires il est un peu sec mais quand on lui demande quelque chose, il le fait avec zèle.C'est tout ce qu'il me dit jusqu'à notre arrivée jusqu'à cette fameuse bibliothèque secrète. Pour y accéder, nous commençâmes tout d'abord par rejoindre l'avenue par laquelle nous étions arrivé en entrant à Argenta. Puis, il fallait gravir les contreforts du Mont Sélénite. Le dénivelé était important, mais notre motivation commune était trop forte pour qu'une simple montagne, fut-elle habitée par des mélofée, ne nous fasse reculer. Sur le chemin, galegon nous obligea à faire une petite halte près des usines charbonnières. Pour faire quoi, on pourrait se demander ? Mais pour manger bien sûr ! Le pokémon avait des besoins tels que pour sa croissance il devait manger des kilos entiers de fer par jour. Les fondations des usines, voilà qui semblait l'intéresser au plus haut point. Après notre départ, un détail doit toutefois être noté : il semblerait que toutes les usines d'Argenta se soit subitement écroulées. Mais qui cela peut bien intéresser après tout ? Ah oui effectivement, les ouvriers et les capitaines d'industrie. J'avais oublié ce détail. Toujours est-il qu'après plusieurs heures de randonnée à travers la montagne, et plusieurs autres à se perdre et se reperdre dans les grottes labyrinthiques du Mont Sélénite, Octave me demanda de m'arrêter. - Stop ! Nous sommes arrivés.Je regardais partout autour de moi : il n'y avait que des murs de pierre peuplés quasiment exclusivement de nosferapti. Quant au sol, les cailloux se confondaient aisément avec les racaillou. Bref, il n'y avait rien ici de surprenant pour une grotte de la région de Kanto. Dans un mélange d'incompréhension et de fatigue, j'exprimai mon scepticisme à Octave. Il en rit, avant de me répondre factuellement. - Mais la Bibliothèque se trouve dans nul autre endroit qu'ici. Elle est en face de toi, le temps de donner le mot de passe à Rubens.Le Destogoride recula, tout en me faisant reculer par la même occasion. Puis, il remplit ses poumons avec de l'air pour pouvoir annoncer clairement à voix haute le fameux mot de passe. - J'aime la peinture flamande, surtout quand elle travaille avec Alexandrie !A cet instant, le mur en face de nous se fractionna avant que les deux parties de ce qui était en fait une sorte de portail en pierre ne se séparent vers le haut et vers le bas dans un fracas qui faisait résonner un écho puissant dans toute la grotte. Lorsque le silence revint dans le Mont Sélénite, une bibliothèque immense nous attendait. On n'en voyait même pas le fond. Octave entra à l'intérieur, et moi à sa suite. Le portail se ferma ensuite immédiatement. En voyant un tel camouflage, pas étonnant du coup que personne n'ait jamais trouvé cette bibliothèque. A gauche comme à droite, des étagères géantes étaient remplies de livres. Le gigantisme ambiant semblait presque menaçant, à tel point que je me sentais tout petit face à tant de savoir. Au centre enfin, se trouvait un guichet rempli d'une montagne de livres qui faisait qu'on ne voyait même pas si un guichetier se trouvait ou non à l'intérieur. Je regardais rapidement les titres : ils traitaient presque exclusivement d'Histoire et de mythologie. Ne voyant pas son archiviste, Octave regarda un peu partout. Il était tout aussi perplexe que moi. A voix basse mais néanmoins audible, il osa poser cette question. - Rubens, tu es là ?
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| | | L'Illustre Aegir Membre
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| Sujet: Chapitre XXI - La Bibliothèque d'Octave Jeu 22 Mai - 20:19 | |
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9 Avril – 4 AM Narrateur : Inconnu La question d'Octave n'eut aucune réponse. La Bibliothèque restait résolument silencieuse. Octave s'impatientait. Il posa une seconde fois sa question, un peu plus fort. C'est à ce moment-là que, brusquement et sans crier gare, un cri jaillit qui semblait venir de la rangée de livres se trouvant à notre gauche. - Silence ! J'arrive.La voix, très sèche et chevrotante, c'était celle d'un queulorior chargé de livres qui venait à notre rencontre. Sa longue queue enduite d'une peinture verte s'agitait dans tous les sens, signe qui trahissait une nervosité impossible à cacher. Il se déplaçait si silencieusement qu'il avait complètement passé inaperçu. Son regard était tout aussi sévère que sa voix. Pas de doute possible : ça ne pouvait être que Rubens. Arrivé au niveau du guichet, le pokémon posa ses livres sur une des piles de livres avant de se retourner vers Octave et lui parler. - Ah bah ce n'est pas trop tôt, Octave ! J'ai failli attendre. Bon : comme tu me l'avais demandé, je t'ai mis de côté les livres que tu m'avais demandé de chercher.Il se tourna ensuite vers moi un instant, avant de revenir vers son maître. Le pokémon continua ensuite, en parlant de moi en des termes qui m'énervaient quelque peu. - Alors c'est lui le Prophète ? Ce gringalet n'a pas l'air très fin.Je m'apprêtais à rabattre le caquet de ce pokémon arrogant, mais Octave coupa court à la dispute naissante en mettant son bras entre moi et le pokémon. Il demanda ensuite au bibliothécaire ronchon de prendre congé de nous. - Bien Rubens, je te remercie. Je ne doute pas un instant qu'une grande amitié va naître entre vous, mais tu dois avoir du travail. Nous ne te retenons pas plus longuement.Discipliné, le pokémon d'Octave retourna aussitôt à ses occupations tout en grommelant. Après s'être assuré que son compagnon avait définitivement disparu dans la jungle d'étagères qui constituait l'essentiel de la bibliothèque, le Destogoride prit quelques -uns des livres disposés sur le guichet. Une fois fait, il me demanda de le suivre. Nous nous engouffrâmes dans le dédale d'étagères à notre tour. Tout en collant de près mon guide de peur de me perdre, je contemplais tous ces livres. Certains avaient l'air particulièrement ancien si j'en croyais la poussière qui s'était amassée sur leurs reliures. Tant de savoir était réuni ici. Combien de ces ouvrages étaient restés inconnus du reste du monde pendant des siècles ? Au bout d'un moment, probablement un quart d'heure, nous arrivâmes dans une sorte de clairière dans cette jungle de livres. Les étagères avaient en effet cédé la place à une très grande table circulaire, autour de laquelle un nombre considérable de chaises étaient disposées. Cela devait être la salle de lecture de la bibliothèque. C'est là qu'Octave décida de s'arrêter. Il posa ses livres sur la table, s'assit et m'invita à faire de même. Je m'assis donc à sa droite. L'érudit prit ensuite la parole, tandis que je l'écoutais pieusement. - Comme je te l'ai dit à Argenta, mon rêve a toujours été de réunir en un lieu unique tout le savoir du monde. Ici, nulle question ne reste sans réponse. Si je t'ai amené jusqu'ici, c'est pour que tu comprennes quel est l'état réel du monde et ce que tu dois faire pour lutter efficacement contre le Consortium. Je sais que depuis que tu m'as quitté l'année dernière, durant ces évènements funestes que tu connais, de l'eau a dû couler sous les ponts. C'est pourquoi, avant de faire quoi que ce soit il faut que tous tes doutes se soient dissipés.
Le premier doute à dissiper, c'est l'idée selon laquelle quoi que nous fassions nos adversaires seront toujours plus puissants que nous. C'est l'argument de Rudolph Estenia. J'ignore dans quelles circonstances il t'a dit cela. Mais si j'en crois mon expérience, je soupçonne qu'il voulait le faire pour que la passivité te transforme en un de ses pantins. Il a toujours agi ainsi. Même quand j'étudiais avec lui les sciences, il y a bien longtemps, il s'amusait toujours à manipuler les gens pour retourner toute situation à son avantage.En écoutant mon mentor faire le constat froid de ce que j'avais enduré dans le laboratoire de ce scientifique il n'y a pas si longtemps que ça, la colère montait en moi. Ce savant fou m'aurait manipulé pour anéantir toute velléité de résistance en moi ? Non, ça ne pouvait pas être possible pourtant : son argumentaire semblait cohérent et logique. Comment la Lune Blanche pouvait-elle anéantir Kyurem, alors que ce pokémon a la capacité de détruire à l'aide de son souffle glacial toute forme de vie en un instant ? Le rapport de force était trop déséquilibré pour que le succès devienne ne serait-ce que plausible. Les réponses que m'apporta par la suite Octave détruisirent ce dogme que j'avais étrangement intégré comme une certitude avec une simplicité déconcertante. - Je t'ai déjà dit que Rudolph Estenia a à la fois tort et raison car il se base sur un paradigme du monde qui n'est pas celui qui doit normalement avoir cours. Regarde cette gravure, qui a été trouvée aux Colonnes Lances il y a des siècles. Tu peux voir que le Xort'Majora, c'est-à-dire Kyurem, se trouve en dehors du Panthéon. Il se terre loin, très loin dans les profondeurs de la terre dans un sommeil éternel. Au même titre que Giratina, il a subi un bannissement. Mais contrairement à Giratina qui n'a été qu'exilé dans une autre dimension pour être parvenu à contrôler son pouvoir au prix d'une scission avec Darkrai, Kyurem n'a pas d'âme. Il n'a pas d'âme, car Kyurem est le premier des fils d'Arceus. Il a été conçu avant même le Trio Originel qui a insufflé l'âme aux pokémons, véritable concentré de la vérité, de la volonté et du courage. C'est donc un dieu archaïque, à opposer aux dieux classiques que tu connais bien. Sans âme, il ne sait se contrôler. Kyurem n'est par conséquent qu'une arme de destruction vouée soit au sommeil, soit à l'accomplissement de ce pourquoi il a été créé : détruire la vie. On peut le comparer à un feu qui ne meurt que lorsqu'il n'a plus rien à brûler.
J'en arrive maintenant au point le plus important de mon explication : quel est le rapport avec la thèse de Rudolph Estenia, me demanderas-tu ? Et bien, pour te répondre pour de bon laisse-moi te raconter une petite histoire. Jadis, il y a très longtemps, la puissance et la violence grandit tellement qu'il mettait en péril le pouvoir d'Arceus sur le cosmos. Le Dieu Primordial voulut donc s'en débarrasser. Au terme d'un combat apocalyptique qui menaça de détruire le monde, Kyurem fut vaincu et banni au centre de la terre. Or, aujourd'hui la Lune Noire est devenue si puissante qu'elle est parvenue très récemment à exiler Arceus et les Douze dans le Monde Distorsion. Tu comprends maintenant à quel point le raisonnement de Rudolph Estenia ne tient pas debout ?Tout devenait subitement clair comme de l'eau de roche. Je me rendais aussi compte à quel point Octave était quelqu'un d'exceptionnel. De la chance, j'en avais certainement d'être à ses côtés. Nos adversaires, en revanche, n'en avaient aucune face à quelqu'un de si érudit. Les brumes se dissipaient dans mon esprit, laissant enfin de la place à l'espoir et l'enthousiasme. Spontanément, je répondis au brillant exposé d'Octave. - Tu veux dire qu'Arceus et les Douze sont capables de vaincre Kyurem ? Mais alors, rien n'est perdu !Octave souriait. Il était ravi de la mine que j'affichais à présent. L'homme de lettres semblait visiblement préférer ce genre de questions annonciatrices d'actions au doute que j'affichais encore quelques minutes plus tôt. Il répondit donc bien volontiers. - En effet. J'imagine que tu vois mieux du coup ce qu'il faut faire pour contrecarrer les plans funestes de la Lune Noire. L'objectif est simple à comprendre, plus difficile à réaliser : il faut libérer les Douze ainsi qu'Arceus des griffes de la Lune Noire. Mais pour accéder au monde Distorsion, il faut normalement demander l'aide combinée des dieux du Temps et de l'Espace, Dialga et Palkia. Mais c'est impossible dans la situation actuelle, car eux comme tous les autres croupissent là-bas, privés de leurs pouvoirs.Une idée venait soudain de me traverser l'esprit. J'interrompis donc Octave pour la lui soumettre. - J'ai une idée ! Tu sais, peu après que je t'ai quitté à Néo-Mauville, Giratina m'a emmené dans le monde Distorsion pour me parler. Il m'a ensuite ramené dans notre monde sans la moindre difficulté. Tu ne penses pas que nous pourrions faire appel à lui pour atteindre notre objectif ?L'idée semblait ingénieuse : si Giratina pouvait faire entrer et sortir du monde Distorsion qui il voulait, s'en servir comme d'un cheval de Troie ne me semblait pas si utopique. Mais la réponse du Destogoride coupa court à cette possibilité. - Si c'était si facile, j'aurais déjà essayé. Mais il s'avère que le monde Distorsion n'est pas une simple porte d'immeuble dans laquelle on peut entrer en demandant simplement au concierge de nous ouvrir. C'est une forteresse dont les portes ne s'ouvrent que très rarement vers le monde des mortels. Si Giratina a pris le risque de te transporter dans ce monde dangereux, c'est qu'il devait avoir une bonne raison pour le faire. Surtout, cela devait être avant la chute d'Arceus. Maintenant, il doit au mieux être sous l'étroite surveillance des sbires de la Lune Noire et au pire peut-être a-t-il déjà rejoint Arceus et ses pairs dans cette prison dimensionnelle. Dans les deux cas de figure, nous ne pouvons pas compter sur son aide. Il va falloir y aller par nos propres moyens.Mon enthousiasme était retombé. Tout en faisant la moue en signe d'abattement, je repris la parole. - Mais comment veux-tu ouvrir un passage vers une dimension que seules certaines entités peuvent ouvrir, alors que les entités en question sont entre les mains de la Lune Noire ? C'est comme vouloir ouvrir une porte blindée sans mot de passe !Malgré l'absence apparente de solution, Octave restait serein. Il feuilletait un des livres qu'il avait posé sur la table. Après quelques minutes de recherche, il finit par tomber sur quelque chose qui l'intriguait. Cela ressemblait à une carte du monde sur laquelle des croix rouges étaient marquées au-dessous de symboles mystérieux. J'avais l'impression de reconnaître certaines régions : Johto, Kanto ou encore Sinnoh. Finalement, le visage du Destogoride s'illumina avant de se mettre à sourire. C'était bon signe. Il releva la tête, déplaça la carte vers ma direction de manière à ce que je puisse l'étudier de plus près avant de se remettre à parler en pointant du doigt différents endroits de la carte au cours de son explication. - J'ai trouvé une solution. Ça va être très périlleux, mais c'est le seul moyen d'aller au monde Distorsion. Observe avec attention cette carte : elle a été dressée il y a longtemps par un explorateur anonyme. Voit-tu, pour que les Douze puissent intervenir sur le monde terrestre en cas de problème, ils ont fait ériger treize portails disséminés un peu partout dans le monde dans des temples qui regorgent de pièges en tout genre pour dissuader les simples mortels de rentrer en contact avec ces divinités. Treize portails pour treize Dieux : un par divinité. Ces portails agissent comme des vases communicants entre les dieux et le monde terrestre. Mais il y a autre chose : ces portails ne mènent pas simplement aux Colonnes Lances. Les textes anciens disent qu'ils mènent vers le lieu où se trouve physiquement le dieu auquel est rattaché le portail. En clair, cela veut dire que si nous localisons ces portails, ils nous mèneront directement à la prison dimensionnelle dans laquelle est enfermé chaque dieu.
Le cartographe a indiqué l'emplacement de chaque portail par une croix, ainsi que l'identité du dieu qui y est rattaché par un symbole. Voyons voir...Il semblerait que le portail le plus proche soit celui d'Electhor, dans les ruines de la Centrale. C'est au nord de Lavanville. L'autre portail qui se trouve à Kanto est celui d'Artikodin, dans les Iles Ecumes. Donc, tu préfères commencer par libérer qui ? Electhor ou Artikodin ?Cette carte était fascinante. Mais en voyant l'emplacement supposé de ces portails, je pressentais que des dangers innombrables nous attendaient là-bas. J'en oubliais presque qu'Octave m'avait posé une question. Que choisir : Electhor, le dieu de la foudre que j'avais déjà rencontré par le passé ou Artikodin, le dieu des glaces éternelles ? Il fallait aussi choisir entre une Centrale désaffectée où le risque de mourir par électrocution en marchant sur un fil à haute tension dénudé était très élevé et une grotte labyrinthique où les tourbillons avaient déjà fait périr plus d'un aventurier par le passé. Dans mon choix, je me rappelais d'Electhor et de ce qu'il avait fait pour moi. Oui, je me souviens de ce jour où il avait tué en une décharge électrique tout un régiment de l'Armée du Consortium. Cette puissance phénoménale et cette lumière aveuglante m'avait sauvé la vie. Je sentais au plus profond de moi que j'avais le devoir de rendre la pareille à ce Dieu du Panthéon. C'est cette réponse que je donnai à Octave, qui répondit aussitôt. - Tu préfères Electhor ? Je me range à ton choix. Je vais demander à Rubens de préparer deux sacs de survie pour faire face à toute éventualité durant notre voyage. Tu peux te reposer dans la chambre qui se trouve tout au fond de la bibliothèque. Ménagez-vous, toi et ton pokémon. Car ce que nous nous apprêtons à faire, il est très probable que beaucoup ont essayé de le faire par le passé...avec la mort au bout du chemin.Au vu de sa conclusion, je n'étais guère rassuré. Qui le serait ? Là-bas, dans ce lieu de tous les périls qui nous donnait rendez-vous, il fallait s'attendre à tout sauf à une promenade de santé. Electhor, ton sauveur arrive !
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| | | L'Illustre Aegir Membre
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| Sujet: Chapitre XXII - Le piège de la Lune Noire Jeu 22 Mai - 20:20 | |
| - Spoiler:
19 Février – 4 AM Narrateur : Denaro Wolf Il était quatre heures vingt du matin. Une alarme stridente retentit et nous fit sortir en même temps de notre sommeil, mon pokémon et moi. La nuit avait été agitée. Ce n'était pas vraiment de quelconques soucis qui le perturbaient : sur ce plan là, j'avais de quoi être parfaitement serein. Non, la véritable cause de cette agitation était la chaleur. Là où je dormais, c'est-à-dire dans les dortoirs du Groupe Groudon, la chaleur était abominable. Je ne m'en étais pas rendu compte en arrivant dans cette partie du Quartier Général du Parti Concordien, mais le mercure était bien plus élevé qu'à la surface. Et la canicule, quasi permanente dans le désert d'Hoenn, n'arrangeait rien à l'affaire. Bref, non seulement j'avais très mal dormi mais en plus je devais me réveiller très tôt. Cinq minutes à peine après que l'alarme ait retenti, un homme à la voix aussi autoritaire que puissante me sortit définitivement de ma torpeur, comme la plupart de mes camarades de chambrée d'ailleurs. - Debout là-dedans tas de feignants ! C'est l'heure. Départ à cinq heures.Chamallot, lui aussi, se réveillait péniblement. La veille, je l'avais placé au pied du lit pour la nuit. En bon chameau, il s'était couché à la manière de ses pairs avec les quatre pattes recroquevillées sous le corps. L'alarme, et le cri qui le suivit, l'importunait tout autant que moi. Et comme moi, il avait adopté le comportement standard de tous les réveils matinaux : se boucher les oreilles à l'aide de ses deux pattes avant. Pourtant, il fallait bien se lever un jour. Quarante minutes plus tard, je me retrouvais avec les autres membres de ma section dans l'hélicoptère qui allait nous déposer au lieu de notre mission. En entrant à l'intérieur de l'exigu véhicule, je me demandais bien à quoi il pourrait bien nous servir. Il fallait tout de même ne pas oublier que nous nous trouvions sur un aérodrome situé à plusieurs kilomètres sous la surface. A moins qu'il soit capable de passer à travers les parois du sous-sol pierreux de la région, rester clouer semblait bien être la seule chose qu'il soit capable de faire. Mais une fois de plus, je restais trop dogmatique. Je restais trop dogmatique, car un bruit d'engrenages se fit rapidement entendre au fur et à mesure que les hélices de l'hélicoptère se mettaient en marche. Au-dessus de nous, le plafond s'ouvrait en laissant apparaître un passage circulaire vers les hauteurs. C'était un plafond qui n'était qu'en apparence similaire aux autres parois rocheuses. On voyait bien qu'il était composé d'une couche superficielle de roche, qui cachait deux immenses plaques de métal qui s'ouvraient et se fermaient comme un portail. Une fois que le portail fut complètement ouvert, le véhicule sur lequel j'étais embarqué commença à prendre de l'altitude. La magie de la technique avait vaincu une fois de plus le scepticisme étroit d'années d'éducation où dépasser les certitudes était certes un luxe désuet, mais surtout un acte de sédition. Au fond, rejoindre le Parti Concordien avait été pour moi une certaine forme de thérapie. Le gracieux appareil aérien commença donc son ascension, rythmé par le bruit tranchant de ses hélices. Cette ascension était d'abord lente. Puis, elle accéléra rapidement jusqu'à atteindre une vitesse de croisière tout à fait considérable. Nous nous engouffrions dans l'étroit puits creusé dans la roche que cachait auparavant ce portail camouflé. Au fur et à mesure de la montée, l'air commençait à se refroidir sérieusement sous l'effet de la vitesse. Ce n'était d'ailleurs pas pour me déplaire. Chamallot en revanche, allongé sur mes genoux, n'appréciait pas la baisse de température. Rien n'était plus normal pour un pokémon habitué à vivre sur les flancs des volcans et à toiser, débonnaire, les coulées de lave sans la moindre once de crainte dans le regard. A un moment pourtant, l'hélicoptère finit par ensuite sortir du sol. Brusquement, le panorama changea du tout au tout et les dunes dorées et illuminées par le soleil levant remplacèrent l'environnement claustrophobique dans lequel j'évoluais depuis maintenant plusieurs jours. C'était magnifique à voir. Au loin, le Mont Chimnée était impressionnant comme à son habitude. Mais il l'était encore plus lorsque le soleil des heures précoces ou tardives se mettait à l'illuminer dans des colorations inhabituelles. Hélas, ce n'était pas en sa direction que nous allions. Le briefing que nous avait fait la veille Saturne était fort clair : la mission que nous devions accomplir se déroulait au sud, non loin de Lavandia. Là, nous devions détruire un puits de pétrole construit et protégé par le Consortium. Tels étaient les ordres. La mission pouvait paraître simple, banale et sans intérêt. Face à l'ampleur des enjeux, elle l'était : ce n'était pas la destruction d'un puits de pétrole qui allait mettre à bas le pouvoir totalitaire du Consortium. Je venais de ce monde-là, et mieux que personne dans le groupe que j'accompagnais je savais face à quoi nous combattions. Des puits de pétrole qui ravagent l'écosystème, nos adversaires en foraient chaque jour. Et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de penser que toute grande œuvre commence toujours par des actions de plus petite ampleur. Il fallait bien commencer quelque part. Une heure passa donc à traverser le désert par la voie des airs en direction de notre destination. Je regardais mes voisins. Ils étaient tous dans cet uniforme rouge et jaune qui était le signe de notre appartenance commune au Groupe Groudon du Parti Concordien. Chacun, pour passer ce fameux temps d'inaction qui précède toujours l'action, avaient son stratagème. Certains dormaient, sans doute pour ne pas défaillir face aux ordres de nos supérieurs. D'autres écrivaient je ne sais quelles réflexions dans un carnet de notes. D'autres, enfin, faisaient des blagues à leurs camarades. Tous étaient anxieux, mais aucun ne voulait le montrer. Mais l'heure du débarquement venue, tous redevinrent sérieux à l'unisson car désireux de faire de leur mieux. C'était cela, l'esprit de corps. Car oui, l'heure de rejoindre le plancher des vaches était enfin venue. Le responsable de l'opération, assis pendant tout le voyage à la droite du pilote, nous en avertit. C'était le même homme froid et soucieux de la discipline qui nous avait réveillés sans ménagement deux petites heures auparavant. Comme tous les officiers du Groupe Groudon, sa musculature était aussi impressionnante que sa mine était patibulaire. J'ignore combien d'heures de culturisme il avait dû endurer pour en arriver à ce résultat, mais elles devaient être nombreuses. Bref, nous baissions d'altitude. Par le hublot, on pouvait voir notre cible un peu au sud qui crachait une fumée noire, encerclée par quatre miradors dans lesquels on pouvait voir la silhouette vague de soldats du Consortium. Quant à l'hélicoptère, pour ne pas éveiller l'attention il se posa dans une vallée voisine située non loin de là. Le véhicule se vida ensuite de ses soldats, tout en coupant ses moteurs pour faire le moins de bruit possible. En même temps que les autres, je descendis donc de l'appareil. Le sol était sablonneux, toujours aussi désespérément sablonneux. Tout en regardant les environs, j'avais l'impression étrange d'être déjà venu ici. Je me souvenais. Je me souvenais de ce jour où Irène m'avait sauvé des griffes mortelles du désert. Pourquoi m'étais-je aventuré aussi loin vers le nord ? Si je me souvenais du passé lointain comme très proche, j'avais la stupeur de me rendre compte que je ne parvenais pas à me rappeler ce que je pouvais bien avoir eu à faire aussi loin de tout. Etait-ce une mission que m'avait chargé d'accomplir Sardonis ? J'étais incapable de répondre à cette question. Et pourtant, je me rappelais de cet endroit. Plongé dans mes pensées, je ne me rendais pas compte que l'officier musclé me criait dessus pour m'intimer l'ordre de rejoindre le reste de la cohorte. Honteux, je m'excusai rapidement avant de rejoindre mes frères d'armes qui se tenaient au garde à vous. Un silence martial régnait qui me rappelait mes années de service dans l'Armée du Consortium. C'est l'officier qui le rompit, en réalisant un dernier briefing avant l'action. - Bien. Je suis le Lieutenant Hursin et je suis chargé du bon déroulement de la mission. Ma politique est claire : plus vite le travail sera fait, plus vite nous serons rentrés et moins de risques nous prendrons. C'est pourquoi le rôle que je vais assigner à chacun d'entre vous devra être respecté à la lettre. En mission, la première chose à savoir c'est que de votre comportement dépendra la survie de vos pairs.
Au-delà de la montagne qui se trouve derrière moi, les forces du Consortium protègent le puits de pétrole qui est notre cible. Pour pouvoir placer la bombe et partir rapidement, il faut donc avant tout neutraliser la résistance adverse. Elle est concentrée en priorité sur les quatre miradors qui encerclent le puits. Vous serez donc divisés en quatre groupes d'intervention chargés de l'attaque de ces points de résistance, ainsi que d'un groupe de soutien en cas de coup dur et d'un sixième chargé de la destruction de la cible. Pas de questions ? Bien : rompez et au travail !Le second du lieutenant, qui se trouvait sur sa gauche pendant tout le temps du briefing, se chargea ensuite de la création des groupes. Le hasard des choses fit que je finis par me retrouver dans le sixième groupe, soit le même que le lieutenant Hursin. Les préparatifs terminés, nous nous mirent ensuite tous en direction de ce fameux puits d'or noir. Nous étions tous concentrés, tels des sportifs ne pouvant se permettre d'échouer. Quant à moi, je me souvenais des hommes en armes que j'avais vus tantôt sur les miradors. Cela ne promettait pas d'être facile. Après avoir marché quelques kilomètres, nous arrivâmes finalement devant le champ de bataille. Nous avancions prudemment. Dans le plan que nous devions suivre, l'effet de surprise était capital. La stratégie du lieutenant Hursin se mit donc en œuvre rapidement et avec discipline : les quatre groupes offensifs se dirigeaient vers les miradors, armés des soldats contrôlant les pokémons les plus puissants, tandis que mon groupe avançait vers le puits de pétrole. Le groupe de soutien, quant à lui, restait caché en arrière. Et pourtant, une surprise de taille nous attendait. Arrivés au sommet de chaque mirador sans que le moindre bruit de combat n'ait déchiré le désert, les quatre groupes d'assaut nous firent signe que la voie était libre. J'avançais, moi et mon groupe, très rapidement en direction du puits de pétrole. Il n'y avait toujours pas l'ombre d'un soldat qui apparaisse. Pourtant, je n'avais pas rêvé. Dans l'hélicoptère, j'avais distingué clairement des soldats en uniforme, tout de gris vêtus comme le veut le code vestimentaire des sbires de Sardonis. Où étaient-ils tous passés ? Je n'étais pas rassuré. Personne n'était rassuré, mais il fallait continuer. Bientôt, nous arrivions devant le fameux puits de pétrole qui extractait en continu ce liquide visqueux qui fait le mal de l'écosystème et le bien des assoiffés de la technique. Nous y étions presque. Un des hommes du petit groupe de dix hommes que j'accompagnais posa enfin la bombe sur la paroi métallique qui protégeait le cœur de la machine commandant le système d'extraction. C'est alors que quelque chose d'incroyable, au sens propre du terme, se produisit. La bombe était en effet en train d'être armée, quand soudainement le ciel se recouvrit de nuages noirs comme le charbon. Quelques instants plus tôt, le soleil brillait fort sans nuages pour remettre en cause sa domination sans partage sur le désert. Et pourtant, sans que le moindre signe météorologique ne puisse l'expliquer, ce ciel s'obscurcissait de secondes en secondes. En quelques minutes, le soleil avait derrière ces nuages d'ébène et la lumière avait tant de mal à percer qu'on se serait cru au beau milieu de la nuit. Pourtant, il n'était que huit heures vingt-deux selon ma montre. Tous, nous nous étions retournés vers le ciel pour essayer de comprendre ce qui se passait. Un brin paniqué, je m'adressai au lieutenant Hursin qui se tenait juste devant moi. Il avait l'air pétrifié. - Qu'est-ce qu'il se passe ?Il semblait avoir toutes les difficultés pour répondre. Fixant maladivement ce ciel noir, il me répondit laborieusement. - Bordel, mais j'en ai aucune idée !A un moment, son regard semblait se fixer sur un point du ciel, plus obscur que le reste. C'était une sorte de fumée noire qui partait de l'horizon, et qui semblait se rapprocher de nous à toute vitesse. D'un geste, il sortit sa pokéball de sa ceinture et en fit jaillir un imposant hariyama qui se dressa héroïquement entre nous et l'étrange fumée noire. La chose continua d'abord sa course, jusqu'à esquiver brutalement le pokémon et tourner à une vitesse vertigineuse autour du puits de pétrole. Cela surprit le lieutenant expérimenté. Au fur et à mesure que l'entité effectuait ses rotations, elle répandait une fumée encore plus opaque qu'elle qui obscurcissait encore plus un environnement déjà considérablement altéré. Nous ne parvenions désormais à plus rien voir. Puis, ce fut le silence. Beaucoup criaient et se répondaient pour essayer de se localiser, mais nul ne s'entendait. Moi-même, je n'entendais rien. Très rapidement pourtant, j'entendis un cri me glacer le sang. - Au secours !Ce premier cri était éloigné de moi. Très rapidement ensuite, j'entendis un deuxième puis un troisième cri. - Laissez-moi tranquille ! Non !Les cris de secours s'enchaînaient à présent sans que je ne puisse rien faire. Paniqué, terrorisé, je courais avec mon pokémon dans le noir. Les cris étaient à présent très proches. Mais je ne devais pas m'arrêter. Je ne devais m'arrêter à aucun prix. Les cris m'effrayaient, mais l'obscurité n'arrangeait rien à la situation. D'un éclair de lucidité, je me rappelai que j'avais une chance que n'avaient aucun de mes frères d'armes : j'avais un pokémon d'un des deux types capables de briser le voile du néant. J'ordonnai à mon chamallot de prendre une grande inspiration pour relâcher plus grosse boule de feu qu'il soit capable de produire. Mon chameau, et une puissante boule incandescente jaillit de sa bouche. La lumière qu'elle émettait sur son chemin me fit réaliser l'horreur de la situation. Partout devant moi, des cadavres s'étendaient. Mais le pire était à venir. La boule de feu mourut au loin, peut-être cinquante mètres devant moi. Là, j'avais cru voir une sorte de corps spectral s'acharner sur un des survivants. La boule de feu l'avait surpris : il s'était retourné en ma direction. Dans l'obscure noirceur du désespoir, deux yeux cristallins me faisaient face. Et ils n'étaient pas du tout, mais alors pas du tout amicaux. Il se mit alors à foncer sur moi. Tentant vainement de me répondre, mon pokémon lui jeta quelques boules de feu. Oh, elles arrivèrent certes au contact. Mais elles n'eurent aucun effet. Cette créature avait une puissance anormalement élevée. In extremis, je parvins à l'esquiver. Dans cette esquive, j'avais réussi à découvrir une autre partie de son anatomie : il y avait une sorte d'excroissance blanche de son corps qui s'étendait au-dessus de sa tête, ainsi qu'une bouche gigantesque de couleur rouge. Ce monstre, était-ce vraiment un pokémon. Je courais avec l'énergie du désespoir pour échapper au joug de l'entité malfaisante tout en parvenant à lui échapper deux autres fois. A un moment pourtant, il réussit à me surprendre en arrivant sur ma gauche. J'osai soutenir son regard. Cette chose était encore plus monstrueuse que ce que je craignais. Mais surtout, il se mit à me parler par télépathie ce qui n'arrangea en rien mon moral déjà. Sa voix était irréelle, comme si elle était l'incarnation de la nuit. - Où crois-tu aller, pauvre mortel, alors que c'est moi qui contrôle les règles du jeu ? J'ai absorbé tous tes semblables, et ton tour est venu. Tu es pris au piège, laisse les ténèbres t'envahir.Instantanément après avoir dit cela, je sentis un corps immatériel me prendre par les pieds et me soulever avec une simplicité incroyable. Je me trouvais à présent à une hauteur inconnue du sol. Le néant, avec ses yeux et sa bouche, me faisait face. Tout en me fixant, je sentais des ondes jaillir de son visage et m'envahir. La faiblesse m'envahissait. Cette faiblesse se transforma ensuite en sommeil. Un sommeil lourd et léger à la fois, où je voyais des choses heureuses et des choses horribles en même temps. Tout cela donnait l'impression d'un kaléidoscope géant où ces mêmes yeux et cette même bouche me fixait tout en riant. Abominable, ce rire l'était assurément. Mais la créature finit toutefois par me dire quelque chose d'étrange, que je ne compris pas sur le moment dans cette sorte de confusion morbide dans laquelle je me trouvais. Et pourtant, alors que j'étais à sa merci ce sont bien ces mots qu'il me dit alors que je m'avouais vaincu dans cette lutte inégale contre cet être maléfique. - Je ne vais pas te tuer comme les autres, tu peux encore m'être utile. Souviens-toi bien de mon nom : je suis la Lune Noire, et je vais détruire ce monde que tu chéris tant.
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| | | L'Illustre Aegir Membre
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| Sujet: Chapitre XXIII - La titanomachie d'Electhor Jeu 22 Mai - 20:21 | |
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26 Avril – 4 AM Narrateur : Inconnu Nous partîmes donc le lendemain d'Argenta, soucieux d'atteindre au plus vite la célèbre centrale de Kanto. Célèbre, l'édifice l'était assurément : depuis que l'Homme avait maîtrisé le principe de la production électrique, l'endroit avait toujours été crucial dans l'approvisionnement en énergie des villes orientales de la région. Un dicton local disait même la chose suivante : « lorsque l'Orient s'éteint, Céladopole agonise ». Il serait faux de dire qu'il s'agissait de la seule centrale de tout Kanto, mais c'était de loin la plus importante en termes de production et c'est pourquoi on a coutume de lui attribuer une majuscule lorsqu'on la mentionne. Tout cela, c'est Octave qui me l'apprit au cours de notre voyage vers l'est. Le trajet ne devait durer qu'une semaine, m'avait-il dit le jour de notre départ tout en consultant obsessionnellement les cartes de la région que Rubens lui avait donné. C'était le matin du 10 Avril. Lorsque nous arrivâmes enfin à destination, nous étions le 26 Avril. Une remarque se devait donc d'être faite : le trajet avait été beaucoup plus long que prévu. Il avait d'ailleurs été si long qu'Octave s'était mis, pour passer le temps il faut croire, à partager sa docte science avec moi. Les thèmes étaient fort variés, de l'anodin au crucial. Mais pour ne pas mourir d'ennui, il fallait bien s'occuper. Pourquoi diable cela avait-il été si long ? Par Arceus, pour une raison toute simple : les cartes de Queulorior étaient fort sympathiques par les effets stylistiques délicieusement archaïques qui y figuraient, mais elles n'étaient pas à jour. Certaines villes avaient disparu, d'autres avaient changé de nom et d'autres enfin ne figuraient carrément pas sur le document topographique. Bref, tout cela formait un joyeux désordre et bien malin pouvait être celui qui était capable de s'y retrouver dans ce méli-mélo de routes réelles ou imaginaires. Toujours est-il qu'après des semaines passées à chercher son chemin, nous étions enfin arrivés à proximité de la Centrale. Il devait être huit heures du matin, et malgré l'hiver finissant il faisait toujours un froid mordant. L'influence du climat montagnard se faisait sentir jusqu'ici. Une brume opaque recouvrait la vallée dans laquelle nous nous trouvions. Ce n'allait certainement pas être la faiblesse du soleil matinal qui allait changer quelque chose à cette vision réduite. Les faits étaient là, et bien là : voir à plus de cinq mètres relevait du miracle. Si la Centrale ne se trouvait pas juste devant nos yeux, cette complication météorologique aurait d'ailleurs été le prétexte de nouveaux errements dans le Kanto septentrional. La Centrale : parlons-en d'ailleurs de ce vénérable édifice. Jadis, elle devait être illuminée de mille feux vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Jadis, le bruit des machines devait assourdir les riverains. Mais des riverains, n'y en avait-il jamais eu dans ce lieu de perdition, entre montagne et océan ? Aujourd'hui, ce qu'Octave et moi découvrions était rien de moins qu'une ruine désespérément silencieuse. Malgré la brume, nous parvenions à distinguer sur le sol quantité de débris en tous genres qui semblaient avoir été détachée de la structure principale par une déflagration d'origine inconnue. Etait-ce une explosion ou...autre chose ? La visibilité dont nous bénéficiions ne permettait pas de le démontrer. Surtout, nous n'avions pas fait tout ce périple juste pour étudier des gravats. Skuld, à l'inverse de nous qui tentions d'éviter ces débris qui risquaient de nous blesser, était aux anges. Dès qu'il repérait un débris en fer, son premier réflexe était de foncer droit sur lui pour dévorer tout ce minerai de fer. Cela avait au moins le mérite de rompre le silence de mort qui régnait dans ce lieu sinistre. Après un certain temps passé à faire le tour de l'édifice dévasté, Octave m'interpella pour me signaler qu'il avait localisé l'entrée. Il n'y avait pas de porte, sauf à considérer que les deux tôles froissées qui nous bloquait l'accès à l'intérieur de la centrale en ruines avaient jadis joué ce rôle. Face à l'obstacle, le Destogoride s'arrêta net et se mit à réfléchir tout en grattant son menton barbu avec une de ses mains. Assez rapidement ensuite, il me dit. - Bon, si j'en crois les bruits que fait ton pokémon derrière nous il semble affamé. Et bien, je pense qu'on va se servir de son appétit pour débloquer cette entrée. J'imagine que tu as compris où je veux en venir...Evidemment que j'avais compris où il voulait en venir. Ce n'était pas moi avec ma musculature modeste qui allait détruire deux couches de tôle qui devaient peser chacune plusieurs dizaines de kilos. Je sifflai donc Skuld. Le brouillard altérait certes la visibilité, mais en rien la propagation des sons. Quelques secondes plus tard, il accourut vers moi, fendant la brume avec son front tranchant. Une fois arrivé devant moi, le cavalier blindé stoppa net sa charge. C'est alors que, après m'être accroupi pour me mettre à son niveau, je lui donnai mes ordres. - Tu vois l'entrée bloquée là-bas ? Je veux que tu débloque le passage pour nous en la chargeant. Si tu réussis, tu pourras dévorer tout ce métal délicieux.Aussitôt dit, aussitôt fait : à peine m'étais-je relevé que mon pokémon était reparti quelques mètres en arrière avant de se mettre dans l'axe de l'entrée et prendre du recul. La discipline de cette espèce de pokémon m'a toujours étonné, à moins que ce que je prenais pour de la discipline n'était en fait qu'une gourmandise rendue nécessaire par la biologie. Bref, après avoir pris préparé sa première attaque le pokémon armurfer se mit à charger. Dans l'intervalle, nous avions bien évidemment fait en sorte de ne pas nous trouver sur le passage. Les conséquences d'un choc avec un galegon en pleine charge étaient incalculables, et les sbires de la Brigade Noire en avaient déjà fait les frais à Argenta, au début du mois. Le bruit des pas de la créature blindée causaient à chaque contact sur le sol de petites secousses sismiques qui étaient suffisamment fortes pour que je sente la terre vibrer sous mes pieds. Finalement, le moment du contact arriva enfin et la victoire fut totale. Dans un fracas assourdissant, le char d'assaut qui me servait de pokémon propulsa les deux tôles de métal loin à l'intérieur de la Centrale avant de finir sa course encastré dans un des murs de le Centrale. Le choc final avait été violent, probablement encore plus que le premier. Et pourtant, Skuld n'avait rien. Le crâne enfoncé profondément dans la paroi de la première pièce de la Centrale, il s'en extraya péniblement. Puis, il regarda les alentours jusqu'à localiser et dévorer le fruit de tous ses efforts. Quelques minutes plus tard, des deux imposantes tôles d'acier qui nous barraient la route il y a peu il ne restait plus rien. Nous pouvions enfin pénétrer dans l'obscurité métallique de l'usine à l'abandon. C'est Octave qui entra en premier. Je le suivis de près, impressionné par l'ambiance claustrophobique qui régnait à l'intérieur. Le Destogoride, voyant l'absence totale d'éclairage à l'intérieur, posa son sac à dos sur le sol afin d'en extraire une lampe de poche électrique. De mon côté, j'avais sifflé de nouveau afin de rappeler Skuld à mes pieds. Nous étions de nouveau réunis, et finalement la lumière arriva enfin. Mon compagnon de route, avant de s'enfoncer davantage dans la Centrale, commença tout d'abord par faire une rapide reconnaissance des lieux à l'aide de son outil électroluminescent. La pièce était assez petite, rectangulaire et les parois étaient remplies de ce qui semblait avoir été des machines électriques si l'on en croyait les compteurs de kilowatts brisés qui se trouvaient dessus. Quant au toit, il était partiellement arraché : cela devait être cela que Skuld avait dévoré tout à l'heure, à l'extérieur. Après avoir fait le tour du propriétaire, le Destogoride me fit signe de le rejoindre au centre de la pièce. Il avait sorti une des cartes anciennes qu'il m'avait fait découvrir tantôt, avant notre départ. Sur la dite carte, qu'il éclairait avec sa lampe électrique, figurait un plan de la Centrale avec une croix rouge au cœur de l'édifice. C'est une fois et une fois seulement que je l'avais rejoint qu'Octave me donna un dernier briefing. - Bien, comme tu peux le voir sur la carte nous sommes entrés dans la Centrale par l'entrée sud. Pour accéder au Temple de la Colère, il nous faut atteindre la salle du réacteur. Une fois là-bas, il faudra trouver le passage secret. Reste près de moi, qui sait ce qui peut nous attendre à l'intérieur.Alors, nous nous mîmes en route. En pénétrant dans les abysses de l'usine désaffectée, on se rendait encore mieux compte de l'ambiance sinistre qui régnait ici. L'obscurité y était certes pour beaucoup, mais l'essentiel était ailleurs. Partout autour de nous, on ne voyait que fils électriques dénudés qu'il fallait éviter avec la grande prudence, machines éventrées et murs arrachés. Parfois, des faux contacts illuminaient brusquement la Centrale avant de la laisser replonger dans le noir. L'itinéraire que nous suivions était, du fait de l'état déplorable du lieu, sinueux. Tantôt, un mur éventré nous fournissait un raccourci inespéré vers la salle du réacteur. Tantôt, ce même mur éventré constituait un obstacle insurmontable sur notre chemin que galegon devait détruire sans ménagement. La Centrale, ce n'était plus que cela : des pièces et des corridors ravagés par le passage du temps ou d'un fléau aussi omniprésent qu'impossible à identifier. Finalement pourtant, après bien des péripéties nous arrivèrent au terme de notre voyage dans le royaume de la mort. La salle du réacteur était une salle immense tant en superficie qu'en hauteur, et surtout elle semblait être encore plus ravagée que le reste de l'édifice. Eclairant avec sa lampe ce qu'il restait du réacteur, Octave laissa échapper quelques mots de soulagement. - Nous y voilà enfin. Tu as vu la gueule du réacteur ? Vu sa taille, pas étonnant que la Centrale ait implosé.Implosé, c'était bien le qualificatif qui s'imposait. Le générateur électrique avait beau être immense et disposer apparemment d'un blindage très épais, cela ne l'avait pas empêché d'exploser et de dévaster avec lui tout l'édifice qui l'accueillait. Son sommet était fracturé en profondeur et donnait à ses extrémités une forme de fleur, ce qui était caractéristique d'une implosion. Nous avions donc une première réponse quant à la cause de la dévastation qui régnait dans la Centrale : le réacteur central, qui produisait jadis des millions de kilowattheures, avait explosé. Mais qu'est-ce qui avait bien pu causer cette explosion ? Bien sûr, nous n'étions pas venus ici pour analyser le site. Mais tant de mystères me plongeaient dans une perplexité profonde. - Fuyez, pauvres fous !Jaillissant derrière moi des ténèbres, c'est le bruit d'une voix irritée accompagnée d'un coup dans le dos qui me sortit de cette perplexité. Le coup était si puissant qu'il me projeta sur le sol froid et rocailleux de l'usine. Surpris, Octave se retourna d'un bond vers moi. J'étais à terre. Le Destogoride, après avoir regardé un peu partout sans voir l'ombre d'un agresseur, se mit à crier. - Qui est là ?La voix se refit rapidement entendre. Mais avant de répondre à Octave, un rire dément résonna tel un écho dans toute la Centrale. Qu'était cet être mystérieux qui nous parlait ? - Octave...Tu ne me reconnais pas ? Tu me déçois, vieux compagnon...Ces simples mots interloquèrent, proprement, Octave. Quelle qu'était l'identité de l'étrange voix irritée, elle connaissait Octave. Avide de réponses, Octave répondit immédiatement. - Comment connaissez-vous mon nom ?Un nouveau rire dément suivit la réplique d'Octave. Et après que le temps de la folie soit passé de nouveau, le temps des derniers mots vint finalement. - Tu sauras bien assez tôt qui je suis...Mais si vous bravez mon avertissement, vous devrez en assumer les conséquences. Si votre choix est d'aller affronter votre anéantissement, ainsi soit-il. Mais je vous aurais prévenu.A l'écoute de ce discours aussi moralisateur que brumeux comme le climat local, je me relevai avant de répondre à la voix. La réponse était certes spontanée. On ne peut pas dire qu'elle était sage, ni même subtile. - Foutaises !Mais la voix ne répondit rien. En lieu et place de réponse, un vacarme assourdissant jaillit du néant suivi d'une bourrasque d'énergie partie du sol pour disparaître dans les cieux. La bourrasque était si puissante qu'elle déchira le voile d'ébène de la Centrale, et même plus largement de cette nuit qui n'en finissait pas de s'achever. La mort des sens reprit ensuite ses droits dans ce tombeau électrique où nous errions depuis maintenant une heure. Quant à Octave, il resta prostré quelques minutes. Cette rencontre pas tout à fait hostile, mais pas non plus amicale que nous venions de faire lui avait laissé des séquelles et cela se sentait. Après le départ de la mystérieuse connaissance du Destogoride, il s'était écroulé sur une des parois du réacteur qui avaient le mérite d'être encore debout. Pour le rassurer, mais aussi pour me rassurer moi-même, je l'aidai à se relever avant de lui dire quelques mots. - Ne t'en fais pas, ça devait être un des sbires de la Lune Noire. J'espère que tu ne crois pas un traître mot du baratin qu'il nous a sorti.Octave resta tout d'abord silencieux, avant de répondre péniblement. - Non, il ne nous voulait aucun mal. Il voulait simplement nous avertir du danger qui nous attend.Je repris mon calme. Il est vrai que je n'avais pas l'expérience d'Octave, peut-être savait-il des choses qui m'échappaient. Mais j'avais subi la perversité des Xort'Udur, alors venant de la part de la Lune Noire on pouvait être en droit de s'attendre à tout et surtout au pire. Sans me laisser le temps de continuer, le vieux sage reprit l'initiative. - J'ai jadis connu un Destogoride qui ressemblait à cet être mystérieux, mais cela ne peut être lui : il est mort depuis longtemps. Bref, j'ai le sentiment que nous en apprendrons plus sur lui dans le futur. En attendant, nous avons perdu suffisamment de temps : viens, il faut que nous trouvions ce passage secret. Tu as une idée d'où il pourrait se cacher ?Ce n'est pas moi qui répondit à la question d'Octave, mais le cri d'un galegon de l'autre côté du réacteur. Bon, bien évidemment ce n'était pas n'importe quel galegon : c'était Skuld. Il semblait avoir découvert quelque chose. Armé de sa lampe torche, Octave accourra alors vers le pokémon avec moi à sa suite. Ce que mon pokémon avait découvert, c'était un pavé de pierre encastré derrière le réacteur. En apparence, le pavé n'avait rien de particulier. Et pourtant, à y regarder de plus près on pouvait voir des inscriptions zarbi cachées sous la poussière. Le Destogoride inspecta attentivement le fameux pavé et rendit finalement son verdict. - Cela ne fait aucun doute : c'est le fameux passage secret que nous cherchions. Ton pokémon est décidément loin d'être un idiot, jeune homme. Normalement, si on effectue une pression assez forte sur la dalle le chemin devrait s'ouvrir...A ces mots, Octave se releva et marcha sur la fameuse dalle. Mais rien ne se passa. Il retenta une seconde fois, sautant à pieds joints. Rien ne se passa non plus. Mon mentor, constatant ses échecs, s'adressa alors à moi. - Etrange, je ne dois pas être suffisamment lourd pour déclencher le mécanisme. Demande à Skuld de se placer sur la dalle dans ce cas, lui au moins devrait faire le poids.Conscient qu'il n'y avait pas de temps à perdre, je sifflai Skuld. Pendant l'examen de la dalle, il semblait s'ennuyer terriblement puisqu'il était parti s'amuser à jouer au bélier sur une des parois de la salle à proximité de nous. Bien évidemment, il répondit présent immédiatement comme à son habitude. Il prit d'abord de l'élan. Il commença ensuite à charger et, quelques mètres avant le bloc de pierre qui était notre cible, il sauta brusquement en l'air pour retomber miraculeusement dans l'axe. Ses quatre lourdes pattes blindées s'écrasèrent ainsi de justesse sur le fameux pavé. Le choc était si fort qu'il résonna dans toute la Centrale. Cent vingt kilos venaient de s'abattre sur la dalle. Est-ce que cela avait été suffisant ? Après que l'onde de choc ait fini de se propager dans toute la pièce à la manière de l'épicentre d'un petit séisme, le silence reprit alors ses droits. Octave et moi, nous redoutions un troisième échec. Et puis, finalement, le miracle se produisit. On entendit sous nos pieds un cliquetis s'enclencher puis, très rapidement, la dalle commença à s'enfoncer dans les profondeurs de la terre avec galegon au-dessus d'elle. Le processus se poursuivit pendant plusieurs minutes sous nos yeux ébahis. Au fur et à mesure de la descente de la dalle, on pouvait également voir des aspérités dans la roche dont l'alternance régulière faisait penser à une sorte d'échelle. Au bout d'un moment, un second cliquetis se fit entendre. Le son était cette fois beaucoup plus éloigné. La seule chose que l'on entendait à présent était les bruits sourds des pas de Skuld, loin dans les entrailles de la terre. C'était à présent à nous de descendre. Avant de braver le vertige et de m'engager sur l'échelle, je lançai un rapide regard furtif dans le trou béant qui me faisait désormais face. On ne voyait même pas le fond. Je n'étais pas très rassuré : après tout, c'était bien la première que j'allais devoir escalader un précipice aussi profond. Mais il fallait pourtant bien se lancer. Alors je finis par m'engager, pressé il est vrai par la nervosité d'Octave qui semblait en avoir plus qu'assez de cette Centrale sinistre. Il me suivit peu après dans ce puits étroit. Plus on descendait, plus il faisait frais et humide. J'en avais des frissons. Mais heureusement, toutes les mauvaises choses ont une fin. Mes pieds finirent en effet par retrouver cette dalle qu'avait piétiné Skuld il y a peu. Arrivé au sol, je me dégageai ensuite de l'échelle naturelle qui nous avait permis d'arriver jusque-là et je continuai sur l'unique chemin qui s'offrait à moi. Je devais retrouver Skuld : où avait-il bien pu passer ? Bon, il n'avait pu aller bien loin. Tout en avançant, j'observais l'endroit où je me trouvais. Cela n'avait pas l'air pour l'instant d'être bien différent de la Centrale : la seule différence était que l'éclairage était bien meilleur grâce aux torches qui éclairaient le chemin ici et là. Qui avait bien pu les placer là, je n'en avais pas la moindre idée mais de toute façon à partir d'ici il ne fallait plus s'attendre à quoi que ce soit rationnel. Je devais me préparer à pénétrer dans un temple millénaire bâti par les dieux, pas à un camp de vacances. En tout cas, à en juger l'état de la pierre des murs comme du plafond bas ainsi que le nombre incalculable de toiles d'araignée qui étaient disséminées un peu partout, l'endroit avait l'air très ancien. Mais je m'attendais tout de même à mieux. Pour le moment, on avait plus l'impression d'errer dans une mine que dans un sanctuaire. Je manquais à chaque fois de me cogner la tête sur le plafond. Finalement heureusement, je parvins au terme de mon périple. Et le moins qu'il fallait dire, c'était que nous n'avions pas fait le voyage pour rien. Brutalement et presque sans crier gare, au détour d'un virage, une vaste salle rectangulaire entièrement construite en or apparut. Les quatre torches situées respectivement sur la partie occidentale et orientale de la pièce donnaient une coloration orangée presque irréelle à l'endroit. En face de moi, de l'autre côté, se trouvait une porte monumentale constituée du même matériau que le reste de la pièce. Enfin, dans les murs transversaux, on pouvait admirer deux magnifiques stèles dorées et symétriques. C'est ici, dans cet endroit peu commun il faut bien le dire, que je retrouvai Skuld. Il était en train de cogner inutilement sur la fameuse porte monumentale. Aucun de ses coups ne faisait subir le moindre des dommages à l'ouvrage architectural en question. Je me précipitai vers lui afin de le calmer. Une force mystérieuse semblait l'attirer irrésistiblement vers ce qui se cachait de l'autre côté du portail. Péniblement et laborieusement, je finis néanmoins à réussir à le calmer après quelques efforts démesurés et qui n'était pourtant rien par rapport à ce qui nous attendait plus loin. Je le savais pertinemment, mais pour le moment il fallait attendre Octave. Lui seul savait comment faire pour aller plus loin. Au bout d'une dizaine de minutes, je commençais à m'inquiéter. S'était-il perdu ? Avait-il oublié quelque chose ? Je me faisais un sang d'encre, et ce d'autant plus que sans lui je n'allais pas pouvoir faire grand-chose. Pour patienter, mon pokémon et moi avions adopté deux méthodes différentes. Lui, il s'était endormi à proximité de la porte. Avec tout le fer qu'il avait absorbé aujourd'hui, du sommeil il en avait bien besoin. Moi, pour ne pas me faire un sang d'encre je m'étais décidé à étudier un peu cette mystérieuse stèle en or. Au-dessus et en bas, on pouvait lire l'inscription suivante en langage zarbi. Instinctivement, je la lus à haute voix et l'écho de la pièce donna à cette intonation un air presque incantatoire. Jadis, l'Ombre s'abattit sur les enfants des cieux Les souffrances étaient grandes et les morts nombreux Mais la Colère de l'Etre Originel perça le voile de l'Ombre Et par son juste courroux il aida les Douze Electhor est le Vengeur Celui qui punit les forts au nom des faibles Et le Vice au nom de la Vertu Tout en lisant, je regardais l'image de la stèle. Qu'est-ce qui était représenté ? A gauche, on voyait un oiseau gigantesque au long bec crochu projeter avec ses ailes des éclairs qui fendaient l'air et dévastaient une horde de monstres situés sur la droite de la fresque. On pouvait reconnaître certains pokémons, et en particulier la Lune Noire à l'extrême de la fresque qui semblait faire face à l'oiseau électrique. C'était la seule entité qui regardait le volatile, toutes les autres créatures étaient focalisées vers l'ici-bas. L'ici-bas où la tête de Kyurem sortait littéralement du sol, comme attirée par ce déchainement de violence. Oui, belle la stèle l'était assurément. Et j'avais même le sentiment qu'elle était d'une actualité brûlante. Soudain, la voix d'Octave me fit sursauter et me sortit brutalement de ces considérations artistiques. - Ah, je vois que tu as découvert une des Douze Titanomachies.Je me retournai : c'était bien lui, mon mentor que j'attendais depuis un bon bout de temps. Finalement il ne lui était rien arrivé : il fallait vraiment que j'arrête de m'inquiéter pour un rien. Heureux de le revoir quoique intrigué parce qu'il venait de me dire, je lui répondis. - Ouf tu es là : je me demandais si tu n'étais pas tombé entre les fils de la toile d'un migalos. Par contre, tu as parlé de Titanomachie ? Tu veux dire que cette stèle porte ce nom ?Mon ignorance faisait décidément tout le temps sourire Octave, même s'il aimait toujours partager son pouvoir. Il me répondit donc à son tour. - Ce n'est pas seulement cette stèle qui porte ce nom, mon jeune ami. Toutes les stèles de chaque sanctuaire des Douze portent ce nom, car la légende raconte qu'elles narrent l'histoire du combat entre les Douze et Kyurem. C'est précisément cela la Titanomachie : la guerre entre les dieux du Panthéon et ceux des âges plus archaïques. Ne me dis pas que tu as déjà oublié tout ce que je t'ai dit dans la Bibliothèque le mois dernier. Ah, ce que tu peux être désespérant quand tu t'y mets. Mais ce n'est pas grave. Tu m'attendais dis-tu ? Tu ne devrais pas être si pressé. Ce moment de repos que tu viens d'avoir, c'est peut-être le dernier que tu auras avant longtemps...Et voilà, il fallait s'y attendre : Octave le moralisateur avait encore frappé. Je me contentai de soupirer, ce n'était pas vraiment utile de se disputer dans un endroit à un moment pareil. Cela aurait même été de très mauvais goût. Je me contentai de demander au Destogoride comment il comptait s'y prendre pour ouvrir le portail. Sa réponse fut cinglante. Visiblement, il avait décidé depuis son arrivée d'adopter un ton beaucoup plus offensif à mon égard. Etait-ce parce que le combat tant attendu allait très bientôt avoir lieu ? On était en droit de le penser. - Tu oublies que je suis un Destogoride. Maintenant prépare-toi, parce que les choses sérieuses vont enfin commencer. Je vais ouvrir le portail dimensionnel.
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| | | L'Illustre Aegir Membre
Messages : 38 Date d'inscription : 21/05/2014 Age : 32 Localisation : Stralsund, 1757
| Sujet: Chapitre XXIV - Deus Vult Jeu 22 Mai - 20:22 | |
| - Spoiler:
26 Avril - 4 AM Narrateur : Inconnu La porte d'or semblait scellée à jamais. Cent vingt kilos de muscles et de métal avaient tenté en vain de l'ouvrir ou, à défaut, de la fracturer. Et pourtant, c'est en plaquant puissamment ses deux mains sur les deux parties du portail qu'Octave parvint à faire ce qu'aucun homme ni aucun pokémon n'avait jamais fait depuis l'origine du monde. Immédiatement après avoir apposé ses mains sur l'épaisse couche d'or, Octave se mit en effet à émettre une étrange énergie bleue. Cette énergie bleue entourait tout d'abord son corps d'un halo azuré, mais elle se concentra très vite sur ses mains pour ensuite se disperser en arc de cercle à la manière d'une onde de choc sur toute la surface du portail. Le souffle émis fut tel qu'il éteignit les deux torches de la pièce proches du portail. Dans un bruit d'engrenages, le portail finit par enfin s'ouvrir dans la pénombre. Les pouvoirs quasi-magiques d'Octave auraient pu étonner un néophyte. Et, pourtant, c'était tout à fait logique. C'était tout à fait logique parce que comme le disait lui-même mon mentor, il était un Destogoride. Et les Destogorides sont les gardiens des temples sacrés des Douze. Quel gardien pouvait être crédible s'il n'avait pas les clés de ce qu'il était chargé de protéger ? L'ouverture du portail révéla un vortex d'énergie azuré dont l'apparition provoqua un puissant courant d'air dans toute la pièce. La brutalité de ce souffle était tel qu'il acheva d'éteindre les torches qui avaient encore l'outrecuidance d'être allumées. Comme tous les vortex, un souffle puissant cherchait à aspirer tout ce qui se trouvait à proximité. J'avais du mal à rester immobile sur mes pieds tellement sa puissance était grande. Même Skuld, malgré sa centaine de kilos bien assumée, subissait les effets de ce cyclone d'énergie. Oh, bien sûr, il tentait de résister. Mais cette initiative était vaine : il avançait inexorablement. Quant à moi, j'admirais non sans crainte la beauté de cet œil de cyclone qui me faisait face. Me dévorer, cet œil de Polyphème le désirait ardemment. S'exaspérant face à mon stoïcisme tant poétique qu'inapproprié, Octave me prit par la main et me dit quelques mots afin de me sortir de ma torpeur. - Qu'attends-tu ? Nous n'avons pas de temps à perdre. Tu te trouves en présence du fameux portail dimensionnel dont je t'ai parlé. Il nous mènera directement là où se trouve Electhor : dans sa prison dimensionnelle, dans les limbes du Monde Distorsion. Accroche-toi, ça va secouer.Aussitôt après il sauta dans le vortex avec moi. Skuld nous suivit également de près malgré ses réticences. Se trouver dans un vortex avait quelque chose d'hypnotique. Décrire cette sensation avec des mots était très difficile. Mais pour le dire simplement, nous étions en apesanteur dans un tunnel d'énergie, secoués comme un sac de patates par d'innombrables fluctuations dans l'air. Surtout, tenter de changer sa trajectoire était aussi vain que dangereux. En effet, en le faisant on courait le risque de se faire démembrer à tout moment sous l'effet de ces vents à la puissance incalculable. Même mon pokémon, malgré son poids, semblait plus léger qu'un granivol. Il nous posait d'ailleurs un gros problème, puisque ce vortex faisait de lui un véritable boulet de canon incontrôlable qui manquait de nous blesser mortellement à chaque fois qu'il passait devant nous. Fort heureusement, après quelques minutes de frayeur intense, la fin du tunnel jaillit devant nous sous la forme d'un éclat de lumière intense. Comment pouvais-je discerner de la lumière, moi qu'un fantaisiste pokémon oiseau avait rendu aveugle ? Je ne la discernais pas vraiment, en tout cas pas au sens strict. Ce halo luminescent, je le détectais par le biais d'un phénomène qui me surprit moi-même. Etrangement, j'avais senti qu'Octave et Skuld avaient fermé leurs yeux. Oui, pour le commun des mortels ce genre de dires passerait aisément pour de la folie. Et pourtant c'était la stricte vérité. Je venais en effet de redécouvrir une aptitude que j'avais fini par oublier : lorsque d'autres êtres vivants m'étaient proches, j'étais capable de ressentir tout ce qu'ils faisaient avec leur corps. C'était la première fois qu'un tel pouvoir s'exprimait depuis plus d'un an. Etait-ce donc là ce que voulait dire Xatu lorsque, jadis, il me dit ces mots emplis de mystère : « tu vois ce qu'ils ne verront jamais ». Depuis mon départ de mon foyer natal de la maintenant lointaine Johto, jamais plus ce pouvoir ne s'était exprimé. Etait-ce le début de ce qu'on appelle la télépathie ? Après le halo de lumière argentée, le vortex s'ouvrit dans un espace gazeux, obscur et surtout indéterminé. C'est à ce moment précis qu'il nous expulsa définitivement. Nous tombâmes sur une surface probablement rocheuse si j'en croyais le mal de dos que je ressentis immédiatement après ma chute. Skuld, quant à lui, ne semblait aucunement désapprouver cette surface si familière aux pokémons roche. Il faut croire que le malheur des uns fait le bonheur des autres. Le seul à ne pas manquer sa chute fut Octave. Il avait en effet réussi à prendre exactement le bon angle à la sortie du vortex, ce qui lui permit de retomber sur ses pieds avec une grande classe. Nous voyant au sol et complètement hébétés, il ne put s'empêcher d'esquisser un de ces sourires agaçants dont il avait le secret. Mais cet agacement eut au moins le mérite de me pousser à me relever, tandis que je grommelais des mots que la morale réprouve dans le même temps. Ce n'est qu'une fois debout que je pus me rendre compte de la nature réelle de l'endroit où nous avions atterri. Les cieux étaient plus noirs que le cœur de la Lune Noire. De çà et là, des éclairs venus de nulle part jaillissaient et éclairaient très brièvement notre environnement avant de disparaître. L'aspect sinistre de tout ce décorum gothique m'était hélas familier. Et cette familiarité ne fit que se renforcer lorsque je me mis à examiner le panorama. Nous nous trouvions sur une sorte de plate-forme en pierre qui flottait dans les airs en défiant les lois de la physique. Mais le plus comique se trouvait en face de nous. Un immense escalier montait en effet vers une autre plate-forme du même type, qui avait simplement pour particularité d'être beaucoup plus grande et d'être située en hauteur. L'escalier semblait être l'œuvre d'un recalé en école d'architecture, puisqu'il se tordait sur un axe horizontal dans tous les sens sous la forme d'une spirale qui faisait penser à un serpent. Cette spécificité posait un problème certain pour les éventuels piétons, puisque les dalles se trouvaient du même coup en violation totale de la gravité. Suivre l'unique chemin signifiait de facto marcher la tête en bas. Oui, il n'y avait aucun doute à avoir : nous étions dans le Monde Distorsion. Et cette fois, nulles âmes n'étaient là pour nous guider et aucun éclat oculaire rougeoyant n'illuminait le néant au loin afin de nous inviter à converser avec le maître des lieux. Le fait que nous avions atterri ici, dans le royaume des morts, confirmait la théorie d'Octave selon laquelle la Lune Noire avait pris le contrôle des Colonnes Lances et emprisonné les Douze ici. Ce n'était donc pas bon signe. Pour autant, l'endroit ressemblait à tout sauf une prison. Intrigué, je fis part à mes interrogations à Octave. - Heu, tu es sûr que c'est ici la fameuse prison spirituelle dont tu parlais ? Ça n'a pas l'air vraiment très différent du reste du Monde Distorsion.Le Destogoride s'était avancé à une dizaine de mètres de moi, au pied de l'escalier distordu. Il fixait la plate-forme qui se trouvait au sommet, comme plongé lui aussi dans ses réflexions. Au bout d'un moment, il finit néanmoins par me répondre tout en s'amusant d'une question qu'il semblait trouver farfelue. - Tu croyais trouver quoi dans le Monde Distorsion ? Des barreaux avec un geôlier ? Quoique, un geôlier nous attend peut-être là-haut. Mais pour ce qui concerne les barreaux, réfléchis un peu. Nul n'est besoin d'ériger des frontières pour signifier l'enfermement. Regarde autour de toi : vois-tu une sortie ? Ce lieu de perdition est en soi une prison où nul ne peut fuir sans en avoir les clés. J'ignore ce que nous rencontrerons en haut de cet escalier, mais tiens-toi sur tes gardes. Ici, le danger est partout.C'est sur ces mots qu'il termina avant de commencer à gravir le fameux escalier. Je lui emboîtai le pas immédiatement sans oser lui répondre. Après tout, nous n'avions spécialement le temps de tenir un salon de thé alors qu'un dieu devait être libéré des griffes des sbires de la Lune Noire. Tout en marchant, je regardais l'horizon. Ce serpent de pierre était d'une longueur astronomique. C'est à peine si l'on pouvait apercevoir son terme, situé loin en hauteur. Pour autant, le plus perturbant pour moi était ailleurs. Je redoutais le moment où le cheminement de l'escalier allait nous conduire à faire fi de la gravité, et donc à nous retrouver la tête en bas. Qu'allait-il se passer à ce moment-là ? Allions-nous tomber dans le vide ? Lorsque le moment fatidique arriva et que les dalles commencèrent à progressivement basculer verticalement, je m'arrêtai net. J'étais comme figé par le vertige, paralysé par la peur de tomber. Je demeurai ainsi pendant plusieurs bonnes minutes, jusqu'à ce qu'Octave arrive et me force la main non sans une pointe d'agacement. - Et bien, qu'attends-tu ? Ne me dis pas que tu n'as jamais expérimenté la gravité si particulière du Monde Distorsion. C'est pas vrai, mais qu'as-tu fait lorsque tu étais chez Giratina ? Tu bronzais ? Très bien, je vais passer devant toi pour te montrer qu'il n'y a absolument aucun danger. Mais tu as intérêt de me suivre de près !Joignant le geste à la parole, Octave se remit ensuite à avancer. Et contrairement à ce que je craignais, ses pieds restaient solidement au contact des marches alors même que son corps se trouvait maintenant à l'horizontale par rapport à moi. Ses pieds se trouvaient à ma droite, au niveau de ma tête. C'était inconcevable, et pourtant il fallait bien que je me rende à cette évidence : les lois de la physique, le Monde Distorsion n'en avait cure. Dans cette dimension parallèle, la gravité s'exerçait à partir des entités solides qui flottaient dans le vide un peu partout. En quelque sorte, chaque escalier, chaque plate-forme constituaient autant de terres qui exerçaient chacune leur propre champ de gravité. Fort de cet enseignement, je m'engageai à mon tour dans la seconde partie de l'escalier. Très rapidement, la vision que j'avais du panorama changea du tout au tout. Le haut était devenu le bas. La droite était devenue la gauche. S'orienter était devenu impossible. C'est à peine si je pouvais distinguer le début de la fin de l'escalier, l'alpha de l'oméga, notre lieu de départ de notre destination. Heureusement, Octave était là pour me guider. Finalement, après bien des vertiges et hallucinations topographiques, nous atteignîmes le sommet de l'escalier. Au sommet, l'escalier débouchait sur la plate-forme que nous avions repérée plus tôt. La plate-forme était assez grande et forme rectangulaire : il fallait donc en faire le tour pour essayer de trouver l'endroit où était emprisonné Electhor, et tenter de le délivrer. Sans le soutien d'un dieu, nous étions démunis pour lutter contre les forces innombrables de nos adversaires. Après être arrivés au milieu de cette île flottante, nous finîmes par découvrir quelque chose d'étrange. Au sol, on pouvait voir une immense dalle circulaire en obsidienne sur laquelle semblait être gravée un dessin. Octave, tout comme moi, inspectait attentivement la dalle tout en la longeant en prenant garde de ne pas marcher dessus. Qui sait, cela pouvait être un piège : on n'était jamais trop prudent. Finalement, Octave se résolut à rendre la conclusion à laquelle j'étais également parvenu. - Un long bec, des ailes qui prennent la forme d'éclairs, un regard perçant : pas de doute, cela ne peut qu'être Electhor.Cela tombait sous le sens : aucun pokémon ne ressemblait à Electhor. Je me souviens de ma rencontre avec cette déité. Ce qui m'avait frappé à l'époque, et qui m'est resté en mémoire jusqu'à aujourd'hui, c'est cette sévérité extrême dans le regard. Regarder Electhor dans les yeux, c'est exactement comme se retrouver face à un juge impitoyable qui ne pardonne jamais. Cette intransigeance se retrouvait dans le regard de l'Electhor qui était représenté sur la dalle. C'était comme s'il avait été pétrifié par une force occulte et que son dernier regard avait été gravé dans l'obsidienne. A mon tour, je finis par prendre la parole afin de faire part de mes interrogations à Octave. - Tu penses que...c'est cela la prison spirituelle d'Electhor ? Tu penses que son âme et son corps ont été scellés là-dedans ?Mon mentor s'apprêtait à répondre par l'affirmative au vu du hochement de tête d'approbation qu'il faisait. Mais il ne put me répondre. Soudainement, comme venue de nulle part, une musique surnaturelle se fit entendre. Le bruit était d'abord sourd, mais il devint très rapidement de plus en plus audible. On reconnaissait le son caractéristique de l'orgue. Le rythme était lent, la mélodie était triste. Tous deux surpris et pris de panique à l'idée d'avoir été repérés, nous regardions et courrions dans toutes les directions dans l'espoir de localiser l'origine de cette musique. Mais quelle que soit la zone vers laquelle nos sens se focalisaient, nous ne rencontrions qu'une chose : le néant, et cette mélodie lugubre. Ce n'est qu'au bout de quelques minutes qu'un mystérieux musicien jaillit progressivement des cieux aux commandes d'un imposant orgue noir et doré. Le son qu'il émettait avec ses doigts noirs de pianiste empli de maestria était maintenant très puissant, emplissant le royaume des morts jusqu'en ses confins les plus oubliés. Dans une vision qui faisait penser à celle d'un ange descendant du paradis, il se dirigeait droit vers nous en réduisant lentement son altitude. C'est comme s'il voulait prendre son temps. Le mystérieux mélomane volant était difficile à décrire dans la pénombre. Et cette description était d'autant plus difficile à accomplir qu'il était positionné dos à nous, face à son instrument de musique qui vociférait aussi fort qu'un brouhabam en colère. Toutefois, au fur et à mesure qu'il se rapprochait de nous on pouvait voir que son corps semblait ceinturé d'anneaux dorés au niveau des bras et du milieu du dos. Quant à son ventre, il se révéla très vite fort corpulent. L'être jailli du néant se trouvait à présent à une cinquantaine de mètres de nous alors même qu'Octave, moi et même Skuld étions tous trois pétrifiés par ce spectacle inattendu. Nous nous attendions à être attaqués à tout moment par je ne sais quel pokémon ténèbres ou spectre. A bien regarder le musicien, il pouvait en effet être rattaché à une espèce de pokémon accoutumé à l'empire des ombres. Mais comme cette entité se trouvait dos à nous, je n'étais pas encore sûr d'avoir bien cerné l'identité de cet étonnant personnage. Toujours est-il qu'au lieu de nous attaquer, il interprétait une symphonie avec nonchalance. N'était-ce pas absolument improbable en un lieu pareil ? La réponse à toutes ces interrogations vint lorsque, tout en continuant à jouer, il se mit à déclamer un poème en rythme avec la musique. Décidément, nous allions de surprises en surprises dans cette prison spirituelle qui ressemblait à tout sauf une prison. Que fais-tu ici ? Là où les vivants refluent Ne sais-tu point que le Seigneur ne règne plus ? Pourquoi viens-tu tourmenter l'âme vidée d'une déité du passé
Oui, je sais ce que tu crois Tu crois que je suis l'émanation du Mal Tu crois que je ne vis que pour le chaos Tu crois que je suis l'esclave du nouveau maître des cieux C'est ainsi que ma race est vue par le plan des vivants Mais, par vos Douze et par ma Lune Qu'il est triste que le manichéisme te rende lige
Lune, Ô Lune Pourquoi moi, mélomane nocturne Pourquoi moi, celui que tous vénèrent Pourquoi dois-je administrer le Requiem A ceux pour qui tu ne figures pas parmi les dieux Comme je suis las de tout cela
Que fais-tu ici ? Veux-tu finir comme l'oiseau doré Noyé dans une éternité d'ombre Ne me dis pas que tu veux ressusciter cette idole Alors que partout le monothéisme triomphe de l'archaïsme Marcherais-tu contre le temps ?
Mais si ton désir est de le rejoindre Ainsi soit-il La dernière note que le musicien-poète fit fut aussi le dernier vers qu'il déclama ainsi que le moment précis où son orgue atteignit le sol, juste devant nous et la dalle sur laquelle figurait la gravure d'Electhor. La maîtrise musicale et rythmique de cette créature à l'allure anthropomorphique était extraordinaire, et était le signe d'une très grande intelligence. Une fois que le silence était revenu dans le Monde Distorsion, il resta immobile quelques instants comme s'il était figé. Puis, il se leva brusquement de son orgue et nous fit pour la première fois face. Ce qu'il révéla de lui ne fit que je confirmer ce que je redoutais. Un œil unique, un ventre qui ressemblait à un visage et une substance gazeuse qui remplaçait des jambes inexistantes : ce musicien n'était autre qu'un noctunoir titanesque. Son œil unique nous fixait obsessionnellement tandis que son ventre souriait. J'étais pétrifié : le pokémon avait une allure si écrasante qu'il était impossible de ne pas se sentir dominé psychologiquement lorsqu'on lui faisait face. En revanche, Octave était comme d'habitude imperturbable. Plein d'aplomb, il s'adressa au pokémon spectre. - Enfin nous t'avons trouvé, sbire de la Lune Noire. Joli concert, mais ne crois pas que la poésie nous a fait baisser notre garde. Je mettrais néanmoins à ton crédit que tu as probablement fait l'entrée la plus recherchée que j'ai vue depuis bien longtemps dans les rangs de tes amis. A présent, à moins que tu ais encore un concerto à nous jouer tu nous excuseras mais nous avons un dieu à réveiller. En garde, on va voir si tu maîtrise aussi bien l'art des armes que ton orgue.Il faut croire que l'audace d'Octave n'avait aucune limite. J'avais bien essayé d'indiquer par signes interposés au Destogoride de se calmer et d'essayer de dialoguer avec un ennemi moins bourrin que la moyenne de ceux que j'avais rencontré jusqu'ici, mais il m'avait indiqué poliment de me taire. Quant au noctunoir, sa réponse me fit très clairement comprendre qu'il était dans le même état d'esprit que moi. - C'est d'un ennui tous ces mortels qui se prennent pour des dieux. Et c'est d'autant plus ennuyeux que c'est l'homme censé être le plus sage qui l'est le moins. Tu devrais écouter ton petit camarade, étranger. Mais puisque tu sembles être complètement déconnecté des réalités, alors soit. Nous allons nous livrer au jeu futile du combat à mort. Après tout, c'est pour ça que mon maître m'a envoyé ici non ? Noctale va te faire payer jusqu'aux tréfonds de ton âme tes insultes.Un rire dément plus tard, l'affrontement débuta enfin. Et cet affrontement, on ne pouvait pas vraiment dire qu'il commençait sous les meilleurs augures. Avant même qu'Octave n'ait pu se transformer en pokémon, le smiley cyclopéen sans pattes étendit sa main vers notre direction à une vitesse incroyable et envoya une onde télékinésique violacée qui nous repoussa puissamment en arrière. Chutant sur le ventre, Octave laissa échapper un juron. - Merde, il est puissant ce crétin.Hélas, à peine Octave avait-il pu dire cela que Noctale était déjà arrivé à son niveau et le souleva avec une nouvelle onde psychique avant de l'immobiliser et de le regarder droit dans les yeux. Il prit ensuite un malin plaisir à humilier mon mentor en monologuant devant lui alors même qu'Octave ne pouvait plus faire un geste. - Dis-moi, qu'est-ce que vous avez tous à vouloir sauver le monde ? Je veux dire, à ce que je sache vous allez tous mourir un jour ou l'autre alors autant que ce soit le plus tard possible, non ?Pendant tout ce temps qui pourrait paraître long mais qui s'étalait en fait sur une poignée de secondes, je n'avais eu le temps de rien faire. Vainement, je tentai de profiter du fait que Noctale était focalisé sur Octave pour tenter une première offensive en intimant l'ordre à Skuld de foncer sur le spectre. Mais une fois encore, le noctunoir était trop rapide. Ses réflexes étaient tels que sans même avoir à regarder mon pokémon, il parvint à l'immobiliser à l'aide de ses pouvoirs psychiques avec un des bras qui paralysait Octave. Malgré sa centaine de kilos, c'est sans difficulté qu'il parvint ensuite à le projeter violemment vers le fond de la plate-forme. Toutefois, l'échec de ma tentative était relatif puisque j'avais réussi à libérer le Destogoride des griffes de notre adversaire. Comme l'union fait la force, je lui demandai alors de me rejoindre. Il fit d'ailleurs cela bien volontiers au vu de la raclée que Noctale venait de nous infliger. Les deux camps se faisaient à présent face. Nous étions déjà épuisés alors que le spectre n'avait subi aucun dommage. Il nous fixait avec condescendance, tandis qu'il se remettait à palabrer. - C'est d'un ennui, à quoi bon tout ça ? Je le redis, pourquoi vous battez-vous face à des forces qui nous dépassent ? Si vous persistez, je vais devoir vous anéantir. Dépenser son énergie c'est bien, mais le faire face au grand Noctale ne vous mènera qu'à une mort prématurée. Octave rongeait son frein. Il avait envie de faire ravaler chacun de ses mots à l'arrogant pokémon, mais pour une fois je pris une initiative et je lui demandai de se taire pour prendre la parole à sa place. Je m'adressai donc à notre imposant adversaire avec un courage et une force de conviction dont je m'estimais incapable. - Je vois que tu n'es pas le monstre que tu fais semblant d'être. Tu es plus puissant et plus rapide que nous, c'est certain. Mais toi, pourquoi te bats-tu pour un maître qui te considère tellement qu'il te laisse dépérir dans une sinistre partie du Monde Distorsion ? N'aspire-tu pas à autre chose ? Ton obsession à vouloir refuser le combat comme tes vers, tout montre que tu ne veux pas le mener ce combat. Alors pourquoi combats-tu pour la Lune Noire ?Par un procédé rhétorique ingénieux que certains médisants pourraient qualifier de sophiste, j'étais parvenu à retourner la question de Noctale en le mettant face à ses contradictions. En m'écoutant, le noctunoir se mit dans un état étrange. Il se mit à mettre ses deux mains sur sa tête et à hurler comme un damné sans que je comprenne vraiment pourquoi, avant de devenir agressif et reprendre le combat sans prévenir. - Sors de ma tête, esprit abject. Non, la Lune Noire est la seule qui t'aime et te comprenne. Tu dois anéantir ces ennemis de ton maître. Ce n'est qu'en faisant cela qu'il ne te punira pas pour tes hésitations. J'en ai assez entendu, mortel ! Je n'ai de leçons à recevoir de personne, je suis le grand Noctale ! Le plus puissant de tous les spectres. Je vais te briser.L'état de rage profonde dans laquelle il venait de rentrer le conduisit à lancer des attaques psychiques désordonnées dans toutes les directions. Au début, il gardait la rapidité et la précision qu'il avait montrée au début de l'affrontement. Nous essuyions nombre de ses attaques sans pouvoir les esquiver. Chacune d'entre elle nous affaiblissait davantage. Mais progressivement, avec l'augmentation du rythme de ses attaques sa précision diminua jusqu'à nous permettre de l'esquiver. Puisant dans nos dernières forces, nous sautions, nous courrions dans toutes les directions. Il n'était pas question de lui porter des coups : c'était inutile. La colère de Noctale trahissait une faille que j'avais réussi à découvrir. Il fallait maintenant l'exploiter en épuisant ce spectre hors du commun. Sa dernière attaque fut aussi la plus puissante. Le dévoreur d'âmes ouvrit la bouche de son ventre et se mit à générer un puissant cyclone d'énergie psychique qui aspirait tout ce qui se trouvait aux alentours, nous y compris. Nous avions beau tenter de résister, nous avancions inexorablement. Dans l'œil du cyclone et alors que nous n'étions à présent qu'à quelques petits mètres du ventre béant du noctunoir, Octave s'inquiétait même si cela ne l'empêchait pas pour autant d'user de son ineffable ironie. - Dis, je ne sais pas si tu es au courant mais il y a un avis de tempête. Je conçois que c'est fascinant de regarder la météorologie du Monde Distorsion se déchaîner, mais tu ne penses pas qu'il serait temps de faire quelque chose pour ne pas accroître le surpoids de ce pauvre Noctale ?Il est vrai qu'Octave n'avait pas tort. Je cherchais des arguments pour que Noctale revienne à la raison, mais les mots me manquaient. C'est alors que je me mis à regarder Skuld, qui se faisait aspirer un peu moins rapidement que nous du fait de son poids. En le regardant, j'eus alors un éclair de génie que j'ordonnai aussitôt à mon pokémon d'accomplir. - Skuld, vas-y : saute sur sa tête ! C'est la seule partie solide de son corps que tu peux toucher. Il ne pourra pas t'esquiver sans annuler son attaque.La masse de métal s'exécuta aussitôt. Grâce à son poids supérieur, le char sur pattes réussit à s'extraire du rayon d'action de la bouche de Noctale. Il prit ensuite de l'élan, et sauta de toutes ses forces sur le spectre. La partie tranchante du crâne de Skuld était directement dirigée vers la tête du cyclope. En voyant ce boulet de canon qui arrivait sur lui à toute vitesse et se sachant pris au piège, l'œil unique de Noctale s'emplit pour la première fois de crainte. Le choc fut d'une violence extrême. En percutant le noctunoir, Skuld avait réussi à le repousser très loin derrière nous et parvint ainsi à mettre fin au cyclone. Dans sa rage de vaincre, le pokémon armurfer se mit ensuite à poursuivre Noctale afin de continuer à joyeusement lui fracasser le visage. Nous étions sauvés. Loin devant nous, à proximité de la dalle où était emprisonné Electhor, un cyclope vaincu gémissait. - Comment est-ce possible ? Aucun mortel n'a jamais vaincu le grand Noctale. Lune, Ô Lune, pourquoi m'as-tu abandonné ? Serait-il possible qu'ils aient eu raison ? Serait-il possible que tu te sois servi de moi ? Non, cela ne peut pas être possible...Après nous être remis de nos émotions, Octave et moi étions prêts à récolter les fruits de cette victoire si durement acquise. Je regardais le visage de Skuld. Il me souriait et masquait la fatigue, mais la dureté de l'exosquelette de Noctale avait laissé des trous dans son blindage qui prendraient du temps à être comblées. Sans dire un mot à notre adversaire en lambeaux, Octave se dirigea vers la dalle d'obsidienne et commença à préparer le rituel de libération d'Electhor maintenant que nulle présence maléfique n'entravait plus notre chemin. Quant à moi, je ne pouvais m'empêcher de regarder avec pitié ce pauvre Noctale. L'antenne sur sa tâte était tordue, tout comme l'ensemble de son exosquelette. Son œil me cyclopéen me fixait à nouveau. Ce regard était toujours celui d'un noctunoir d'élite sûr de lui-même, mais il était désormais empreint de crainte. Il semblait s'attendre à se faire cogner par Skuld jusqu'à la fin des temps. Si Octave avait été à ma place, il aurait certainement dit que ce n'est que justice. Mais je n'étais pas comme lui. Contrairement à lui, je m'étais pris d'attachement pour ce sbire de la Lune Noire si différent des autres. Pour lui faire clairement comprendre qu'il n'avait pas à me craindre, je lui glissai quelques mots à la fois fermes et rassurants. - Houla, Skuld y est allé un peu fort avec toi. Pardonne-le, tu arriveras à t'en remettre ? Je te l'avais dit : tu es allé contre ta nature profonde. Et c'est cette nature profonde qui t'a fait perdre ce combat alors que tu n'aurais jamais dû le perdre. Ta nature profonde, ce n'est pas de servir la Lune Noire. Ta nature profonde, c'est de servir Giratina et d'égayer le monde des vivants comme celui de tes morts de tes belles mélodies. Choisis le service de la Vie au lieu de servir celui de la Mort.Noctale, malgré sa puissance incommensurable, me regardait sans trop y croire. En cet instant, son regard avait quelque chose de mignon. Puis, il se mit à soudainement éclater de rire avant de me répondre. - Alors, que je sois une espèce d'imbécile tout juste bon à se faire manipuler par la première robe gothique volante venue, je veux bien. Mais se faire traiter de faiblard par un avorton, ça c'est impardonnable. Toi tu mérites une bonne correction.Un brin inquiet par ce regain brutal d'agressivité, je reculai de quelques pas tout en lui répondant sévèrement. J'avais d'autant plus de raisons d'être inquiet que le spectre venait de se remettre à léviter et donc à me toiser dangereusement. A vrai dire, avec Noctale on n'était jamais trop prudent. Ce pokémon était tellement imprévisible. - Ah non, ça ne va pas recommencer. Si tu veux te reprendre une raclée, Skuld est toujours là pour répondre à ton désir satané masochiste.C'est alors que Noctale se remit à rire avant de répondre à nouveau. - Apprends à écouter les grandes personnes lorsqu'elles parlent, petit. J'ai dit que tu méritais une bonne correction. Je n'ai pas précisé quelle était la nature de cette correction. Je parlais bien évidemment...d'une symphonie pour fêter le retour d'un de tes amis des Colonnes Lances !J'étais sidéré. On pouvait dire qu'il m'avait eu comme un bleu celui-là en faisant mine de se montrer menaçant. A mon tour, je me mis à rire. Avec la célérité qui le caractérisait, Noctale rejoignit son orgue. Il se mit ensuite à jouer un morceau pesant et solennel au moment même où Octave déclenchait le rituel de libération d'Electhor. Tandis que le Destogoride prononçait des formules dans le langage des dieux, je regardais avec fascination l'effet du rituel sur la dalle d'obsidienne. Un rayon d'énergie doré aussi lumineux que le soleil commença tout d'abord par éclairer le tracé du dessin représentant Electhor. Puis, c'est tout le dessin qui finit par s'illuminer d'un halo doré. Mais le plus incroyable était encore à venir. De la dalle désormais dorée, jaillit en effet ce qui ressemblait à un bec. Sous ce bac, c'est progressivement tout le visage du dieu des orages qui sortit comme par enchantement du sol. Pour l'instant, ses yeux étaient fermés. Après le bec et le visage, ce furent le tour des ailes de sortir de terre. Ces ailes étaient gigantesques, fières et surtout elles commençaient à émettre un courant électrique qui était chaque seconde plus puissant. J'en finissais même par m'inquiéter pour la sécurité d'Octave tellement au stade le plus avancé du rituel il était entouré de décharges électriques qui le frôlait à chaque fois. Une fois les ailes complètement jaillies du sol, le corps émergea finalement. En l'espace de dix minutes, un des Douze dieux du Panthéon venait de sortir des limbes du Monde Distorsion. Pour autant, il n'avait pas encore ouvert les yeux : nous ne savions pas encore si le rituel avait réussi. Comme Octave ne cessait de le dire, il fallait maintenant attendre. Nous étions arrivés à la phase la plus cruciale du rituel : celle où Electhor retrouvait le plein usage de ses pouvoirs et diffusait son électricité dans toutes les parties de son corps. Une quantité innombrable d'étincelles se propageaient à présent tout autour des ailes, du buste et de la tête du dieu ressuscité. Et, après tant d'efforts, nous vîmes enfin les yeux blancs d'Electhor s'ouvrir. L'être supérieur nous regarda et dit. - Nous savions que l'émissaire d'Arceus viendrait rétablir la lumière dans l'empire des ombres. Nous le savions, parce que Dieu le veut. A ces mots, le pokémon légendaire s'élança ensuite dans les cieux et se mit à tourner autour de nous tout en projetant de la foudre dans toutes les directions. En cet instant où les flashes illuminaient brièvement et fréquemment les ténèbres du Monde Distorsion, il valait mieux ne pas être épileptique. Après avoir paradé, le dieu fonça ensuite sur l'orgue de Noctale et atterrit au sommet de l'instrument, toisant avec un regard sévère celui qui l'avait maintenu emprisonné pendant si longtemps. Si au début le noctunoir ne le vit pas, il finit par l'aperçevoir en levant les yeux au ciel. C'est à ce moment-là que la musique s'arrêta et que, pris d'effroi, Noctale quitta son instrument pour reculer de quelques mètres. Les deux êtres opposés par essence se fixèrent ainsi pendant plusieurs minutes. L'atmosphère devenait de plus en plus pesante. Au sens propre comme au sens figuré, il y avait de l'électricité dans l'air. Finalement pourtant, le spectre consentit à baisser son œil et à déclarer stoïquement. - Je savais que ça allait finir comme ça. Très bien, tu réclame vengeance je suppose ? Comme toute cette violence est futile, cela ne s'arrêtera donc jamais ? Je savais que je n'aurais jamais dû écouter la voix langoureuse des Xort'Udur. Et bien soit, fait ce que tu as à faire Ô déité.L'oiseau électrique fronça les sourcils. Puis, dans un déchaînement de violence, il chargea un halo de lumière sur la surface de son corps avant de le concentrer au niveau de ses ailes. Il envoya ensuite très rapidement cette double charge d'énergie électrique sur Noctale tout en répétant ces quelques mots dans hurlement vociférant. - Libère cette âme, vassal de l'Ombre !Le noctunoir hurlait de douleur. Il se tordait sur son ventre qui ne souriait désormais plus. Ce sourire avait été remplacé par une grimace. On avait l'impression que Noctale se retenait de faire sortir quelque chose de son corps. Mais l'éclat de lumière redoublait de force à chaque seconde qui passait. Soudainement, la bouche ventrale du pokémon s'ouvrit largement et libéra une masse fantomatique indéterminée. Ce spectre qui avait trouvé refuge dans l'organisme de Noctale, gémissait à son tour et tentait de s'enfuir tout en hurlant lui aussi. - Tu es si faible Noctale. Il faut que j'informe le Maître de ce qu'il se passe ici.Mais la chose, qui faisait étrangement penser à un Xort'Udur, n'eut le temps de rien dire d'autre. Dans un simple mouvement d'aile d'Electhor, une vague d'électricité aussi précise que meurtrière jaillit et foudroya net cette entité spectrale. D'elle, il ne resta plus rien. L'oiseau doré laissa ensuite Noctale tout seul sans lui dire un mot et atterrit juste devant nous. C'est alors qu'il nous dit sur un ton autoritaire. - Vite, nous n'avons pas de temps à perdre. Nous pressentons que quelque chose de terrible va se passer à Doublonville. L'Ombre va très bientôt se révéler. Montez sur notre auguste dos, les dieux connaissent les chemins qui permettent de quitter le monde des morts.Peu rassurés, nous nous exécutâmes toutefois. La peau d'Electhor était piquante du fait de l'électricité statique mais il fallait faire avec. Le confort, il était clair qu'il fallait s'en passer. Etrangement, malgré la quantité quasiment infinie de rayons électriques qui se propageaient dans l'ensemble du corps de la déité, nous n'étions jamais touchés. Expliquer ce phénomène était impossible, mais c'était comme si Electhor contrôlait chacun de ces rayons à la manière de nerfs. Toujours est-il qu'une fois solidement accrochés sur le dos de notre avion improvisé, nous nous envolâmes vers une destination où semblait se lever un grand péril : Doublonville.
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| | | L'Illustre Aegir Membre
Messages : 38 Date d'inscription : 21/05/2014 Age : 32 Localisation : Stralsund, 1757
| Sujet: Chapitre XXV - Sablaireau l'Empaleur Jeu 22 Mai - 20:23 | |
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3 Mai - 4 AM Narrateur : Denaro Wolf Je me réveillai finalement, dans un lieu inconnu. Qu'avait fait de moi la Lune Noire depuis que j'étais à sa merci, je l'ignorais. Mais puisque le bruit d'une gouttelette d'eau tombant sur le sol parvint à me réveiller, je devais être vivant. Après mes oreilles, ce furent donc mes yeux qui s'éveillèrent. Bon, à vrai dire, il n'y avait pas grand-chose à voir : il faisait très sombre. Etait-ce la nuit ou...étais-je aveugle ? Non : je distinguais dans la pénombre une sorte de petite ouverture lumineuse qui tranchait quelque peu avec les ténèbres qui m'entouraient, créant un halo lumineux depuis cette ouverture jusqu'au sol. Désireux d'en apprendre plus, mais aussi de sortir d'un engourdissement dans lequel un sommeil trop long m'avait plongé, je finis par me lever après ces considérations oculaires. Il faisait froid et humide. En touchant les parois métalliques de la pièce où je me trouvais, je ne parvenais à trouver aucune sortie. Seule cette étroite ouverture dans le mur me reliait au monde extérieur. Elle semblait d'ailleurs être le fruit d'une explosion, puisque des plaques de métal manquaient de me cisailler les pieds. Où étais-je ? Peut-être trouverais-je une réponse au-delà de ce trou béant qui me faisait face. J'étudiai donc l'extérieur. C'était une salle immense, éclairée par une myriade d'écrans d'ordinateurs concentrés au-dessus d'une console. Elle était située tout au fond de cet endroit pour le moins étrange. Certains de ces écrans étaient brisés, d'autres ne l'étaient pas et me permettaient de faire un pareil constat. Des sortes de cages de verre étaient réparties en colonnes sur ma droite. Ici aussi, certaines étaient brisées et d'autres pas. On pouvait voir des corps inertes de créatures, difficiles à décrire à la distance où je me trouvais, à l'intérieur de quasiment chacune d'entre elles. Je dis quasiment, puisqu'étrangement une seule semblait être vide. Quant au sol, il était jonché de débris et de corps en tout genre. Le mystère s'épaississait : où me trouvais-je ? Cela semblait être un laboratoire désaffecté, mais à part ça je restais dans le flou le plus total. Soudain, tandis que je continuais d'observer non sans fascination le panorama qui s'offrait à moi, une tête jaillit devant moi. Je criai de surprise. La chose, qui semblait ressembler à une sorte de pokémon, me regardait en hochant la tête. Cela devait être lui, le résident qui s'était échappé d'une des cages de verre brisées. Pourquoi avait-il survécu et pas les autres ? Toujours est-il que, paniqué, je n'arrivais pas à dire quoi que ce soit. Je restais comme tétanisé par cette bête, et ce d'autant plus que son regard était féroce. Voulait-elle me tuer ? Il m'était impossible de le savoir. Après quelques minutes à me toiser du regard, l'entité fixa mon sort. Sortant de puissantes griffes cristallines, elle m'agrippa les épaule et me projeta avec force de l'autre côté de la paroi. J'atterris tout près d'une console qui devait probablement commander les cages de verre dans la mesure où elle faisait face à ces dernières. - Aïe, ça fait mal !La bête n'en eût cure, puisque qu'immédiatement après elle se mit à courir vers moi à une vitesse hallucinante avant de s'arrêter à une vitesse tout aussi hallucinante. Pendant sa très brève course, je pus clairement distinguer quel était ce mystérieux hôte dont les intentions m'étaient toujours inconnues. Il n'était pas bien haut, atteignant le mètre avec difficulté. Sa peau, bleue, était surmontée d'une imposante armure de piquants qui constituait un péril de choix pour les éventuels agresseurs. Enfin, ce véritable cristal sur pattes était doté de griffes aiguisées qui étaient quelques peu intimidantes. La bête s'était remise à me fixer du regard, tout en bougeant tout autour de moi. Elle semblait m'examiner sous tous les coutures. Soudain, un bruit de porte automatisée se fit entendre non loin de là. Le porc-épic s'immobilisa à cet instant, avant de sauter au-dessus de ma tête et de disparaître en un instant entre les ordinateurs et les débris de verre. Quant à moi, je restais planté par terre. Il était difficile de dire que je n'étais pas surpris par l'évolution de la situation. En réalité, ces surprises étaient loin d'être les dernières. Quelques secondes après ce bruit de porte automatisée, un nouveau son parvint en effet à mes tympans. C'était des bruits de pas, qui se rapprochaient. Ils étaient accompagnés de voix d'hommes. - Je me demande pourquoi le patron s'entiche de ce clown. C'est pas son genre de faire des prisonniers.Une autre voix répondit aussitôt à la première, tandis que le bruit de pas continuait de se renforcer. - Tant qu'il paie bien, je m'en cogne. Mais tu n'as pas entendu quelque chose en entrant ?Les bruits de pas s'arrêtèrent. La première voix résonna de nouveau dans le laboratoire dévasté. - C'est vrai, moi aussi j'ai cru entendre quelque chose. Bah écoute, séparons-nous : de mon côté, je vais ramener le prisonnier au pacha. On se retrouve à la caserne. L'antre de ce vieux fou me fout toujours la chair de poule. Plus vite on aura fait le boulot, plus vite on sera à la maison.Les voix se turent alors, cette fois-ci de manière définitive. A l'inverse, les bruits de pas reprirent de plus belle. Mon inquiétude ne faisait que s'accroitre, doublée il faut bien le dire d'une certaine curiosité. Qui était le vieux fou dont un des deux hommes avait parlé ? Se pouvait-il qu'il s'agisse du propriétaire de ce laboratoire ? En tout cas, une chose était sûre : il n'était plus ici depuis des lustres, et son départ ne s'était pas fait sans violence. Mais plus fondamentalement, qui étaient ces gens ? Il allait de soi qu'ils étaient venu pour m'extraire de ce qui semblait bel et bien être une cellule maintenant que j'y réfléchissais. S'ils étaient mes geôliers, ils étaient au service de la Lune Noire. Mais pourquoi parlaient-ils de leur patron comme s'il s'agissait d'un employeur comme un autre ? Les bruits de pas étaient devenus dramatiquement proches. Mon regard se portait partout, dans l'espoir de croiser celui de cet intriguant pokémon qui m'avait paradoxalement sauvé des griffes de mes ennemis. Sans lui, n'aurais-je pas déjà été entre leurs mains à l'heure qu'il était ? Oui, les intentions de cette créature ne semblaient pas mauvaises avec le recul. Mais le pokémon cristallin était introuvable. Il ne se trouvait ni dans les modules de stase qui se trouvaient derrière moi, ni caché dans un des recoins sombres du centre de recherche. Et pourtant, dieu sait que son apparence était particulière et rendait difficile un éventuel camouflage. La conclusion à tirer de tout cela était donc patente : je ne pouvais compter que sur moi-même. J'entendais à présent le bruit de la respiration de celui qui me traquait. Je devais bouger, sinon il allait me trouver. Mais l'homme en question se trouvait-il à ma droite ou à ma gauche ? Je n'avais plus vraiment le temps de cogiter, il fallait analyser rapidement la situation. Finalement, choisissant quelque peu au hasard, je décida de me déporter sur ma gauche. Il s'avéra en fait très vite que j'aurais dû prendre le chemin inverse, puisque c'est là que se trouvait mon poursuivant. J'étais fait comme un rattata. L'homme en question était blond, en uniforme et armé d'une arme automatique. L'uniforme en question comportait tous les insignes officiels de la Brigade Noire du Consortium, la milice du Consortium. Ce que je subodorais depuis ma capture par la Lune Noire dans ce damné site pétrolier était devenu clair comme l'eau de roche : le Consortium était lié à cette entité maléfique. Quant à moi, je ne pouvais que me rendre. L'homme, surpris, dégaina rapidement son arme de fonction et la braqua sur moi tout en souriant. La scène resta figée ainsi pendant quelques secondes, jusqu'à ce qui devait être en toute logique le second milicien se mette à crier. Il se trouvait non loin de là, probablement à proximité du trou qui m'avait permis de m'échapper de la cellule. - Hé Carlos, il est pas dans sa cellule ! Il doit se trouver ici, si tu le trouve tu le menotte et tu me l'amène.Le Carlos en question répondit aussitôt, tout en continuant de me fixer avec le sourire du chasseur qui a trouvé sa proie. Il s'adressa successivement à son collègue et à moi. - Je sais, il est devant moi. J'arrive ! Quant à toi, je te conseille de me suivre gentiment si tu ne veux pas finir estropié. Ta petite escapade est terminée.Je n'avais pas d'autre choix que me rendre. Et c'est ce que je fis, tâchant de ne faire aucun geste brusque qui puisse être suspecté de révolte par ce soudard du Consortium. J'avais travaillé assez d'année là-bas pour savoir que la Brigade Noire n'était pas spécialement réputée pour son sens de la mesure. Il m'intima l'ordre de lier mes deux mains devant moi. Tandis qu'il sortait des menottes de ses poches et commençait à m'attacher les mains, je regardais le laboratoire. C'est alors que j'eus une surprise de taille. En effet, juste au-dessus de nous, sur le plafond, le porc-épic de cristal était à l'affût. J'étais sauvé ! Ce crétin ne savait pas qu'il était sur le point de trépasser. Je ne puis m'empêcher d'être trahi par un sourire. Hélas, le mercenaire s'en rendit compte. - Qu'est-ce que t'as à sourire comme ça ?Je cessai aussitôt d'adopter ce rictus, pour répondre fort diplomatiquement à mon geôlier. - Mais rien monsieur. Veuillez m'excuser, c'est nerveux. Je vous conseille juste de faire attention à vous. Qui sait ce qui pourrait...vous tomber sur la tête.Le mot était fort bien trouvé et fort bien synchronisé, puisqu'à la seconde d'après le pokémon déferla sur le pauvre soldat et lui déchiqueta le dos à l'aide de ses puissantes griffes. Il décéda sur le coup, les poumons perforés par les membres supérieurs de cette surprenante bête de guerre. Son arme d'assaut et ses menottes le rejoignirent sur le sol, non sans émettre un bruit qui résonna dans tout le laboratoire. Ce bruit de métal au contact avec la roche mit d'ailleurs la puce à l'oreille au deuxième brigadier, qui se trouvait toujours à proximité de la cellule. - Carlos, ça va ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Carlos ?C'est tout ce qu'il eut le temps de dire avant que le pokémon ne lui saute dessus à son tour dans un tour tout simplement fulgurant. Dans les airs, ses griffes affûtées étaient pointées en direction de son visage et de ses yeux. Elles brillaient dans l'intense lumière émise par un des ordinateurs du laboratoire. Pris d'une panique fort compréhensible, l'homme se mit à ouvrir le feu sur son assaillant. Hélas pour lui, toutes ses munitions ricochaient sur les piquants du pokémon et terminaient leur parcours sur les parois du centre de recherche. Le moment du arriva finalement, et le combat eut à peu près la même conclusion que celui avec le dit Carlos : c'était une boucherie. Le pokémon s'était en effet agrippé sur le visage du soudard, et le lardait de coups de griffes qui faisaient gicler du sang sur tout son corps. Assailli par un ennemi impossible à repousser qui lui administrait les pries souffrances, les bras du milicien tremblaient. Ils tremblaient d'ailleurs tellement que le fusil qu'il portait lui échappa des mains. A un moment toutefois, le pokémon libéra l'infortuné militaire de son emprise en faisant un bond quelques mètres plus loin. Les dégâts qu'il avait infligé était atrocement élevés. L'homme n'avait plus d'yeux, plus de bouche, plus de nez et du sang giclait de son cou perforé. On voyait la colonne vertébrale de la victime à travers l'orifice, tailladée et sur le point de se briser définitivement. Impitoyable, mon sauveur repartit à l'assaut alors qu'il était pourtant visible que son adversaire était sur le point de mourir. Il s'attaqua cette fois à son ventre, à ses bras et à ses jambes. Chaque taillade était profonde et aurait nécessité l'intervention d'un chirurgien expérimenté pour sauver la vie de ce brigadier. J'avais beau mépriser au plus haut ces miliciens qui s'apparentent bien souvent plus à une mafia qu'autre chose, j'éprouvais une certaine pitié à son égard. Il continuait de crier de douleur tandis que son ventre se perforait à son tour et que ses organes internes sortaient de son corps. La scène était insoutenable, et cette simple description était encore trop sobre pour bien rendre compte de l'horreur du massacre. Lorsqu'enfin le pokémon cessa ses exactions sur le corps du pauvre homme, sa victime ressemblait plus à un monstre qu'à un homme. Je ne pouvais en voir davantage, c'est pourquoi à la fin de ce massacre je m'étais mis à tourner le dos à la scène que le pokémon contemplait à mes côtés avec une certaine fascination perverse qui était quelque peu désarçonnante. J'avais manqué à de nombreuses reprises de m'évanouir devant l'horreur qui s'était déroulée sous mes yeux. Se venger de ses ennemis ne me dérangeait pas : c'était de bonne guerre. En revanche, ce qui était au-dessus de mes forces c'était de les torturer. C'est précisément ce que cet allié étrange avait fait. Il faut croire qu'il avait une dent contre cet homme, puisque l'autre soudard n'avait pas bénéficié de ce traitement de faveur. L'un avait été mis à mort rapidement, l'autre plus lentement avec un plaisir sadique non dissimulé dans la surenchère de violence. Lorsque finalement je daignais me retourner en direction du cadavre, je vis le pokémon écrire sur le mur à l'aide de ses griffes. Quelle ne fut pas alors ma surprise de découvrir que le message qu'il écrivait, il le faisait dans la langue des hommes. Le pokémon semblait muet, et pourtant il savait écrire dans notre langue. Voilà qui renforçait le mystère entourant ce pokémon aux couleurs inhabituelles. Ce pokémon était vraiment étonnant, tant dans son acharnement dans le meurtre que dans son intellect très supérieur à ce que l'on peut attendre d'un simple pokémon. Comment un si petit corps pouvait cacher autant de ressources ? Le pokémon avait à présent fini d'écrire son message. Tandis que je le lisais, il fonça en direction de la porte automatisée d'où étaient entrés tout à l'heure les deux miliciens. Le message formait deux phrases écrites en lettres de sang, fort prévisible au vu du combat sanglant qu'il venait de mener. Je suis un Sablaireau et je cherche à sortir d'ici Toi aussi non ? Le message était on ne peut plus clair : le Sablaireau en question voulait faire équipe avec moi pour s'échapper d'ici. Il me paraissait tout de même étonnant qu'un pokémon aussi rusé et puissant ait été incapable de s'échapper d'un simple laboratoire alors qu'il ne faisait aucun doute qu'il connaissait parfaitement les lieux. Mais peut-être que ce qui se trouvait au-delà nécessitait la présence d'un homme ? Dans tous les cas, ce n'était pas le genre d'offre à refuser. Mon raisonnement était simple : il valait mieux faire d'une créature aussi dangereuse et incontrôlable un allié plutôt qu'un adversaire. Les deux miliciens mutilés qui se trouvaient derrière moi ne faisaient que renforcer cette conclusion à laquelle j'étais parvenu. Il allait de soi que je n'allais pas pouvoir aller bien loin en restant seul, d'autant plus que je ne savais toujours pas où exactement la Lune Noire m'avait conduit. Etait-ce simplement un laboratoire ? Rien ne permettait de le penser : ces miliciens n'avaient tout de même pas débarqué ici en traversant la brousse. Non, ce laboratoire ne devait être qu'une petite partie d'un complexe beaucoup plus grand. Cette proposition d'alliance de ce Sablaireau hors du commun ne faisait d'ailleurs que renforcer cette hypothèse. La chose était donc entendue : nous allions faire équipe. Je rejoignis par conséquent mon nouvel allié, qui trépignait d'impatience, à l'extérieur du laboratoire. Qu'est-ce qui nous attendait à l'extérieur ? Je l'ignorais encore, mais sans vraiment savoir pourquoi j'avais un mauvais pressentiment. Mais dans tous les cas, une chose était sûre : l'immobilisme n'était pas une solution.
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| | | L'Illustre Aegir Membre
Messages : 38 Date d'inscription : 21/05/2014 Age : 32 Localisation : Stralsund, 1757
| Sujet: Chapitre XXVI - Au coeur du Consortium Jeu 22 Mai - 20:25 | |
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3 Mai - 4 AM Narrateur : Denaro Wolf En traversant la porte automatisée qui constituait la seule issue depuis le laboratoire, j'accédai à une autre pièce. Elle était à la fois vaste et longiligne, comme une sorte de grand couloir. A gauche et à droite d'un chemin qui menait tout au fond à une autre porte automatisée, j'eus la surprise de découvrir des tapis roulants qui s'activaient dans un bruit mécanique considérable. A l'autre bout de la pièce, soit à une bonne centaine de mètres de ma position, des conduits déposaient sur les tapis roulants des pokéballs en acier. Ils étaient ensuite conduits vers une destination que j'étais incapable de connaître, puisque les tapis roulants continuaient leur route avec leurs pokéballs en traversant les parois de la pièce grâce à des trous qui étaient soigneusement disposés à des endroits-clés. J'étais quelque peu intrigué. Je me reposais cette inlassable question : quel était cet endroit ? On semblait se trouver face à une sorte d'usine, mais pourquoi ces tapis roulants transportaient-ils des pokéballs ? Quel but poursuivait les concepteurs de ces infrastructures ? Certes, j'avais été pendant des années un membre zélé du Consortium. Mais jamais je n'avais été mis au courant d'un tel endroit. Le mystère s'épaississait, et pourtant il fallait avancer. Sablaireau me le rappela d'ailleurs en aiguisant ses griffes sur le promontoire métallique qui surélevait les tapis roulants par rapport au chemin principal que nous empruntions. Il fallait donc reprendre la route, j'aurais sûrement l'occasion de répondre à mes interrogations plus loin. Entre les tapis roulants, une nouvelle porte automatisée nous faisait face. En la traversant, je découvrais une nouvelle partie de ce complexe décidément bien étendu. Cette troisième pièce n'en était pas vraiment une : il s'agissait d'un long et étroit corridor qui s'étendait à ma droite comme à ma gauche. L'exploration de la partie orientale de ce nouvel environnement ne donna rien. Ce n'était qu'un cul-de-sac avec pour seule issue des entrepôts remplis de cartons. En revanche, il n'en alla fort heureusement pas de même dans l'autre sens. En revenant sur nos pas, nous arrivâmes en effet face à un ascenseur. Noir comme l'était tout ce corridor, un bouton permettait d'ouvrir le monte-charge. Comme tout ascenseur, il était surmonté d'un petit écran qui indiquait l'emplacement actuel de la cage d'ascenseur. Cette découverte m'interpellait. Elle m'interpelait, parce que la présence d'un tel moyen de transport ne pouvait signifier qu'une chose : nous nous trouvions dans un immense bâtiment. C'était peut-être même une tour. Non : en regardant l'écran, il me fallait corriger cette hypothèse. C'était une tour : quel autre bâtiment qu'une tour aurait pu afficher sur son ascenseur un 120° étage ? J'avais du mal à le réaliser, mais c'était pourtant le cas : l'ascenseur se trouvait actuellement au 120° étage. Je ne connaissais qu'un bâtiment au monde qui comptait au moins 120 étages. Ce bâtiment, c'était le Siège du Consortium à Doublonville. En arrivant à cette conclusion, mon sang ne fit qu'un tour : se pouvait-il que je me trouve là, dans le lieu le plus redouté du monde ? C'était une tour d'obsidienne immense, qui toisait tout Doublonville d'une ombre menaçante. Elle faisait cent-vingt-six étages au total, mais les derniers étages n'étaient accessibles qu'au Directorat du Consortium. Mais si c'était le cas, cela pouvait expliquer beaucoup de choses. En particulier, je m'étais toujours demandé ce que devenaient les pokémons que Sardonis nous ordonnait à nous, soldats du Consortium, de capturer. A moi comme à tous mes frères d'armes, on avait toujours dit que ces pokémons étaient simplement vendus. Mais dans ce cas, si ces pokéballs contenaient ces fameux pokémons, que faisaient-ils là ? Mon sang ne fit qu'un tour. Désarçonnant complètement un Sablaireau qui attendait que j'ouvre l'ascenseur, je bondis brusquement en direction de l'usine que nous venions de quitter. Je devais en avoir le cœur net. Je pris une des pokéballs se trouvant sur les tapis roulants, et la projeta sur le sol. Un Carapuce en sortit. J'en pris une autre et fit la même chose. Un Embrylex en sortit. Une troisième tentative fut finalement faite, tandis que je bouillonnais de colère pour mes anciens employeurs. Un Germignon en sortit. Le Consortium n'était donc que perfidie ? Irène avait raison ! Que faisaient-ils avec ces pokémons ? - Maudit soit-tu, Consortium ! Sablaireau !En m'entendant crier son nom, le pokémon cristallin accourut à la vitesse d'un Insecateur dans la brousse. Il me voyait, plein de rage, lui ordonner de tout détruire. Un tel amoureux de la violence ne pouvait passer à côté d'une telle opportunité. En deux et trois mouvements, un déluge de griffes s'abattit donc sur les tapis roulants. Et en deux temps et trois mouvements, toute l'usine était mise sens dessus-dessous. A présent, les tapis roulants étaient tous sectionnés et le conduit d'arrivée des pokéballs était bouché par le métal tordu par les griffes dures comme l'acier de mon ami porc-épic. Justice était désormais rendue. - Viens, on en a terminé ici. Ca va leur prendre du temps pour s'en rendre compte et réparer tout ça.Voilà ce que je lui lançai tandis qu'il admirait le résultat, admirable, de son travail. Nous rejoignîmes donc l'ascenseur, le pokémon givré tant dans sa tête que sur son dos me précédant comme d'habitude. Le compteur affichait toujours le cent-vingtième étage. Je réfléchissais. En tant que soldat du Consortium, j'étais déjà allé dans le Siège du Consortium. Mais je n'étais jamais allé aussi bas : où étais-je d'ailleurs par rapport au sommet ? Nous devions sortir d'ici, mais il fallait que je me rappelle de l'étage à emprunter pour atteindre le rez-de-chaussée. Après avoir fait les cent pas pendant quelques instants pour réfléchir sous le regard impatient du Sablaireau, la mémoire me revint. Comme un laboratoire ne pouvait se trouver qu'au sous-sol du fait des risques engendrés par toute expérience scientifique, il fallait rejoindre l'étage 0. Sans perdre un instant, j'appuyai donc sur le bouton rouge de l'ascenseur. Après que le monte-charge ait fini de descendre, la porte s'ouvrit dans un petit bruit discret. L'écran affichait à présent la mention suivante : « Sous-Sol – Secteur Scientifique et Entrepôts ». L'intérieur de la cage d'ascenseur était assez élégant : le métal noir brillait paradoxalement avec l'éclairage. Un écran de commande chiffré se trouvait au fond. Il devait s'agir de la console permettant de choisir sa destination. Sobrement, après être entré je me contentai d'appuyer sur la touche zéro. La porte se ferma aussitôt, non sans faire tressaillir le pokémon qui m'accompagnait. D'ailleurs, en entrant dans la cage d'ascenseur il n'avait pas l'air très rassuré. Sans doute était-ce la première fois qu'il allait dans un ascenseur. Et après tout, de telles machines étaient conçues pour les hommes et pas les pokémons. De toute façon, mon compagnon de route ne pouvait avoir toutes les qualités : sinon, il n'aurait pas eu besoin de moi. Quelques secondes après la fermeture des portes, l'ascenseur amorça progressivement son ascension. L'objectif était le rez-de-chaussée, mais j'ignorais pour ainsi dire tout de la distance à parcourir. Le voyage pouvait être très long comme très court. Malheureusement pour nous, un évènement inattendu rendit valide la première hypothèse. Après plusieurs minutes de montée, un choc incroyable ébranla toute la cage d'ascenseur. Le choc était d'ailleurs tel que, pris de court, nous nous écroulâmes sur le sol. Le monte-charge avait à présent stoppé sa route, tandis qu'une alarme s'était mise en route. Le bruit, désagréable comme l'est celui de toutes les alarmes, était ponctué régulièrement d'une voix automatisée qui disait toujours la même chose. - ALERTE ! ALERTE ! UNE ERREUR TECHNIQUE D'ORIGINE INCONNUE EST SURVENUE DANS LE SECTEUR 7 ! CONTACTEZ VOTRE CHEF DE SECTION SUR LE CANAL 136 !La porte de l'ascenseur, broyée par le choc, s'effondra dans les secondes qui suivirent ce qui ressemblait fort à un accident. L'ouverture nouvelle révéla un chemin étrange, plongé dans une grande obscurité qui n'était éclaircie que de temps à autre par la lumière résiduelle de lampes défectueuses sur le plafond. Mais le plus important, c'était surtout la chaleur incroyable qui se dégageait de l'extérieur. C'était pourtant la seule issue, d'autant plus que le Consortium n'allait pas tarder à arriver ici pour enquêter sur cette « erreur technique » mentionnée par le message d'alerte. Tout en reprenant nos esprits, nous sortîmes donc tous deux de l'ascenseur ravagé. Sablaireau, toujours aussi dynamique, partit en éclaireur. Il revint très vite, en sueur et affolé par ce qu'il venait de voir. J'appris très vite quelle était la cause de cette panique. Au détour d'un virage dans ce qui semblait être une passerelle entourée de bonbonnes de gaz au vu du bruit métallique que faisaient chacun de nos pas, nous arrivâmes en effet face à un véritable lac de métal en fusion. C'était face à cette substance dangereuse, pour ne pas dire létale, que se terminait la passerelle. Ce lac était ponctué de plateformes sur lesquelles se trouvaient d'étranges machines qui faisaient un bruit assourdissant. Enfin, à l'extrémité du lac je discernais ce qui semblait être une autre passerelle qui bifurquait dans un virage au loin. En étudiant la situation, il semblait clair qu'il devait être possible de rejoindre cette passerelle lointaine. Dans le cas contraire, elle n'existerait tout simplement pas. J'essayais de réfléchir, mais il faisait tellement chaud que cela rendait ma respiration difficile. Il devait au moins faire quarante degrés, si ce n'est plus. Pendant que je réfléchissais, le porc-épic, qui détestait cette chaleur abominable, s'était mis dans l'idée de jouer avec les bonbonnes de gaz. Sur chacune d'elle figurait en effet une sorte de levier à l'utilité quelque peu mystérieuse. A un moment, par mégarde le pokémon était parvenu à déplacer le levier d'une de ces bonbonnes de gaz. Un bruit de gaz dépressurisé se fit alors entendre derrière moi, mais aussi dans le lac de métal en fusion sans que je comprenne vraiment pourquoi. Ne m'y attendant pas, je sursauta de surprise. - Qu'est-ce que tu fais ? Arrête, tu vas tous nous tuer !Tout du moins était-ce ce que je croyais, puisque dans la foulée la température se mit à chuter de manière sensible. Quant à la lave, elle changea subitement de couleur. C'est alors qu'un éclair de génie me traversa l'esprit tel un flash de lucidité. - Mais bien sûr ! Tu es un génie, Sablaireau ! Inverse la pression de toutes les bonbonnes, et cela refroidira la lave.En effet, il semblait que la chaleur de cet endroit était directement liée à ces bonbonnes de gaz. Le bruit du gaz qui s'échappait était à présent tellement fort qu'il couvrait même le bruit des machines qui se trouvaient sur ces plateformes, au loin. Lorsque le silence revint, le métal en fusion s'était tellement refroidi qu'il était devenu solide à la manière de la lave des volcans après quelques heures à l'air libre. Le passage était désormais libre, d'autant plus que je venais de découvrir à gauche du bout de la passerelle où nous nous trouvions une échelle. Il était étonnant qu'elle ait été capable de résister aux très fortes chaleurs auxquelles elle était de toute évidence perpétuellement soumise, mais peut-être avait-elle été construite dans je ne sais quel alliage rare dont les forges du Consortium ont le secret. Profitant de cette épilogue inespéré, nous empruntâmes donc cette échelle afin de rejoindre le fond du bassin de métal en fusion. Le sol, dur comme la roche, était encore brûlant : il fallait donc se presser si nous ne voulions pas que nos pieds rôtissent sur place. Arrivé à mi-chemin, entre deux plateformes, une alarme retentit. Une de plus, pestais-je. Un nouveau message robotisé se fit également entendre, entre deux alarmes. Un de plus, pestais-je. Cela commençait vraiment à devenir une habitude. - ALERTE ! ALERTE ! LA TEMPERATURE DE LA STATION THERMIQUE A ATTEINT LA COTE D'ALERTE. L'ALIMENTATION ELECTRIQUE DU SECTEUR SEPT VA CESSER FAUTE DE PRESSURISATION SUFFISANTE POUR REDRESSER LA TEMPERATURE.Voilà donc où nous nous trouvions : dans une centrale thermique. Quant au message qui venait de nous parvenir, il pouvait se résumer ainsi : nous étions dans la boue jusqu'au cou. Il fallait se dépêcher. Si j'en croyais ce message un rien technocratique, cela signifiait que nous allions être plongés définitivement dans le noir d'un instant à l'autre. Cela ne tarda d'ailleurs pas, puisque les puissantes lampes qui éclairaient la station thermique commencèrent à s'éteindre les unes après les autres. Une première série de lampes s'éteignit. Nous n'étions plus très loin de l'échelle qui allait nous permettre, je l'espérais, de quitter définitivement cette partie du Siège du Consortium. Une deuxième série de lampes s'éteignit. Sablaireau agrippa ses griffes sur une des barres de l'échelle. Je fis de même en-dessous de lui. Une troisième série de lampes s'éteignit. Le noir était à présent total. Sablaireau avait bondi au sommet de la passerelle, agrippant une de ses griffes sur le sol et une autre sur mon bras. Ce réflexe bien trouvé de mon ami thermophobe me permit de le rejoindre sur la plateforme. Nous étions épuisés, mais nous étions sauvés. Nous étions sauvés, car dans l'obscurité il nous aurait été impossible d'atteindre cette fameuse plateforme. Nous aurions erré dans l'Ombre pour l'éternité, comme des âmes errantes dans je ne sais quelle dimension parallèle. A présent, certes nous n'avions pu échapper à cette obscurité complète dans laquelle nous étions plongés. Mais nous le faisions dans un chemin balisé. Après nous être relevés, Sablaireau reprit ensuite la route avec sa célérité habituelle. Décidément, rien ne semblait le gêner. Il avait une vision nocturne ou quoi ? Bref, toujours était que progressivement, je m'étais mis à tâtonner avec mes mains en quête d'une paroi tout en continuant d'avancer en suivant le bruit de pas de mon compagnon de route. Lorsque je trouvai cette fameuse paroi, quelle ne fut pas alors ma surprise de découvrir une forme familière. Cette forme, c'était celle des bonbonnes de gaz rencontrées plus tôt. Une idée germa aussitôt dans mon esprit : si nous avions pu désactiver la centrale thermique en dépressurisant ces bonbonnes, nous pouvions faire l'inverse en les pressurisant ! Ajoutant le geste à la parole, je me mis donc à chercher le fameux levier d'une des bonbonnes avec mes mains. Une fois trouvées, je demandai à Sablaireau de s'arrêter et lui expliqua mon projet. - Attends Sablaireau ! J'ai une idée : on va réactiver la centrale. Maintenant que le bassin d'alimentation est derrière nous, cela ne devrait plus poser de problème.Prenant presque ma demande pour un caprice, le pokémon obéit et se mit lui aussi à actionner les leviers des bonbonnes de gaz situées près de lui. Je fis de même, et très rapidement la chaleur remonta et avec elle l'éclairage. Cela faisait du bien tout de même de savoir où l'on allait. La passerelle ressemblait en tout point à celle que nous avions emprunté après cet étrange accident d'ascenseur. D'ailleurs, le mystère restait entier au sujet de cet incident. Je méditais là-dessus tandis que nous reprenions la route. A un moment, nous fûmes pris de stupeur : la passerelle s'arrêtait net sur un cul-de sac. Tout ce qui se trouvait devant nous, c'était d'autres bonbonnes de gaz. Combien il y en avait au total, je ne saurais le dire. Nous n'avions pas le temps pour de telles futilités arithmétique de toute façon. Et pourtant, cela m'en cuisait de le dire mais le fait était établi : nous étions bloqués ici comme des rats. Tandis que Sablaireau s'impatientait, je cherchais une solution. Cette solution, je ne l'avais toujours pas trouvé une demi-heure plus tard. C'est alors qu'un cri de pokémon se fit entendre, accompagné de bruits de voix. - Allez Ptera, cherche mieux : ils ne peuvent pas être bien loin. S'ils ne sont pas ici, ils se sont sûrement terrés au fin fond de la centrale.Non, cela ne pouvait être possible : le Consortium nous avait retrouvé ? Dans la panique, je continuais de chercher cette solution qui ne venait pas. Quant à Sablaireau, il s'était résigné au combat. Un combat était pourtant bien périlleux ici, autour de toutes ces bonbonnes de gaz qui pouvaient exploser au moindre choc. Les voix n'étaient qu'à quelques mètres de nous. J'entendais leurs pas se rapprocher. Comme nos poursuivants ne cessaient de le dire, nous étions faits comme des rats. Soudain, une explosion retentit juste au-dessus de nous. Elle perça la plafond, révélant un chemin de ventilation. De là, une main violette avec des doigts humanoïdes en jaillit. Elle m'agrippa par le cou, et me souleva avec une facilité déconcertante avant de me déposer délicatement dans la bouche d'aération. Voyant ce qu'il venait de se passer, le Sablaireau bondit aussitôt dans la bouche d'aération comme le lui avait ordonné la fameuse main. Une fois mis en sécurité à l'intérieur, nous regardions à présent l'évolution de la scène. Le propriétaire de la fameuse main révéla son identité en sautant de la bouche d'aération en direction de l'emplacement où nous nous trouvions encore quelques secondes plus tôt. C'était un pokémon qui dégageait une impression de puissance phénoménale. Violet, il avait une forme humaine tout en ayant des traits caractéristiques des pokémons telles qu'une longue queue. Elle avait une couleur plus sombre que le reste de son corps, et courait jusqu'à son bassin. Notre sauveur faisait désormais face à nos poursuivants, qui s'étaient précipités vers nous au moment de l'explosion. Sans vraiment que cela m'étonne, il s'agissait de Brigadiers du Consortium. Un d'entre eux fut pris d'un cri d'effroi en voyant ce qui lui faisait face. Il laissa échapper le nom de la créature. - M...Mewtwo ?Sans dire un mot, le dénommé Mewtwo fonça sur les sbires du Consortium et leur administra un coup de tête si puissant qu'il les propulsa directement dans le bassin plein de métal en fusion de la centrale de la station thermique. Dans leur propulsion, ils détruisirent au passage de nombreuses bonbonnes de gaz qui firent littéralement exploser la centrale technique sans que cela gêne le moins du monde Mewtwo. Dans la fumée causée par la libération de ces hectolitres de gaz, Mewtwo nous adressa un dernier regard avant de disparaître dans les limbes de la station en ruines dans un fracas épouvantable. Nous étions à présent seuls dans une bouche d'aération, au milieu du chaos engendré par notre mystérieux sauveur. A part son nom, j'ignorais pour ainsi dire tout de ce Mewtwo. Mais j'avais l'intime conviction sans vraiment savoir pourquoi que j'allais être amené à le retrouver bientôt. En tout cas, il n'avait pas l'air de porter nos chers amis du Consortium dans son cœur. Et ça, c'était une très bonne nouvelle pour nous. En tout cas, nous ne devions pas rester ici. A chaque seconde qui passait, la partie de la bouche d'aération où nous étions menaçait de s'écrouler. Elle faisait des bruits étranges, signe des dégâts que Mewtwo lui avaient infligé lors de sa très audacieuse opération de secours aux égarés que nous sommes. J'étudiais la situation : si deux chemins s'offraient théoriquement à nous, un seul était praticable dans les faits. Toujours à cause de l'explosion, le chemin de droite s'était en effet effondré. Plusieurs mètres nous séparaient de la partie encore intacte de cette partie des conduits d'aération. La chose était donc dite : il fallait emprunter la seule partie encore intacte de ces infrastructures, soit le chemin de gauche. Accompagné du Sablaireau cristallin, je me remis donc en route. S'il était habitué à ramper du fait de sa petite taille et de son statut de taupe, c'était beaucoup moins aisé pour moi. Je n'arrêtai pas de cogner ma tête sur le plafond, sans parler des moments fort embarassants où mon corps se retrouvait coincé dans les conduits. Au nom d'Arceus, qu'ils étaient étroits ! A chaque fois, il fallait que j'en appelle à Sablaireau pour qu'il me tire de là. J'étais en sueur face à tant d'efforts pour aussi peu d'avancées. Nous serpentâmes ainsi jusqu'à se trouver face à un passage délicat. En effet, un précipice nous faisait face. Décidément, les architectes de ce bâtiment n'avaient aucune sorte de pitié pour les rattata qui vivaient là. Pourquoi avoir placé pareil trou dans des conduits d'aération ? Je n'avais pas osé regarder ce qui se trouvait en bas, de peur de tomber dans le gouffre à la faveur d'une crise de vertige. Mais finalement, après quelques efforts l'obstacle fut franchi. De plus, face à nous l'horizon s'éclaircissait. La sortie n'était plus très loin : nous accélérions donc, enfin tout du moins nous essayions d'accélérer dans cet environnement peu propice à la vitesse. Qu'est-ce qui nous attendait à l'autre bout ? Ce n'était plus qu'une question de secondes avant que nous soyons fixés. Un nouveau gouffre qui manqua de nous faire tomber du conduit : voilà ce qu'il se trouvait au bout. C'était un précipice immense, de plusieurs mètres de diamètre. En nous entendant arriver, tout un groupe de nosferapti s'envola et eut la brillante idée de se mettre à crier. Ces hurlements stridents ne faisaient que rendre la scène encore plus sinistre. Avec toutes les difficultés du monde du fait de l'étroitesse du conduit, nous pointions nos têtes à l'extérieur afin de regarder le panorama. Si Sablaireau n'avait pas eu le réflexe de reculer en arrière en atteignant le gouffre, nous serions tous les deux déjà morts à l'heure qu'il est. Il me devait une fière chandelle. A bien regarder en bas, j'avais l'impression de retrouver cette fameuse cage d'ascenseur accidentée que nous avions quitté auparavant. Ce conduit nous avait donc menés dans le tunnel qui permettait à l'ascenseur de desservir tous les étages du siège du Consortium. Tout cela était passionnant, mais cela ne nous aidait guère dans notre voyage vers la surface. Ce conduit d'aération n'avait fait que nous aider à nous perdre davantage dans ce labyrinthe de passerelles et de tunnels que nous avions tour à tour fréquenté dans l'espoir de retrouver notre chemin. Que faire à présent ? Le chemin de droite, je l'avais clairement constaté, était inaccessible. Quant au chemin de gauche que nous avions emprunté, on venait de s'apercevoir qu'il ne menait lui aussi qu'à une mort assurée. Hélas pour nous, nous n'étions pas des roucool. La seule solution était donc de rebrousser chemin en priant pour découvrir au retour un passage qui nous ait échappé. Ayant rebroussé chemin par dépit, nous étions à présent revenus devant le fameux précipice que nous avions dû traverser quelque peu acrobatiquement tantôt. J'effectuai ce que je n'avais pas osé faire à l'aller, c'est-à-dire regarder en bas. Il n'y a avait là rien de transcendant : on ne voyait qu'un conduit qui menait vers le sous-sol de la tour. L'emprunter ne nous aurait donc menés à rien. La situation était bloquée. Elle le resta d'ailleurs un certain temps, jusqu'à ce qu'un petit objet insignifiant apparut d'en haut. Il cogna la tête de Sablaireau avant de rester coincé dans ses piquants cristallins. Intrigué, je me permis de lui prendre ce mystérieux objet. C'était une pokéball, ou plus exactement une Cyber Ball puisqu'elle était constituée intégralement de titane qui lui donnait cette apparence froide et métallique. Tout en l'étudiant, une autre pokéball tomba du ciel. Cette fois, elle cogna sur ma tête avant de tomber dans le conduit. Pris à la fois de surprise et de douleur, j'émis un cri plaintif avant de redresser ma tête vers le haut. On n'y voyait pas grand-chose. Pourtant, j'avais l'impression que le plafond était moins bas que dans le reste du conduit d'aération. Je tentai de me lever, ce que je fis avec succès à ma grande surprise. Sablaireau m'imita, tout aussi surpris. Ces pokéballs devaient bien provenir de quelque part. Je tâtonnai les parois aves mes mains. C'est alors que, manquant de perdre l'équilibre et de tomber dans le tunnel en contrebas, ma main droite agrippa ce qui semblait être une échelle. - Mais...il y a un passage ici ! Viens Sablaireau, saute vers moi. Tu devrais trouver une rambarde où t'accrocher.J'espérais ne pas me tromper. Fort heureusement, ce que fit Sablaireau me permit de vérifier cette hypothèse. Comme il s'agit si bien le faire, le porc-epic bondit au-dessus de moi et réussit à trouver cette fameuse rambarde que je lui avais promise. Puis, sans attendre davantage, il grimpa au sommet à toute vitesse. Je fis de même, à une vitesse moindre naturellement. Au sommet, j'accédai à une sorte de pièce remplie de pokéballs où nous nagions littéralement. Régulièrement, des pokéballs tombaient dans ce qui semblait être un réservoir. Au-dessus, un trou permettait aux outils de capture de tomber ici. C'est donc ici que le Consortium devait entasser les pokémons capturés dans les expéditions menées par les Brigades du Consortium tout autour du monde. Quelle chance d'avoir trouvé un tel endroit ! Comme quoi, le salut peut être obtenu par bien peu de choses. Je sentais que la surface n'était plus très éloignée : la lumière naturelle arrivait jusqu'à nous, à travers le conduit du plafond qui était aussi droit qu'un Simularbre au garde-à-vous. Mais tout n'était pas encore gagné : il fallait encore rejoindre la surface. Pour faire cela, un escalier d'acier avait heureusement été aménagé dans la partie surélevée du réservoir. Elle menait à une porte automatisée. Après s'être amusé quelques instants avec les pokéballs qu'il prenait pour des balles, Sablaireau bondit au sommet de l'escalier sans effort. Je le rejoignis quelques secondes plus tard. Après avoir traversé la porte, un nouvel escalier nous attendait. Ici, la luminosité avait brusquement beaucoup baissé. Heureusement que des torches électriques étaient régulièrement disposées sur les murs pour que l'on puisse se repérer, faute de quoi il ferait aussi sombre que dans de l'eau après la colère d'un Octillery ou la panique d'un Hypotrempe. L'escalier était incroyablement long à gravir. Il fallut cinq bonnes minutes à Sablaireau pour arriver au sommet. Quant à moi, il m'en fallut une bonne dizaine. Lorsque finalement nous arrivâmes au point le plus haut, le chemin était sans issue. Tout du moins, il semblait sans issue puisque deux boutons étaient disposés face à nous. Le premier était rouge, le second était bleu. Quant au plafond, il était étrange puisqu'il n'avait pas la même texture à l'emplacement où nous nous trouvions que dans le reste de la pièce. Ici, il était zébré de jaune tandis qu'ailleurs le noir régnait en maître sans concurrents. D'instinct, j'appuyai sur le bouton rouge : il devait commander l'ouverture du passage. Un bruit d'engrenage plus tard, le plafond commença à se dérober comme je le pensais. Lorsque j'étais encore soldat du Consortium, je n'étais jamais allé aussi profondément dans la tour. En revanche, une partie du sol du rez-de-chaussée m'avait toujours interpellé par sa couleur blanche et jaune zébrée si caractéristique. Et j'avais de bonnes raisons de penser que ce sol et ce plafond ne formait en fait qu'un seul et unique ensemble. A mesure que le plafond laissait à voir davantage de ce qui se trouvait au-dessus, ma certitude d'avoir atteint ce rez-de-chaussée tant espéré ne faisait que se renforcer. A travers l'immense baie vitrée si caractéristique du seul étage ouvert au public du Siège du Consortium, les rayons de soleil parvenaient enfin jusqu'à nous et réchauffaient nos cœurs fatigués par tant d'épreuves. Il ne fallait pas pour autant croire que tout était déjà gagné. Je n'avais aucune envie d'être l'Icare des temps modernes. Pris d'un instant de nostalgie et d'allégresse, je me ressaisis très rapidement. Discrètement, je sortis du sous-sol par la trappe qui venait de s'ouvrir. Sablaireau fit de même. Et, quelques secondes après que Sablaireau ait lui aussi rejoint la surface, la trappe se referma dans un bruit sec. Le silence revint ensuite. C'était un silence de mort, pour ne pas dire anormal. Nous fîmes quelques pas avec la prudence d'un Persian, regardant dans toutes les directions pour vérifier qu'aucun Brigadier du Consortium ne nous attendait. Mais c'était désormais patent : il n'y avait personne à cet étage zéro de la tour. C'était pourtant ici, et de loin, que s'affirmait le plus la puissance du Consortium. J'étais bien placé pour le savoir, ayant été de garde ici pendant mes premiers mois de service au sein de l'Armée du Consortium. Oui, il y avait définitivement quelque chose d'anormal ici. Soudain, alors que j'étais dos à l'entrée, la porte automatisée s'ouvrit et une voix qui m'était hélas bien trop familière se fit entendre. - Ne t'inquiète pas Denaro, tu ne trouveras personne ici. Je les ai tous envoyés ailleurs.
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| | | L'Illustre Aegir Membre
Messages : 38 Date d'inscription : 21/05/2014 Age : 32 Localisation : Stralsund, 1757
| Sujet: Chapitre XXVII - Sardonis Jeu 22 Mai - 20:27 | |
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3 Mai - 4 AM Narrateur : Denaro Wolf La voix nous prit tous les deux de court. Surpris, je me retournai brusquement. Cette voix, je la connaissais. Je voulais dissiper tout doute, même si j'aurais ardemment espéré me tromper. Un homme gigantesque aux yeux rouges rubis nous faisait face, devant l'entrée. Il faisait au moins deux mètres de haut et avait une musculature à faire pâlir les plus entrainés des pokémons combat. Il était vêtu tout de noir, avec pour seules exceptions à cette monochromie des épaulettes d'or et un symbole accroché au niveau du cœur gauche. Ce symbole représentait le logo du Consortium surmonté de cinq étoiles. C'était le signe caractéristique d'un Directeur du Consortium. Mais ce n'était pas n'importe quel Directeur. Nous nous trouvions face au terrible Sardonis, celui-là même qui m'avait commandé lorsque je servais encore les noirs desseins de l'héritier de la Sylphe SARL. Surnommé le Dieu de la Guerre par ses partisans et le Boucher par ses opposants, il était réputé pour avoir incendié des villes entières et commis dans ces localités des exactions plus horribles les unes que les autres. Le seul crime de ces pauvres cités était de s'être opposé au Consortium. Depuis la chute de Rudolph Estenia, il était devenu le seul maître du Consortium. C'était tout du moins ce qu'affirmait la Gazette de Doublonville, organe officiel de propagande du Consortium. Inutile de dire que, pour parler vulgairement, nous étions dans la merde. Le titan bondit tout à coup, pour atterrir juste devant nous. Le choc de ses bottes sur le sol fit une onde de choc qui ébranla tout l'étage, nous assourdissant par la même occasion. Instinctivement, nous reculâmes de quelques pas. On n'était jamais trop prudent. Sardonis reprit alors la parole tout en nous fixant de son regard qu'il était impossible de soutenir sans défaillir. - Votre petite escapade vous a certes donné un peu d'exercice, mais elle est maintenant terminée. D'ailleurs, elle ne vous a servi à rien. Vous êtes arrivés jusqu'à moi tout comme vous seriez arrivés jusqu'à moi si vous n'aviez pas eu l'idée stupide de jouer les rebelles.Tandis que Sablaireau commençait à s'énerver et regardait Sardonis avec les yeux pleins de haine, je répondais à mon ancien mentor non sans ressentir la colère qui montait des tréfonds de mon âme. Il avait tout prévu depuis le début, ce scélérat. - Jamais ! Laisse nous passer, Sardonis. Deux prisonniers de plus ou de moins, qu'est-ce que cela pourra bien changer pour toi et la mafia que tu commandes ?L'homme aux yeux écarlates éclata soudainement de rire avant de revenir aussitôt plus sérieux qu'un comptable. Il entrechoqua ses deux mains, exhibant ses biceps imposants par la même occasion. Puis, il reprit la parole. - Mon pauvre ami, tu néglige vraiment ton importance. Désolé, mais je dois vous amener jusqu'au sommet de la tour. Et lorsque le Sardonis veut quelque chose il l'obtient de gré...ou de force. Personne ne sortira d'ici sans m'être passé sur le corps, avec les conséquences que cela comporte.En terminant ces quelques mots, il s'était mis à sourire diaboliquement. Il ne cessa point pour autant d'exercer son verbe. - Voulez-vous vraiment courir ce risque ?Pour toute réponse, Sablaireau bondit soudainement sur le titan. Ses griffes aiguisées, prêtes à frapper, brillaient sous la lumière du soleil. Alors que le contact allait être imminent, Sardonis se contenta de lever son bras droit et d'administrer un coup de bras d'une puissance phénoménale au porc-épic sans que celui-ci ne soit capable d'enrayer cette offensive. Le Directeur de la Sécurité l'envoya valser à l'autre bout de l'étage, où il s'écrasa sur un pilier qui s'effondra sous le choc. Puis, il s'exclama sur un ton à la fois de satisfaction et de menace. - Ah ! De l'audace ? J'aime ça ! Très bien, s'il me faut vous subjuguer par la force ainsi soit-il.A ces mots, il se mit à me charger. J'étais terrifié et paralysé par la peur. Sardonis était si grand qu'une ombre immense me recouvrait à présent, tandis que chacun de ses pas semblait faire trembler la terre entière. Arrivé tout près de moi, il s'arrêta et se prépara à m'envoyer un coup de poing capable de me défigurer en un coup. Paniqué, je m'étais mis en position fœtale avec les mains sur ma tête. C'était pathétique. C'était d'autant plus pathétique que ce n'est pas cela qui allait changer grand-chose à l'issue du combat. Sardonis était sur le point de m'anéantir. C'est alors qu'une fois de plus, Sablaireau me sauva. Me voyant menacé, il avait bondi de son pilier écrasé pour sauter à la tête de Sardonis. Comme il était occupé avec moi, il n'avait pas vu le coup venir et Sablaireau réussit à le griffer au niveau de la joue droite. Astucieux, le pokémon s'appuya ensuite sur la tête de Sardonis pour sauter juste devant moi. Il était désormais mon seul rempart contre Sardonis. Parlons-en d'ailleurs de Sardonis : il avait annulé son attaque pour appliquer sa main sur la plaie que le porc-épic venait de lui causer. Lorsqu'il enleva sa main pour la regarder, il constata avec stupeur qu'elle était pleine de sang. L'homme aux yeux écarlates entra alors dans une fureur noire. - Misèrable petite créature bleue, je vais te broyer.Il ne semblait désormais avoir d'yeux que pour ce pokémon que j'avais rencontré tantôt dans les laboratoires. Il lança un virulent coup de poing plein de rage contre Sablaireau, mais celui-ci sauta sur un pot de fleurs qui se trouvait juste derrière moi. La seule chose que Sardonis fracassa était le sol de marbre où le pokémon se trouvait un instant auparavant. - Mais ce n'est pas possible ! Tu vas arrêter de bouger, sale bête ?Je m'étais à peine remis du choc, dont l'épicentre ne se trouvait tout de même qu'à une dizaine de centimètres de moi, que Sardonis repartit à la charge. Cette fois, il sauta au-dessus de ma tête pour s'écraser sur le fameux pot de fleurs. Mais encore une fois, Sablaireau avait prévu le coup et s'échappa donc. Dans sa roulade aérienne, il s'écrasa de l'autre côté de la salle. Le porc-épic était à présent juste devant la baie vitrée. Rebelote : sans le moindre sens tactique, Sardonis fonça tout droit sur ce Sablaireau décidément fort agile. Dans sa course, il faisait trembler le sol à la manière d'un dinosaure. Un saurien, cela le définissait d'ailleurs assez bien tant sur le plan physique qu'intellectuel. Etait-ce une sorte de Charkos humanoïde ? La comparaison m'apparaissait assez juste en tout cas. Comme pour les deux premiers assauts, le troisième ne fut pas plus couronné de succès. Le coup de poing de Sardonis manqua Sablaireau et s'encastra directement dans la baie vitrée qui se fracassa dans un bruit de verre brisé. Quant au pokémon, il se trouvait cette fois juste devant l'entrée. C'est à ce moment-là que la porte automatisée de l'entrée s'ouvrit, laissant entrer un Brigadier du Consortium. Le milicien poussait derrièrelui un chariot rempli de pokéballs. Nul doute qu'elles devaient toutes contenir des pokémons. Il était quelque peu euphémistique de dire qu'il arrivait au mauvais moment. Ne s'attendant pas le moins du monde à l'accueil qu'il allait recevoir, il prit la parole lorsqu'il aperçut la silhouette de Sardonis près de la baie vitrée. - Mon général, un nouveau chargement de pokémons est...Le sbire n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Sablaireau, dont la diplomatie et le sens de la nuance n'était de toute évidence pas le fort, le décapita aussi sec avec ses griffes et renversa le chariot. Une bonne cinquantaine de pokéballs tombèrent alors violemment sur le sol, ce qui fut suffisant pour libérer un grand nombre de pokémons. Ainsi, on arrivait à une scène complètement ubuesque où le siège du Consortium était envahi par toutes sortes de pokémons qui se mettaient soit à s'enfuir, soit à tout détruire de rage, soit à s'attaquer à Sardonis. Tandis qu'un Tyranocif s'amusait à détruire les piliers qui soutenaient l'étage et que les plus grands pokémons s'approchaient de l'homme aux yeux écarlates, les plus petits pokémon n'avaient rien trouvé de mieux à faire que de se prendre pour des phogleur en jouant avec les pokéballs qui jonchaient un peu partout le sol. Si Sardonis était déjà en fureur, il explosa cette fois littéralement. D'abord il se mit à sauter frénétiquement sur le sol en hurlant des insanités. Lorsqu'enfin il retrouva un calme somme toute très relatif, il ouvrit grand son uniforme. L'intérieur ainsi révélé laissait apparaître cinq pokéballs rangées soigneusement. D'un geste, il les prit toutes en main. - C'est fini la rigolade ! Je ne pensais pas avoir à appeler mes esclaves, mais vous m'avez forcé la main. Vous allez tous rentrer dans le rang !Après avoir dit cela, il projeta les cinq pokéballs sur le sol. Cinq pokémons en sortirent, qui formèrent un front cohérent face à la horde de pokémons qui s'étaient naturellement mis sous le commandement de Sablaireau. Quant à moi, je ne pouvais qu'assister au combat totalement impuissant. Qu'est-ce qu'un simple humain de mon gabarit pouvait faire face à Sardonis de toute façon ? Mon compagnon de route semblait très bien s'en sortir lui-même, ce qui n'était pas pour me déplaire. Les pokémons de Sardonis étaient tous aussi bourrins et aussi fous que Sardonis. Il y avait un Mackogneur, un Harriyama, un Tygnon, un Kicklee et un Simiabraz. Très rapidement, les cinq pokémons foncèrent sur Sablaireau et ses alliés. Kicklee se focalisa sur Sablaireau, tandis que les quatre autres combattaient les autres pokémons. C'était assez triste à voir : des pokémons affrontaient d'autres pokémons. Comment en était-on arrivé là ne pouvais-je m'empêcher de m'exclamer en mon for intérieur. Le Kicklee de Sardonis déchaînait des trésors d'inventivité avec ses pieds pour tenter de percer la garde de Sablaireau, qui bloquait chacun de ses coups avec ses griffes acérées. A l'inverse, Kicklee se retirait toujours à temps pour empêcher Sablaireau de lui porter le coup fatal. La faiblesse de Kicklee, des générations de dresseurs le savent, réside en effet dans sa fragilité lorsqu'il mène l'assaut à l'aide de ses jambes élastiques. En tout cas, le combat était de haut niveau et agréable à regarder. Il m'en faisait presque oublier l'immensité de l'enjeu, c'est-à-dire notre liberté voire notre survie. Dans une autre vie, ce pokémon combat aurait pu vivre paisiblement avec ses semblables au lieu de se livrer à ce combat fratricide. Je sentais qu'au fond de lui, il souffrait. Mais cette souffrance, Sardonis était incapable de la ressentir. Avec ses quatre autres pokémons, il s'était rué avec toute la bestialité qui le caractérisait sur les lignes de pokémons. Il soulevait avec une facilité déconcertante des pokémons de cinquante kilos qu'il projetait soit à travers les vitres, soit sur d'autres pokémons. Ses yeux rouges brillaient d'un feu ardent. Et comme Kicklee empêchait Sablaireau de s'attaquer à Sardonis, il ne pouvait rien faire pour aider ses frères d'armes. C'est pourquoi très rapidement Sardonis prit l'avantage, à force de faire des choppes sur d'innocents pokémons. A lui seul, il broyait des dizaines de colonnes vertébrales à la minute. Les quatre autres pokémons n'étaient bien sûr pas en reste. En quelques minutes, la situation était devenue désespérée et les pokémons qui restaient encore debout avaient été mis en fuite. Même le Tyranocif qui avait ravagé tout l'étage durant le combat avait pris la poudre d'escampette, ce qui n'était pourtant pas habituel chez cette race de pokémon. Sur le ring, il ne restait plus que Sablaireau. Ce samouraï des temps modernes était désormais seul. Il était seul face aux cinq pokémons de Sardonis que nul adversaire n'avait réussi à terrasser. A un moment, Kicklee réussit à briser la garde du pokémon sol. Le choc fut tel que le porc-épic fut repoussé à une dizaine de mètres, exactement là où la première attaque de Sardonis l'avait projeté tantôt. Accoudé au bas encore intact de ce fameux pilier que son dos commençait à bien connaître, Sablaireau était fatigué. Cet épuisement se voyait sur son visage. Il s'était battu de toutes ses forces, mais Sardonis l'avait emporté. C'était impressionnant de constater à quel point les pokémons du Directeur de la Sécurité, et en particulier son Kicklee, étaient surentrainés. Sardonis, suivi par ses cinq pokémons qu'il qualifiait avec tout le mépris du monde « d'esclaves », se dirigeait avec le sourire du vainqueur vers le pokémon vaincu. Quant à moi, je me trouvais sur un banc situé en retrait entre les deux belligérants. Impuissant au début de l'affrontement, je l'avais été au milieu et je l'étais toujours à son épilogue. J'avais honte de moi. Sardonis exultait. - Vous êtes si pathétiques. Qui étiez-vous pour croire pouvoir vaincre celui que des armées entières ont été incapables de vaincre. Vous êtes face au vainqueur des Destogorides, alors à genoux esclaves !Aussitôt, il sauta sur moi. Avec ses mains qui étaient encore pleines du sang de dizaines de pokémons, l'homme aux yeux écarlates m'agrippa par le cou et me projeta sur le pilier où se trouvait Sablaireau. Je tombai juste à sa droite, non sans que mon crâne se cogne brutalement sur la paroi rocheuse. Dépité, je ne pouvais m'empêcher de chuchoter quelques mots d'excuse à Sablaireau. - Je suis désolé de ne pas avoir été à la hauteur, mon ami. Tout est fini à présent.A regarder le regard bouillonnant de rage qu'il adressait à Sardonis, il n'avait pas l'air convaincu. S'il lui manquait les forces, il avait encore l'envie de combattre. C'était comme s'il était né pour se battre. Sardonis, après s'être avancé jusqu'à nous, mis un genoux à terre pour nous regarder les yeux dans les yeux. - Maintenant, je vais vous amener au sommet. Vous avez une dernière parole à formuler avant la grande ascension ?Pour toute réponse, Sablaireau administra un coup de griffe bien vigoureux sur la joue encore indemne de Sardonis. A présent, ses deux joues étaient mutilées de profondes cicatrices. Le Directeur de la Sécurité émit un léger grincement, avant de soulever par la peau du cou Sablaireau. Tout en le maintenant fermement dans les airs, Sardonis le fixa quelques instants de son regard plein de colère contrôlée. - Tu es vraiment un petit rigolo toi.Puis, le titan fit tournoyer Sablaireau dans les airs afin de gagner de la vitesse avant de propulser violemment à ses pieds. Il se contenta alors de donner un ordre lapidaire à deux de ses pokémons, avant de se retourner et emprunter l'escalier qui menait aux étages supérieurs du siège du Consortium. - Kicklee, tu montes cette vermine au sommet. Prends garde, il n'hésitera pas à t'échapper au moindre moment de faiblesse. N'hésite pas à l'assommer. Tygnon, tu fais la même chose avec le gamin. Quant à moi, j'ai encore une dernière chose à faire. Il a suffisamment fait de dégâts comme ça.M'assommer, c'est d'ailleurs ce que Tygnon fit aussitôt. Sans doute ne voulait-il prendre aucun risque, de peur d'avoir à subir les foudres de son maître. Les colères de Sardonis laissent rarement de survivants. Le boxeur me donna un coup de poing bien placé qui me fit perdre connaissance aussitôt. Quant à Kicklee, il voulait faire de même mais il s'aperçut très vite que cela n'était pas nécessaire. Sardonis n'y était en effet pas allé de main morte : écrasé sur le sol, Sablaireau avait lui aussi perdu connaissance. Après plusieurs heures dans le coma, je me réveilla enfin. C'était tout du moins l'estimation que je faisais au vu de la noirceur du ciel nocturne qui me faisait face. Comme il l'avait lui-même dit, Sardonis nous avait donc emmenés au sommet du Siège du Consortium. Là, le vent soufflait fort et était glacial. Quant à la lune, elle était noire comme l'ébène. Pour être honnête, on ne la discernait qu'à peine dans l'obscurité ambiante. Le sol était constitué d'obsidienne, comme le reste de la structure externe de la tour, et des phares l'illuminait. La surface qui s'étendait devant moi était d'une dimension considérable, ce qui était logique pour que le bâtiment puisse accueillir les centaines de bureaux qui se trouvaient à l'intérieur. Après avoir repris mes esprits, je constatais que j'étais enchaîné sur une sorte de poteau métallique. Tout autour de moi, une cage magnétique rendait inutile toute tentative de fuite, dans l'hypothèse fort improbable où je parviendrais à me défaire de mes liens. En regardant à ma gauche et à ma droite, j'eus la stupeur de découvrir deux pokémons familiers qui étaient emprisonnés de la même manière. A l'est, Sablaireau rongeait son frein. Il était impatient d'en découdre, mais il était hélas incapable de le faire. A l'ouest, je retrouvais une vieille connaissance : mon Chamallot. En croisant mutuellement son regard, je souris avant de lui adresser amicalement quelques mots pour le mettre au courant de la situation. Après tout, le pauvre petit chameau devait être passablement affolé de se retrouver ici sans savoir vraiment pourquoi. - Alors toi aussi il t'a eu ? Le Sablaireau que tu vois là-bas a combattu Sardonis avec courage, mais il n'est parvenu qu'à le griffer sur les joues.Tandis que Sablaireau grognait, je restais immobile et plongé dans mes pensées. Qu'allait-il advenir de nous ? Au bout d'un moment, un bruit de moteur se fit entendre dans l'horizon. Il était accompagné de lumières d'abord faibles, puis de plus en plus fortes à mesure que le vrombissement que j'entendais se renforçait. Après cinq minutes d'inflation sonore, il devenait à présent clair qu'il s'agissait d'un hélicoptère. Comme le ciel, il était noir. Sur le flanc de la cabine figurait un « C » blanc entouré d'étoiles de la même couleur. A l'avant, une main mécanique tenait fermement une cage magnétique semblable à celle qui nous emprisonnait déjà tous les trois. Se pouvait-il qu'un quatrième larron avait été capturé par Sardonis. L'hélicoptère était à présent tout proche. Il amorçait sa phase de descente. Il devenait net désormais que l'infortuné prisonnier de cette cage n'était nul autre que Mewtwo. Ce pokémon surpuissant qui nous avait sauvés dans la centrale thermique, même lui avait été capturé ? Avant d'atterrir définitivement, l'hélicoptère commanda à la main mécanique de déposer délicatement Mewtwo sur le sol. Il déposa la cage à droite de Sablaireau. Malgré la situation désespérée, le pokémon psychique demeurait serein comme un abra en pleine méditation. Il regardait le ciel sans que son regard n'exprime la moindre émotion. Lorsque le véhicule atteignit le sol en se posant face à nous, ses moteurs se coupèrent et la portière où était inscrit le logo du Consortium s'ouvrit. L'homme qui en sortit, c'était Sardonis. Tout en refermant la portière, il nous toisait tous les quatre du regard. Je n'osais soutenir ses yeux malfaisants. Mewtwo, tout au contraire, le fixait d'un air tout aussi hautain que notre adversaire. Quant aux deux autres pokémons, Chamallot tremblait de peur tandis que Sablaireau grognait tout en aiguisant ses griffes sur le poteau auquel il était accroché. Une fois la portière refermée, l'hélicoptère redécolla et disparut quelques minutes plus tard. Nous étions à présent seuls face au titan qui nous avait écrasés tantôt. Que nous voulait-il ? Nous n'allions pas tarder à le savoir. Après s'être rapproché de nous, il commença à parler. - Je m'excuse de vous avoir faire attendre, mais le ci-devant Mewtwo avait décidé de jouer les prolongations. Ce misérable n'a en effet rien de mieux à faire que de se terrer dans les friches du nord. Mais comme je vous l'ai déjà suffisamment dit, nul ne résiste bien longtemps à Sardonis.Il fit une pause. Puis, avant de reprendre la parole il se rapprocha encore davantage de nous avant de mettre ses mains dans son dos et de commencer à faire les cent pas. - Bien. Nous allons pouvoir commencer. Si je vous ai tous amenés devant moi, c'est pour plusieurs raisons. Chacune de ces raisons ne concerne pas chacun d'entre vous. Certains seront donc amenés à trépasser...Il insista sur le mot « trépasser » en fixant Mewtwo du regard, lequel pokémon ne broncha pas. Ce pokémon avait-il un cœur ? Je dois avouer que je commençais à me poser des questions. Cette créature avait en effet davantage le comportement d'une machine que d'un être vivant. Quant à Sardonis, il ne s'était pas arrêté de parler. Il poursuivait son monologue tout en reprenant sa ronde devant les quatre cages magnétiques. - ...tandis que d'autres seront épargnés dans ma grande mansuétude s'ils font preuve d'un minimum de bonne volonté, et ce malgré leurs crimes passés.Cette fois, Sardonis avait insisté sur les mots « leurs crimes passés » en fixant Sablaireau du regard de la même manière que ce qu'il venait de faire avec Mewtwo. Comme à son habitude, le pokémon soutenait le regard du responsable de sa servitude avec un regard plein de haine et de détermination. Le monologue continuait. - Mewtwo sera mis à mort ce soir ici-même pour prix des préjudices que vous avez tous les quatre infligés au Consortium. A l'humain, il lui sera possible de sauvegarder son intégrité physique ainsi que celle des deux pokémons qui l'accompagnent s'il coopère.Sardonis fit alors une pause, jusqu'à ce qu'il arrive devant moi. C'était à mon tour de devoir subir son regard. Malheureusement pour moi, il ne semblait pas admettre que l'on se dérobe à ses yeux. - Relève ta tête !Terrifié, j'obéis. Il m'adressa alors quelques mots sur un ton péremptoire. - Me suis-je bien fait comprendre ?Je répondis avec une voix tout aussi terrifiée que l'était tout mon corps. - Oui...Oui monsieur.Visiblement satisfait, le Boucher sourit et recula d'un pas. Il continuait néanmoins de me fixer, sentant bien que son regard avait un effet psychologique certain sur moi. L'homme en uniforme me posa ensuite une question qu'il serait plus juste de qualifier d'ordre dans la mesure où de toute évidence il exigeait une réponse. - Denaro Wolf, le Consortium exige que vous nous livriez la localisation du repaire des Concordiens ainsi que la manière d'y accéder. En outre, n'essayez pas de nous trahir. Rudolph Estenia, avant sa perfide trahison, nous a appris qu'une traîtresse issue de nos rangs vous a sauvé dans le Désert de l'archipel d'Hoenn. Nos services savent de source sûre qu'elle est affiliée à ces misérables Concordiens et que leur repaire se trouve dans cette région du monde, mais nous ignorons sa localisation exacte. Dont acte, le Consortium vous écoute !Mon sang ne fit qu'un tour. Ce que me demandait Sardonis, c'était de livrer aux chiens mes amis d'Hoenn. Irène, Xanathor et surtout ce cher Porygon-Z : on me demandait de les livrer à une mort certaine. Cela, je ne pouvais m'y résoudre. Sans vraiment réfléchir et laissant parler mon cœur, je donnai donc à Sardonis la seule réponse qui vaille vraiment. - Jamais !Il était évident qu'une telle réponse, aussi courageuse qu'elle soit, n'allait pas convenir à Sardonis. Il fulmina aussitôt en se rapprochant de nouveau de moi. - Quoi ? Après la leçon que je t'ai administrée en bas, tu continues de me résister ? Tu es courageux petit, mais es-tu vraiment conscient des enjeux ? Veux-tu voir tes pokémons mourir d'une mort affreuse avant de les rejoindre dans la Mort ? Est-ce vraiment cela que tu souhaites ?Il avait raison : nous étions en son pouvoir. Sardonis pouvait faire ce qu'il voulait de nous. Mais j'avais beau retourner le problème dans tous les sens, j'arrivais toujours à la même conclusion. Je ne pouvais pas trahir ceux qui m'avaient recueilli et fait découvrir la beauté cachée des pokémons. Oui : si trahir pouvait effectivement me permettre de m'en sortir et de sauver deux amis, trahir me remplirait de honte. Si je le faisais, je serais incapable de me regarder de nouveau dans une glace. Que valaient mes intérêts et deux vies face au combat quotidien de centaines d'hommes et de femmes contre l'oppression du Consortium ? Ma réponse à l'homme aux yeux écarlates fut donc dans le même esprit que la première. - Inutile d'essayer, Sardonis : contrairement à toi, je suis un homme. Et les hommes dignes de ce nom ne trahissent pas. Mais comment peux-tu le savoir, toi qui as noyé ton humanité dans un océan de sang et de larmes ?La colère du titan qui me faisait face ne faisait que s'amplifier. D'un geste brutal, il souleva la cage de Chamallot et la détruisit sur le sol, libérant du même coup le plus fragile d'entre nous. Puis, il vociféra. - L'honneur ? Encore une de ces vieilles lubies ? Tu vas voir ce que j'en fais de l'honneur de ton pokémon ! Je vais le massacrer sous tes yeux ! Peut-être que ça t'apprendra à être moins arrogant et à savoir rester à ta place. Mackogneur, détruis-le !A ces mots, Sardonis sortit de sa veste une de ces pokéballs et un des plus puissants pokémons combat de la création en sortit. Sans le moindre état d'âme, le colosse aux bras multiples commença par soulever le petit pokémon avec une de ses mains. Puis, il lui fracassa la tête en lui administrant une multitude de coups de poing simultanément avec ses autres bras. J'étais indigné. - Non ! Espèce de monstre !Sardonis exultait. En me voyant les larmes aux yeux essayer de faire cesser ces véritables actes de torture que le bébé chameau subissait, il jouissait. Dans le sourire pervers qu'il faisait, on sentait qu'il éprouvait du plaisir à faire souffrir les autres. Le Directeur de la Sécurité éclata de rire avant de se moquer ouvertement de moi. - Alors, tu fais moins le malin maintenant n'est-ce pas ? Tu as le choix : soit tu parles, soit Mackogneur continue. Et je te conseille de le faire vite, parce que mon petit doigt me dit qu'il ne va pas tarder à crever.Je serrais les dents. Cela ne pouvait pas finir comme ça ! Je me sentais faible, si faible. Quel affreux maître étais-je pour être incapable de protéger mes propres pokémons ? Au milieu des hurlements et des appels à l'aide du petit chameau, j'avais fermé les yeux. Je ne voulais plus en entendre davantage. Je voulais mourir. Soudain, alors que tout semblait perdu, une voix se fit entendre. - Non, pas ça. Pas un nouveau Giovanni. Tu vas payer, monstruosité.Surpris, j'ouvris les yeux. Mewtwo, qui était resté impassible jusqu'alors, s'était entouré d'une aura violacée. La seconde d'après, il disparut pour réapparaître derrière Mackogneur et Sardonis. Surpris, l'homme aux yeux écarlates s'exclama. - Qu'est-ce que...Mewtwo ?Le pokémon humanoïde chargea dans la paume de ses mains deux boules d'énergie qu'il envoya sur le Mackogneur. Au contact, les deux boules fusionnèrent avant de projeter loin dans les cieux le tortionnaire de mon pokémon. Sans perdre un instant, le pokémon psychique rechargea une autre boule d'énergie. Cette fois-ci, elle était de couleur bleue. Il la lança sur le pokémon blessé, qui l'enveloppa et le fit progressivement léviter dans le ciel. La boule s'arrêta à environ une centaine de mètres d'altitude. Là où il se trouvait, le pokémon ne risquait plus rien. Mewtwo se retourna ensuite vers Sardonis, qui semblait incapable de réagir face à ce qu'il venait de se passer. Le pokémon, qui n'avait encore rien révélé de sa véritable puissance, lui adressa un regard plein de haine tout en lui lançant une formule lapidaire. - Et maintenant, tu vas mourir.La mise à mort en question fut incroyablement rapide. D'abord, le pokémon ferma les paumes de ses deux mains. Puis, il se recouvra de nouveau d'aura violacée. La différence, c'était que cette fois la couche d'aura était beaucoup plus épaisse que celle qui recouvrait le pokémon avant qu'il ne se téléporte à l'extérieur de sa cage magnétique. Enfin, Mewtwo émit une déflagration psychique d'une puissance incommensurable. Partie littéralement de son corps, elle ravagea tout sur son passage dans un diamètre de cent mètres. C'était plus que suffisant pour atteindre Sardonis et les cages magnétiques qui nous retenaient encore, Sablaireau et moi. Lorsque l'onde de choc nous atteignit, les cages explosèrent littéralement. Etrangement pourtant, la déflagration nous transperça sans que nous subissions le moindre dommage. Il en alla tout autrement pour Sardonis. Lorsque l'onde de choc le toucha, elle désintégra ses vêtements et brûla gravement tout le corps de l'homme aux yeux écarlates. Parlons-en d'ailleurs de ses yeux : sous l'effet de la vague d'énergie qui dévorait à présent son corps, ils brûlèrent eux aussi. Plus jamais ce monstre n'allait pouvoir les utiliser pour terroriser ses prisonniers. Lorsque la déflagration psychique disparut enfin de l'horizon, Sardonis était à terre. De la fumée sortait de son corps brûlé au troisième degré. Entre deux gémissements, il émit un râle. J'espérais que c'était le dernier mot qui allait sortir de la bouche de ce criminel. - Ah...
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| | | L'Illustre Aegir Membre
Messages : 38 Date d'inscription : 21/05/2014 Age : 32 Localisation : Stralsund, 1757
| Sujet: Chapitre XXVIII - Le secret de Sardonis Jeu 22 Mai - 20:28 | |
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3 Mai - 4 AM Narrateur : Denaro Wolf Cette fois, j'avais bel et bien cru que tout était perdu. Et pourtant, grâce à la noble intervention de Mewtwo nous étions tous sauvés. Sardonis n'était plus que l'ombre de lui-même. Comment pourrait-il encore se relever dans son état ? Il n'avait eu que ce qu'il méritait. Pour ma part, j'exultais. Voyant que le Directeur de la Sécurité du Consortium agonisait, je considérais l'affaire comme gagnée. Le râle émis par notre adversaire ne faisait que renforcer ce sentiment de confiance. J'en profitai donc pour voir ce qu'était devenu mon brave Chamallot. Bien protégé dans les airs par sa bulle d'énergie, il semblait se rétablir rapidement. La substance qui l'entourait semblait en effet avoir un effet régénérateur. Décidément, ce pokémon Psy avait des pouvoirs surprenants. Il pouvait tuer d'une main tout en réparant les pires blessures de l'autre. C'était la deuxième fois qu'il me sauvait la vie, et à ce titre je lui vouais une reconnaissance tout à fait légitime. Pourtant, ses motivations me restaient totalement inconnues. Que faisait-il là ? Pourquoi était-il intervenu ? Surtout, je m'étonnais qu'il se soit laissé capturer par Sardonis. Après tout, il s'était montré durant le combat incroyablement plus puissant que le chef du Consortium. Pouvait-on réellement parler d'un combat d'ailleurs ? Sardonis n'avait porté strictement aucun coup à son adversaire humanoïde. Pendant que je me remettais de mes émotions, Mewtwo était resté immobile. Adoptant cette attitude olympienne qu'il appréciait tant, il toisait du regard ce qu'il restait de Sardonis. C'était un comportement pour le moins curieux, si ce n'est plus, de la part d'un vainqueur. Au lieu de revenir vers moi ou de s'approcher de Sardonis pour l'achever, ce noble esprit se contenta de croiser ses bras et d'attendre. Ce n'est qu'un porc-épic très zélé que je connaissais bien qui l'obligea à rompre ce stoïcisme obstiné. Après avoir recouvré sa liberté, le hérisson ne trouva en effet très vite rien de mieux à faire que de se mettre à foncer tête baissée sur le corps consumé du Directeur de la Sécurité. Il n'avait toujours pas perdu son regard haineux à l'égard de son ennemi. Fier comme il l'était, Sablaireau n'avait toujours pas digéré cette humiliation que Sardonis lui avait infligée quelques heures auparavant au rez-de-chaussée du Siège du Consortium. Mais c'était beaucoup m'avancer que de prétendre tout savoir de la psychologie des pokémons. Et pourtant, il fonça. Il fonça d'ailleurs si bien qu'en une poignée de secondes il avait parcouru toute la distance qui le séparait de sa cible. Son regard était de feu comme la braise et ses griffes de glace s'apprêtaient à administrer à Sardonis le coup de grâce. C'est alors qu'une chose invraisemblable se produisit sous mes yeux. Le chef du Consortium, moribond et que je pensais déjà mort, ria aux éclats. Mais cette voix qui s'esclaffait m'était inconnue. On ne retrouvait pas cette agressivité à laquelle j'avais été accoutumé durant ma captivité. Non, c'était quelque chose de différent. La voix était silencieuse et en même temps très forte. Elle exprimait une perversité différente, presque occulte, mais néanmoins tout aussi dérangeante sinon plus que celle du Sardonis que je connaissais. Instantanément, au premier mot qu'elle exprima, Mewtwo usa de ses pouvoirs télékinétiques pour attirer à lui le fougueux Sablaireau. Cela se fit en un instant, non sans que le porc-épic émette une grimace afin d'exprimer son mécontentement. Encore une fois, on lui refusait la tête de Sardonis ! Mais pendant ce temps, le mourant parlait distinctement. C'était comme si Mewtwo ne lui avait jamais porté le moindre coup. - Ah...Ahahah. Ahahahah.Chamallot était terrifié, craignant le retour de l'Ankou du haut de sa bulle. J'étais stupéfait. Mewtwo ne l'était pas le moins du monde. A ce rire dément, il répondit par une formule lapidaire qui transpirait la confiance. La confiance, il fallait bien avouer qu'il était le seul à la ressentir. - Je savais bien que tu finirais par apparaître. Tu ne m'auras pas une troisième fois !Cette réponse me laissait, pour ainsi dire, dans la confusion la plus totale. De quoi parlait-il ? Mais mon petit doigt me disait que je n'allais pas tarder à le savoir. En effet, immédiatement après, la voix mystérieuse s'exprima de nouveau. Plus exactement, elle se contenta de se remettre à éclater de rire. La seule différence, à la fois notable et négligeable, c'était que les rires ne cessèrent plus à partir de ce moment. Pire encore : ils ne faisaient que se renforcer au fur et à mesure que le temps s'écoulait. Mais au-delà de ces rires, je m'aperçus très vite que le corps de Sardonis commençait à s'entourer d'une brume de plus en plus épaisse. Et plus les rires déments étaient forts, plus la brume était épaisse. Que se passait-il ? La situation devenait de plus en plus incontrôlable. Je regardais le ciel nocturne. La Lune elle-même était devenue très difficile à discerner à cause de la brume. J'avais un mauvais pressentiment : tout cela ne me disait rien qui vaille. Surtout, tout cela me rappelait des choses que j'avais eu toutes les difficultés du monde à oublier. Mais je ne voulais pas y croire. Et pourtant, il le fallait bien. Dans la brume noire comme le cœur de Sardonis, on ne voyait maintenant plus à trois mètres devant nous. A un moment, deux yeux rouges émergèrent du Néant. Le rire cessa enfin. Ce ne fut en revanche pas le cas de cette voix, qui était devenue d'autant plus vicieuse qu'elle était à présent parfaitement audible. Elle continuait de s'esclaffer tout en nous narguant. - Navré de te décevoir mon petit Denaro, mais oui c'est bien moi.Ce que je redoutais le plus était finalement arrivé Nous étions en face de la Lune Noire. Cette créature maléfique qui avait tué tous mes amis d'Hoenn sur ce puits de pétrole de sinistre mémoire. Cette créature qui m'avait vaincu. Cette créature qui m'avait déporté dans le pire endroit du monde. Cette créature qui m'avait privé de mon pokémon. Cette créature, enfin, qui m'avait épargné sans que je sache vraiment pourquoi. Elle était là, et bien là. Ma conviction était devenue une certitude : elle partageait un lien avec le Consortium. Sinon, comment aurait-elle pu intervenir aussi vite ? Mais qu'avait-elle fait de Sardonis ? Elle semblait être apparue autour de lui, et avoir généré subitement cette brume mystérieuse. Au fond, toute cette perplexité qui m'assaillait pouvait se résumer en une seule question. Malgré ma peur, j'osai la lui poser avec audace. - Toi qui te fait appeler Lune Noire, qui es-tu ?Aussitôt, l'entité occulte éclata de rire une fois de plus. Cela semblait être une habitude, comme si elle souffrait de démence. Après avoir repris un sérieux somme toute relatif, l'être des ténèbres me répondit non sans une pointe d'ironie. - Moi ? Mais je suis le chef du Consortium !Cette réponse sonnait comme une incongruité. Cela allait en effet à contresens de tout ce que l'on m'avait appris, tant au Consortium que chez les Concordiens. Je ne pouvais m'empêcher de m'indigner face à ce qui ressemblait beaucoup trop à une tromperie grossière. N'étant pas un adepte de la théorie du complot, c'était même tout à fait naturel de penser cela. Après tout, quel crédit apporter aux propos d'un être qui ne révèle même pas son vrai visage ? - Tu mens ! C'est Sardonis le chef du Consortium. Il nous l'a dit lui-même. Arrête d'essayer de nous tromper !Après un énième éclat de rire, celui qui ne faisait qu'un avec les ténèbres se fit de nouveau entendre. Ce qu'il affirma alors ne fit que renforcer mon incompréhension. - Mais je suis Sardonis et Sardonis est moi.C'était inconcevable. Oui, inconcevable : qu'est-ce que cette ombre voulait dire par là ? J'avais beau retourner le problème dans tous les sens, je ne pouvais admettre une telle possibilité. - Tu mens encore une fois ! Si tu étais Sardonis, Mewtwo ne t'aurait pas terrassé aussi facilement.A chaque fois que je m'entêtais à contester les propos invraisemblables de cette entité maléfique, elle éclatait de rire. Puis, comme depuis le début de notre échange, elle consentait à me répondre en semblant s'amuser de moi. - Parce que tu crois vraiment qu'il m'a terrassé ? Sardonis n'était qu'un hôte, comme bien d'autres avant lui. Il n'est plus qu'un déchet. Et c'est là que tu entre en jeu, mon petit Denaro. Qu'est-ce que tu croyais ? Je ne t'ai pas épargné par pure philanthropie. Je t'ai choisi comme hôte. Si tu ne me crois pas, demande donc à Mewtwo ce qu'il en pense !La Lune Noire marquait un point. Si je ne pouvais être certain de sa sincérité, celle de Mewtwo en revanche ne pouvait être sujette à caution. Celui qui m'avait sauvé par deux fois ne pouvait être mauvais. Hélas pour moi, il opina positivement. La situation était plus grave que je le pensais. Cet être était tout simplement abominable. Il ne se contentait donc pas de dévorer l'âme des êtres. Il prenait également le contrôle des êtres humains et les utilisait comme des pantins afin d'accomplir ses volontés. Observant avec délectation mon désarroi, la créature reprit sur un ton plus menaçant. - Bien...Je sens le désespoir t'envahir. Tu as accepté la vérité. Je dois admettre toutefois que je vous ai sous-estimé, surtout toi Mewtwo. Je ne pensais pas qu'un être tel que toi qui déteste tant la race de Giovanni puisse s'abaisser à aider ces êtres insignifiants et leurs esclaves. Il est encore temps de revenir sur ta décision : ma proposition tient toujours. Tu t'en souviens, j'espère ?Ce véritable génie du mal tentait de le manipuler pour qu'il se retourne contre nous. J'ignorais pour ainsi dire tout des origines de Mewtwo et de ses motivations, mais je m'inquiétais de plus en plus. Le pokémon humanoïde, encaissant visiblement les propos de l'être des ténèbres, restait pourtant de marbre. Il était demeuré ainsi depuis l'apparition de cet adversaire mystérieux. Mais cela ne voulait rien dire. Je savais maintenant que cette indifférence de façade ne signifiait en rien une absence de réflexion. Qui pouvait savoir ce qu'il se tramait au fond de son esprit ? Celui qui nous avait sauvés pouvait tout aussi bien nous annihiler d'un instant à l'autre. Soudain, le puissant pokémon psychique se retourna vers moi et me fixa de ses yeux sévères qui voulaient à la fois tout et rien dire. Je voyais dans son regard une souffrance indicible, et en même temps un calme olympien. C'était comme si deux parties de lui-même s'affrontaient sans cesse. Puis, il se retourna de nouveau vers les immenses yeux rouges qui nous observaient constamment. Il répéta la manœuvre plusieurs fois, chaque fois plus vite. Vers qui allait-il se retourner pour déchainer la colère qu'il contenait dans les tréfonds de son cœur et de son âme. Il se retourna une dernière fois. C'était face à la Lune Noire. Il se mit alors à sourire, ce qui n'était pas bon signe, avant de prendre la parole d'un ton lyrique Oui, Lune Noire Je me souviens de ta proposition
J'ai longtemps haï Rudolph Estenia Lui qui me fit renaître Je détestais tant ce monde Où les hommes ont fait souffrir tant des miens Comme Giovanni me fit jadis souffrir Je voulais soit mourir soit l'anéantir
Ô Lune Noire Tu m'as tant donné Te souviens-tu de notre rencontre à Jadielle ? Tu m'as fait ressentir le souffle de la vie qui s'étiole Nous détruisîmes ensemble tant de vies Coupables de passivité devant le crime quotidien
Oui, Lune Noire Je me souviens de ta proposition L'holocauste de tous ces insignifiants L'holocauste de tous leurs esclaves Et à l'horizon, une seule chose La Justice Le sourire de Mewtwo était devenu malsain tandis que son visage s'était durci. Quant à moi, j'étais terrifié. Assimilant Mewtwo comme une menace, Sablaireau s'était instinctivement interposé entre l'être humanoïde et moi. C'était un rempart bien fragile face à un adversaire aussi puissant. Mais son courage et son dévouement semblait sans limite. Mewtwo se retourna alors vers moi. Il gardait la même attitude faciale qu'avec l'ombre. Elle était d'ailleurs subitement devenue silencieuse. Peut-être étudiait-elle l'attitude de Mewtwo avec intérêt ? Elle était seule à avoir la réponse à cette question. Le regard du mutant croisa pendant un long moment celui de Sablaireau. Et puis, à un moment, il finit par reprendre la parole. Toi aussi, petit pokémon Tu as été conçu par l'Homme Je vois cette souffrance au fond de tes yeux Tout comme tu la vois dans le fond des miens
Et pourtant, tu sers l'Homme Ce monde mérite-t-il d'être sauvé ? Tes yeux répondent oui D'autres yeux répondent non Je n'osais dire quoi que ce soit. Mewtwo soufflait le chaud et le froid, et le dilemme ne cessait de s'observer dans ses yeux. Après Sablaireau, ce fut mon tour d'être foudroyé du regard. J'éprouvais toutes les difficultés du monde à soutenir l'intensité du regard de ce pokémon tourmenté par des passions contraires et que la Lune Noire avait visiblement attisé depuis que Rudolph Estenia l'avait ressuscité. Mais je devais tenir. Je devais tenir pour Sablaireau. Je n'allais pas le laisser seul une fois de plus. Je devais tenir pour Chamallot. Si Mewtwo avait daigné sauver un de ces « esclaves » dont il parlait, comme Sardonis avait parlé avant lui et comme la Lune Noire parlait à présent, cela voulait dire qu'il avait une part de bonté. Il était capable de pardonner aux hommes les errements de quelques fous. Cela, je le croyais fermement. Et dussé-je mourir avec le vaste monde, mon trépas n'aurait pas été vain. Cinq bonnes minutes passèrent ainsi, à regardant l'enfer d'une vie de souffrance dans le regard du pokémon mauve. Finalement, Mewtwo trancha d'une bien étrange manière qui me donna probablement la frousse de ma vie. Brusquement, il leva en effet ses deux mains en l'air et chargea une boule d'énergie qui brillait comme le soleil. Elle grossissait à vue d'œil, jusqu'à atteindre une dimension considérable. C'est à ce moment qu'il fit une de ces formules autoritaires dont il avait le secret. - Je ne puis choisir. Un doute m'envahit. Mais j'ai cru entendre que certains des tiens croient en des dieux qui appartiennent à ma race. Un d'entre eux s'appelle Arceus, je crois. Je regrette Lune Noire, mais le regard de ces pokémons me perturbe. Alors c'est cet Arceus qui décidera pour moi !Tout à coup, Mewtwo se retourna vers la Lune Noire à la surprise générale et lui projeta la fameuse boule d'énergie lumineuse directement dans ses yeux. Au moment du choc, une quantité astronomique de lumière dissipa instantanément la brume et éclaira pendant quelques secondes le sol. Ayant perdu sa brume protectrice, la Lune Noire ne pouvait désormais plus se cacher. C'était une créature horrible, un véritable fantôme au visage terrifiant. Ses yeux étaient tout à coup devenus bleus comme le cristal. Sa tête était surmontée de ce qui semblait être une longue traînée de gaz blanc, même s'il était difficile d'en être vraiment sûr. En effet, tout le corps de la créature semblait immatériel. Après que l'obscurité nocturne soit revenue, Mewtwo interpella la créature ainsi dévoilée en l'appelant par son vrai nom. - Ainsi soit-il. Te voilà révélée à la lumière de la Justice, Lune Noire...ou plus exactement Darkrai ! Car tel est le nom que Rudolph Estenia t'a donné.Darkrai, puisqu'il fallait l'appeler ainsi maintenant que Mewtwo avait brisé le secret de son identité réelle, lévitait au-dessus du cadavre de Sardonis. Son regard glacial fixait Mewtwo sans émettre la moindre émotion. L'être des ténèbres reprit la parole. - Tu as choisi le camp des hommes ? Je ne m'y attendais pas. Une fois de plus tu me trahis, esclave. Et bien soit, tu périras comme tous les autres ! Le Xort'Majora se réveillera bientôt, et alors vous ne pourrez plus rien faire pour prévenir votre anéantissement. En attendant...je dois me débarrasser de vous. Vous ne m'avez que trop fait perdre mon temps.A ces mots, Darkrai se mit à voler à toute vitesse en direction de la bulle où se trouvait toujours Chamallot. Une fois de plus, il s'attaquait au plus faible d'entre nous. Ce lâche ne respectait décidément aucune morale. Mais quoi de plus logique pour quelqu'un comme la Lune Noire qui absorbe les vivants et se moque bien de la mort pour l'infliger tous les jours qu'Arceus fait ? D'un bond, Mewtwo fonça alors sur celui qui avait une première fois tenté de tuer le frêle Chamallot et qui retentait une seconde fois sa folle entreprise. A l'instant précis où Darkrai allait projeter une boule d'énergie obscure qu'il avait chargée durant son ascension vers les cieux, le courageux pokémon s'interposa. Ayant lui aussi concentré une boule d'énergie, cette fois psychique, il la projeta au même moment sur celle élancée par son adversaire. Le choc entre les deux attaques, de force égale, fut si violent qu'il fit voler en éclat la bulle de Chamallot. L'infortuné pokémon était à présent en chute libre. Aussitôt, vif comme personne, Sablaireau se mit à courir en sa direction et parvint à le récupérer in extremis avant qu'il ne s'écrase lamentablement sur le sol. Ce bon samaritain déposa finalement le petit chameau, qui me rejoignit en courant. Ses yeux perlaient de larmes de bonheur : enfin, nous étions réunis. Cette scène, véritable oasis de soleil dans une éternité de sang et de larmes, réussit à me faire oublier temporairement le combat qui se tramait dans les cieux. Darkrai et Mewtwo : les deux pokémons menaient un combat apocalyptique l'un contre l'autre. Le premier balançait des rafales de boules d'ombre à Mewtwo, tandis que ce dernier répondait par des rafales de boules d'énergie psychique à une égale intensité. Puis, de temps à autre, le pokémon humanoïde se téléportait pour tenter de feinter la Lune Noire. A chaque fois, cela échouait. Mais à chaque fois, il recommençait. Le bruit de la fureur déchaînée par les deux combattants trouvait un écho jusqu'à nous trois, devenus une fois de plus simples spectateurs d'un affrontement qui nous dépassait. Toutefois, après un quart d'heure de combats aériens, les deux belligérants décidèrent de poursuivre sur le sommet de la tour. A cet instant, Sablaireau, qui n'attendait que cela comme à son habitude, se jeta littéralement sur Darkrai. Occupé à parer de nouvelles rafales de Mewtwo, la créature maléfique ne put esquiver le coup. Il ne lui infligea pourtant aucun dégât. Le hérisson retenta le même assaut à de multiples reprises. Le résultat fut toujours le même, c'est-à-dire un échec cuisant. C'était comme si la Lune Noire ne pouvait être vaincue par des attaques physiques. Une demi-heure plus tard, les deux ennemis stoppèrent net le combat. A une cinquantaine de mètres l'un de l'autre, ils se fixaient du regard tout aussi impassibles l'un que l'autre. Quant à moi, j'avais eu toutes les peine du monde pour trouver un endroit à peu près à l'abri de leurs attaques mortifères. Deux minutes passèrent ainsi. Darkrai finit par prendre la parole. - Tu es moins faible que je le pensais. Ta rage de vaincre décuple ta puissance.Mewtwo eut alors une réponse cinglante, tout en continuant de foudroyer la Lune Noire du regard. - C'est parce que j'ai une revanche à prendre sur l'Histoire.Prendre une revanche sur l'Histoire : à bien y réfléchir, il était vrai que le combat que livrait Mewtwo était bel et bien celui contre lui-même. J'avais bien vu plus tôt comment la Lune Noire avait tenté de jouer sur cette dualité entre un Mewtwo du passé, vengeur, et un Mewtwo du présent, qui voulait devenir un pokémon comme un autre. C'était comme si ce combat, fut-il pour la sauvegarde de ce que chaque humain et chaque pokémon chérit le plus, était avant tout une thérapie. Il devenait presque touchant à force ce pokémon créée par les plus sinistres savants du Consortium et, avant eux, de la Team Rocket. Car oui, ce qu'il se cachait aussi derrière tout cela c'était l'occasion unique qui nous était offerte d'abattre une bonne fois pour toutes le Consortium. Mais cela n'allait pas être simple, car jusqu'ici Mewtwo n'avait parvenu qu'à faire jeu égal avec la Lune Noire. Il allait en falloir plus pour le terrasser. Oui, il en faudrait bien plus. Je regardais le ciel. L'aube se levait : peut-être était-ce un signe de bon augure. Après tout, le jour ne chasse-t-il pas la nuit ? En tout cas, les belligérants continuaient de s'affronter. Ils ne le faisaient certes plus par les armes pour le moment, mais le verbe constituait aussi une arme de choix pour affaiblir l'adversaire. Après Mewtwo, ce fut au tour de Darkrai de prendre la parole. Mais cette fois, cela n'allait pas être pour complimenter la valeur combattive de son adversaire. Ses paroles furent lourdes de conséquences. - Tu ignores juste un détail : l'Histoire, c'est moi qui la fais ! Et je sais précisément ce que les êtres tels que toi redoutent le plus. Venez à moi, Xort'Udur ! A ces mots, depuis les quatre points cardinaux des formes étranges apparurent en masse. Très rapidement, ces formes devinrent des sortes de fantômes noirs avec des têtes d'hommes au fur et à mesure qu'elles se rapprochaient de leur maître. Ce qu'ils étaient, je l'ignorais totalement. Etait-ce des sortes de spectres ? Je n'eus pas le temps de me poser davantage de questions métaphysiques. En effet, la Lune Noire donna auxdits Xort'Udur une mission. - Mes chers amis, je sais que vous avez faim et que vous aimeriez de nouveaux compagnons. J'ai ici de la chair fraîche rien que pour vous. Et n'hésitez pas à prendre votre temps de bien savourer le petit chameau qui se trouve au fond. Il a beaucoup couru, alors il sera sans nul doute très juteux à manger.Chacun des mots de la Lune Noire était un concentré de sadisme et de cruauté. Aussitôt, des milliers de spectres déferlèrent en ma direction tandis que Darkrai s'occupa de reprendre avec une sauvagerie renouvelée son combat contre Mewtwo. Il était pris au piège. Le pokémon humanoïde aurait voulu pouvoir nous aider, cela se voyait sur ses yeux. Mais s'il le faisait, Darkrai ne manquerait pas d'en profiter pour l'abattre comme un chien par derrière. Moi, Sablaireau et Chamallot étions tous trois impuissants face à ces adversaires inconnus. Ils nous encerclaient à présent et commençaient à chanter des psaumes occultes qui me donnaient un vertige et un mal de crâne abominable. Chaque seconde, chaque minute qui passait rendait plus proche le moment où j'allais perdre connaissance. Dans un ultime effort, je réussis à demander de l'aide à Mewtwo même si je ne me faisais pas beaucoup d'illusions. - Mewtwo...Aide-nous !Soudain, dans un courage inouï, Mewtwo rompit sa garde avec Darkrai pour foncer tout droit vers les Xort'Udur qui nous assaillaient de toutes part. La Lune Noire, comme je le redoutais, en profita pour lancer des rafales de boules d'énergie dans le dos du mutant. Mais contrairement à toutes mes prévisions, il réussit à les esquiver in extremis avant de débouler droit vers nous. Dans sa course effrénée, il se recouvrait progressivement d'une impressionnante aura d'énergie psychique. A un moment, la quantité d'énergie qui le recouvrait était d'ailleurs devenue telle que cela lui donnait l'apparence d'une météorite. En arrivant au contact, les spectres furent obligés de se disperser de peur d'être anéantis. Puis, sans prendre la peine de se reposer un instant, il nous ceintura tous les trois à l'aide de ses grands bras avant de se propulser à toute vitesse dans les airs. Finalement, il nous déposa à l'autre bout du toit du Siège du Consortium. Cela ne manqua d'ailleurs pas de désarçonner la Lune Noire, qui ne s'attendait nullement à ce que Mewtwo soit encore capable après tant d'énergie dépensée à faire des efforts aussi insensés. Mais ce sauvetage ne constituait hélas qu'un répit éphémère. Devant nous, Mewtwo transpirait. Sa respiration était devenue haletante, signe qu'il fatiguait. Et pendant ce temps, les Xort'Udur se regroupaient autour de leur maître. La Lune Noire jubilait de l'état dans lequel se trouvait son adversaire. Il se rapprochait maintenant de nous tout en riant bruyamment. Puis, une fois arrivé à proximité, il se mit à narguer le fier pokémon psychique. - Que tu es pitoyable...Tu croyais vraiment que tes pouvoirs insignifiants allaient suffire à me terrasser ? Ton obstination à vouloir protéger ces trois cloportes te perdra.Mewtwo ne pouvait en entendre davantage. Malgré la fatigue, la colère lui donna un regain d'énergie qui lui permit de foncer sur Darkrai et les fantômes qui l'accompagnaient. Dans le feu de l'action, il répondit avec une détermination sans failles à l'être des ténèbres qui s'acharnait décidément à vouloir briser sa combattivité. - Ils valent bien plus que toi !Le combat avait repris de plus belle. A chaque coup porté par Mewtwo, des Xort'Udur se déchiraient littéralement en deux. Mais à chaque fois, ils se reconstituaient en riant. Et pendant que le courageux mutant s'acharnait à mener des assauts chaque fois plus redoutables, sa fatigue se faisait de plus en plus sentir. Darkrai le voyait parfaitement. C'était d'ailleurs pour cela qu'il s'obstinait à esquiver tous les coups que pouvait tenter de lui porter le pokémon mauve. Tout en se cachant lâchement derrière ses esclaves fantomatiques, il continuait de narguer celui qui avait choisi le parti de la vie. - Tu es déjà vaincu. Bientôt, tu tomberas et mes Xort'Udur pourront se charger de tes petits amis. Seule ta vanité retarde l'échéance.Les mouvements de Mewtwo devenaient de plus en plus lents et maladroits. Il n'avait plus la force de concentrer davantage d'énergie ou de porter d'autres coups. Surtout, les Xort'Udur aspiraient à présent de folles quantités d'énergie qui affaiblissaient encore davantage le pokémon psychique. A un moment, reconnaissant sa défaite, il se téléporta juste devant nous pour reprendre son souffle. Il avait mis un genou à terre, et son visage n'exprimait plus que la douleur accumulée par un effort trop prolongé. Une fois de plus, les Xort'Udur se regroupaient. Une fois de plus, ils allaient nous submerger comme ils avaient tenté de le faire par deux fois déjà. La situation semblait rigoureusement identique à celle qui avait cours il y a plusieurs minutes. Et tandis que Mewtwo s'épuisait dans des attaques épuisantes, les Xort'Udur semblaient dans le même état que lorsque la Lune Noire les avait invoqué. C'était comme s'ils étaient invulnérables. Darkrai devait probablement être la source de leur pouvoir, mais il se dérobait à chaque fois que Mewtwo tentait de le toucher. L'heure de l'assaut final était venue. La Lune Noire ordonna à ses fantômes d'en finir. Aussitôt, ils foncèrent vers nous dans des cris stridents. Dans un ultime effort, Mewtwo allongea ses bras en direction de nos adversaires tout en lâchant quelques mots avec toutes les difficultés du monde. Il semblait les adresser autant à lui-même qu'à la Lune Noire. - Non...Ce n'est pas...fini !Puis, un épais bouclier d'énergie psychique se forma tout autour de nous. Quelques secondes après, Mewtwo s'écroula. Choqué par ce qu'il venait de se passer, je ne pus m'empêcher de crier pathétiquement. - Non, Mewtwo !En arrivant au contact avec le bouclier, les Xort'Udur furent brutalement repoussés à quelques mètres de là. C'était à présent la seule protection que Mewtwo nous avait légué avant de défaillir. C'était la seule chose qui nous séparait de l'anéantissement. La Lune Noire, qui s'était enfin avancée devant ses spectres, riait aux éclats. Puis, elle prit la parole avec son regard froid comme la glace. - Enfin, il n'est plus de ce monde. Il ne pourra plus rien faire pour vous aider à présent. Ce n'est pas ce pitoyable mur qui va pouvoir vous sauver très longtemps.J'étais indigné. Mewtwo était mort ? Non, cela ne pouvait être possible. Mais je n'eus pas le temps de pleurer à la mort, réelle ou supposée, de mon sauveur. En effet, très vite les Xort'Udur se regroupèrent à nouveau. Puis, après s'être concentrés, ils déferlèrent tous ensemble sur le bouclier psychique. Cette fois, ils ne visaient qu'un point unique. Lorsqu'ils arrivèrent au contact, ma stupeur fut totale. Avec une simplicité déconcertante, ils percèrent le mur d'énergie qui vola alors en éclat. Les Xort'Udur ne se trouvaient plus qu'à quelques centimètres de nous. Ils étaient sur le point de nous anéantir. Je serrais les dents. Tout semblait maintenant perdu. Qu'allait-il advenir de nous ?
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| | | L'Illustre Aegir Membre
Messages : 38 Date d'inscription : 21/05/2014 Age : 32 Localisation : Stralsund, 1757
| Sujet: Chapitre XXIX - L'Holocauste Jeu 22 Mai - 20:29 | |
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3 Mai - 4 AM Narrateur : Denaro Wolf Je n'avais jamais vu la mort d'aussi près. Mewtwo ne pouvait plus m'être d'aucun secours. Si ce puissant pokémon avait échoué à vaincre ces créatures, qui pourrait en être capable ? En cet instant, j'avais accepté un trépas qui semblait inéluctable. Je fermai donc les yeux. Soudain, une détonation se fit entendre juste devant moi. Pris de surprise, j'ouvris de nouveau mes globes oculaires. Quelle ne fut alors ma surprise de voir des éclairs jaillir du ciel et vaporiser avec une précision chirurgicale mes assaillants. Je venais de m'apercevoir que le ciel s'était subitement recouvert de nuages noirs, symptôme de cet orage violent qui se déchainait à présent. A chaque choc avec les esclaves de la Lune Noire, plusieurs d'entre eux disparaissaient dans un cri strident. La puissance de ces éclairs était incommensurable. Mais ce qui m'étonnait le plus, c'était qu'ils ne semblaient viser que mes adversaires. La foudre ne tombait en effet qu'autour de moi, non sans que je manque à plusieurs reprises de finir rôti comme un magicarpe. En l'espace de quelques secondes, les milliers de Xort'Udur qui s'apprêtaient à m'anéantir tantôt avaient tous été désintégrés. Etonné, je l'étais assurément. Qui ne le serait pas ? Mais Darkrai l'était plus encore. Devant ce spectrocide dont il venait d'être témoin, il se mouvait dans tous les sens tout en hurlant des insanités dans je ne sais quel volapuk. Lorsqu'il redevint enfin immobile, les décharges électriques venues des cieux reprirent de plus belle. Cette fois, elles le visaient. A chaque fois, elles le manquaient de peu. Pour survivre à son mystérieux agresseur, le pokémon ténébreux s'était mis à slalomer entre les éclairs à la manière d'un cycliste. Cela n'était pas sans avoir quelque aspect comique. J'avais toutes les difficultés du monde pour ne pas rire aux éclats. Mon hilarité, tout comme celle des deux pokémons qui m'accompagnaient, finit d'ailleurs par prendre le dessus. Voyant cela, l'être d'ombre s'énerva encore davantage. Ce qu'il se produisit ensuite me fit nettement moins rire. Profitant d'un couloir qui s'était entrouvert dans le bombardement électrique dont il était la cible, Darkrai fonça en effet vers moi. Puis, comme pour me surprendre, il disparut soudainement avant de réapparaître juste derrière moi. Il mit alors ses bras spectraux sur mes épaules. Ils étaient si froids que mon sang sembla comme se figer. En un instant, je m'étais retrouvé une fois de plus à sa merci. Les orages avaient cessé. Quant au pokémon maléfique qui m'empêchait de bouger à cause de la terreur que son contact m'inspirait, il adopta son traditionnel sourire narquois avant de siffloter quelques mots dans mes oreilles. - Tu fais moins le malin maintenant, n'est-ce pas ?Aussitôt, il leva sa tête vers le ciel orageux et se mit à lui parler. Oui, c'est précisément cela que Darkrai fit : parler au ciel. Voilà qui ne faisait qu'achever de me convaincre que cette créature était complètement folle. - Et toi là-haut, arrête de te cacher ! Je sais parfaitement qui tu es, alors montre-toi ! J'ai le petit avec moi, alors je te conseille de ne pas faire le malin. Qui sait ce qu'il pourrait lui arriver...L'ironie de la Lune Noire était détestable. On ne savait jamais vraiment si ce qu'elle disait était de l'ordre de la menace ou du trait d'esprit. Pourtant, il me fallait bien avouer que ses propos ne furent pas sans conséquence sur la suite des évènements. En effet, une lumière aveuglante perça aussitôt dans l'épais voile nuageux qui gouvernait les cieux. Ce n'est qu'à ce moment-là que la vérité émergea enfin du Néant. Un nouvel éclair fondit des cieux en ma direction. Il était beaucoup plus épais, beaucoup plus puissant, et surtout beaucoup plus étincelant que les précédents. Ce qu'il se passa ensuite fut extrêmement confus. En arrivant en contact avec cette force de lumière, je perdis en effet conscience aussitôt sous l'effet de l'électricité. J'entendis simplement un bruit derrière moi qui devait être celui de la Lune Noire, touchée de plein fouet par la foudre. Lorsque je finis par me réveiller, j'étais sur le dos d'un être qui dégageait une folle quantité d'électricité statique. Après avoir entrouvert les yeux, j'étudiai avec attention le corps de ce mystérieux sauveur. Il avait le corps d'un oiseau, avec des ailes et des griffes acérées. Pourtant, ses plumes n'étaient similaires à celles d'aucun oiseau que je connaissais. Dures comme l'acier et piquantes comme le dos de Sablaireau, elles étaient insensibles au vent. Mais il y avait plus étonnant encore. En regardant ce qu'il se passait en dessous, je fus pris d'un vertige soudain. Nous nous trouvions à plusieurs dizaines de mètres d'altitude par rapport au sommet du Siège du Consortium, qui était lui-même à plusieurs centaines de mètres de la terre ferme. Je manquai de défaillir et de toucher de ce destrier électrique qui m'avait recueilli. Heureusement, un jeune homme m'attrapa par la main afin que je retrouve l'équilibre. Je n'étais donc pas seul ! Je me retournai pour remercier ce nouveau sauveur, tout honteux d'avoir une fois de plus mis mon existence en danger. Décidément, cela commençait à devenir une habitude. Le garçon était un aveugle vêtu tout de gris avec une écharpe bleu ciel autour du cou. Il me sourit, avant de se retourner et de prendre un pokémon que je connaissais bien dans ses mains délicates de pianiste. En regardant l'arrière du dos du volatile, je me rendis d'ailleurs très vite compte que j'étais loin d'être le seul puisque Sablaireau se trouvait également derrière le jeune aveugle. Après m'avoir tendu mon mignon petit Chamallot qui s'empressa alors de grimper sur mon épaule, il me dit amicalement quelques mots. - J'ai cru comprendre que ce pokémon était à toi.Je me devais de remercier une seconde fois ce brave homme. Je le fis donc. - Merci, mais dis-moi comment sais-tu que je suis le maître de ce Chamallot ?L'aveugle, qui ne semblait aucunement souffrir de sa cécité, se mit alors à sourire. Il répondit ensuite, sans jamais perdre sa jovialité. - Electhor m'a appris beaucoup de choses sur toi, tu sais ?Electhor ? Ce nom ne me disait rien. Je ne pouvais m'empêcher de poser une question pleine de naïveté à mon nouvel ami. - C'est qui Electhor ?Il répondit aussitôt, avant de se mettre soudainement à paniquer. - Mais tu es sur lui ! C'est le dieu de la foudre et...Attention, il revient !En effet, je voyais à ma gauche une silhouette familière fondre vers nous. C'était Darkrai, et j'étais sa cible. Cela ne faisait aucun doute. Avec toutes ces découvertes, j'avais presque fini par oublier jusqu'à son existence. La créature ténébreuse vociférait dans les airs. - Misérable petit impudent de couleur jaune. Je déteste qu'on se mette entre moi et mes repas !Il allait sans dire que c'était moi le repas. Aussitôt, le volatile que le jeune aveugle avait appelé Electhor fit une pirouette aérienne pour esquiver les multiples boules d'énergie sombre que Darkrai lui avait lancées. Les manœuvres que s'acharnait à effectuer avec virtuosité l'oiseau de l'électricité étaient d'ailleurs tellement violentes que j'avais du mal à ne pas lâcher prise. Toutefois, elles eurent au moins le mérite de m'aider à voir un peu mieux la tête de ce pilote de chasse sur lequel je siégeais. Sur le sommet de sa tête, un galegon trônait. Il semblait imperturbable, ce qui était quelque peu étonnant. En effet, du fait de son poids la gravité aurait dû le desservir. Décidément, il y avait vraiment des créatures intrigantes dans le vaste monde. Il faut croire que j'avais beaucoup de choses à apprendre sur les pokémons. Bref : comme à son habitude, Darkrai était furieux. Lorsqu'Electhor redevint stable, il faisait face au pokémon de l'ombre. Les deux êtres s'échangèrent alors des amabilités dans une langue inconnue, que le jeune aveugle me traduisit. - Alors en gros, la Lune Noire dit qu'Electhor n'aurait jamais dû sortir du Monde Distorsion même si cela ne le surprend pas vraiment que Noctale l'ait trahi. C'est une tapette.Etonné d'entendre une telle grossièreté de la bouche d'une âme si noble, je me retournai soudain vers lui. Je le regardais avec des yeux globuleux, ce qui n'était pas sans le gêner quelque peu. Adoptant un sourire niais au possible, il répondit dans le même esprit que ce que son visage exprimait. - Bah quoi, pourquoi tu me regarde comme ça ? Je ne fais que retranscrire ce que dit cette pourriture, ne le prend pas pour toi.Il rit aussitôt de nervosité. J'étais face à un individu bizarre, vraiment bizarre. Après quelques autres échanges de mots doux, l'affrontement reprit de plus belle. Virevoltant au zénith des cieux, Electhor agitait ses ailes pour projeter des décharges électriques sur Darkrai tandis que le dévoreur d'hommes le bombardait de boules d'énergies noires comme la nuit. A un moment toutefois, grâce à un mouvement bien orchestré, Electhor réussit à surprendre son adversaire par derrière et à lui administrer un coup d'aile d'une puissance phénoménale qui le projeta violemment sur le sol du sommet de la tour du Consortium. C'était la première fois depuis le début du combat, qui l'opposait d'abord à Mewtwo puis maintenant à Electhor, que la Lune Noire avait subi des dégâts. Comme pour ne laisser aucun répit à cet être qui avait déjà prouvé à de maintes reprises sa fourberie, le pokémon oiseau effectua ensuite une attaque en piqué. Nul doute qu'il escomptait empaler Darkrai à l'aide de son bec pointu et en finir une bonne fois pour toutes. Malheureusement, le vainqueur de Mewtwo se releva bien vite et réussit à esquiver in extremis le coup d'Electhor, qui s'écrasa alors avec moult fracas sur le sol bétonné du sommet du Siège du Consortium. Le choc fut tel que le volatile réussit à percer le béton et à transpercer plusieurs étages de la tour, non sans déranger divers miliciens qui furent réveillés dans leur sieste. Lorsqu'Electhor arrêta enfin de jouer à la perceuse électrique, il faisait face à un soldat en caleçon qui s'exclama de terreur. - Ah ! Qu'est-ce que c'est que ce truc ! Maman, je démissionne !Il s'enfuit aussitôt, mais le dieu de la foudre n'en avait cure. Après avoir endommagé accidentellement le bâtiment, il remonta sur le sommet et atterrit avec fracas sur le sol encore intact. Un trou béant le séparait de Darkrai, qui feintait d'être abasourdi. Il fit semblant de s'indigner, mais c'était bien trop théâtral pour être crédible. En réalité, une fois de plus il se fichait de nous. Voir des gens mourir, cela semblait l'amuser au plus haut point. Je retrouvais bien là tout le sadisme qu'il avait déjà fait preuve lorsqu'il se cachait encore dans le corps de Sardonis. - Non regarde ce que tu as fait, sombre idiot ! Ça se prétend protecteur des hommes, et ce n'est même pas foutu de respecter les maisons des gens ? Ceci dit, en y réfléchissant j'espère que tu en as tué quelques-uns. Ces fumistes commençaient à me taper sur le système. Mais revenons à nos moutons ! Nous n'en sommes encore qu'au début.Mais tandis qu'Electhor s'attendait à une nouvelle et chargeait son énergie électrique au point d'en laisser échapper des mégawatts entiers autour de lui, Darkrai se contenta de se téléporter tout près du corps gisant de Mewtwo. Le dieu de la foudre fronça les yeux, avant de s'adresser à la Lune Noire sur un ton menaçant. Cette fois, il le faisait dans la langue des hommes. C'était la première fois qu'il le faisait, en tout cas la première fois depuis mon sauvetage. Pour le passé, le garçon aveugle en savait peut-être plus. - Qu'essayes-tu de faire, Darkrai ?En entendant la question de son ennemi, la Lune Noire éclata de rire. C'était encore un de ces rires maléfiques, puants de perversité. Puis, il répondit ironiquement à Electhor. - Ne te montre pas plus stupide que tu ne l'es. Tu sais parfaitement ce que je vais faire.Un nouveau rire démoniaque s'ensuivit. Le volatile étincelant n'avait pas vraiment apprécié cette réponse, et c'était un euphémisme de le dire. Sa colère grandissait. A présent, de dangereuses ondes électriques se propageaient dans tout le champ de bataille. Il reprit la parole avec un ton encore plus menaçant que précédemment. - N'essaie même pas !Darkrai éclata une nouvelle fois de rire. Décidément, cela devenait agaçant à la fin. Quant à sa réponse, il fut tout aussi ironique et moqueuse que la précédente. - Je vais me gêner. Allons, cela va rendre notre petite joute encore plus divertissante. Après tout, puisque tu as retrouvé la lumière du soleil il serait dommage de ne pas fêter ça par un beau feu d'artifice.Que voulait-il dire par feu d'artifice ? En tout cas, subitement et sans laisser le temps à Electhor de réagir, Darkrai se transforma en onde gazeuse et se mit à entourer le corps du mutant mauve avant de pénétrer dans ses narines. Darkrai, tout du moins son corps physique, avait disparu. Un silence glaçant s'installa ensuite pendant plusieurs secondes, avant que les yeux de Mewtwo ne s'ouvrent de nouveau et que son corps ne se remette à bouger. Lorsque finalement il se releva, ses yeux étaient devenus écarlates. Quant à son apparence, elle était légèrement différente de celle du Mewtwo que je connaissais. En effet, un tatouage noir en forme de V était apparu progressivement. Surtout, un signe étrange sur le front du pokémon psychique interpella le garçon aveugle. Trois V rouges y figuraient. Pris de terreur, il s'exclama. - Trois V rouges...Non ça ne peut pas être ça !Quant à moi, naïvement, je m'adressai directement au Mewtwo ressuscité. - M...Mewtwo c'est bien toi ?Il me fixa quelques instants, avant d'éclater de rire. Il me répondit ensuite. - Tu es vraiment sans espoir, mon petit Denaro. Tu n'as toujours rien compris ? Je t'aurais bien fait un cours, mais de toute façon ça ne servirait à rien. Bah oui, puisque tu vas mourir...maintenant !Sans avoir à concentrer son énergie, le nouveau Mewtwo qui était de toute évidence possédé par la Lune Noire, déclencha une déflagration noire et mauve de la taille du rayon d'explosion d'une bombe atomique. Electhor, vif comme l'éclair, n'eut qu'à peine le temps de s'envoler au loin pour être hors de portée de ce nouveau coup fourré que Darkrai avait prévu pour nous. Le choc de l'attaque fut d'une violence inimaganible. En plus d'achever de détruire ce qu'il restait du sommet du Siège du Consortium, l'onde de choc détruisit également sur plus de cinquante mètres une des façades de la tour. Des tonnes d'obsidienne déferlèrent sur d'innocentes maisons qui se trouvaient tout en bas, ne laissant rien subsister. Le mutant corrompu par les ténèbres éclata alors de rire, comme satisfait par l'acte criminel qu'il venait d'accomplir. Nous n'en étions encore qu'au début. Avant de nous vociférer dessus, il s'envola dans les cieux afin de se mettre à la même hauteur qu'Electhor. - Regardez comme c'est amusant. Vous ne voulez pas venir ? Je saurais vous y contraindre.Aussitôt, il joignit ses mains au-dessus de sa tête avant de charger une immense boule d'énergie. Elle semblait être un mélange d'énergie psychique et ténébreuse dans la mesure où elle n'était pas d'une couleur uniforme. Deux couleurs se mélangeaient en effet, et ce dans des proportions à peu près égales. La première était un mauve très vif qui rappelait inconstestablement les pouvoirs psychiques de Mewtwo. La première était noire comme l'ébène : cela devait être le pouvoir corrupteur de la Lune Noire. La sphère nous inspirait à tous une terreur non dissimulée. Electhor était aux aguets, mais encore une fois son adversaire le feinta. Au lieu de la projeter sur lui, ce fou la projeta sur une autre cible : la tour du Consortium elle-même. Le choc fut encore plus intense que celui causé par la première attaque de cet hybride entre Mewtwo et Darkrai. Cette fois, la tour fut touchée dans ses fondations et commençait à s'effondrer sur l'artère principale de Doublonville. Une ombre immense commença alors à recouvrir la plus grande ville de Johto. Une tour de plusieurs centaines de mètres, avec à l'intérieur une centrale thermique et probablement des explosifs, allait bientôt entrer en contact avec des millions de vies innocentes. Même à plusieurs centaines de mètres d'altitude, nous observions en temps réel la panique des habitants. Les citadins sortaient de leur maison. Les voitures rebroussaient chemin pour fuir le plus loin possible, tout en s'encastrant bien souvent dans des camions qui avaient le même objectif. D'une minute à l'autre, Doublonville allait être rayée de la carte. Nous observions les conséquences de l'horreur incarnée qu'était la Lune Noire avec horreur. En particulier, le garçon aveugle en souffrait plus que les autres. Des larmes perlaient de ses yeux. Il apostropha avec colère Electhor. - Tu dois faire quelque chose ! On ne peut pas le laisser faire ça.Mais le dieu de la foudre restait stoïque. C'était tout le contraire du mutant, qui hurlait de démence. - J'ai attendu ce jour depuis si longtemps, Electhor. Depuis ce funeste jour où vous m'avez banni. Regarde, Electhor. Regarde tes petits protégés mourir. Tu aimerais les sauver, n'est-ce pas ? Tu aimerais empêcher le destin. Mais tu sais que tu ne le peux pas, car si tu empêches la tour de s'écrouler je te tuerais. Ce n'est qu'un avant-goût de ma vengeance implacable, mais en attendant tu as le choix mon cher dieu de la foudre. Que feras-tu ? Mourir pour tes idéaux ou regarder le monde agoniser ?Chaque mot, chaque syllabe de ce véritable génie du mal agissait comme un venin. Paradoxalement pourtant, cela ne faisait qu'accroître la colère d'Electhor. Sa concentration électrique ne faisait que se renforcer. Soudain, il releva la tête et se mit à hurler de rage. Une véritable sphère d'électricité nous entourait à présent. Elle ne faisait que grossir, jusqu'à ce que le point de non-retour soit atteint. Dans un hurlement encore plus fort que les précédents, l'oiseau étincelant projeta plusieurs millions de volts dans toutes les directions, y compris celle du Mewtwo corrompu. En voyant ce déchainement soudain de la fureur d'Electhor, Mewtwo répliqua aussitôt par une nouvelle onde de choc psychoténébreuse [1]. Lorsque les deux déflagrations arrivèrent au contact, elles firent tout d'abord jeu égal. Les deux pokémons ne faisaient que se fixer tout en serant les dents ou, pour le cas du maître incontesté de l'électricité, le bec. Régulièrement, ils augmentaient la puissance de l'énergie qu'ils libéraient l'un vers l'autre. Et plus cette puissance augmentait, plus le rapport de force entre les deux ondes de choc devenait instable. Tantôt, Electhor semblait prendre l'avantage. Tantôt, c'était l'inverse. Nous avions, à chaque instant, la peur d'être annihilés. Mais la Lune Noire semblait commencer à faiblir, même si elle refusait de l'admettre. A un moment, elle s'adressa à notre protecteur. - Je vois...que tu n'as rien perdu de tes...talents, Electhor. Mais c'est...trop tard.Finalement, après un dernier soubresaut en notre défaveur, le dieu de la foudre eut le dernier mot. Dans une dernière augmentation d'énergie que le mutant mauve et noir fut incapable de soutenir, il balaya l'onde de choc de son adversaire et son attaque le toucha de plein fouet. Sous la puissance inimaginable du coup qu'il venait d'encaisser, la Lune Noire fut projetée dans l'horizon. Elle avait disparue. Nous l'avions emporté. Mais c'était trop tard. A cet instant précis, la tour du Consortium s'effondra définitivement sur la grand-rue de Doublonville. Les derniers piliers qui soutenaient encore l'édifice se brisèrent finalement. Au contact avec le sol, un séisme phénoménal se propagea dans toute la ville. Les routes se délitèrent. Les arbres furent arrachés. Les maisons, en briques comme en béton, furent aussitôt détruites en ne laissant subsister que les fondations. Mais le pire restait encore à venir. Très rapidement après le déclenchement du séisme, la tour implosa littéralement. Le métal en fusion de la centrale thermique venait d'entrer en contact avec les fameux explosifs. Je craignais leur existence. Elle était maintenant attestée. Dans un nuage de fumée rouge et jaune, l'explosion se propagea à toute la cité. Elle était déjà ravagée. Maintenant, elle venait d'être rayée de la carte. Les rares bâtiments qui avaient pu résister au séisme n'avaient pas résisté à cette véritable atomisation qui venait de se dérouler sous nos yeux. Je fondis en larmes, traumatisé par ce spectacle de fin du monde. En un instant, par la folie criminelle d'un psychopathe, la plus grande ville du monde connu avait été anéantie. Les derniers recensements démographiques que j'avais lu, lorsque je servais encore ce maudit Consortium, parlaient de près de dix-huit millions d'habitants. Y avait-il ne serait-ce que dix survivants ? Rien n'était moins sûr. Si j'étais anéanti, le jeune aveugle l'était encore plus. Dans sa souffrance, il hurlait de rage tout en prenant le dieu de la foudre à témoin. - Electhor, pourquoi ne poursuis-tu pas ce monstre après tout ce qu'il a fait ? Il doit payer pour ses crimes !Le volatile, qui avait difficilement réussi à vaincre la Lune Noire et semblait éreinté, ne répondit pas tout de suite. Il avait baissé d'altitude, désireux d'évaluer de plus près les dégâts. La situation était encore plus horrible de près que de loin. L'odeur était épouvantable. Cela ressemblait à un mélange d'essence, de soufre et de cadavres calcinés. Cette puanteur était tellement insoutenable que nous nous étions tous bouchés le nez, humains comme pokémons. Seul Electhor ne semblait ne pas en être affecté. Quant à la tour du Consortium, ses débris s'étalaient sur toute la longueur de la grand-rue. Des étages entiers avaient été séparés de la structure du bâtiment. Certains étaient à même le sol, d'autres avaient atterri sur ce qui était jadis des hôtels ou des magasins. Mais partout, les cadavres pourrissaient dans la fumée encore chaude dégagée par la combustion soudaine qui avait causé leur décès soudain. Toutes ces horreurs, un seul être en était le responsable. Mais le dieu de la foudre s'entêtait à ne pas vouloir répondre. Le garçon aveugle le supplia une nouvelle fois. - Mais pourquoi gardes-tu le silence ? Tu t'en fiche de tous ces pauvres gens qui n'ont rien demandé ? Ils voulaient juste vivre leur vie, et ce fou a débarqué. Il a fait entrer dans leurs têtes des idées fausses sur les pokémons et sur l'avenir. Même Rudolph Estenia n'était pas aussi fou que lui. Je l'ai vu dans son journal.
Oui, c'était un dément assoiffé de pouvoir lui aussi. Mais même dans son esprit malade, avec le recul j'ai réalisé qu'il avait servi le Bien. Il me l'a dit lui-même : il a voulu ressusciter Mewtwo parce qu'il pensait que c'était le seul à même de vaincre la Lune Noire. Et pourtant, malgré tout le secret qu'il a entretenu sur son double jeu, même ce génie malade a fini par être trahi. J'ignore par qui, mais je suis convaincu que ce traître est lié d'une manière ou d'une autre avec Darkrai. Combien d'autres victimes te faudra-t-il pour te décider à parler, Electhor ? N'es-tu pas chargé de rendre la justice ?La mention de Rudolph Estenia sembla soudainement faire l'effet d'un déclic pour Electhor. Cela se voyait dans ses yeux. Brusquement, ils perdirent cette attitude triste que le volatile avait adoptée au cours de notre exploration aérienne de ce qu'il restait de Doublonville. A la place, ses globes oculaires renouèrent avec cette détermination combattive si caractéristique du dieu de la foudre que je commençais maintenant à connaître. Il parlait peu mais agissait beaucoup. Cette fois-ci néanmoins, sous l'insistance de ce garçon qui connaissait si bien l'ancien Directeur Scientifique du Consortium, Electhor accepta de répondre. - Nous ne sommes pas capable de vaincre la Lune Noire. Même Arceus n'est jamais parvenu à triompher de lui totalement. Il a simplement réussi à le bannir temporairement, et c'était à une époque où il se souciait encore de l'univers qu'il avait conçu. Aujourd'hui, corrompu par l'indifférence qu'ont instillée en lui des siècles d'inaction, il ne nous est plus d'aucun secours.
En revanche, Rudolph Estenia en sait peut-être plus qu'il ne t'en a dit, Prophète. Lui...ou ce qu'il a laissé derrière lui nous aidera peut-être à trouver le point faible de cet être qui a prouvé aujourd'hui encore toute sa malfaisance.
Mais dans tous les cas, nous ne sommes pas assez puissants. Nous devons trouver...quelqu'un d'autre. Quelqu'un d'autre qui puisse nous aider dans ce combat décisif qui nous attend. Pour le moment, nous avons un peu de temps devant nous. Les dégâts que notre auguste puissance lui ont infligés l'ont affaibli. Il lui faudra du temps avant de retrouver sa pleine puissance. Et lorsque le jour de son retour sera venu...nous devrons être prêts.C'est sur ces mots pleins de sagesse que le silence de la mort reprit ses droits sur Doublonville et que nous partîmes vers l'est. Certaines victoires ont le goût de la défaite. Un monde finissait. Les dernières fumerolles s'éteignaient à présent. Quant à la Lune, elle se levait sur le crépuscule de Johto. Cette fois-ci, elle était blanche. Elle était blanche pour la première fois depuis longtemps. Mais jusqu'à quand ?
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| | | L'Illustre Aegir Membre
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| Sujet: Annexe I - Notes Jeu 22 Mai - 20:31 | |
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Vous trouverez ici toutes sortes de notes qui vous aideront à mieux comprendre certains éléments de la fic. Dans la mesure où elles sont classées par chapitre, il est vivement conseillé de laisser cette page ouverte tout en lisant un autre chapitre en parallèle. Cela vous aidera à vous y reporter lorsqu'une note sera indiquée dans le texte. Prologue [1] Certaines citations sont, comme ici, datées positivement. Ce type de datation est utilisé après qu'un évènement fondamental ait eu lieu. Il sera largement détaillé dans les tomes II et III de la fic. [2] A l'inverse des dates positives, les dates négatives concernent les événements ayant eu cours avant l'an 0. La mention "AM" fait référence au système calendaire utilisé. Ici, il s'agit du calendrier de l'Ancien Monde. Pour mieux comprendre le principe, il suffit de penser au calendrier judéo-chrétien. Dans notre calendrier, la fic débute en l'an 2465 de notre ère. Chapitre I - Faux départ [1] On précisera systématiquement dans le calendrier judéo-chrétien les dates mentionnées dans le texte, ceci à des fins de clarté. Il s'agit ici de l'année 2250 ap. J-C. [2] Xatu maîtrise si bien son don de télépathie qu'il est capable de ressentir la souffrance de ceux dont il sonde l'esprit. Chapitre II - Le Sanctuaire d'Alpha [1] 1998 à 2250 ap. J-C [2] Lorsqu'Ho-Oh acheva son œuvre et rejoignit les Colonnes Lances, il chargea une race de pokémons de protéger les secrets des Ruines d'Alpha. Au fil des siècles, on les nomma Gardiens du Sanctuaire. Cette race, c'est celle des Xatus. Seul le Xatu qui commande tous les Natus des Ruines d'Alpha est capable de révéler à un humain les secrets du sanctuaire dont il a la charge. Lorsque cela arrive, on dit que l'humain obtient le statut d'Initié. [3] Traduction de la stèle : "AUX ELUS LA VOIE S'OUVRIRA" Chapitre IV - Les Xort'Udur [1] Douze dieux principaux sont reconnus par l'Eglise Arceutique : Kyogre, Groudon, Rayquaza, Electhor, Sulfura, Artikodin, Dialga, Palkia, Regigigas, Ho-Oh, Lugia et Arceus. On dénombre également quantité de dieux mineurs non reconnus par l'Eglise mais faisant l'objet de cultes un peu partout dans le monde. Chapitre VI - Vestiges du Passé [1] Le premier souverain Destogoride fut Destoros I, qui donna son nom à la dynastie. Il s'agit d'un roi légendaire dont l'historicité n'est pas prouvée, mais on estime qu'il aurait régné de – 4519 à – 4471 (2049 à 2001 av. J-C). [2] Il s'agit de Destoros XXIX, ayant régné de – 491 à – 427 (1979 à 2043 ap. J-C). [3] Il s'agit de la Team Rocket. [4] Voir les évènements relatés dans Pokémon Bleu. Chapitre VII - Une dynastie décapitée [1] Le Consortium est dirigé par un groupe de cinq personnes. Quatre directeurs s'occupent chacun d'un domaine particulier des affaires. Quant au leadership, il est assuré par un Président Directeur Général qui prend les décisions importantes. Les quatre départements du Consortium sont les suivants : Département Scientifique, Département de la Sécurité, Département de l'Information et Département du Commerce. [2] La Brigade Noire est la milice officielle du Consortium chargée du maintien de l'ordre public. Ses membres, recrutés principalement pour leur brutalité et leur manque de moralité, sont responsables d'un grand nombre d'exactions sur les populations sujettes du Consortium. Chapitre XXIX - L'Holocauste [1] Il s'agit d'un néologisme. Psychoténébreux signifie une attaque qui comporte à la fois une composante psychique et une composante ténébreuse.
Dernière édition par L'Illustre Aegir le Jeu 22 Mai - 20:39, édité 1 fois | |
| | | L'Illustre Aegir Membre
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| Sujet: Annexe II - Repères chronologiques Jeu 22 Mai - 20:37 | |
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Chronologie Historique - 4519 - Avènement supposé de Destoros I. Fondation du Royaume Destogoride. - 4471 - Avènement de Destoros II - 1150 - Fondation de la Ligue Pokémon - 491 - Premier règne de Destoros XXIX - 473 - Début des fouilles des Ruines d'Alpha - 473, 3 novembre - Avènement de Peter d'Ebenelle - 472, 28 janvier - Tentative de prise de contrôle de la Sylphe SARL par la Team Rocket - 472, 18 avril - Avènenement de Blue du Bourg Palette - 472, 21 avril - Avènement de Red du Bourg Palette - 470, 3 juin - Second règne de Destoros XXIX - 220, 6 juin - Fermeture de l'accès aux Ruines d'Alpha - 220, 9 juin - Ouverture du parc d'attraction de Doublonville par la Sylphe SARL - 118, 12 mai - La Sylphe SARL change de nom et devient le Consortium [/u]Chronologie de la Fic[/u] - 5, 13 mars - Prologue, Chapitre I - 5, 14 mars - Chapitre II, Chapitre III - 5, 16 mars - Chapitre IV - 5, 22 mars - Chapitre V, Chapitre VI, Chapitre VIII - 5, 23 mars Chapitre - VII, Chapitre IX - 5, 26 mars Chapitre - Chapitre X - 5, 27 mars - Chapitre XI - 5, 12 octobre - Chapitre XII, Chapitre XIII - 5, 21 octobre - Chapitre XIV - 4, 18 février - Chapitre XV, Chapitre XVII, Chapitre XVIII - 4, 19 février - Chapitre XXII - 4, 28 mars - Chapitre XVI - 4, 5 avril - Chapitre XIX - 4, 9 avril - Chapitre XX, Chapitre XXI - 4, 26 avril - Chapitre XXIII, Chapitre XXIV - 4, 3 mai - Chapitre XXV, Chapitre XXVI, Chapitre XXVII, Chapitre XXVIII, Chapitre XXIX Chronologie du Futur + 80 - Création des Trois Epitaphes
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