La Place Rouge [OS]

/!\ ATTENTION CETTE FANFIC EST TRES GORE, PERSONNES SENSIBLES S'ABSTENIR/!\

La Place Rouge


Le soleil illuminait cette journée dans un ciel sans nuages. A Illumis, tous les habitants s'affairaient à leur travail. Certains enfants jouaient dans les différentes places colorées des rues qui se coupaient dans un labyrinthe d'avenues goudronnées. C'était l'été. Les pokémon insectes chantaient dans les rues, les passerouges étaient de sortie et pépiaient gaiement au sommet des bâtiments colossaux qui s'élevaient tel de grands tours argentés. La tour Prismatique était plus rayonnante que jamais, dans un ciel d'un bleu limpide, comme une toile d'aquarelle qui répondait aux lueurs éblouissantes de l'astre du jour. La ville était plongée dans un été que ne semblait pas avoir de fin. Les couples se baladaient dans les parcs, les peintres s'abandonnaient à leurs tableaux, les touristes mitraillaient la capitale avec leurs appareils photo, comme si l'ambiance de la ville pouvait s'estomper d'un moment à l'autre. Illumis était en effervescence et semblait éblouir les visiteurs de sa plus belle lumière.

Dans une des nombreuses rues de cette ville enchanteresse, une jeune enfant aux cheveux brun riait allègrement aux blagues de son amie rousse. Toutes les deux étaient venues à l'occasion de la grande fête qui secouait la ville depuis quelques semaines. Elles ne se séparaient jamais l'une de l'autre, comme deux aimants. L'une avait un teint cuivré et des yeux d'un vert olive, toujours souriante, l'autre ne cessait de faire le pitre, et ses boules rousses tombaient en bataille sur ses épaules et ses yeux bleu azur.

-Cammy, suis-moi ! S'écria la rousse.

Cammy regarda sa mère, celle-ci souriait de toutes ses dents et d'un hochement de tête lui autorisa à suivre son amie. Elle tenait la poupée de Cammy dans sa main, et lui avait promis de la garder.

-Mais revenez avant que le soleil se couche. D'accord ?

-D'accord ! (Elle se tourna vers la rousse) Je te suis Betty !

Elle prit la main de Betty et son Malosse la suivit, en aboyant joyeusement. Ils commencèrent à jouer dans les allées avec Mellie, une de leur amie, et les autres enfants de la rue. Ils traversèrent Illumis en jouant au Chacripan, ou d'autres jeux que seuls les enfants pouvaient inventer. Ils burent des boissons fraiches, des crêpes que leurs donnèrent gentiment des serveuses de restaurant. Ils passèrent la journée à s'amuser et rire. Malosse avait l'air de renifler souvent l'air, de sentir quelque chose mais il secouait la tête et continuait d'avancer dans la ville.
Bientôt, Cammy repensa à sa mère, et vit le soleil qui disparaissait derrière les immeubles, déversant une vague orange dans l'horizon. Le ciel avait aussi commencé à se couvrir de petits nuages. Puis elle fut prise par un malaise. Et si elle avait trop joué ? Sa mère s'énerverait-elle ? Ferait-elle une moue déçue en pinçant ses lèvres pour contenir sa colère ? Il valait mieux ne pas le savoir. Elle interpella Betty qui s'amusait comme une folle :

-Betty ! Ma mère va surement s'inquiéter. Tu viens ?

Mais Betty ne voulait rien entendre :

-T'inquiètes pas, je suis sûre qu'elle bavarde encore avec des amies ! Allez, viens.

Elle continua d'entrainer la brune dans Illumis. Bientôt, elles se retrouvèrent dans l'ascenseur de la Tour Prismatique. Les murs de l'édifice étaient transparents, ainsi que le sol ce donnait l'impression aux deux filles de tomber, mais elles se mirent à rire pendant que Malosse tournait en rond, apparemment effrayé par l'altitude qu'ils prenaient. La tour argenté s'élevait au-dessus des bâtiments et des nuages qui piquaient le ciel de taches blanches, surplombant les passants qui ne ressemblaient maintenant qu'a de vulgaires Statitik. Les deux filles finirent par descendre de la tour en voyant Malosse virer au vert et se reposèrent dans un parc. Les yeux de Cammy commencèrent à picoter, elle réprima un bâillement et cligna des yeux, ses paupières semblaient aussi lourdes que du plomb, et elle ne put pas succomber au sommeil, tout comme son amie rousse. La dernière chose qu'elle vu en s'endormant, c'est Malosse aboyer fébrilement en montrant les crocs.

Elle se réveilla dans un sursaut, paniquée. Il lui suffit de voir que le ciel était maintenant d'un noir d'encre et que c'était le cri d'un Corboss qui l'avait réveillée pour comprendre qu'il était plus de vingt heures. Elle fut prise d'une horrible vague de panique et de mal être dans cet environnement hostile et sombre. Les magasins étaient fermés, les lampadaires grésillaient faiblement, le ciel était plongé dans un noir d'encre qui semblait absorber la ville, même la Tour Prismatique avait été éteinte. Cammy posa ses yeux sur son amie qui dormait toujours, essayant d'ignorer les croassements sinistres qui se faisaient entendre au loin.

-Betty! Betty, reveille-toi! Chuchota-t-elle en secouant son amie.

Mais Betty ne bougeait pas. Puis la brune plissa les yeux. La robe turquoise de Betty ressemblait à du marron, en tout cas, elle était plus sombre. Et elle, elle était plus blanche. Quand Cammy poussa la tête de la rousse en arrière, celle-ci avait les yeux révulsés, ses yeux bleu ressemblaient maintenant à deux bloc de glaces. Sa bouche était grande ouverte, un liquide sombre s'en échappait. Et Betty... Etait froide, raide...Et morte.

Cammy poussa un hurlement en voyant le visage de son amie, ses mains étaient maintenant maculées de sang chaud. Elle resta tétanisée, complètement sous le choc. Elle n'arrivait pas à comprendre. Pourquoi Betty? Comment ? Elle laissa des larmes salées s'écouler sur ses joues froides, elle tremblait de partout, ses jambes ne voulaient plus la porter. Dans un hoquet de frayeur, elle éclata en sanglot, en s'éloignant du corps inerte de son amie. Pourtant ses yeux ne voulaient pas se détacher de la scène. De ses boucles rousses qui étaient maintenant d'un rouge écarlate. Complètement perdue et paniquée, elle entendit des bruits, comme le son d'une cloche...

La sonnerie du portable de sa mère.

-Il y a quelqu'un ? Bégaya la fille en tremblant de tout se membres.

-Il ne fallait pas.... Il ne fallait pas... Susurra une voix qui venait des profondeurs des ténèbres.

Même avec les réverbères, elle ne voyait pas qui lui parlait. Cette voix la glaçait sur place et lui donnait un sentiment de terreur qu'elle avait le plus grand mal à contenir.

-De quoi ? Sanglota Cammy. Laissez-moi renter...

La voix se tut, puis rit, un rire macabre et sadique.

-....M'abandonner, Cammy. M'abandonner.....

La fille ne prenait plus le temps de réfléchir. Seul son corps lui dictait de s'enfuir en courant. Puis quelque chose lui revint à l'esprit : Malosse.

-Malosse ? Demanda-t-elle. Malosse, ou est tu ?

- Ou est tu... ? Répéta la voix.

Elle se leva et poussa ses jambes flageolantes à avancer. Il lui fallait trouver sa mère. Elle regarda une dernière fois Betty, un sourire macabre était dessiné avec le sang séché qui maculait sa robe. Cammy s'enfuit en courant, prise d'un haut-le-cœur. Non... Qui était cette voix ? Qu'est-ce qu'elle avait fait pour mériter ça ? Elle devait voir sa mère. Maintenant. Tout se passera bien après, oui. Elle ira mieux, sa maman la consolera.

-Ou vas-tu, Cammy ? Demanda la voix en prenant un ton amusé. Reste jouer. Reste
jouer.

La fille ne sentait plus rien. Ses pieds lui brulaient autant que les larmes qui lui brouillaient la vue. Elle s'enfonça dans une rue à l'allure lugubre. Tant pis, c'est de là que venait la sonnerie de sa mère.

-Maman ? Appela Cammy.

-Maman ? Répéta la voix, amusée. Maman joue.

Elle vit une lumière dans la pénombre, le portable de sa mère. Elle le ramassa, il était tombé au sol. Puis quelque chose heurta son genou. C'était elle ! Cammy s'apprêtait à sauter dans ses bras quand elle remarqua, qu'elle n'avait pas de bras. Non, sa mère n'avait plus de corps. Seul sa tête avait roulé jusqu'aux pieds de Cammy, les yeux révulsé et une expression horrifiés se lisait sur son visage.

La jeune fille hurla de plus belle, sa voix cassée se perdit dans les profondeurs de la ville. Elle tremblait tellement qu'elle fit tomber le portable qui s'écrasa au sol dans un millions de petits éclats de verres.

Quand sa voix se tu enfin, elle remarqua avec horreur que la tête de sa mère avait été sauvagement arrachée. Elle était comme un pantin sans tête, accroché à un grand clou de fer. Sa main, arrachée elle aussi, était à quelques mètres de Cammy. Quelque chose semblait bloquée à l'intérieur...

Refoulant ses nombreuses larmes, ses tremblements et un autre haut-le-cœur avec peine, la fille brisée prit la main. Il y avait un papier, à l'intérieur. L'écriture était tremblante et difficile à déchiffrer mais tout autour d'un seul mot, étaient écrit encore et encore...

« Reviens, Cammy, ne m'abandonne pas »

Au centre, on y voyait une petite tache rouge.

« Dans ce cas, meurs. »

Un rire s'éleva dans la nuit.

Cammy s'enfuit.

Elle courût de toutes ses forces, ses longs cheveux bruns étaient tachés de sang séché. Courir,
se réfugier. Quelque part.

Ne pas mourir.

-Jouons ! Jouons, Cammy... Susurra la voix. Comme avant, jouons...

-Non ! Nooooon ! Hurla Cammy en se bouchant les oreilles.

Mais elle entendait toujours la voix, elle voyait toujours une forme sombre se mouvoir dans l'obscurité. Un sourire horrible, terrifiant, des pupilles rouges qui la fixaient et, une fermeture éclair couleur or maculée d'un liquide couleur sang. C'était du sang.
Elle déboucha sur une place. Une grande sculpture aux étranges inscriptions se dressait au milieu de touffes d'herbes folles, qui semblaient vouloir attraper ses chevilles et la lacérer.

-Trouvé. Fit la voix.

Cammy ne prit pas la peine de se retourner, elle savait qu'il était là. Un bruit net et précis bourdonna aux oreilles de la jeune fille. Elle voulut s'élancer, mais au lieu de quoi elle s'effondra. Une vive douleur la prit aux jambes. Non.
Cammy n'avait plus de jambes.
Ses deux membres étaient plus loin, comme s'ils s'étaient déplacés sur l'herbe. Suivis d'une trainée de sang. La fille hurla, hurla, jusqu'à en perdre la voix. Sa vue se teinta de rouge, sa gorge était sèche. Un deuxième sifflement se fit entendre.

« Crac »

Ses bras se détachèrent, ou plutôt s'arrachèrent dans un bruit sourd. Elle sentait son sang s'échapper dans de grandes coulées qui s'étalaient dans l'herbe. Son souffle rapide et rauque lui donnait l'impression d'étouffer. Elle ne voulait pas mourir. Ses larmes se mélangeaient à son sang chaud qui lui remontait à la gorge. Une indescriptible douleur envahit tout son corp. Du moins, ce qu'il en restait.
La voix résonna encore dans ses oreilles, comme un horrible bruit, le crissement d'un instrument cassé.

-On s'est bien amusé, hein, Cammy ?

Elle leva lentement les yeux. C'était un pokémon. C'était son pokémon. Il tenait ses bras comme un trophée dans une de ses mains et s'amusait à y faire bouger ses doigts. Il passait ses grandes pattes crochues séparées en trois griffes noires qui s'allongeaient dans une couleur mauve...ou rouge le long du tibia de son ancien membre. Ses grands yeux rouge sang l'observaient comme un animal en cage, comme un ratata à expérience. Comme... Un jouet.

Un sourire étira la fermeture dorée qui lui servait de lèvres. C'était un Branette.
Dans les profondeurs de cet enfer, tout s'éclaira, elle voyait du sang peigner les murs des bâtiments et des maisons, les cris des malheureuses victimes s'éteindre dans le noir, comme les flammes d'une bougie. Elle revoyait sa poupée dans les mains de sa mère. Sa poupée...

-Sunny... ? Tenta t'elle d'un voix rauque.

-Sunny... Morte.

Et d'un puissant coup dans l'estomac, elle sentit que la main du pokémon se mouvoir dans ses organes qui lui semblaient en feu.

-HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!!

Un seul cri. Un seul souffle. Et quelque chose qui lui semblait précieux lui fut arraché.

Le lendemain, la police retrouva la jeune fille, sa mère et son amie, toutes les trois mortes dans les rues d'Illumis. Les cadavres avaient été si sauvagement mutilés que les policiers eurent du mal à les identifier. Cet incident ne fut pas communiqué, considéré comme une affaire privé. Mais maintenant, tout le monde sait ce qui s'est passé même si personne n'en parle. Et comme pour graver dans la mémoire de chacun le meurtre macabre de cette jeune fille, Cammy Cross, la place sur laquelle elle mourut fut rebaptisée :
La Place Rouge