Du sang et une prison (OS)

Le sang… Qu’est-ce donc ? Quel est ce liquide qui, chaque jour, coule en dehors de ses veines ? Est-ce à ça qu’il est destiné ?

Tous les jours, peut-importe la région, quelque part, du sang coule. Doit-on vraiment s’en attrister, en pleurer ? Se maudire si on l’a fait couler ?

N’est-ce pas l’ordre naturel des choses ? Un des piliers du fonctionnement du monde ? …

…

Dans une grotte des plus sombres, au cœur de la région Sinnoh, une jeune femme se lamente. Mais, cette femme n’est pas n’importe qui. Celle qui se cache pour pleurer n’est nulle autre que Cynthia, maîtresse de la ligue régionale. Dans les ténèbres, elle pleure, regrette. En effet, quelque jour auparavant, un simple combat a viré au drame.

…

Ligue de Sinnoh, Environ une semaine plus tôt.

Dans « Sa » salle, Cynthia vit un combat épique contre un autre dresseur. Les deux camps sont aux bords de l’épuisement, et le duel touche à sa fin. Chacun des dresseurs n’a plus qu’un seul et unique Pokémon. Ce duel Final sera un Carchakrok contre Pingoléon.

Les deux adversaires croisent leurs « lames » -Aile pour le Pokémon eau, et Bras pour le dragon-. Ils sautent dans tous les sens, esquivent, parent. Les ondes de choc de leur combat secouent toute la salle, et leurs dresseurs tentent tant bien que mal de rester debout. Mais le Carchakrok effectue soudainement une puissante attaque Dracogriffe dans le dos du Pokémon eau, qui ne peut esquiver l’attaque.

Une attaque puissante ? …

Trop puissante, apparemment. Le dos de l’oiseau est totalement lacéré. Des plaies de Pingoléon, du sang coule. Est-ce l’ordre naturel des choses ?

Cynthia se rends soudainement compte de la situation. Désespérée, elle se met à pleurer. Qu’a-t-elle fait ? Le Pokémon de son adversaire est terriblement blessé. Le challenger tente de ramener son Pokémon au centre Pokémon le plus vite possible, en vain. Le Pingoléon est déclaré insoignable. Tandis que le dresseur pousse un hurlement de rage, tristesse et douleur, Cynthia, restée dans la salle où s’est déroulé l’affrontement, pleure à chaudes larmes. Qu’a-t-elle encore fait ? Par sa faute, un Pokémon était mort. Tandis qu’elle entendait encore les cris du dresseur qui quittait le bâtiment, Cynthia ferma la porte de la ligue à ceux qui voulaient relever le défi. Elle n’était pas en état d’affronter un autre dresseur… Elle se coucha très tôt, alors que la plupart des habitants du pays en étaient encore à dîner, ce qui était contraire à son habitude –Cynthia adorait la nuit, moment où elle restait souvent éveillée- .

Mais la maîtresse de la ligue mit des heures à trouver le sommeil. Et, une fois qu’elle se soit enfin endormie, son sommeil fut peuplé des pires cauchemars qui puissent exister. Elle se voyait affronter Darkrai, perdre, et être emportée dans un trou ténébreux. Une autre fois, elle passait devant un « tribunal divin » constitué de tous les Pokémons légendaires, réunis pour juger Cynthia suite à la mort du Pingoléon. Finalement, toutes les créatures divines décidèrent de la mort, et par une simple pensée d’Arceus, elle était définitivement effacée de la surface de la terre…

Après avoir été réveillée en sursaut par  ses terrifiants cauchemars, Cynthia se leva. Il était déjà près de midi… Elle passa une journée normale, sans rouvrir la porte de la ligue. Pendant une semaine entière, Cynthia resta dans la ligue, à ne rien faire, passant ses nuits à faire de terrifiants cauchemars. Au bout d’une semaine triste et monotone, elle décida de partir pour un lieu où elle avait l’habitude d’aller se lamenter, pleurer en toute tranquillité. C’était une caverne, creusée dans une falaise, au bord d’un mystérieux lac. Cette caverne était le summum du calme. Tout ce qu’elle y croisait, c’était quelques Pokémon spectres qui fuyaient bien vite devant l’aura ténébreuse provoquée par les sentiments de Cynthia. Cette dernière marchait dans la caverne, regardait les murs. Ici et là, des fresques étaient peintes sur la roche. La maîtresse de la ligue aimait beaucoup les regarder, revoir des scènes mythologiques qu’elle connaissait pourtant sur le bout des doigts. Et, quand elle est dans cette grotte, elle a également un sentiment d’exploratrice. On raconte qu’un Pokémon divin, de la même fratrie que Dialga et Palkia, y vivrait. Cynthia espérait pouvoir, un jour, découvrir cette créature… Soudain, la jeune femme vit une scène qu’elle n’avait jamais vue. Une jeune fille, d’une douzaine d’année environ, qui avait des cheveux rouges, de longues nattes et des oreilles de Chacripan, gardait deux portes : L’une rouge, virant vers le noir, et une autre blanche, avec ici et là des marquages dorés. Cette scène étrange était sans doute une légende oubliée de l’histoire, mais il semblait impossible que cette créature soit de la même lignée que les gardiens du temps et de l’espace.

En continuant son chemin, Cynthia se sentis soudain accablée. Remplie de sentiments noirs, dépressifs, parfois suicidaires. Elle entendait de sombres bruits venant d’une salle, juste à côté. Elle prit son courage à deux mains et entra, et se retrouva en face d’une créature terrifiante. Un titanesque dragon aux griffes d’or. Autours de sa bouche, des mandibules faites du même métal semblaient être prêtes à trancher tout ce qui passerait à leur portée. Le monstre avait six pattes, et le reste de son corps était gris clair. Il avait deux ailes noires dans le dos, sur lesquelles il y avait d’étranges épines rouges. Pour Cynthia, il n’y avait pas de doute. Ce monstre était celui qu’elle cherchait, celui de la famille de Palkia et Dialga.

La puissante dresseuse envoya son Carchakrok, qui tenta une Dracogriffe. Le pauvre tomba dans le vide : le dragon aux griffes d’or s’était volatilisé… Avant de réapparaitre dans le dos du « requin terrestre » et de l’envoyer au tapis ! Cynthia envoya ses Pokémons, les uns après les autres. Giratina les taillait en pièce à coup de Dracogriffe et de cette surprenante attaque de l’ombre. Cynthia voyait ses Pokémons souffrir. Ils avaient des plaies béantes. Les mêmes que celles du Pingoléon. Emplie de rage et surtout d’une tristesse qu’il était impossible de contenir,  Cynthia envoya son dernier Pokémon, Spiritomb.

Mais, à la surprise de la dresseuse, aucun des deux Pokémon ne lança d’attaque. Le dragon fixait le petit spectre, qui faisait de même avec l’imposante créature. Le monstre ferma alors les yeux, puis, au bout de quelques dizaines de secondes, les ouvris, délivrant une vaste puissance « spirituelle » sur… Cynthia, à qui l’attaque fit perdre connaissance.

Elle se réveilla, longtemps après. Des heures, peut-être des jours avaient passé. Cynthia se réveilla… Elle avait une sensation terriblement étrange. Elle ne sentait plus ces jambes, ni ses bras, ni même son visage. Elle avait l’impression d’être enfermée… Elle n’arrivait plus à voir ne serait qu’une seule partie de son corps, et ne sentais pas le sang couler dans ses veines. Est-ce que c’est ça, la mort ? Elle ne sentait plus de corps, plus rien. Seulement une énergie qui semblait puissante, et surtout, une énergie qui ne semblait pas humaine. Soudain, elle entendit du bruit. Elle vit alors le monstre se diriger vers elle, un sourire victorieux et moqueur et visage. Il prit alors Cynthia, peut-être par ses mandibules, elle n’en savait rien. En tout cas, elle ne ressentait pas de douleur. Le dragon la conduit jusqu’à la sortie de la grotte, et la posa au bord de l’eau du lac. Alors, elle se vit. Si elle avait des yeux, elle n’en aurait pas cru ces derniers. Elle ressemblait à une petite pierre sculptée, relativement triangulaire. Sur ce « corps » figurait un visage, si ressemblait plus à des marques tracées dans une boue solidifiée. Ce « visage » était totalement inexpressif.

L’ancienne maîtresse de la ligue était totalement paralysée, de peur, de stupeur, d’incompréhension… Elle semblait être devenue un Spiritomb ! C’était totalement impensable…

Soudain, le monstre qui l’avait amené la reprit. Il l’amena au fond de la grotte, encore plus loin que l’endroit où la vie de l’ancienne humaine avait basculée. Le dragon aux griffes d’or posa la pierre qui contenait l’esprit de Cynthia sur un petit hôtel, sur lequel ne figurait aucune trace de saleté. L’autel était situé au centre d’une salle. Il n’y avait rien de plus dans la pièce, mais elle était remplie de Pokémon spectre. Des Fantominus et Spectrum fixaient la pierre, le regard penaud et assez étonné. La créature qui avait amené l’humaine scellée dans la pièce chassa gentiment les spectres, et regarda longuement cette pierre, cette prison. Elle devait être un trophée pour lui. Toutefois, aussi étrange que cela puisse paraître, le regard du monstre était très compréhensif, presque paternel. Cynthia, malgré toute la haine que lui inspirait ce geôlier, fut rassurée par ce regard. Elle n’arrivait à haïr ce monstre, même si elle ne savait pas pourquoi. Soudain, la créature se mit à parler, et Cynthia s‘étonna de pouvoir l’entendre.

« C’est ainsi que naissent les divinités… Un jour, tu deviendras une puissante déesse des ténèbres. Tu auras de grands pouvoirs… C’est à moi de protéger les futurs dieux. Je te laisserais « mûrir »… »

Cynthia fut très étonnée par les paroles de son geôlier. Elle allait devenir une divinité ? De quoi, pourquoi ? Tant de questions se posaient dans sa tête. Et le grand dragon, comprenant les interrogations de sa protégée, lâcha un simple et étrange « Tu comprendras dans 500 Ans »…

Et pendant tout le temps qui suivit, des années, peut-être des siècles, le puissant dragon aux pouvoirs des ténèbres s’occupa de « Cynthia ». Cette dernière était sujette à une terrible question existentielle : Que penser de son geôlier ? Certes, il l’avait emprisonné et maintenant, l’ancienne humaine était coincée dans une clé de voûte, sans pouvoir faire un seul mouvement. Mais ce monstre, il semblait presque… l’aimer ?

L’ancienne maitresse de la ligue vivait tiraillée, enfermée dans de terribles pensées. Et elle avait Cinq cents ans pour y réfléchir.

Mais, chaque jour, le geôlier allait rendre visite à la prisonnière, et il s’occupait d’elle du peu qu’il pouvait. L’autel était toujours propre, et le dragon avait même dépoussiéré les murs de la salle. Ils révélaient de magnifiques fresques sur la mythologie. Et c’est ainsi que vivait maintenant Cynthia. Elle avait perdu tous ses compagnons, ses amis…. Pour en gagner un ? Peut-être.

Qui sait de quoi peut-être fait l’avenir ?

C’est sur ces paroles pleines d’espoir que se finit cette histoire.